Fabien a écrit:"Plusieurs dizaines d'élus communistes ont tout de même enfreint la consigne de rétention donnée par leur direction, à commencer par l'ancienne secrétaire nationale Marie-George Buffet et plusieurs grands maires. C'est symboliquement important, mais le PCF affirme compter 800 parrains potentiels (je n'ai pas le détail, mais le chiffre semble crédible)...
J'ai du mal à comprendre ce qu'espère Pierre Laurent avec cette stratégie.
Si c'est un chantage (aux législatives), il n'en en a même pas défini les termes, le PCF n'ayant pas réagi à ce jour, à ma connaissance aux propositions de la délégation de La France Insoumise. Et cette méthode ne peut évidemment que crisper encore un peu plus les discussions.
Si c'est un simple mouvement d'humeur, cela peut s'avérer contre-productif en suscitant plus d'hostilité envers le PCF.
Si c'est une volonté de montrer sa force ( "regardez, il n'y arrivera pas sans nous"), cela peut se retourner contre lui si, précisément, JLM et ses équipes franchissent la barre symbolique avant que Pierre Laurent ne lève sa consigne de blocage.
Pour le moment, le seul résultat de ce comportement sera que les gens comme moi, qui au sein de la FI, sont parmi les moins mal disposés envers le PCF, n'oseront plus dire le moindre mot pour le défendre face à ceux qui sont animés de sentiments peu amicaux à son égard...
Tout comme, hélas, la volonté de la France Insoumise de présenter des candidats aux législatives contre les sortants PCF ou contre les candidats PCF essayant de reconquérir une circonscription récemment perdue rend bien difficile la position des communistes décidés dès le départ à soutenir Mélenchon. L'aigreur des communistes anti-JLM s'en alimente et s'en exacerbe jusqu'à des niveaux peu imaginables à l'extérieur, et il n'est pas aisé de leur répondre. Et il y a, à la FI, un rejet général des partis, un discours appelant à les dépasser, voire à les détruire, sans distinctions, dont les communistes, toutes tendances confondues, ont quelque raison de s'inquiéter et de s'irriter. Par exemple, et en termes très modérés, le PRCF, -- dont le soutien à JLM se veut, lui, sans ambiguïté, mais qui est nul en terme de parrainages --, vient à cet égard d'écrire à JLM pour lui demander de "ne plus gêner l'alliance avec les communistes en fustigeant les partis, le centralisme démocratique et le léninisme".
Cela étant, cette rétention de parrainages est en effet suicidaire et absurde. Je ne crois pas qu'en novembre l'annonce du soutien communiste à JLM lui ait fait gagner un seul point de pourcentage; mais du moins on pouvait se dire: "Il n'aura plus de problèmes de signatures." Et à présent le Parti renâcle à jouer le seul rôle positif attendu de sa part. Ce manque de parole (implicite, certes, mais, si comme cela est dit ailleurs, "parrainage" n'est pas forcément "soutien", que veut dire "soutien" sans "parrainage" ?) est digne d'un Fillon, et pourrait attirer une légitime vengeance électorale de FI aux législatives. L'idée qu'il y aurait au PCF des gens pour décider que l'on réserve les parrainages pour un candidat d'union qui n'existe pas, qui n'existera jamais et n'a jamais eu la moindre chance d'exister, et dont il est au reste du bien de la gauche qu'il n'existe jamais, car il ne saurait exister que pour tuer JLM, la FI, ce qui reste du FdG, et avec eux tout espoir à moyen terme de faire renaître une force politique de gauche indépendante du PS, cela fait tomber les mains de douleur et d'étonnement!
Quant à croire faire ainsi pression sur JLM...C'est sans doute bien peu entrer dans sa psychologie, et risque de l'entraîner bien plus à se raidir, au risque de "casser la "baraque", qu'à céder à ce genre de chantage.
Le Parti se serait sans doute bien plus grandi, et placé en position bien plus favorable, en parrainant sans baragouiner et sans rien réclamer en échange; on disait naguère dans le Parti qu'en certaines circonstances et face à un partenaire incommode (à l'époque, ce devait être le PS Mitterrandien?) il fallait être "unitaire pour deux", c'était sans doute le moment de se souvenir de cette vieille maxime (et de manière plus pertinente que vers 1977).
En attendant, voir des élus communistes, en ordre dispersé, parrainer d'autres candidats que celui soutenu officiellement par le Parti ressemble à une provocation gratuite qui va encore envenimer les choses. Et cela rappelle que tout de même nombre d'élus communistes (par exemple les conseillers de Paris) doivent leur siège à des accords de premier tour avec le PS et ne veulent pas se compromettre avec JLM. A cet égard, l'accord parisien entre Hidalgo et le Parti n'en finit pas d'exsuder son poison lent. Et à Paris, il est admirable d'entendre les mêmes militants parisiens qui clament que jamais "ils ne se soumettront à la France Insoumise", tresser des couronnes à Hidalgo et à sa politique parisienne.
Suite au prochain numéro...et pourquoi pas l'étranglement entre deux portes de la candidature JLM privée de ses derniers parrainages?