4 régions pour l'UMP ?

[Hashemite]

Donc, en tout ils veulent 6 régions? Premièrement, j'espère pour l'UMP qu'ils comprennent que le fait qu'ils ait 'gagné' la Corse en 2004 ne rend par pour autant leur position en Corse 'sécure' comme en Alsace. Deuxièmement, c'est effectivement pas intelligent de baser leur chances électorales sur la base des résultats des européennes. Donc forcément une liste bizarre avec PACA (l'UMP a beaucoup de terrain a rattraper ici), Lorraine mais pas Champagne-Ardenne (quoi???)! L'UMP a des chances dans les Pays-de-Loire et en Basse-Normandie, mais la non plus c'est loin d'être chose faite.

Au rhytme des sondages actuels, je dirais plus comme régions UMP: Alsace, Champagne-Ardenne et peut-être la Corse (seulement si la gauche est divisé au 'troisième tour') avec des chances dans les Pays-de-Loire et en Basse-Normandie. Donc, au pire 1-2, au mieux 4-5. J'ai du mal a voir six régions a droite le 21 mars.

[guillaume]

jean-philippe, je suis surpris comme hachemite de lire que X. Bertrand ne cite pas champagne-ardenne au titre des 4 régions susceptibles de basculer.
il s'agit de la région où l'UMP a réussi son meilleur score de France après l'alsace (31%) aux dernières européennes, c'est également la région qui avait basculé à gauche en 2004 avec le score le plus étriqué (2 points d'avance) dans le cadre d'une triangulaire. c'est enfin une région où le président sortant Jean-Paul Bachy, soutenu certes par le PS (qui n'avait pas d'autre élu d'envergure dans cette région qui ne compte qu'un seul parlementaire de gauche, députés et sénateurs confondus), en a été exclu il y a 2 ans pour s'être présenté aux législatives contre un candidat investi par le parti, ce qui n'est pas le meilleur moyen pour rassembler son camp. Le maintien probable du FN au 2nd tour, dans l'une de ses régions les plus fortes, ne devrait pas empêcher le très bien implanté député UMP des ardennes, Jean-Luc Warsmann de ravir la région.
j'ai du mal à croire pourtant que je puisse être plus optimiste que x. bertrand

[Jean-Philippe]

Je suis tout à fait d'accord avec vous deux, mais je ne fais que citer l'article qui date du 27 octobre (3 jours avant le sondage sur PACA), qui a peut-être mal retranscrit les propos de Bertrand. J'ai oublié de noter (il était tard faut dire) l'oubli étonnant de Champagne-Ardenne.
L'hypothèse d'un grand chelem de la gauche, évoquée par Julien Dray dans le Figaro, est un peu plus crédible (mais pas beaucoup) qu'une victoire de l'UMP dans plus de 6 régions.
L'important n'est pas le nombre de régions d'un bord ou de l'autre, mais le nombre d'habitants concernés, d'où l'importance de l'IDF. Aujourd'hui, seuls 2 millions de Français sont dans une région de droite (environ 3%)

[Jean-Philippe]

Nicolas Dupont-Aignan présente des listes Debout la République (DLR) dans un grand nombre de régions afin de rallier le maximum de déçus de l'UMP qui se refuseraient à voter à gauche. Cela peut avoir d'importantes conséquences pour 2 partis outre l'UMP.

Le Modem risque de perdre des électeurs qui pourraient lui donner plus de poids au premier tour pour mieux négocier le second. Dans certaines régions, cela pourrait même l'empêcher d'atteindre les 5% nécessaires.

Le FN va en pâtir aussi, mais de manière plus cruxiale car il lui faut 10% pour se maintenir, personne ne voulant s'allier avec. Or Les sondages l'annoncent à 9% environ en moyenne nationale. Il suffit donc que DLR fasse 1% et que le FN soit à 9,8% pour que l'on puisse attribuer une large part de son échec à cette première formation. Je suis convaincu que le cas de figure va se produire. En effet, un électeur de droite classsique, n'ayant pas l'habitude de voter FN ou voulant voter "dans la norme" préférera voter pour un candidat qui ne "fricote" ni avec la gauche, et encore moins pour un d'extrême droite.
Cette liste contribuera aussi à réduire l'écart entre la liste PS et la liste UMP au premier tour. Si cet écart est inférieur à 10%, l'UMP est foutue dans la région, entre 10 et 15%, c'est difficile mais jouable pour la droite, au delà c'est bien parti (mais je ne vois pas de régions dans ce cas)

Voici la liste des 12 régions où des listes DLR sont annoncées (d'après le site du parti)

Auvergne : Jean BARRAT (Coordonnateur régional)
Bourgogne : Serge GAULIAS (Secrétaire général chargé des fédérations).
Champagne-Ardennes : Jean-Pierre GERARD (Vice-Président de DLR, chargé de l’économie, Président du club des N°1 mondiaux français à l’export, ancien membre du Conseil de la Politique Monétaire, Président du Groupe IMI).
Franche-Comté : Jean-Claude CHOMETTE (Chargé de mission du Doubs)
Ile-de-France : Nicolas DUPONT-AIGNAN (Député-maire d'Yerres (Essonne) et Président de DLR) et Jean-Pierre ENJALBERT (maire de Saint-Prix, conseiller général du Val d’Oise et porte-parole de DLR)
Languedoc-Roussillon : Henri TEMPLE (Coordonnateur régional et délégué national à la justice et à l’enseignement supérieur).
Lorraine : Francis CUNY (Secrétaire départemental de Meurthe-et-Moselle) et Jérôme TISSERAND (Membre du Conseil National)
Midi-Pyrénées : Jean-Pierre ANTONI (Secrétaire général et Coordonateur régional) et Olivier ARSAC (Secrétaire départemental Haute-Garonne)
Nord-Pas-de-Calais : Thierry VELU (Chargé de mission DLR Nord).
Haute-Normandie : Brigitte BRIERE (Secrétaire départementale Seine-Maritime).
Poitou-Charente : Alain VERDIN (Secrétaire départemental de la Vienne) et Laure BRARD (Déléguée de circonscription)
Provence Alpes Côte d’Azur : Rachel ROUSSEL (Coordonatrice Régionale de la région PACA, Secrétaire Départementale du Var)


Une remarque : les 3 régions de l'Ouest ne sont pas desservies.

[Jean-Philippe]

Voici le résultat de la projection du taux de progression de l'UMP aux européennes aux scores des régionales de 2004 (le résultat est moins probant que pour le FN, je vous préviens)

Rappel de l'évolution du score de l'UMP aux européennes (en métropole) : hausse de 69,34 %
Mais il y a de fortes disparités régionales :
*doublement en Picardie et Pays-de-la-Loire
*de 80 à 100 % d'augmentation en Bretagne, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Haute-Normandie
*mais moins de 50% de croissance en Alsace, Auvergne, Centre, Limousin et Poitou-Charentes et surtout Corse (+9,56 %)

Les premières projections que j'ai fait sur le même modèle que celle du FN (voire à ce sujet) sont très biaisées : il faut y voir davantage un potentiel score de 2e tour que celui du premier
en 2004, les listes UMP (sans UDF) de métropole ont rassemblé 23,24% des suffrages en métropole, 25,41 si on prend en compte dans la moyenne les 6 régions où UDF et UMP partaient ensemble dès le premier tour.
Si on projette la croissance de l'UMP entre les deux scrutins européens sur le 2e taux (25,41), on obtient 43,03% au premier tour des régionales pour l'UMP.
Par contre, si on retire à ce taux extravagant 1/4 de sa valeur (choix arbitraire) pour le rapprocher de ce qu'annoncent les sondages (environ 30%), soit 32,25%, on obtient quelque chose de crédible.

Par région, en prenant en compte ce correctif, cela donne
*2 régions à 48-49 % : Pays-de-la-Loire (impacts de la candidature de Béchu aux européennes et de celle de Fillon en 2004, qui faussent la donne car l'UMP a une croissance supérieure et part de plus haut de ce fait)
et Picardie (mais je rappelle que la droite était unie derrière de Robien qui partait de haut)
*5 régions avec un score compris entre 35 et 40% : (dans l'ordre) Alsace, Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Bretagne et Basse-Normandie. Or sur les 5, ce n'est pas un hasard si les 3 premières étaient concernées par les unions UMP-UDF. En Bretagne, le sortant Josselin de Rohan n'était pas contesté sur sa personne, contrairement à Garrec en Basse-Normandie, région beaucoup plus conservatrice cependant d'où leur proximité dans ce classement)
*7 régions de 30 à 35% : (dans l'ordre) Auvergne, PACA, Languedoc-Roussillon, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, IDF, Haute-Normandie
*3 régions de 25 à 30% : Lorraine, Bourgogne, Midi-Pyrénées
*4 régions de 20 à 25 % : Centre, Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine et Limousin (22,24%)
La Corse du fait de dissensions en 2004 est à 11,99, mais si je prends en compte les 5 autres listes de droite (dont celles de Rossi) qui totalisaient 18,86%, et que je les additionne à l'UMP, cela fait 27,49% « annoncés » pour 2010. Plus crédible donc.

Quand aux 6 régions où le résultat est faussé par l'alliance UMP-UDF dès le premier tour, j'ai un moyen de voir le niveau théorique de l'UMP aux régionales 2004. Si on soustrait (dans ces régions) au bloc de droite des régionales 2004 la part de l'UDF dans ce score (à partir du ratio UDF/UMP+MPF des européennes 2004), on obtient un premier taux. Mais ce score de 2004 serait à réévaluer à la hausse car divisées, ces listes auraient ratissées plus larges (35,07 de moyenne dans les régions où UMP et UDF étaient divisées contre 30,89 en cas d'union, soit environ 13,5% de plus). J'ai donc augmenté ce premier chiffre d'autant, avant d'indiquer le résultat de 2010
résultat estimé de 2004 >résultat réestimé de 2004 >résultat estimé de 2010
en Alsace : 21,5 >24,4 >28
en Auvergne : 26,72 >30,33 >28,38
en Picardie : 19,79 > 22,46 >33,74
en Poitou-Charentes : 25,14 >28,54 >32,41
en PACA : 18,35 >20,82 >26,75
en Rhône-Alpes : 19,94 >22,63 >27,9

C'est toujours très théorique mais ça ressemble à quelque chose.
Donc nouveau classement en fonction de cette nouvelle estimation :
*Pays-de-la Loire toujours à 48,83% (preuve de l'imperfection manifeste de ma méthode)
*Bretagne et Basse-Normandie entre 35,5 et 36%
*7 régions de 30 à 35% : (dans l'ordre) Picardie, Languedoc-Roussillon, Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, IDF, Haute-Normandie
*8 régions de 25 à 30% : Lorraine, Bourgogne, Auvergne, Alsace, Rhône-Alpes, Corse, PACA et Midi-Pyrénées
*4 régions de 20 à 25 % : Centre, Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine et Limousin

Cependant, il faudrait augmenter tous ces scores car la base (les régionales 2004) vient d'être revue à la baisse par mon calcul sur les régions UMP-UDF. La nouvelle moyenne nationale de 2010 est en effet de 28,56. Selon les sondages, à la hausse ou à la baisse, il faudra modifier les chiffres.
Mais l'ordre des régions sera à peu près celui-là et c'est ce qu'il faut retenir. 

[Artisan-Politologue]

Nous sommes dans une configuration à deux tours, avec des effets de seuil, donc il est assez difficile de prévoir tel ou tel basculement.
Personnellement, je pense que la situation peut aller du gain de deux régions par la gauche à un grand chelem par cette dernière.
Si on exclut la pagaille en Languedoc-Roussillon qui peut faire sortir n'importe quel lapin du chapeau, l'UMP conserve des chances sérieuses en Champagne-Ardenne et Basse-Normandie.
En Champagne-Ardenne, la droite est encore hégémonique et, effectivement, Jean-Paul Bachy reste fragile. Il aura face à lui un Jean-Luc Warsmann plus jeune, dynamique et qui adore bouffer du terrain, qu'il soit en campagne ou non. La chance la plus sérieuse pour la gauche de conserver la Région serait une triangulaire avec le FN, qui semble ici reconstituer ses forces, notamment dans la Marne.
La Basse-Normandie est déjà moins sûre pour la droite. Certes elle domine dans les trois départements, elle a obtenu des résultats satisfaisants dans le Calvados aux dernières cantonales, mais la gauche progresse dans ce département en pleine péri-urbanisation et donc la préfecture, Caen, a basculé aux dernières municipales. Surtout, le FN n'est pas assuré d'aller au premier tour, surtout après la guéguerre Le Pen - Le Rachinel. A voir...
Concernant la Lorraine, la gauche a peu de souci à se faire, surtout au regard du score très moyen de l'UMP aux européennes.
Quant aux Pays-de-la-Loire, je ne crois pas à une victoire de l'UMP, même si elle tient un bon candidat avec Christophe Béchu.
La Corse peut-elle basculer? Réponse au second tour, le jeu d'alliances entre clans politiques étant au moins aussi important que la géographie électorale sur l'île de Beauté.
Et l'Alsace? Il y a encore quelques jours, je n'y croyais pas... Aujourd'hui, je pense qu'un basculement n'est plus à exclure. La disparition d'Adrien Zeller a désorganisé la droite (un peu comme ce qui s'était passé dans le Doubs, en 2004, après le décès de Claude Girard) et fait sauter les digues qui canalisaient l'électorat centriste à droite. La candidature de Yann Wehrling comme tête de liste MoDem est intéressante. Ces ancien waechtérien peu agréger une partie de cet électorat alsacien écologiste, qui est davantage environnementaliste qu'alternatif. Son attitude entre les deux tours sera déterminante. La droite a aussi intérêt à surveiller l'extrême-droite. Un bon score d'Alsace d'Abord pourrait gêner le FN et éviter la triangulaire fatale à la majorité.
Manu

[Artisan-Politologue]

Précision: le FN n'est pas assuré d'aller au SECOND tour en Basse-Normandie.

[iguane]

Je maintiendrai la Lorraine dans les régions gagnables par la droite surtout en cas de duel au second tour.

Contrairement à 2004, la droite est cette fois unie (JL Masson ne présentera finalement pas de liste concurrente) et Hénart est capable de rassembler jusqu'au centre gauche avec le soutien du président des radicaux de gauche et la possibilité de rallier (une partie) le Modem au second tour.

Surtout Hénart méne une campagne active, sur le terrain, à la différence d'un JP masseret surfant sur l'unique rejet de Nicolas Sarkozy (stratégie dangereuse). Le député centriste pourra compter à Metz (récemment basculé à gauche en raison de divisions à droite) sur un rejet total des messins de la politique de D. Gros, et à Nancy sur ses actions dans le domaine de la culture reconnues par de nombreuses personnes, et surtout nombre d'electeurs de gauche.

De plus, JP Masseret fait face à de nombreuses critiques quant à son bilan jugé insatisfaisant, à son mode de gestion de la collectivité régionale, et aux dépenses importantes en matière de communication dénoncées récemment par le syndicat CGT du Conseil Régional de Lorraine.

L'extrême droite partira divisée entre une liste FN conduite par T. Gourlot, et une liste MNR-PDF-MDP trés active menée par Annick Martin et qui vise au moins 5% des suffrages.

Dans ces conditions, la Lorraine qui a toujours eu un ancrage plutôt à droite est bien susceptible de basculer en mars prochain.

[Jean-Philippe]

Les tensions internes, on en a déjà parlé, sont à la fois entre UMP pour faire les listes (d'où des démissions au conseil municipal de Lille), mais aussi vis-à-vis des têtes de liste centristes : après le Calvados, en Mayenne, le député Bernier s'est offusqué que la tête de liste départementale soit accordée à celle qui a failli le battre aux législatives sous l'étiquette Modem et qui depuis a suivi Arthuis.
Nouvelle preuve des tensions au sein de la majorité, le conseil national de l'UMP n'a entériné l'ensemble des listes régionales de l'UMP et de ses alliés électoraux que par une petite majorité (60%) des quelques centaines de conseillers nationaux présents. C'est peut-être la preuve que ce scrutin interne n'a pas été truqué (pour un rappel, http://www.politique.net/2009012101-ump ... ternes.htm). Ce ne sont même pas les militants qui ne sont pas chaud, mais les "cadres supérieurs" du parti qui ne sont pas chaud pour ces listes.
A gauche, ce sera la nuit du premier tour qui sera laborieuse, mais les résultats auront tranché en partie l'équilibre des forces au sein des futures assemblées régionales.

[Jean-Philippe]

La stratégie de l'UMP commence à me donner le tournis.
Tout d'abord, sur les thèmes de campagne, on était parti, avec "le livre noir des régions socialistes", sur des attaques sur le bilan des sortants et notamment les dépenses en communication jugées excessives, soit un début de campagne assez classique. Puis le débat s'est focalisé sur l'identité nationale à partir de l'automne (suite à la bourde d'Hortefeux à l'université d'été de l'UMP), faisant disparaître toute dimension régionale aux élections. Ce débat vient tout juste de se terminer, à un mois des élections.

D'autre part, c'est le rôle de Sarkozy dans la campagne. Au départ, il voulait s'engager fortement, comme pour les européennes, envoyant la moitié du gouvernement au combat. Puis, voyant les sondages baisser pour la majorité présidentielle, il avait laissé Fillon mener la campagne, notamment au cours du mois de janvier. Mais en Corse, aujourd'hui, il n'a pu s'empêcher de s'impliquer à nouveau. De plus, même s'il ne s'est pas affiché aux côtés des candidats, la finalisation des listes s'est souvent faite à l'UMP.

Cette absence de stratégie cohérente et suivie dans le temps ne peut que porter préjudice à la majorité présidentielle, partagée entre l'invitation souvent répétée par Sarkozy de s'appuyer sur son bilan pendant la campagne et la nécessité de faire des propositions concrètes et locales.