Sur Macron: le ralliement de Bayrou lui redonne indéniablement des couleurs. Pour les électeurs qui n'étaient pas loin du centre modémo-macronien, la consigne de vote de Bayrou et la caution qu'il donne (et ce qu'il a obtenu notamment en termes de projets de loi de moralisation), il y a un vrai effet de ralliement et de construction d'une dynamique. La baisse des indécis est logique: beaucoup des indécis de Macron hésitaient manifestement entre celui-ci et... Bayrou; maintenant que ce dernier se rallie, cette incertitude disparaît. Chez certains, elle réapparaîtrait si émergeait un candidat pouvant mordre sur l'électorat macronien, je pense à J. Lassalle mais une autre partie de ceux qui sont devenus certains vont le rester (il est logique de réfléchir un peu plus si l'offre change).
Au passage, il serait temps que les instituts se mettent à tester les candidats ayant déclaré avoir obtenu le bon nombre de promesses de parrainages, notamment J. Lassalle justement. Cheminade l'a été systématiquement chez certains sondeurs, à juste raison puisqu'il semble avoir à nouveau les paraphes nécessaires, sans grand succès il est vrai et comme "en vrai" en 2012; en même temps on a pu assister à un siphonnage massif mais graduel des restes de score des petits candidats: si on prend le total Arthaud + Poutou + Cheminade + Dupont-Aignan, j'ai l'impression qu'il est fort bas... C'est logiquement un effet de "vote utile": faire passer Mélenchon de 12 à 13 paraît plus utile que de faire passer Arthaud de 1 à 2 pour dire en gros la même chose... restent voter à LO ou au NPA ceux qui ont des objections par rapport à Mélenchon (et Hamon); Dupont-Aignan est toujours coincé entre Fillon et Le Pen même si les affaires du premier peuvent lui laisser un peu d'air.
Cette faiblesse des petits pourra éventuellement changer lors de la campagne officielle, avec l'égalité de temps de parole; malgré tout, beaucoup de monde a un "grand" candidat pas trop éloigné de ses idées pour qui voter donc pourquoi s'embêter à aller vers un "plus petit"? Surtout pour exprimer une nuance mais encore faut-il qu'elle soit grosse pour que cela vaille la peine.
L'indécision reste cependant encore importante: beaucoup de gens en sont à se dire "pour qui vais-je voter? je n'en ai encore aucune idée". Une fois la liste des candidats validée mi-mars, cela sera déjà plus clair et c'est seulement à ce moment que certains se poseront vraiment la question.
Côté sondages et études catégoriels, le Cevipof a mené une étude assez approfondie sur le vote des fonctionnaires (avant le ralliement de Bayrou):
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... triste.phphttps://www.enef.fr/les-notes/ notamment la n.31
https://www.enef.fr/app/download/152443 ... 1487669820Les enseignants voteraient surtout Macron (et peu Le Pen, ce qui est à mettre en rapport avec le constat plus général que les électeurs FN sont surtout des peu diplômés: on peut dire que ce sont ceux qui ont le moins intégré les valeurs de leurs enseignants), si on détaille les scores pas trop faibles: Mélenchon 16, Jadot 4,4, Hamon 25, Macron 29, Fillon 14,7, Le Pen 7,6%;
inversement les policiers et militaires voteraient avec un centre de gravité très à droite: peu à gauche, Macron et Fillon à 19% (encore pas terrible même si là il prend de l'avance sur Macron), Dupont-Aignan à 5,8 et surtout M. Le Pen à 47,4% dès le premier tour.
Cela éclaire d'un jour particulier d'une part les difficultés actuelles entre police et population re-révélées par "l'affaire Théo" et d'autre part les possibles suites du second tour.
Certains "non-FN" (pour nommer ainsi la catégorie fourre-tout des 82% de 2002 et surtout des plus irréductibles), j'ai pu le voir sur des forums, peuvent se dire en effet: le candidat opposé à MLP ne nous plaît pas donc laissons-la gagner
et ensuite on fera une révolution. Là , on sait que peu de policiers la suivraient et qu'une bonne partie au contraire mettrait du coeur à l'ouvrage pas seulement par légitimisme mais aussi par conviction personnelle... l'hypothèse d'un renversement après scrutin ne tient donc guère. Que ce sont les "pour" ou les "anti", il faut semble-t-il considérer que le principal obstacle à passer pour un éventuel pouvoir FN serait le second tour présidentiel, l'autre plus secondaire étant les législatives (qui ont toujours confirmé la présidentielle en étant juste après et dans le cas contraire, reste la possibilité de dissolution au bout d'un an...).