de ChristianC. » Lun 5 Juin 2017 10:05
La question est bien sûr de savoir dans quelle mesure les résultats obtenus dans des circonscriptions quelque peu atypiques (pour ne pas parler de "bourgs pourris"), et marqués de surcroît, semble-t-il, par une abstention sans précédent, sont transposables à la métropole.
Ils sembleraient attester que l'état de décomposition des "vieux partis" est encore plus avancé qu'il ne semble, et qu'ils sont à la veille de s'effondrer dans des proportions que l'on n'envisageait pas encore il y a deux ou trois semaines. Et la Droite LR-UDI, contrairement à ce qui était généralement admis, risquerait de ne pas s'en sortir mieux que la "gauche de gouvernement".
Les résultats d'hier (y compris ceux de la Polynésie française) donnent à imaginer une Assemblée quasiment monocolore, à côté de laquelle celle de 1968, qui laissait un cinquième des sièges à l'Opposition, passera pour un modèle de pluralisme et d'équilibre des forces. Où va s'arrêter LREM ? à 400 sièges ? à 450 ? à 500 ?
Je me demande si tous les pronostics proposés ici ne devront pas être revus, et en particulier en ce qui concerne les résultats de la Droite, et aussi ceux qui donnent une prime aux députés sortants, quels qu'ils soient. (D'aucuns ont cru noter hier une résistance un peu meilleure que prévue de la Gauche; mais le résultat de l'ancienne ministre Axelle Lemaire, sortante en Europe du Nord, s'il se confirme, est effrayant; alors que, jeune, quasi novice en politique, moderne et expatriée, elle devait avoir tout pour plaire à ses électeurs potentiels).
La France donne l'impression de vouloir essayer (ou de laisser essayer, si comme cela aussi devient vraisemblable, nous nous acheminons vers plus de 50% d'abstention) un régime de parti quasi-unique, fort de sa supériorité morale et de sa nouveauté, élu uniquement sur le nom d'un président "jupitérien". M. Macron aura besoin de beaucoup de vertu républicaine ou de désintéressement franciscain pour ne pas succomber à l'hybris.
A moins que cette majorité plus qu'éléphantesque, composée de néophytes plus ou moins exaltés à l'idée d'incarner le Bien, le Nouveau et le Juste, et encadrés par quelques douzaines de transfuges opportunistes, ne se disloque sous son propre poids ?
Il reste cependant encore une inconnue: les circonscriptions de l'étranger ont une particularité commune, l'absence, ou la quai absence du FN. En métropole, le présence du FN pourrait-elle jouer un rôle de "brise-lame", en détournant à son profit une partie du vote "anti-partis" qui hier a gonflé la vague macroniste ? ou au contraire sa présence va-t-elle encore plus vider de leur substance les partis traditionnels ?
La séquence électorale 2017 pourrait-elle déboucher sur ce résultat (pour moi) cauchemardesque: un groupe LREM obèse, et une opposition croupion dominée par le FN ?