Fabien a écrit:Sondage OpinionWay pour les Echos :
https://presicote.factoviz.com/index/more/id/qoo_lew_1Le Pen : 25% (-1%)
Macron : 23%
Fillon : 20%
Hamon : 14%
Mélenchon : 12% (+1%)
Dupont-AIgnan : 4% (+1%)
Jadot : 1% (-1%)
Poutou : 1%
Arthaud : 0%
Second tour :
Macron : 66% (+1%)
Le Pen : 34%
Fillon : 60% (-1%)
Le Pen : 40%
Opinionway arrondit visiblement ses chiffres à l'entier le plus proche.
Avec des fourchettes de marge d'erreur, cela donne:
Le Pen 23%-27%
Macron 21%-25%
Fillon 18%-22%
Hamon 12%-16%
Mélenchon 10%-14%
Dupont-Aignan comme Jadot font vraiment du yoyo de score entre instituts ou entre moutures du même institut d'un jour à l'autre, alors même que la marge d'erreur pour ce niveau de score est faible. C'est lié à leur position très coincée entre de grands candidats - au point que Jadot en est plutôt à négocier son retrait. DLF a tendance à recueillir des votes critiques de droite, très peu de sympathisants FN qui soit restent sur leur parti habituel soit, tant qu'à changer, iraient vraiment ailleurs et sur des candidats ayant des chances.
Les eurosceptiques de droite auront pour la plupart compris que leur place n'était pas avec le principal parti, soit europhile soit surtout "euro-bof" - un peu comme le PS d'ailleurs, ce qui joue contre les deux formations aux élections européennes où ceux qui se déplacent ont des vues plus tranchées dans l'un ou l'autre sens. Guaino et MAM se sont d'ailleurs lancés à part maintenant.
Au passage, sondagièrement, Bayrou est plus constant sur le noyau qui lui reste fidèle (dont je ne suis pas du tout). Je dirais qu'il lui reste une microscopique chance si Macron se prend les pieds dans le tapis. Probablement pas sur le programme, qui sera pour l'essentiel (je suppose) un étalage de "lieux communs centristes" prévisibles... La constance est surtout liée à l'écart de fond perçu entre Macron et Fillon et à l'insatisfaction vis-à -vis des deux même en en étant proche.
Vu les scores sondagiers entre Macron et Fillon quand cette configuration est testée, c'est là qu'on a en effet le clivage gauche/droite du moment, c'est la seule configuration testée où le duel est incertain (or je dirais qu'un clivage droite-gauche vu de loin ce sont deux camps de taille équivalente et relativement cohérents entre eux, l'un étant plus à droite ou plus à gauche que l'autre); certes c'est clairement décalé sur l'axe par rapport aux limites qu'on mettrait à la "vraie gauche" puisqu'il y a manifestement des soutiens de centre-droit pour Macron mais l'épisode hollandien a affaibli la gauche sur son passage, on n'est pas à un état neutre (jamais, en fait). En matière de recomposition notamment si Macron est au second tour voire gagne, on aurait au moins provisoirement une ligne de partage ressemblant à celle de ces derniers temps entre Démocrates et Républicains aux USA mais avec la complexité multipartite à l'européenne et notamment une opposition de gauche significative. Ca peut effectivement amener à une droite assez xénophobe avec par exemple et a minima une volonté de revenir sur le droit du sol, ce qui n'est pas forcément si nouveau en fait: le RPR chiraco-pasquaïen était déjà un peu comme ça.
Les seconds tours sondagiers comprennent à chaque fois des votes "ni l'un ni l'autre" et des hésitations, de plus il faut compter avec l'effet repoussoir habituel, fût-il atténué, qu'exerce le FN, en particulier pour une présidentielle où le pouvoir confié est très important. Typiquement, si des duels Macron-Le Pen ou Fillon-Le Pen se jouaient avec le même score (on n'en a pas été très loin à un moment, avant l'affaire...), ce serait qu'il y a un gros noyau commun qui ne veut de Le Pen à aucun prix (et inversement un autre noyau qui y tient, essentiellement ses électeurs du premier tour ou de petits candidats) auquel s'ajoutent ceux qui retrouvent leur candidat du premier tour (ou le grand candidat de leur camp après avoir batifolé ailleurs) et se retranchent ceux qui ne veulent pas de ce candidat non-FN mais en des nombres équivalents. Autrement dit, en changeant de candidat face à Le Pen, il se perd autant de points qu'il ne s'en gagne de part et d'autre.
Si les scores sondagiers du candidat non-FN sont différents, c'est que le moins bien placé exerce lui aussi un effet repoussoir particulier.
Les 4 grands points du programme de Fillon qui coincent, deux auxquels je ne pensais même plus ont été rappelés:
-déremboursement partiel ou total de certains soins courants par l'assurance-maladie, notamment la consultation chez le généraliste (tout le monde est concerné)
-retraite à 65 ans minimum pour tous
-temps de travail sans limite légale autre que 48h/semaine (pas exactement un retour à 39h donc)
-blocage des recrutements dans la fonction publique pour réduire de 500.000 fonctionnaires en 5 ans.
Fillon semble effectivement assez têtu, il espère que c'est sa force. Disons que les Français aiment bien parfois qu'on impose les décisions aux autres mais préfèrent discuter quand ils sont directement concernés...
Têtu aussi pour ne pas se retirer alors que la question se pose, surtout pour rassembler des électeurs au-delà de son noyau dur.
Les avantages qu'il s'est accordé avec sa famille ainsi que ses revenus passés plus largement font qu'il ne serait effectivement pas du tout crédible pour exiger des sacrifices des autres, oui mais son programme c'est de les imposer avec pour principale validation son élection puis la confirmation aux législatives et en se moquant éperdument des mouvements sociaux ou électoraux qui pourraient arriver ensuite.