guillaume44 a écrit:Vu le contexte actuel, et une base démocrate chauffée à blanc, Trump à en tous cas besoin de réformes majeure avant l'été. Après il y aura les mid terms forcément catastrophique (comme pour tous les présidents cela étant dit) et une nouvelle cohabitation ou les démocrates rendront la monnaie de leur pièce aux républicains en effectuant une obstruction systématique. L'on se souvient que ces derniers n'ont pas hésité à aller jusqu'au shootdown pendant les 2 mandats d'Obama et lui ont démoli son mandat. Au final, il n'aura gouverné réellement que 2 ans de 2008 à 2010 et aura passé le reste du temps à apposer son veto sur les décisions du congrée à majorité républicaine...
Parenthèse refermée sur les futurs réformes, il devrait y avoir :
- La réforme fiscale normalement prévue en juin avec des baisses massives d'impôts pour les personnes les plus aisées et sur l'impôt des sociétés.
- les infrastructures dont le plan devrait être dévoilé d'ici quelques jours (selon la ministre des transports Elaine Chaos). L'on sait devine que ça portera essentiellement sur de la rénovation de routes, aéroports, ponts, hôpital.. Il n'y aura aucune nouvelle infrastructure style chemin de fer ou train à grande vitesse car les travaux d'études seraient trop long. Les travaux doivent en tous cas commencer dans les 90 jours.
Dans les 2 cas, ça va être très difficile. La base démocrates votera contre selon le principe pas de victoire pour Trump. Les républicains se déchireront sur le poids de la dette que ça fera peser.
Si le recul du camp du président lors des midterms est un grand classique, il n'est absolument pas acquis que la Chambre basculera pour autant. Il faudra un très puissant vote sanction pour arriver à ce résultat là , le
gerrymandering massif des circonscriptions favorisant à l'heure actuelle plutôt les républicains. On est encore loin des midterms pour l'heure, mais en effet, le climat actuel n'est guère propice pour le GOP. On verra à ce moment là . Surtout, il faudra voir à ce moment là le bilan entre promesses de campagne et réalisation concrète (sans compter qu'au Sénat les républicains auront peut-être quelques cartes à jouer, les 34 sièges renouvelés étant franchement compliqués pour les démocrates).
Pour les infrastructures, c'est très mal parti, et on se dirige plutôt, si les fuites concernant le projet à venir sont vraies, vers un remake de l'AHCA. On parle d'un plan prévoyant de 150 à 300 milliards de dépenses publiques couplées à 700 ou 800 milliards de dépenses privées (avec à la clef la privatisation totale ou partielle d'infrastructures routières où les investisseurs privés pourront se refaire avec des péages). Les faucons budgétaires républicains du Congrès n'accepteront jamais une telle dépense financée par la dette, quant aux démocrates ils tiqueront sur les privatisations. Mais, encore une fois, on prend le problème à l'envers. Le gouvernement propose un texte, puis essaye de construire une majorité autour par la carotte et/ou le bâton. Au lieu de proposer aux modérés des deux partis de construire un projet bipartisan de compromis, puis de le faire voter une fois un consensus dégagé. Mais cela obligerait les deux partis à arrêter de désigner le camp d'en face comme le mal absolu, et ça les obligerait à défendre des concessions auprès de leurs bases (dans cette optique Trump devrait certainement abandonner l'affichage absolument délirant du trilliard de dépenses, et les démocrates devraient accepter des projets moins nombreux et plus ciblés).
A l'époque de Reagan, ce dernier disait qu'il valait mieux obtenir 80% d'un projet satisfaisant que 0% d'un projet parfait. Pendant un demi siècle le Congrès fut détenu par les démocrates, cela n'empêchait pas les présidents républicains de faire avancer une partie de leur agenda (ni les présidents démocrates de devoir parfois batailler avec leurs propres troupes).
L'autre souci aussi, c'est que je pense que les républicains ont un peu surestimé leurs mains suite aux élections de novembre. Certes ils sont aux commandes et majoritaires presque à tous les échelons (après 8 ans d'opposition à Obama). Mais ils ont un peu fait l'impasse sur une réalité objective : la majorité républicaine a reculé dans les deux chambres du Congrès, leur candidat avait 3 millions de voix de retard au compteur sur son adversaire, et que sa victoire est plus due au rejet de la candidate d'en face dans quelques états clefs que par une approbation franche et massive du nouveau président ou de son programme. Cette situation aurait du les conduire à un peu plus de circonspection, à adopter au minimum une ligne un poil centriste sur certains aspects. D'autant que Trump avait été iconoclaste sur certains sujets durant la campagne en essayant de faire bouger les lignes partisanes (salaire minimum, dont Trump ne parle plus du tout, engagement à conserver Medicare et Medicaid...). Or, depuis l'élection c'est à droite toute, tout en reniant quelques engagements de campagne qui avaient pu séduire des électorats tangents (remise en cause de la protection sociale contrairement aux promesses, retour à une politique étrangère interventionniste après une tentation isolationniste...). Sans parler des problèmes dans l'action et les boulettes de gestion (muslim-ban, AHCA, communication hasardeuse, fuites et tensions au sein de l'administration, démissions...).
Pour le projet fiscal, je suis plus confiant, on devrait avoir un vote plus logique avec les lignes des partis : les républicains pour et les démocrates contre. Faudra voir dans le détail les réductions fiscales et les coupes budgétaires.