de vudeloin » Dim 13 Mar 2011 11:47
Je ne vais pas faire mon vieux, là dessus, chers amis lecteurs et contributeurs, mais un petit détour par l'Histoire s'impose.
Il y a un moment où le PCF a disparu, en tout cas officiellement et on pourrait dire administrativement, c'est en septembre 1939 quand, à la suite du déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, à la signature du pacte germano – soviétique et à ses prises de position divergentes sur des questions alors importantes ( il avait rejeté les accords de Munich, un an avant, contre tous les autres mouvements qui y voyaient pourtant la promesse de la paix en Europe ), il fut purement et simplement interdit, ses parlementaires sommés de choisir entre le reniement de leurs options et la prison ou la clandestinité, ses organisations de base dissoutes, ses adhérents investis de mandats syndicaux exclus des instances où ils siégeaient, etc...
Notons d'ailleurs, pour le coup, qu'une partie non négligeable des députés communistes de 1936 ( ils étaient 72 à l'époque ) choisit la clandestinité, et souvent, se retrouva au premier rang des persécutions politiques des années suivantes.
Il y a quelques rues de nos villes et villages, en Ile de France comme dans d'autres endroits du pays, qui portent le nom de ces personnalités comme Gabriel Péri, Jean Catelas, Jacques Duclos ou d'autres encore, à commencer par les fusillés de Chateaubriant comme Guy Môquet, Charles Michels, Jean Pierre Timbaud ou Auguste Delaune...
D'autres députés ne prirent pas la même orientation et les archives de l'Assemblée Nationale témoignent, pour certains, de leur abandon précoce de la vie politique, pour d'autres de revirement divers et variés et parfois tout à fait opposés à leurs engagements initiaux.
Ernest Gitton, député de Pantin, finit notamment par être abattu par un commando de résistants pendant la guerre, car il avait choisi à ce moment là l'autre camp.
De cette époque sujette à bouleversements ( et les députés de droite, radicaux ou SFIO de 1936 n'ont pas été les derniers à se trouver soumis aux mêmes choix et à , bien souvent, opter pour la mauvaise solution au regard de l'Histoire ), on doit donc dire que le PCF – SFIC ( jusqu'en 1943 et la dissolution du Komintern ) est sorti renforcé, peu de ses anciens parlementaires ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain dans la triste journée du 10 juillet 1940, et ses adhérents et militants, devenus clandestins, ayant largement contribué au développement de la Résistance intérieure.
Et ce, contrairement à une thèse largement répandue dans une certaine historiographie officielle, bien avant le 22 juin 1941 et le début de l'opération « Barbarossa « d'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie.
Un jeune communiste comme François Lescure ( le père de l'homme de télévision Pierre Lescure ) fut ainsi l'un des organisateurs de la manifestation des jeunes et des étudiants du 11 novembre 1940, à l'instar d'autres jeunes sympathisants gaullistes ou socialistes.
Mais revenons un peu plus haut.
Quel est le grand événement, au delà de la Révolution d'Octobre, de l'émergence de « la grande lueur née à l'Est «, qui motive la naissance du PCF ?
Un autre moment clé de l'Histoire de notre pays : la Première Guerre Mondiale, cette infâme boucherie, enfantant la société moderne du XX e siècle en France, avec un élément essentiel du point de vue politique.
Celui qui veut que la SFIO, le parti des ouvriers créé en 1905, ait participé à l'Union Sacrée, donc donné son aval et participé au fait d'envoyer au casse pipe les milliers de fils d'ouvriers, d'ouvriers eux mêmes et de paysans de la France d'alors !
Le 31 juillet 1914, la SFIO pleure Jaurès et deux jours plus tard, ses dirigeants disent, comme les autres « A Berlin ! A Berlin ! «Â
Douaumont ou Craonne ( allez voir ces sites un jour si vous en avez l'occasion ) témoignent à leur manière de la chose, sans parler de Péronne ou de la Main de Massiges...
Donc, c'est aussi ce traumatisme majeur, cette crise là qui s'avère créatrice ( le surréalisme en littérature doit beaucoup au carnage de 14 – 18 ) et qui fait place au PCF, autant que ce qui a pu se passer du côté du Palais d'Hiver le 25 octobre du calendrier julien.
Le PCF, enfanté dans la douleur ( les lecteurs communisants voudront bien m'excuser d'utiliser cette image biblique ! ) a donc connu des crises, à peu près comme toute organisation politique de notre pays.
Que reste t il, par exemple, de l'Alliance Démocratique et de l'Union républicaine, les deux partis de droite de la IIIe République, après 1945 et la Libération ?
Juste le Mouvement Républicain Populaire, traçant son sillon ( jeu de mots facile, j'en conviens ) dans la Résistance d'inspiration chrétienne et devenant le réceptacle du vote conservateur à tel point que les communistes le qualifiaient de « Machine à Récupérer les Pétainistes « ?
Il fallut attendre 1951, la fin de la période de l'épuration, pour que la droite française, passé l'épisode de la splendeur rapidement fanée du RPF gaulliste, ose se présenter au sein du Groupe des Indépendants et Paysans, autour d'Antoine Pinay et de la famille de Valéry Giscard d'Estaing ou de Jean Raffarin...
Le PCF a donc connu des phases critiques de son Histoire, plus ou moins difficiles ou brillantes, c'est selon, mais je pense qu'il participe du paysage politique de ce pays.
Ou, peut être au delà de l'organisation – dont les anciens membres encore vivants doivent être nettement plus nombreux que les actuels et fournissent quelques élus et militants au PS, aux écologistes et à d'autres encore -, parce que le PCF incarne, à sa manière et aujourd'hui de manière partielle, un courant d'idées toujours présent dans l'opinion depuis l'émergence de la politique en France ( datez cela de 1788 ), le courant de transformation sociale radicale, porté par ceux que l'on peut appeler les victimes conscientes de l'exploitation.
Dire qu'il a aussi certains des travers institutionnels de notre pays ( notamment du point de vue des élus ) ne permet pas de laisser sous silence le fait qu'il incarne, avec ses défauts comme ses qualités, le rassemblement d'une bonne partie de ceux et celles qui refusent l'ordre social actuel, même si les formes de l'exploitation de l'homme par l'homme se sont quelque peu modifiées et, pour certaines, dématérialisées.
Il est même, en fonction des choix stratégiques actuels du PCF, possible que les lendemains de l'organisation ne soient pas aussi sombres que ne le pensent ( ne le souhaitent ? ) certains de ceux qui en annoncent la disparition rapide et comme programmée.
Après tout, la SFIO, au printemps 1969, avec Defferre, n'avait fait que 5,01 % par la grâce du Ministère de l'Intérieur, entre autres...
A t elle disparu pour autant ?
Et devons nous oublier qu'il fut une élection européenne, en 1999, où Nicolas Sarkozy fut devancé par Charles Pasqua...
Comme quoi...