Bon, c'était tellement plié que personne ne s'y est intéressé mais les élections législatives ont eu lieu en Russie, après un filtrage des candidats d'opposition, notamment les proches de Nalvany. Ces derniers se sont retrouvés massivement interdit de se présenter et, alors que son groupe était dissout, le leader anticorruption a appelé au "vote intelligent", un conseil qui semble avoir été suivi.
Le système, largement à bout de souffle, a vu 47 % des électeurs aller aux urnes et des incidents constant émailler le vote, allant des votes multiples de personnes (électeurs "tourniquets") au bourrage d'urne classique. Surtout, plusieurs candidats d'opposition comme le communiste Mikhaïl Lobanov, sorti en tête de plus de dix mille voix au soir du dépouillement, se retrouve finalement battu après ajout de votes électroniques incontrôlable.
Je serai curieux de voir les fans de Trump et autres Cyber-Ninja qui donnent des leçons sur la démocratie et admirent généralement Poutine, on a là l'exact démonstration de ce qu'est un bourrage d'urne. Contrairement aux USA le décalage entre les votes à distance et sur place sont massifs, ce qui n'était pas si flagrant aux USA où ils avaient un prévisible biais démocrates mais semblaient suivre une logique globale. Surtout, ces votes ne sont pas contrôlable via des enveloppes mais électroniques et incontrôlables, voir 9 des 15 candidats d'opposition de Moscou passer de bien en tête à largement battu est pour le moins curieux.
Le mode de scrutin mêle proportionnelle (pour ceux passant 5%) et circonscription, sans compensation (le parti en tête en circonscription est donc souvent largement renforcé par la proportionnelle).
Russie Unie, parti de Poutine, passe certes sous la barre des 50 % avec 49,8 %, mais c'est plus que ce que prédisait même l'institut national dans ses sondages. Menée par le ministre de la défense Sergueï Choïgou, la formation présidentielle baisse de 5 point et de 19 sièges, mais reste très largement majoritaire avec 324 sièges sur 450 (majorité à 225 sièges, majorité des deux tiers à 300 sièges). Il obtient 126 siège à la proportionnelle et 198 en circonscriptions.
Premier opposant traditionnel, le Parti communiste augment nettement ses appuis avec quasi 19 % et 57 sièges (contre 13,34 et 42 sièges en 2016, on est toutefois loin des 92 sièges de 2011 avec quasi le même score). Opposant "officiel" il a cependant plusieurs élus d'une jeune génération et pourrait être plus vindicatif que d'ordinaire. Il obtient 48 siège à la proportionnelle et 9 en circonscriptions.
Les autres partis obtenant des sièges, j'avoue ne pas connaître leurs détails politique et indique ce que met wikipédia pour leur positionnement :
- Parti libéral-démocrate, de Vladimir Jirinovski (extrême droite, proche de Poutine) : 7,55 % et 21 sièges (19 proportionnelle, 8 en circonscription, hausse de 4 sièges)
- Russie juste, de Sergueï Mironov (centre-gauche keynesien, historiquement proche de Poutine, peut-être un peu moins désormais) : 7,46 % et 27 sièges (19 proportionnelle, 2 en circonscription,
- Nouvelles personnes, de Alexeï Netchaïev (libéral-régionaliste pro-entreprise, proche de Poutine) : 5,32 % et 13 sièges (tous à la proportionnelle)
Trois partis ont obtenu un siège en circonscription :
- Rodina, un parti ultranationaliste dirigé par un ex-député Russie Unie
- Plateforme civique, parti libéral-conservateur qui a soutenu Poutine à la présidentielle
- Parti de la croissance, parti libéral-conservateur dont le fondateur a été président de Plateforme civique également, difficile de savoir leur rapport à Russie Unie en quelques clics.
On le voit, l'opposition n'est pas très opposante.
https://www.mediapart.fr/journal/international/210921/le-kremlin-sort-la-boite-outils-pour-gagner-les-legislatives