chroniqueur central a écrit:En admettant que les voix que recueillerait Macron viennent paritairement de la gauche et de la droite ( ce qui peut naturellement se discuter ), l'équilibre gauche/droite/FN serait finalement pas si éloigné de celui de 2012, surtout en intégrant les effets temporaires ( ou pas ! ) de la crise à droite et de la primaire à gauche.
Macron est en effet un candidat de centre-droit qui mord sur le centre-gauche, à l'instar de Bayrou en 2007 (similitudes frappantes, mais styles différents entre d'un côté le démocrate chrétien à l'ancienne, dans la lignée du Sillon et du MRP, et de l'autre l'ancien banquier, libéral "moderniste" assaisonné d'une légère pincée de piment libertaire). Faute de pouvoir vraiment "trier" ses électeurs potentiels selon leur sensibilité, il convient de le compter à part comme candidat centriste, et non de répartir arbitrairement ses voix entre les deux camps... Aux défections vers le centre(-droit) macronien s'ajoutent aussi, il faut le rappeler, quelques % d'électeurs de gauche partis vers le FN. La proportion d'un quart à un tiers de gens venus de la gauche chez les ralliés comme chez les plus anciens FN est habituellement mentionnée.
Avec 28% des voix pour les candidats de gauche (Hamon, Mélenchon, Jadot, Arthaud, Poutou), on serait loin des 36% de 2007, et des 37,5% de 2002 (Jospin, Mamère, Hue, Taubira, Laguiller, Besancenot, Chevènement n'est pas compté, ayant lui aussi un électorat composite).
Ce serait même nettement moins que lors de la présidentielle de 1969, catastrophe historique pour la gauche (32,2%), ou celle de 1965 (32,9%) lorsqu'il s'agissait d'affronter le général De Gaulle soi-même!
Ce déficit s'explique à mon avis par le grand nombre d'électeurs de gauche, notamment dans les milieux populaires, tentés par l'abstention. Que cette fraction de l'électorat retrouve, ou pas, le chemin des urnes est l'une des clés du scrutin.
Je fais l'hypothèse que la gauche devrait dans les semaines à venir remonter autour d'un tiers des voix, dont 30% environ à se partager entre Hamon et Mélenchon. Autant dire, si l'on part du principe que la qualification pour le second tour se jouera autour des 20%, 18% au minimum, qu'il faudra obligatoirement que l'un des deux "tue" l'autre pour espérer y accéder. Pour le moment, les deux se contentent de se tourner autour couteau à la main, mais la bagarre ne devrait pas tarder à s'engager!