de LCJR13 » Mer 26 Avr 2017 10:22
Si les résultats présidentiels sont un indicateur pour les législatives, je pense qu'il faut être très prudent sur une transposition.
La Provence et Marsactu notamment ont regardé les résultats par circonscription et en ont fait des conjectures pour les élections législatives.
Pour ma part, je pense qu'ils se sont jetés trop facilement et sans aucun recul.
Le résultat d'une élection législative puise dans le contexte national, et notamment celui de la présidentielle, c'est vrai. Cependant, le contexte présidentiel me semble biaisé. Tout d'abord, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle rassemblent de nombreux socialistes et écologistes. En dehors du contexte qui a conduit à ce vote utile massif sur Mélenchon, je doute que les électeurs socialistes ne retournent pas voter pour les candidats socialistes aux législatives. Pour ce qui est des électeurs d'Emmanuel Macron, je vois un électorat composé de gens de gauche, mais aussi de gens de droite. Je pense qu'une partie de ces électeurs retourneront aux législatives vers les partis traditionnels. Je ne saurais cependant pas dire quelle proportion. En effet, Macron a énormément rassemblé sur son nom propre, au-delà des tendances politiques. L'expérience a montré que les aventures solitaires où tout est ramené à une seule personne se diluent lors des scrutins sans ce candidat. Les chevènementistes pourront attester qu'ils n'ont jamais atteint les scores de Chevènement. Une victoire de Macron à la présidentielle assurerait une fidélisation plus forte de son électorat, mais j'attends de voir dans quelles proportions. Pour Fillon, le résultat montre bien qu'il lui a manqué une partie de l'électorat de droite. Ceux qui n'ont pas voté pour lui à cause des affaires voteront à mon sens en grand nombre pour les candidats républicains aux législatives. Enfin, Marine Le Pen. Je vois ses candidats aux législatives plus haut qu'elle ne l'a été à la présidentielle. En effet, je pense qu'une partie de l'électorat de droite qui s'était tourné vers elle a finalement voté Fillon grâce à son programme assumé à droite. En revanche, avec une ligne qui se recentre déjà pour les législatives, je vois un flux vers les candidats FN.
Pour faire simple, je pense que l'électorat va énormément bouger pour les législatives. Le plus gros flux à attendre restant celui d'électeurs de Mélenchon vers les candidats PS. Et puis il faut ajouter à ça les accords qui auront lieu. À 3 semaines du dépôt des candidatures, rien n'est arrêté pour l'instant à gauche. La France insoumise et le PCF n'ont toujours pas d'accord législatif. EELV en a arrêté un avec le PS mais commence déjà à négocier localement avec le PCF. Le PS quant à lui travaille avec le MRC, qui s'est souvent allié dans le passé avec le FdG. L'attitude du PRG est incertaine, et le PS pourrait aussi choisir de travailler avec Macron, ce qui remettrait en cause les accords avec EELV.
Ca me rappelle énormément les élections départementales où le PS avait négocié chaque canton de manière individuelle. Parfois avec Guérini, parfois sans, parfois avec EELV, parfois avec le PCF, parfois avec le PRG, etc... Ne serait-ce qu'à Marseille ! Annie Lévy-Mozziconacci est candidate PS et pourrait l'être aussi avec l'étiquette En Marche. Et un EELV sera contre elle. Mais dans la 3ème, Christophe Masse pourrait être candidat En Marche contre Anne di Marino, candidate PS. Marie-Arlette Carlotti chercherait aussi à avoir la double investiture, mais si elle l'obtient, EELV continuera-t-il à la soutenir ? Dans la 6ème circonscription, EELV a l'investiture du PS. Mais qu'en sera-t-il si l'accord est rompu ? Dans la 4ème, Lisette Narducci (soutien de Macron) lâcherait-elle facilement une investiture En Marche à Patrick Mennucci ? Il y a à ce jour énormément d'inconnues qui brouillent le jeu des législatives. En 2015, cela avait causé la basculement du département à droite pour la première fois de son histoire.
Enfin, il faut ajouter au calcul un facteur local. C'est là le paradoxe d'une élection législative. Election nationale à l'échelle locale. La notoriété et l'implantation des candidats jouera énormément et modifiera les rapports de force qui se sont affichés lors de la présidentielle.