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La vie politique au Canada

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Re: La vie politique au Canada

Messagede vudeloin » Mar 3 Mai 2011 17:39

Argenteuil et Montmorency ont voté à gauche, mais Montmagny est resté à droite.

Non, vous n’êtes pas en train de vous demander si le Val d’Oise est finalement resté à gauche aux élections cantonales de ce mois de mars, mais en train de lire quelques uns des résultats de ces élections fédérales canadiennes dont la dimension historique est évidente.

C’est en effet la première fois, dans l’histoire politique du pays, que le système parlementaire local échappe à la confrontation libéraux / conservateurs qu’il a toujours connu et que fait irruption, en force au Parlement d’Ottawa, un parti de sensibilité de gauche centre gauche, le Nouveau Parti Démocratique ou New Democratic Party, selon l’idiome utilisé…

Avec toutes les précautions qu’on peut prendre à cet égard, le NDP – NPD est en effet un parti plutôt de gauche, affilié d’ailleurs à l’Internationale Socialiste, dont l’essence vient, pour beaucoup, du mouvement syndical.

Les résultats sont clairs : avec plus de 4,5 millions de voix et 30,6 % des voix, le parti de gauche progresse de près de 2 millions de voix sur l’ensemble du pays et, surtout, passe de 37 à 102 députés au Parlement fédéral.

Sa progression est globalement générale, sauf dans le Manitoba ( perte de 2,8 points ), à Terre Neuve ( perte de 1,3 point ) et dans le Nunavut ( perte de 8,2 points ) mais cela ne porte pas forcément sur des effectifs importants d’électeurs, singulièrement dans le dernier cas…

En fait, sorti du pays des Inuit qu’est le territoire du Nunavut, la perte en pourcentage du NPD va de pair avec une hausse plus ou moins nette du nombre des votes atteint.

La plus forte progression du Parti vise le Québec où, avec des candidats souvent peu connus, le parti orange ( c’est sa couleur ) gagne en effet près d’1,2 million d’électeurs et passe de 1 à 58 députés, ce qui doit constituer une matière de record mondial…

Cette progression se fait aux dépens du Bloc Québécois, qui perd près de 490 000 suffrages sur 2008 et, surtout, 46 de ses 50 députés, mais aussi du Parti Libéral qui cède plus de 320 000 voix dans la Belle Province, les Conservateurs n’étant pas au mieux avec près de 157 000 voix perdues pour leur compte.

Le Parti Libéral du Québec, conduit notamment par le fils de Pierre Elliott Trudeau, perd donc des plumes et se retrouve avec peu d’élus dans la province, concentrés qu’ils sont, d’ailleurs, sur Montréal…

Les sept députés libéraux restants au Québec sont en effet soit élus sur le centre de Montréal, soit sur la partie Ouest de la ville, limitrophe de Laval.

Le Bloc dispose donc d’un député sur Montréal ( sur Ahuntsic ) et le NPD contrôle le reste de l’agglomération montréalaise ( 8 députés dans le centre, 7 sur la partie Nord de la ville, 9 sur la partie Sud )…

Pour le reste, il obtient un élu dans la région de Haute Gaspésie et sauve deux sièges dans le secteur de Sherbrooke, sur Bas Richelieu Nicolet Bécancour et Richmond Arthabaska.

Québec ville, qui avait élu 6 députés conservateurs et 2 bloquistes en 2008, a élu cette année 3 conservateurs et 5 néodémocrates.

Pour le Parti Conservateur de Stephen Harper, les résultats sont évidemment bons.

Passer de la majorité relative des sièges à une majorité absolue, en se contentant de gagner 2 points et un peu plus de 625 000 voix doit suffire au bonheur du candidat sortant.

Il doit sa victoire, évidemment, à la persistance de ses points forts ( l’Ouest des Prairies et des Rocheuses, notamment, comme une sorte de duplication de ce que l’on voit de l’autre côté de la frontière aux USA ) mais aussi au glissement net enregistré en Ontario, où le parti conservateur passe de 51 à 73 élus sur les 106 de la province.

En deux élections, le Parti sera donc passé de 40 à 73 élus dans la plus peuplée des provinces du pays et y aura pris la majorité des sièges aux Libéraux.

Les conservateurs gagnent plus de 430 000 voix dans cet Etat et devancent de plus d’un million de voix le second parti, le NPD qui a pourtant connu une hausse de son influence, lui aussi, avec près de 480 000 voix de plus.

C’est donc bel et bien les libéraux, en chute de 340 000 suffrages qui font les frais de l’affaire.

Quand on pense qu’en l’an 2000, les Libéraux disposaient de la majorité absolue dans l’Ontario et obtenaient 100 des 103 députés de l’Etat !
Il faudra sans doute regarder dans le détail les scores et les majorités des candidats conservateurs nouvellement élus mais la réalité est claire.

Le parti de Stephen Harper ne connaît pas de baisse sensible de son influence dans le moindre Etat, à l’exception notable du Québec, nous l’avons vu, où il perd notamment la moitié de ses élus de la ville historique de Québec et se trouve dépourvu du moindre siège sur Montréal et, dans une mesure bien moindre, du Territoire du Nord Ouest, mais bon, comme il s’agit d’un vaste sujet géographique peuplé de 45 000 habitants au plus…

Pour les Libéraux, comme nous l’avons vu, la baisse est générale et affecte tous les Etats du pays, à part là encore, les Territoires du Nord Ouest.

Les libéraux subissent notamment de lourdes pertes dans les provinces atlantiques, jusqu’ici un peu considérées comme leur point fort, avec 8,7 points de moins sur Terre Neuve, 7,4 points de moins dans le Nouveau Brunswick et 11,5 points de moins dans l’Ile du Prince Edouard.

La baisse en Nouvelle Ecosse (0,9 point) est la seule à ne pas être aussi nette.

Résultat : avec 14 sièges, les conservateurs devancent les libéraux dans ces provinces où ils n’ont plus que 12 élus, et 6 pour les néodémocrates.

Plus de député libéral dans les Territoires, 7 concentrés sur Montréal au Québec, 1 seul élu au Manitoba comme au Saskatchewan, pas d’élu dans l’Alberta, réduction à 11 des élus libéraux dans l’Ontario et deux seulement en Colombie Britannique sur Vancouver, voilà le résultat des courses pour le PLC.

Avec 34 élus, il obtient bel et bien le pire score de son histoire d’autant que, cette fois ci, il n’est pas second mais troisième force politique du pays.

Voici tout de même un parti qui a disposé de 177 élus en 1993, de 155 en 1997, de 172 en 2000, puis est tombé à 135 en 2004, à 103 en 2006, avant de retrouver 77 élus en 2008 et donc 34 cette année…

Si ce n’est pas un déclin, alors qu’est ce que cela pourrait être ?

La suite au prochain numéro
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Re: La vie politique au Canada

Messagede vudeloin » Mar 3 Mai 2011 22:21

Deux trois choses de plus...
Un, le leader du Parti Libéral, Michael Ignatieff ( ce qui montre au moins que le Canada est un pays ouvert ), battu dans sa circonscription d'Etobicoke Lakeshore ( les noms canadiens ! ) a finalement remis sa démission de chef du Parti.
Après GIlles Duceppe, le chef du Bloc Québécois, battu à Laurier Sainte Marie, c'est donc le second chef de Parti à tirer pour lui même les conclusions de l'échec.
Stephen Harper n'a pas eu les mêmes soucis, réélu à Calgary Sud Ouest avec 75,08 % des voix et une majorité de 36 179 suffrages...
Ni le leader du NDP NPD, Jack Layton, réélu à Toronto Danforth, avec 60,53 % des voix et une majorité de 20 535 suffrages.

A noter qu'il existe 28 circonscriptions où l'écart entre les deux premiers candidats est inférieur au millier de voix.
Parmi elles, 17 sont allées aux conservateurs, 5 au NDP, 4 aux libéraux et 2 au Bloc Québécois.
12 de ces sièges ont placé en 2 un candidat libéral, 11 un candidat NDP, 4 un conservateur et 1 un bloquiste.
Il y aurait eu un résultat inverse, nous aurions eu 155 députés PCC, 108 NDP, 42 libéraux et 3 BQ.
L'écart le plus faible est enregistré dans une circonscription ontarienne, celle de Nipissing Timiskiming où un candidat PCC l'a emporté de 14 voix sur le libéral, suivi du siège d'Etobicoke Centre où l'écart est de 26 voix, avec les mêmes partis...
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Re: La vie politique au Canada

Messagede ubil » Mer 4 Mai 2011 07:03

Et le scrutin FPTP (celui qui est en tête gagne l'élection) montre encore une fois sa nullité.
Il suffit de raisonner un peu. Au terme de la campagne, que se serait-il passé si NPD et libéraux avaient à eux seuls obtenu la majorité des sièges, même si les Conservateurs sont le premier parti? Vu le fait que le gouvernement Harper a chuté sur des questions de budget, il y a peu de chances pour que les 2 autres (NPD et PLC) le laissent former un gouvernement minoritaire.

Or, dans de nombreuses circonscriptions, notamment celles que le PCC a gagné en Ontario et qui ont fait sa victoire, on a des résultats proches de ceux-ci: PCC 30-35, PLC 25-30, NPD 25-30. Le moins qu'on puisse dire, c'est que si NPD et PLC avaient fait un semblant d'alliance, et présenté des candidats communs au premier tour, ou qu'un scrutin à deux tours avait existé, les conservateurs auraient été sérieusement dans la merde, vu que l'électorat transite plus facilement entre le PLC, NPD et Bloc qu'avec les conservateurs (cf transferts de vote apparus dans les derniers sondages)

Et le fait que le NPD et les Libéraux puissent faire une alliance au premier tour peut vous choquer, car il est vrai que ces deux partis n'ont pas la même plateforme politique, mais il est probable que par la force des choses ces partis se seraient rapprochés en cas de majorité absolue, pour faire face au Conservateurs villipendés.

Le FPTP est un scrutin assez antidémocratique, je pense, et qui ne marche parfaitement que lorsqu'il n'y a que deux partis (exemple les élections à la Chambre des Représentants aux Etats-Unis) Sinon, il favorise théoriquement les alliances tactiques (deux partis même s'ils ne s'entendent pas tout à fait peuvent présenter des candidatures communes, et ainsi s'attribuer chacun plus de sièges aux dépends du 3e, le contraire serait du suicide politique)
Mais, bizarrement, aussi bien au Canada qu'en Angleterre, il n'y a pas eu d'évolution vers le bipartisme (si les Lib-Dems s'étaient alliés avec un des 2 autres partis avant le scrutin en GB comme ils ont de toute manière été obligés de le faire une fois celui-ci passé, aussi bien eux que leur partenaire auraient eu beaucoup plus de sièges et auraient mis la pâtée au troisième parti)
Rationnellement, je ne peux pas m'expliquer pourquoi il n'en est pas ainsi.

Sinon, n'oublions pas une chose: qui conteste la victoire des Grünen en Bade-Württemberg? Et bien pourtant, comme on a SPD 23%, Grünen 24%, CDU 39%, la CDU en avance sur presque tout le territoire a eu près de 60 Direktmandate sur les 70 (Grünen 9, SPD 1) Heureusement que la part de proportionnelle a fait triompher la démocratie! (l'alliance SPD_Grünen avait 47% des voix, contre 44% pour l'alliance CSU-Libéraux)
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Re: La vie politique au Canada

Messagede vudeloin » Mer 4 Mai 2011 13:08

Le débat sur le " first past to post " est effectivemet totalement ouvert avec ces élections, d'autant que, si l'on devait résumer les faits, nous avons dans le paysage politique canadien un bloc de droite de 40 %, doté de la majorité absolue aux Communes, un bloc de " gauche " incluant NDP, Bloc et Verts faisant autant mais ayant 107 sièges ( le gros tiers du Parlement ) et un bloc du centre sous les 20 % qui garde le reste...
Le futur n'est donc pas écrit mais la vraie affaire de ces élections tient dans la poussée relative de la gauche dans ce scrutin...

PS je rappelle, une fois de plus, que l'Allemagne met en oeuvre un scrutin proportionnel, même assorti de la barre des 5 % puisque les mandats directs sont aussi directement imputables sur le nombre des élus du Parti les obtenant, nonobstant le cas des sièges dits excédentaires...
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Re: La vie politique au Canada

Messagede vudeloin » Mer 4 Mai 2011 13:14

Notons aussi que l'un des aspects du FPTP, même si notre régime électoral ne nous prive pas de le constater, est de mener, au fil du temps, à une désaffection importante des électeurs le jpur du vote.
n'oublions pas que David Cameron est Prime Minister de Grande Bretagne avec le soutien de moins du quart de l'électorat...
Et que le premier parti canadien, quoiqu'on en dise, est celui des pêcheurs à la ligne !
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Re: La vie politique au Canada

Messagede Hashemite » Mar 10 Mai 2011 01:55

Oooh la la, quelques précisions et commentaires sur ces élections.

Jean-Philippe a écrit:C'est probablement exagéré [...]


Pas vraiment. Beaucoup de candidat(e)s NPD étaient bel et bien des fantômes ou du moins des candidats sans aucune expérience politique. Dans le cas le plus effroyable, on notera la députée-élue de Berthier-Maskinongé, une barmaid anglophone unilingue élu dans une circonscription 99% francophone même si elle a été a Las Vegas durant l’entièreté de la campagne. On notera également le député-élu de Sherbrooke, âgé de 19 ans. Mais ce n'est pas la première fois qu'on voit cela: en 2007 au niveau provincial, le parti de droite ADQ a pu élire un quarantaine de députés, la vaste majorité des nouveaux sans aucune expérience (et quasiment tous battus en 2008). Ou plusieurs députés conservateurs québécois élus en 1984, sans aucune expérience.

vudeloin a écrit:Sur les trois autres sièges bloquistes, on a les marges suivantes : Ahuntsic : 708 voix ; Bécancour 1 209 voix ; Richmond Arthabaska 715 voix...


A préciser que des 4 sièges encore bloquistes, seulement aurait vraisemblablement pu être gagné dans un 'deuxième tour'. Dans Ahuntsic, Richmond-Arthabaska et en HG-LM-M-M la victoire bloquiste est souvent du a une candidature fédéraliste non-NPD anormalement fort. Sur Ahuntsic, siège marginal depuis 2004 et bloquiste depuis 2006, le vote non-BQ était divisée entre PLC (27.9%) et NPD (30.3%); les libéraux disposant d'une candidate vedette. De même en Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia ou le BQ avait conservé son fief d'autrefois avec seulement 616 voix d'avance en 2008 devant la libérale Nancy Charest, ex-députée provinciale et candidate vedette. Même si Charest fait 10% de moins qu'en 2008, elle parvient a prendre 25.6% et une deuxième place devant le NPD (21.4%); une autre division du vote non-bloquiste. A noter aussi que le Bloc avait un nouveau candidat ici, remplacement pour un député sortant dont l'age et l'absence avait sans doute jouer en faveur du PLC en 2008. Finalement, sur Richmond-Arthabaska, siège bloquiste depuis 2004, outre un NPD a 32.5% on retrouve le conservateur Jean-Philippe Bachand maire d'Asbestos avec 24.7%. Donc un candidat du PCC avec une bonne implantation et des racines profondes: son frère André fut député conservateur de Richmond-Arthabaska entre 1997 et 2004 (il fut le seul député conservateur élu au Québec en 2000).

vudeloin a écrit:Sa progression est globalement générale, sauf dans le Manitoba ( perte de 2,8 points ), à Terre Neuve ( perte de 1,3 point ) et dans le Nunavut ( perte de 8,2 points ) mais cela ne porte pas forcément sur des effectifs importants d’électeurs, singulièrement dans le dernier cas…

En fait, sorti du pays des Inuit qu’est le territoire du Nunavut, la perte en pourcentage du NPD va de pair avec une hausse plus ou moins nette du nombre des votes atteint.


Au Manitoba (et également en Nouvelle-Ecosse avec une plus faible progression qu'ailleurs) on notera un gouvernement provincial NPD plutôt impopulaire. Le gouvernement du Manitoba est notamment en difficulté a quelques mois des élections provinciales dans la province d'Arthur Meighen.

Au Nunavut, un bon candidat en 2008 remplacé par un candidat plus faible en 2011 + une ministre-députée conservatrice très populaire avec une implantation quasiment partout.

A Terre-Neuve, la rechute du phénomène anti-Harper de 2008 qui avait bénéficié le PLC ainsi que le NPD. Même si le NPD parvient a rafler un deuxième siège dans la seule province anglophone a ne pas voter conservateur.

Les sept députés libéraux restants au Québec sont en effet soit élus sur le centre de Montréal, soit sur la partie Ouest de la ville, limitrophe de Laval.

Le Bloc dispose donc d’un député sur Montréal ( sur Ahuntsic ) et le NPD contrôle le reste de l’agglomération montréalaise ( 8 députés dans le centre, 7 sur la partie Nord de la ville, 9 sur la partie Sud )…


Le vote NPD a été capable de briser le vieux mur du boulevard Saint-Laurent qui divise (divisait?) Montréal entre le West Island anglo/allophone et l'est plus ou moins favorable au thèses nationalistes. Mais les sept libéraux restants restent soit dans l'Ouest avec Lac-Saint-Louis (on notera un vote NPD et conservateur élevé), Saint-Laurent-Cartierville (quartiers populaires et arabes), Mont-Royal (fief libéral de toujours, mais avec un vote conservateur très fort), Westmount-NDG (surprise de la soirée) mais aussi Papineau (avec le fils de Pierre Trudeau), Saint-Léonard (quartier italien et immigrant) et Bourassa (MTL Nord, quartier immigrant noir).

Québec ville, qui avait élu 6 députés conservateurs et 2 bloquistes en 2008, a élu cette année 3 conservateurs et 5 néodémocrates.


La ville de Québec est entièrement NPD avec 5 NPD. Les conservateurs se concentrent sur la rive sud de la ville et dans les Chaudières-Appalaches notamment la Beauce ultra-conservatrice.

En deux élections, le Parti sera donc passé de 40 à 73 élus dans la plus peuplée des provinces du pays et y aura pris la majorité des sièges aux Libéraux.

Les conservateurs gagnent plus de 430 000 voix dans cet Etat et devancent de plus d’un million de voix le second parti, le NPD qui a pourtant connu une hausse de son influence, lui aussi, avec près de 480 000 voix de plus.

C’est donc bel et bien les libéraux, en chute de 340 000 suffrages qui font les frais de l’affaire.

Quand on pense qu’en l’an 2000, les Libéraux disposaient de la majorité absolue dans l’Ontario et obtenaient 100 des 103 députés de l’Etat !
Il faudra sans doute regarder dans le détail les scores et les majorités des candidats conservateurs nouvellement élus mais la réalité est claire.


L'Ontario est la principale clé de cette élection. La percée du PCC dans les forteresses libérales du 416 (Toronto) et 905 (banlieue de Toronto) a été très forte. Sur Toronto, de 0 conservateurs sur 23 on se retrouve a 9/23 avec des gains a Etobicoke, Don Valley mais aussi dans les quartiers juifs (York Centre, Eglinton-Lawrence) ou immigrants asiatiques (Willowdale, Scarborough, Don Valley est). Le NPD passe de 2/23 a 8/23 avec des gains dans le centre de Toronto (York South-Weston, Parkdale-High Park, Davenport, Beaches-East York) et 2 sièges a Scarborough. A Mississauga/Brampton, d'un rapport de force 7 PLC/1 PCC on est a 8 PCC/0 PLC.

Ce sont les gains du parti conservateur avec les immigrants et les 'nouveaux canadiens' qui ont été déterminants dans le 416 et 905. Le vote chinois a vu une forte poussée conservatrice, du même que le vote sud-asiatique (Punjab, Pakistan, Inde). Il faut dire qu'une division du vote progressiste NPD-PLC a aussi aider plus qu'un peu...

La baisse en Nouvelle Ecosse (0,9 point) est la seule à ne pas être aussi nette.


On notera que les PL provincial est a égalité avec le gouvernement NPD provincial (au pouvoir depuis 2009), gouvernement qui est plutôt impopulaire. Dans les TNO, un candidat vedette (pas si vedette que ça vu son 18%...) avec l'ex premier ministre territorial Joe Handley.

Ignatieff fut le premier chef de l'opposition défait depuis R. Manion (Conservateur) en 1940 et le premier chef libéral défait depuis WL Mackenzie King en 1945.

Pourquoi la déroute du Bloc? Vraisemblablement une mauvaise campagne, trop axé sur le thème de la souveraineté du Québec même si l'option du OUI n'a que 30-40% d'appui. Une campagne du BQ plutôt fade et sans vrai message a part "voter bloc, c'est bloquer les conservateurs"... Un sentiment que le Bloc, parti dominant depuis 1993 sur la belle province, est inutile et n'apporte rien de neuf au Québec. Un NPD qui répond a l'orientation a gauche des québécois, un chef populaire et une campagne NPD qui incluait des appels de pieds au souverainistes-mous. Donc un réveil soudain et brutal pour un parti qui n'a jamais été puissant au Québec (souvent 1-6% des voix, au plus 14% en 1988). Reste a voir si il va y avoir un retournement aussi brutal... fort possible vu les vagues/tsunamis politiques de la province de Québec avec sa vague adéquiste en 2007, sa vague conservatrice en 1984 etc. Et très possible si le NPD ne se montre pas a la hauteur des espérances des électeurs - dont beaucoup votent PQ au provincial et donc sont des québécois 'pur laine'.

Pourquoi pas de bipartisme? Le FPTP favorise aussi les partis avec des fortes bases régionales: le Bloc avec le Québec, le NPD autrefois avec certaines provinces de l'Ouest, l'Alliance canadienne/RP avec l'Ouest etc. En plus, je note que meme si il n'y a pas de bipartisme national, dans beaucoup de circonscription on évolue toujours vers un système bipartite: des circonscriptions PCC/NPD dans l'Ouest, des luttes PCC/PLC en Ontario et dans les Maritimes, des luttes PLC/BQ a Montréal etc. En 2008, il y a eu que peu de chaudes luttes a trois (sans doute plus en 2011 avec l'irruption du NPD).

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Re: La vie politique au Canada

Messagede Hashemite » Mar 10 Mai 2011 01:58

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Re: La vie politique au Canada

Messagede vudeloin » Mar 10 Mai 2011 10:22

Des précisions toujours utiles, Hashemite !
et des choses plus précises, qu'on ne voit parfois que de loin ;)
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Re: La vie politique au Canada

Messagede MiniM » Lun 22 Aoû 2011 18:24

Le chef du NPD et de l'opposition, Jack Layton, est décédé du cancer à 4h45 ce matin, heure de l'Ontario, 10h45, heure de France.

Il était agé de 61 ans et il s'était retiré temporairement de la vie politique le 25 juillet avec un retour prévu en septembre. Peu après le 25 juillet, Nycole Turmel, députée pour Hull-Aylmer (région d'Ottawa, mais côté québécois), a été désignée comme chef intérimaire et devrait normalement rester en poste jusqu'à la conclusion d'une future course à la direction dans les prochains mois, mais il est trop tôt pour parler de cela, à mon avis.
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Re: La vie politique au Canada

Messagede VincentLP92 » Mar 4 Oct 2011 11:09

Dans un lointain souvenir, il me semblait déjà que le Canada était un habitué des retournements électoraux violents, en raison de son système électoral.
J'ai retrouvé l'info : en 1993, le parti du PM sortant (qui venait de succéder à Mulroney), le parti progressiste conservateur, passe de 151 à 2 sièges. A l'époque, j'avais relu l'info 3 fois pour y croire, et j'avais cherché la cause de cette perte de 98% des sièges d'un parti (un record je crois, mais les spécialistes infirmeront au besoin). Réponse le scrutin majoritaire à un tour, couplé à une vie politique peu bi-polarisé.

Pour les curieux, la page Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_f%C3%A9d%C3%A9rale_canadienne_de_1993
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