guillaume44 a écrit:Cette conférence n'était pas des meilleurs effets.
La politique étrangère et la gestion de l'affaire Flynn sont sous le feu critique des sénateurs McCain, Graham et Corker. A les entendre, l'on se demande même s'ils ne seraient pas ravi qu'il y ait eu des collusions entre la campagne Trump et les services secrets russes pour le destituer. Malheureusement pour eux, cela ne semble pas être la cas, même le New York-Times l'a admis quant on lit précisément l'article.
D'ailleurs, je ne comprend pas trop leur critique car l'administration Trump ne cesse de répéter que les sanctions contre la Russie seront levées seulement si elle rétrocède la Crimée à l'Ukraine.
En tous cas, Trump a bien conscience du danger voilà pourquoi il retourne rejoindre sa base en Caroline du Sud et en Floride ce week-end. Il est très populaire au près de sa base et celle-ci considère que les interférences russes sont simplement une diversion pour le délégitimer.
Si le GOP cherche à le destituer, la perte de prestige sera lourde.
En tout état de cause, c'est dommage ce qu'il arrive à l'administration Trump. Celle-ci avait plutôt bien démarré (du moins en communication) grace aux investissements des Big Three de l'automobile dans le Michigan, de l'embauche de 1800 ingénieurs chez Lockheed Martins..
Mais patatra comme toujours avec Trump dès qu'il fait du bon boulot, il rase tout avec des trucs polluants sa campagne (l'affaire Flynn, le décret sur les réfugiés...)
Je peux me tromper, mais je crois que concernant les affaires russes, vous mélangez un peu le dossier "hacking électoral" avec le dossier "diplomatie et ingérence directe".
Dans le premier cas, il est désormais acquis (même Trump le reconnait) que le hacking du parti démocrate a été l'oeuvre du gouvernement russe, mais que ce hacking s'est limité aux mails des démocrates, il ne visait pas une modification des votes le jour J (aucun hacker n'a modifié les listes électorales par exemple). Sur ce volet là , l'administration Trump n'est accusée de rien du tout. Et je pense qu'au final, l'impact de ce hacking a été très faible, voire inexistant, sur le résultat de l'élection (à mon avis c'est surtout la relance artificielle du dossier pourtant vide de l'emailgate par le directeur du FBI une semaine avant le vote qui coute à Clinton son élection, pas le hacking du parti démocrate juste avant la convention).
Par contre, sur le second volet, des relations entre certains membres de l'équipe Trump et le gouvernement russe, là c'est beaucoup plus problématique. Il est désormais acquis que Flynn a bien, dès la fin d'année 2016, entretenu des échanges directs avec l'ambassadeur russe. Et, d'après les différentes fuites dans la presse, il semble qu'il ne soit pas le seul membre de l’administration Trump dans ce cas. Or, il existe une loi fédérale, le Logan Act, qui interdit à tout citoyen privé américain de s'entretenir directement avec un état hostile aux USA (le texte parle de pays ayant "any disputes or controversies with the United States of America", ce qui, rien qu'au regard des sanctions, est incontestablement le cas de la Russie). Dans un premier temps, Flynn s'est défendu en disant qu'il n'avait parlé que de la pluie et du beau temps avec l'ambassadeur russe, et qu'il ne lui a jamais parlé d'affaires diplomatiques. Cette ligne a été la ligne officielle de l'administration Trump jusqu'à la semaine dernière, portée par le VP Pence. Or, dès début janvier, l'administration Obama avait les enregistrements des conversations téléphoniques (et oui, le gouvernement US écoute les conversations du diplomate russe, incroyable...). Quelques jours avant la passation de pouvoir, ils ont informé l'équipe Trump que Flynn mentait. L'administration Trump a sciemment choisi d'ignorer cette information, et a sciemment continué à couvrir le mensonge de Flynn. Jusqu'à ce qu'une fuite interne à l'administration Trump ne balance les enregistrements à la presse, prouvant que Flynn avait bien promis à l'ambassadeur russe la fin des sanctions (sur le cas de Flynn, il ne fait pas de doute qu'il tombe sous le coup du Logan Act et que son dossier est judiciairement parlant très mal parti). La question est désormais de savoir si Flynn était en mission ou si il a agi de son propre chef. On suppose que c'est la deuxième option qui sera retenue par la Maison Blanche, mais comme pour le moment ils nous font une fillonnade en refusant de parler de l'éléphant dans la pièce. Tout comme Fillon, pour l'heure, il parle de la forme mais pas du fond, et critique surtout les fuites. Mais le simple fait qu'ils aient maintenu à Flynn leur confiance entre le moment où l'administration Obama leur a transmis la teneur des discussions et le moment où elles ont fuité dans la presse est extrêmement mauvais. Si on ajoute à ça les fuites actuelles selon lesquelles Flynn ne serait pas le seul membre de l'administration à avoir papoté directement avec les autorités russes...
Concernant une éventuelle destitution de Trump, elle ne viendra pas des liens avec la Russie. Si un jour le Congrès veut se débarrasser de lui, il y aura plus simple : le groupe Trump reçoit des revenus de pays étrangers, et à travers lui le président Trump. Le Congrès pourrait déjà destituer le président Trump le plus légalement du monde sur ce simple élément. Si il en avait la volonté. Tant que ce ne sera pas le cas, Trump est tranquille. Mais si un jour le Congrès veut se débarrasser de lui, le motif est déjà tout trouvé, et la Russie n'aura rien à voir là dedans.
Concernant la base, il a gagné et les primaires et la générale comme ça (et grâce à ses adversaires aussi). La question est : peut-on gouverner efficacement un pays avec cette seule base ? Pendant 4 ans ? Surtout un pays aussi profondément divisé que les USA ?
Concernant le "bon démarrage" de Trump, vous le dites vous même : tout cela n'était que de la communication. Dans le cas des big three, aucun emploi n'a été créé, la destruction d'emplois a été inférieure au plan initial, concernant des projets futurs d'installation au Mexique, contre la promesse d'une future baisse de l'impôt sur les sociétés (mais sur cette promesse là , je ne m'inquiète pas, elle sera tenue, ce serait con de ne pas faire économiser au groupe Trump encore une fois des milliards d'impôts). Aucune usine déjà existante au Mexique n'a pour l'heure été fermée, aucun droit de douane n'a pour l'heure été relevé, la Chine a plutôt été caressée dans le sens du poil (et oui, rouler des mécaniques devant le Mexique c'est facile, devant Pékin c'est un poil plus compliqué à priori). Quant au mur et au plan de financement des infrastructures, tout cela est très bien parti pour rester ensablé dans les méandres du Congrès (pour le mur, vu l'inefficacité de la chose, ce serait pas plus mal, pour les infrastructures ce serait plus embêtant). Reste la lutte contre l'immigration. Pour l'heure, le muslim-ban, c'est pas fameux.