Malgré le "correctif" apporté à la vague du premier tour, malgré une abstention historique à des législatives depuis que le suffrage universel existe en France, malgré les profils problématiques de certains candidats (entre
fraude fiscale, fraude sociale,
détournement de fonds,
harcèlement moral au travail et
violences conjugales), ou les capacités plus que discutables de certains (
Fabienne Colboc,
Anissa Khedher, toutes deux élues députées...), La République En Marche se sort bien de ces législatives avec plus de 300 députés. Ne l'oublions pas, on parle d'un parti qui n'existait pas il y a encore un an.
Ca ne me fait pas plaisir de le dire, mais Macron vient de réussir une année ce qu'un Valls (à qui
une réélection susceptible d'être annulée donne l'illusion d'exister politiquement) a été incapable de faire en 37 ans de militance. A savoir créer une force politique assumant ouvertement le social-libéralisme (contrairement à beaucoup de cadres du PS qui font du mollétisme en faisant campagne à gauche aux élections pour gouverner au centre-droit voire à droite), et qui soit en mesure de gouverner le pays malgré une base sociologique étroite, les CSP +++. Les vrais sociaux-libéraux étant minoritaires à gauche (5 ou 6% selon Frédéric Sawicki, en gros le score de Valls à la primaire de 2011), Macron était obligé d'aller dépouiller le MODEM et LR pour élargir sa base. La défaite de Sarkozy et de Juppé face à Fillon, l'alliance avec Bayrou, le discrédit de Fillon dans le PenelopeGate, le sabotage de la campagne de Hamon par l'aile droite du PS ont constitué un véritable alignement des planètes. Une fois au second tour face à Le Pen, il ne pouvait pas perdre.
Au vu des résultats du premier tour des législatives, on pouvait croire que LREM était la force centrale et transversale, qui pouvait battre tous ses adversaires à sa gauche comme à sa droite. Je pense que ce côté "transversal" de LREM dépend surtout de l'adversaire et de sa capacité à mobiliser les électeurs. Les résultats du second tour ont montré qu'il existait des oppositions transversales au macronisme. Le candidat PS aux législatives de 2012 dans la 1ère circonscription du Var, Robert Alfonsi (qui a voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle et blanc au second), a appelé entre les deux tours sur son mur Facebook à voter pour la candidate LR Geneviève Levy (son adversaire il y a 5 ans), en vue de faire barrage à la candidate LREM, qui a été battue. Beaucoup de contributeurs du forum ont pointé le fait que tous les députés FN de 2017 avaient battu des candidats LREM. Est-ce un hasard ? Je ne pense pas.
Si la stratégie de Macron a été payante pour la conquête du pouvoir, cela ne dit pas qu'elle lui permettra de le conserver en 2022...