de vudeloin » Mer 16 Mar 2011 11:51
Pour aller un peu plus loin dans les calculs des uns et des autres ( chacun voit midi à sa porte, ensuite ), quelques éléments de plus dans le sondage national dont nous avons pu parler dans plusieurs messages.
Attendu que j’ai récupéré la fiche descriptive de l’enquête…
Pour le moment, l’analyse du sondage permet de dégager un certain nombre de points.
Le moindre n’est pas celui de la caractérisation des électorats.
Ainsi, l’électorat du FN tend, de manière générale, à être un électorat fidèle ( aux trois quarts constitués par les électeurs de Le Pen en 2007 ), assez nettement masculin ( 18 % ), plutôt âgé ( 20 % chez les 35 -49 ans et 16 % chez les plus de 50 ans ) et, par voie de conséquence, plus faiblement diplômé et issu de catégories actives moins qualifiées.
Il compense en réalité dans l’électorat actif populaire, la relative faiblesse des candidats de droite et du centre ( la droite n’étant qu’à 24 % chez les ouvriers et employés contre 28 % au global ) et participe de l’ancrage à droite des catégories les plus âgées de la population ou des inactifs, dont font partie les retraités, puisque cette catégorie sociale est la seule où centre, droite et extrême droite fassent jeu égal avec la gauche.
Contrairement à l’électorat FN, l’électorat de droite est équitablement réparti entre hommes et femmes, le processus étant sans doute en partie lié à l’influence de la droite classique dans l’électorat le plus âgé et/ou le moins actif.
Les électorats de gauche sont donc de manière générale plus jeunes, plus qualifiés et légèrement plus féminisés.
La gauche est dominante chez les moins de 25 ans ( 67 % des intentions de vote ), chez les moins de 35 ans ( 63 %), et concurrencée chez les 35 – 50 ans ( 47 % à gauche ) et les plus de 50 ans ( 49 % ).
La gauche est à 53 % dans la population active, 58 % dans les catégories socio professionnelles plus qualifiées, 49 % dans les catégories moins qualifiées ( même si je crois savoir qu’on a tendance à placer dans cet ensemble les agriculteurs exploitants, ce qui tronque légèrement les données ).
Elle domine aussi chez les femmes ( 55 % d’intentions de vote ) plus que chez les hommes ( 52 % ).
Si l’on appréhende les points forts des uns et des autres, disons que le Front de Gauche dispose d’un bon soutien des plus jeunes ( 16 % d’intentions de vote ) et des catégories actives les plus qualifiées ( 12 % ).
Pour le PS, plus fort soutien féminin et des moins de 35 ans, ainsi que dans les catégories professionnelles les plus qualifiées.
Pour les Verts, soutien féminin plus net, ainsi que d’une partie de la jeunesse ( mais moins que le Front de Gauche avec 14 % ) et dans les catégories actives plus qualifiées.
Alors, évidemment, avec de pareilles tendances, voyez vous, que le Val d’Oise, l’un des départements les plus jeunes de France passe à droite, cela me paraît compliqué…
Que, par contre, la droite puisse sauver quelques positions parce qu’un certain électorat populaire va sans doute préférer l’abstention au vote pour ces cantonales me semble aussi assez évident.
Car les données d’intentions de vote sont une chose, il n’empêche qu’il faut sans doute s’interroger sur la participation relative de chaque groupe électoral et social.
Un fort score de la gauche chez les jeunes, soit, mais si 75 % des moins de vingt cinq ans ne vont pas voter, quels effets ?
Aussi, il faut regarder la question des transferts éventuels de vote depuis les présidentielles.
Nous l’avons vu, la base de l’électorat lepéniste provient de fidèles de l’extrême droite puisque 73 % des personnes ayant l’intention de voter FN aux cantonales avaient voté Le Pen aux présidentielles.
D’ailleurs cet électorat est d’autant plus stable que 18 % des électeurs Le Pen d’avril 2007 sont prêts à voter à droite pour un candidat UMP ou assimilé.
C'est-à -dire un potentiel de 400 000 électeurs quand même au niveau national.
Par contre, si les candidats UMP parviennent évidemment à conserver l’essentiel de l’électorat sarkozyste, 15 % des électeurs de Nicolas Sarkozy sont prêts à voter à gauche ( potentiel national : 1,65 million de voix ) et 16 % à voter pour le FN ( potentiel : 1,7 à 1,8 million de voix ).
Bonne stabilité aussi de l’électorat Royal pour le PS même si 15 % des électeurs Royal sont prêts à voter Front de Gauche ( potentiel national : 1,35 million de voix ) et 12 % pour les Verts ( potentiel : 1,1 million ).
Effondrement aussi des votes Bayrou, sous les réserves d’usage et notamment l’absence très répandue de candidat Modem, d’autant que 50 % des électeurs de Bayrou tendent à vouloir voter à gauche lors des cantonales dont 35 % pour le PS et les divers gauche, 11 % pour les Verts ( environ 750 000 voix en potentiel national, soit plus que le vote Voynet des présidentielles ! ) et 4 % pour le Front de gauche
Un Front de gauche qui capterait aussi 30 % de l’électorat Besancenot de 2007, c'est-à -dire 500 000 suffrages au niveau France…
Tous potentiels qu’il faudra diviser, évidemment, si tant est qu’on croit à la loi des grands nombres, par le rapport entre nombre de suffrages exprimés au premier tour de ces cantonales et suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle…