guillaume44 a écrit:À par ça, Rex Tillerson a quand même reçu les soutiens de Condoleeza Rice et W. Ce dernier le contacte même régulièrement d'après certaines rumeurs... Je ne me fais donc pas trop de soucis pour lui en dépit des déclarations de Graham Rubio et McCain.
Il faut bien voir que les tensions pré-validation du cabinet sont un grand classique du processus, mais que, généralement, tout cela se règle plus ou moins lors des auditions et des débats (avec parfois de vrais marchandages entre l'exécutif et le législatif). Mais...
Il faut aussi avouer que le cabinet putatif de Trump est un peu atypique : très blanc, très âgé, très "milliardaire, très peu expérimenté pour quelques candidats, et quelques grosses casseroles pour certains autres. Du coup, je pense que les auditions seront déterminantes. L'autre gros problème et la potentielle incertitude, c'est que le climat est désormais au clivage massif, et qu'on ne voit pas les républicains et les démocrates se faire des concessions.
Je pense que les candidats les plus potentiellement en danger seraient :
1) Sessions
Outre ses propos racistes avérés et anciens (pour lesquels il a déjà raté un poste dans les années 1980), il a surtout déjà été épinglé pour des gros ratés dans sa carrière judiciaire au niveau de son état, et, surtout, il est ouvertement hostile à la lutte contre les discriminations raciales, étant de ce point de vue là de la vieille école (pour lui, les discriminations n'existent pas). Je pense que les démocrates, et certains républicains, pourraient avoir envie, à travers lui, de se payer la "ligne" Bannon. Et il passe pour être un sanguin, un clash pendant les auditions ne peut être exclu
2) Price
Lui c'est une ligne éventuellement très hostile aux programmes sociaux qui pourrait blesser. Mais là , les auditions vont vraiment permettre d'éclairer la situation et d'apporter des précisions sur les choix de Trump. Si Medicare et Medicaid sont réellement sur la sellette, les démocrates feront front commun, et ils ne devraient pas avoir trop de mal à débaucher 3 sénateurs républicains issus d'états un peu âgés et/ou pauvres.
3) De Vos
La ligne sur l'enseignement est désormais une grosse ligne de clivage idéologique entre démocrates et républicains, et De Vos parait de prime abord très inexpérimentée et un peu "légère" au niveau de son profil pour un poste aussi exposé. Mais là aussi, de bonnes auditions pourraient faire le job.
4) Rick Perry
Franchement, nommer à l'énergie un type dont le programme envisageait de supprimer cette agence gouvernementale lors de sa (catastrophique) campagne aux primaires républicaines de 2012, on est pas loin de la blague gratuite je trouve :). Si il bosse pas sérieusement ses dossiers pour l'audition, ça pourrait tourner au vilain. Pareil pour Pruitt à l'environnement, on est pas loin du pied de nez, mais il a l'air un poil plus solide que Perry quand même.
5) Mnuchin
Son business pendant la crise financière et immobilière de 2008-2009 s'annonce déjà comme le sparadrap du capitaine Haddock. Tellement d'ailleurs, que je me demande si les démocrates ne vont pas le laisser passer, juste pour se garder sous le coude un épouvantail potentiel dans le cabinet...Je ferai le même commentaire pour Pullzer. Je crois que les démocrates ne sont pas mécontents que Trump ait des profils aussi ouvertement pro-Wall Street et anti-travailleurs dans son cabinet. Ça leur permettra de jouer le clivage et de profiter du fait que sans Clinton pour fausser l'image, les républicains sont beaucoup plus pro-business qu'eux.
Pour les autres candidats, je ne me fais pas trop de souci, notamment Tillerson. Il est de coutume de laisser une certaine marge de manœuvre au président avec ce poste. Même si, les liens très forts de Tillerson avec le lobby pétrolier et la Russie devraient lui faire perdre des voix, sauf audition catastrophique, il devrait passer.
Concernant le libre échange, ou même l'immigration, seul le temps et le long terme pourront permettre de juger l'action de Trump. Pour le moment on est encore dans la parole, ce qui est normal, Trump n'est pas encore en fonction.
Concernant le protectionnisme, il faudra voir l'application concrète, notamment pour l'ALENA (parce que concrètement, c'est un peu comme le Brexit, ça va être un peu complexe à mettre en œuvre), et les conséquences sur le long terme, notamment avec la Chine (si réellement l'administration Trump va au clash avec Pékin, ce dont je doute). Le problème d'une politique réellement protectionniste n'est pas tellement le risque qu'elle peut faire peser sur les relations internationales (même si il n'est pas nul non plus), que le fait que, si les gens perçoivent bien les conséquences négatives du libre échange, ils ne perçoivent absolument pas ses retombées positives. Le libre échange crée aussi de l'emploi aux USA (ou en Europe). Recréer des emplois d'un côté, pour en perdre d'autres ailleurs, le tout avec des risques réels de voir les prix à la consommation s'envoler, au bilan global, c'est pas forcément très positif.
Pour l'immigration, je donne ma langue au chat. LÃ aussi, seul le temps permettra de juger.