A l'approche des très "probables" élections provinciales, la question nationale refait surface au Québec, bien qu'elle est été occulté ces derniers mois par le débat autour de la "Charte des valeurs". On parle de plus en plus, et notamment chez les libéraux qui accuse le gouvernement Marois de vouloir faire passer en douce un nouveau référendum, d'un troisième référendum sur la souveraineté. J'ai découvert, il y a peu de temps en surfant sur Internet (je suis très intéressé par le référendum de 1995, où l'option indépendantiste avait été battue d'une très courte tête), une très intéressante étude menée par un chercheur de l'Université de Montréal, quelques mois après le vote du 30 octobre et qui analyse de très près ce qui s'est réellement passé ce jour là. (
http://www.pum.umontreal.ca/apqc/95_96/drouilly/drouilly.htm). Le vote référendaire est analysé finement et montre d'importantes divisions chez les Québécois, régionales (Île de Montréal, Québec, régions), linguistiques (francophones, anglophones, allophones, autochtones), mais aussi de classes sociales. L'étude est d'autant plus intéressante qu'elle rétablit certaines vérités. En effet, les Montréalais francophones, ont contrairement à ce qui a beaucoup été dit, massivement voté pour le projet souverainiste (à 61%, contre seulement un tiers des votants sur l'ensemble de l'Île, soit plus que la moyenne des Québécois francophones), et encore plus dans les bastions péquistes de l'Est de Montréalais, notamment dans les milieux populaires francophones de Rosemont ou de Hochelaga-Maisonneuve (65% de "Oui" pour ce comté, soit l'un des meilleurs scores québécois pour le "Oui"). Le comté péquiste de Mercier (aujourd'hui détenu par Amir Khadir, Québec solidaire) détient même le record de vote "Oui" chez les francophones et cela à l'échelle du Québec, plus de 80% des suffrages francophones du comté pour le "Oui", alors que la part des francophones constitue moins de 75% de la population totale du comté. Le vote des francophones du comté montréalais de Mercier est donc plus fort que celui des bastions péquistes du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, où le "Oui" tourne souvent autour de 70% des voix, alors que ces régions sont peuplées à près de 99% de Québécois "pur laine". Au contraire, certains comtés ruraux très francophones (à plus de 90%) et très conservateurs, où le Parti Québécois n'a jamais percé (d'anciens bastions de l'Union nationale et du Ralliement créditiste), comme la Beauce ont voté "Non" à plus de 55%. Les francophones de l'Outaouais (proximité d'Ottawa), où une grande part des habitants travaille dans les administrations fédérales et qui malgré la promesse de Jacques Parizeau de faire d'eux des fonctionnaires du Québec souverain, ont voté contre le projet de souveraineté, à plus de 70%. D'autres part, je laisse de côté les allophones et anglophones qui ont voté à 95% pour le "Non, ont remarque, suivant l'étude de Pierre Drouilly, que le vote est très différent selon les classes sociales dans l'électorat francophones. Les comtés les plus pauvres du Québec (Abitibi-Témiscamingue, Gaspésie, Côte-Nord, Est et Sud-Est de Montréal...), à quelques exceptions près, voté pour le projet de souveraineté, alors et surtout à l'échelle de Montréal, les comtés "riches" (Outremont, Westmount-Saint-Louis...) ont voté "Non". J'avais comparé cela avec les résultats du référendum par comté (DGEQ) et en regardant de près, les quartiers populaires francophones de Montréal (Rosemont, Hochelaga-Maisonneuve, Anjou, Saint-Henri-Saint-Anne...) ont beaucoup plus voté "Oui" que des quartiers plus aisés tels que Outremont (la très bourgeoise Westmount étant majoritairement anglophone). Finalement l'étude en question, démontre que dans le très contreversé
De l'argent et des votes éthniques de Jacques Parizeau, l'
argent, veut si l'on regarde de plus près dire autant le financement du camp du "Non" par le "fédéral" que le rejet du projet de souveraineté parmi les francophones les plus aisés.
Autant de données à prendre en compte dans l'éventualité d'un troisième référendum, qui vu la situation actuelle, ne devrait pas avoir lieu sur le court terme. A suivre...