La vie politique au Canada

[Eco92]

Importantes élections au Nouveau-Brunswick. Pour rappel en 2018 les élections provinciales ont donné un parlement très fracturé avec les libéraux sortants un siège derrière les conservateurs, trois députés verts et trois députés de l’Alliance de gens (droite anti-bilinguisme). Après avoir tenté de se maintenir avec le soutien des verts et en tentant de faire élire un conservateur président de la chambre les libéraux ont renoncé et les conservateurs ont pris le pouvoir.

Depuis le chef du parti libéral a démissionné de son poste de député, le nouveau chef Kevin Vickers devrait se présenter dans sa circonscription, un château fort libéral. Cela ne devrait donc pas changer les équilibres.

Par contre le décès du ministre conservateur Greg Thompson impose une partielle dans une circonscription plus incertaine. En cas de défaite des conservateurs l’équilibre à la chambre serait renversée, d’autant que le président libéral pourrait démissionner pour retourner sur les bancs de l’opposition et refuser la neutralité de son poste.

Ce sera donc très intéressant à suivre, imposant des élections en cas de renversement du gouvernement (je n’ai pas l’impression que les libéraux puissent ensuite se faire réélire sans élection générale, à l'espagnole, d'autant que les verts ne seront sans doute pas d'accord pour que le parlement reste en place car apparemment ils en haussent dans les sondages).

https://www.acadienouvelle.com/chroniques/2020/01/14/le-dilemme-de-blaine-higgs/

Alors que les partielles ne sont pas encore annoncées, gros mouvement au Nouveau-Brunswick après une réforme controversée du système de santé menant à la fermeture d'urgences de minuit à huit heures dans de nombreux hôpitaux de région.

Suite à cela le parti vert a indiqué qu'il n'hésiterait pas à voter contre le gouvernement, tout comme les néo-démocrate mais aussi l'Alliance des gens, parti de droite anti-bilinguisme, qui soutenait jusque là le maintien du gouvernement.

Par ailleurs le député progressiste-conservateur Robert Gauvin a vivement contesté cette réforme et a annoncé qu'il siègerait désormais comme indépendant. Ce n'est pas anecdotique car il s'agissait du vice-premier ministre, en charge du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture ainsi que de la Francophonie. C'était par ailleurs le seul député conservateur francophone. Enfin sa défection amène à une égalité en nombre des élus libéraux et conservateurs. A ce jour le président de la chambre est toujours libéral, et donc les libéraux n'ont que 19 voix, mais ça sent la fin pour ce gouvernement qui ne pourra plus avoir de majorité en l'état.

Cela annonce à tout le moins des élections prochainement, le budget doit de toute manière être présenté le 10 mars et sera rejeté selon toutes vraisemblances, il n'y aura peut-être donc pas de partielle mais une générale.

A noter que les verts draguent fortement Robert Gauvin, ils ont indiqué qu'il serait bienvenue dans leur caucus et l'un de leurs députés, Kevin Arsenault, assistait à la conférence de presse du démissionnaire.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1522338/robert-gauvin-avenir-politique-acadie-nouveau-brunswick
https://www.acadienouvelle.com/actualites/2020/02/14/blaine-higgs-se-donne-le-temps-de-reflechir-a-lavenir-de-son-gouvernement/

[Eco92]

L'ancien député de Vaughan (2012-2018) et ex-ministre des Transports ainsi que du Développement économique et de la Croissance, Steven Del Duca a remporté l'élection pour devenir chef du Parti libéral de l'Ontario. Il l'a emporté dès le premier tour avec plus de 58 % des sièges, son plus proche rival a reçu 17 % des voix.

Après une défaite historique en 2018, tombant du gouvernement à sept députés (il en faut douze pour être un parti reconnu) et deuxième opposition, les libéraux sont désormais au coude à coude avec les progressistes conservateurs dans les sondages, autour de 30 %, avec un NPD fort (26 %) qui permet d'envisager une majorité pour faire tomber les conservateurs.

Steven Del Duca met en avant sa différence avec Doug Ford, promettant d'abolir la loi 124, qui plafonne à 1 % les augmentations de salaires des employés de la fonction publique, de réinvestir dans l'environnement et de restaurer les institutions pro-francophones détruites, ainsi que de soutenir la création de l'université francophone. A noter, il ne parle pas français mais a promis de l'apprendre et veut la création d'un vice-président du parti sur la question francophone.

Il y a de quoi avoir de l'espoir pour les libéraux, en janvier la "star" des députés francophones, l'ex-conservatrice Amanda Simard quoi avait marqué par son discours de rupture lors de la destruction des promesses faites à sa communauté (mais qui est pointée pour son absence dans la circonscription) a officiellement rejoins les libéraux après un an et demi comme non-inscrite.

Deux des sept (avant l'arrivée de madame Simard) députées libérales avaient par ailleurs quitté la politique : Nathalie Des Rosiers, élue d'Ottawa-Vanier à Queen's Park qui a démissionné en juillet pour devenir directrice au Collège Massey à Toronto, et Marie-France Lalonde, élue d’Orléans, qui a été élu députée libérale fédérale en octobre dernier.

Le 28 février 2020 les deux partielles, qui ont eu les plus bas taux de participation jamais enregistrés à une partielle en Ontario (23,53 % à Orléans et 19,89 % Ottawa-Vanier), ont vu la très large victoire des deux candidats libéraux : Lucille Collard (Ottawa-Vanier, 52,22 %) et Stephen Blais (Orléans, 55,01 %), il n'y a donc pas de pertes pour le parti, à voir s'il réussira à faire des gains s'il y a d'autres partielles d'ici juin 2022 (il y en aura probablement).

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1652035/parti-liberal-ontario-chef-kathleen-wynne-steven-del-duca
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1475932/amanda-simard-congres-direction-parti-liberal
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1640518/elections-provinciales-partielles-stephen-blais-orleans-lucille-collard-vanier

[Eco92]

Alors que les partielles ne sont pas encore annoncées, gros mouvement au Nouveau-Brunswick après une réforme controversée du système de santé menant à la fermeture d'urgences de minuit à huit heures dans de nombreux hôpitaux de région.

Suite à cela le parti vert a indiqué qu'il n'hésiterait pas à voter contre le gouvernement, tout comme les néo-démocrate mais aussi l'Alliance des gens, parti de droite anti-bilinguisme, qui soutenait jusque là le maintien du gouvernement.

Par ailleurs le député progressiste-conservateur Robert Gauvin a vivement contesté cette réforme et a annoncé qu'il siègerait désormais comme indépendant. Ce n'est pas anecdotique car il s'agissait du vice-premier ministre, en charge du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture ainsi que de la Francophonie. C'était par ailleurs le seul député conservateur francophone. Enfin sa défection amène à une égalité en nombre des élus libéraux et conservateurs. A ce jour le président de la chambre est toujours libéral, et donc les libéraux n'ont que 19 voix, mais ça sent la fin pour ce gouvernement qui ne pourra plus avoir de majorité en l'état.

Cela annonce à tout le moins des élections prochainement, le budget doit de toute manière être présenté le 10 mars et sera rejeté selon toutes vraisemblances, il n'y aura peut-être donc pas de partielle mais une générale.

A noter que les verts draguent fortement Robert Gauvin, ils ont indiqué qu'il serait bienvenue dans leur caucus et l'un de leurs députés, Kevin Arsenault, assistait à la conférence de presse du démissionnaire.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1522338/robert-gauvin-avenir-politique-acadie-nouveau-brunswick
https://www.acadienouvelle.com/actualites/2020/02/14/blaine-higgs-se-donne-le-temps-de-reflechir-a-lavenir-de-son-gouvernement/

La crise du Covid19 est passée par là aussi, dans un geste inédit le budget a été adopté sans sourciller en moins de deux minutes. Les conservateurs et l'alliance des gens ont voté pour, les libéraux se sont abstenus comme deux députés verts sur trois, le dernier votant pour afin de que le budget soit adopté sans plus de formalité. La raison est simple : dans l'épidémie actuelle il est hors de question de déclencher des élections ni de bloquer un budget pour financer la santé.

C'est un renversement total de situation.

http://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8240443/budget-nouveau-brunswick-est-adopte

[Eco92]

Malgré l'union liée au Covid un scandale lié à l'association UNIS (We Charity en anglais) a fait exploser la politique canadienne.

En gros, cet organisme de charité a obtenu (sans appel d’offres) l’administration d’un programme gouvernemental de plus de 900 millions de dollars de bourses, ce alors que la famille Trudeau a plusieurs fois été rémunéré pour des conférences par l'organisme (ce qu'ils avaient d'abord nié). De son côté le ministre des Finances Bill Morneau a voyagé aux frais de la structure en 2017 (enfin pas vraiment, il a payé son avion mais pas ses frais de logement, nourriture et ceux de sa famille), ce alors que ses filles travaillent pour l'organisme. Il a remboursé 41 000 $, ce qui n'est pas anecdotique, tout en indiquant n'avoir aucun conflit d'intérêt.

Une enquête du commissaire à l'éthique a été ouverte, la troisième sur le premier ministre, les conservateurs réclament une nouvelle élection, le Bloc québecois le départ du premier ministre et du ministre des finances - remplacés par des libéraux - et sinon un retour en élection, quand le NPD reste prudent, indiquant que le scandale est là mais qu'il faut attendre la fin de l'enquête et qu'alors qu'une deuxième vague de pandémie peut arriver en octobre, l'urgence n'est peut-être pas aux élections (une position timide pour certains, raisonnables pour d'autres, mais qui détonne face aux autres).

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1721750/contrat-unis-parti-conservateur-nouveau-parti-democratique-mario-dion
https://www.lesoleil.com/actualite/politique/le-scandale-unis-arrive-a-un-mauvais-moment-pour-les-conservateurs-810c67478aa22cf8e0d2720c14359ee9
https://www.journaldemontreal.com/2020/07/24/le-tres-couteux-trou-de-memoire-de-bill-morneau

Sinon, à Terre-Neuve-et-Labrador le premier ministre libéral Dwight Ball quittera le pouvoir sous peu. Élu en 2015, réélu de manière minoritaire en 2019 il avait indiqué vouloir laisser la place à un nouveau leader, tout en restant député jusqu'à la fin du mandat. Le vote des adhérents libéraux aura lieu le 3 août. Une certitude : ce sera un homme, unilingue a priori (pas spécialement anormal dans un territoire avec 4,5 % de francophones), lié au monde de la santé et qui n'a jamais été élu qui deviendra premier ministre et devra gérer un pays en pandémie frappé par la pire crise financière de son histoire.
Les deux candidats sont :
- John Abbott, haut fonctionnaire, notamment ancien sous-ministre de la Santé de la province
- Andrew Furey, chirurgien orthopédique et formateur.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1710331/course-chefferie-parti-liberal-terre-neuve-john-abbot-andrew-furey
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1720650/premier-ministre-liberal-aout-terre-neuve-politique-labrador

[Eco92]

C'est donc Andrew Furey qui a été élu président du parti libéral de Terre Neuve et Labrador, et deviendra donc premier ministre sous peu.

Fils de George Furey, actuel président du Sénat, il n'a pas d'expérience politique préalable mais avait le soutien de la majorité des cadres du parti. La course n'avait attiré aucun candidat en ayant, il faut dire que la situation de la province, au bord du dépôt de bilan (le déficit monumental dépasse les de 2 milliards de dollars), alors que la rente pétrolière a trouvé ses limites et qu'un mégaprojet hydroélectrique a été qualifié de fiasco par le premier ministre sortant lui-même.

Dans moins d'un an, la législature prendra fin et le nouveau premier ministre devra affronter une élection, aura-t-il réussi à être élu député d'ici là ? (tout dépend de partielles, a priori il n'y en a pas encore de prévues)

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1724118/election-premier-ministre-terre-neuve-labrador-abbott-furey
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1723500/course-direction-parti-liberal-terre-neuve-resultat-defis

[Eco92]

Elu en 2015 et réélu en 2019, le député libéral Michael Levitt (York-Centre, Ontario) a annoncé qu'il démissionnait de son poste, expliquant que le travail intense a eu des conséquences sur sa vie de famille, encore plus avec la crisé liée au COVID-19. Il a indiqué vouloir "donner la priorité à la famille et de rentrer à la maison, physiquement et mentalement".

Il deviendra par ailleurs président et chef de la direction des Amis du Centre Simon Wiesenthal, une organisation consacrée à la lutte contre l’antisémitisme et à la promotion des droits de l’homme.

York Centre est plutôt un fief libéral, même si elle leur a récemment échappé durant un mandat (2011–2015), c'était la première fois que la circonscription, changeait de couleur depuis 1962.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1724421/michael-levitt-depute-liberal-demission-politique

[Eco92]

Autre mouvements primo-ministériels à venir !

Nouvelle-Écosse :
C'est la surprise d'hier, dans une province que je connais assez mal, le premier ministre libéral Stephen McNeil a annoncé son départ prochain de la vie politique. En poste depuis 2013, chef du parti libéral depuis 2007 et député depuis 2003, il a indiqué sobrement être fatigué et vouloir revoir sa famille. Il a expliqué avoir pris sa décision en début d'année et avoir prévu de l'annoncer plus tôt mais avoir été retardé par la pandémie, qui nécessitait un engagement plein et entier des élus en place.

L'élection générale est prévue pour mai 2021, une course à la chefferie du Parti libéral néo-écossais va débuter et McNeil restera en poste jusque là.

Radio-Canada a fait un petit portrait de son bilan, celui d'un homme extrêmement dur en négociation (il n'a jamais plié dans ses combats avec les syndicats) et peu porté sur la concertation, détestant les questions de transparence (alors qu'il en avait fait un axe de campagne) mais prêt à respecter sa parole la plupart du temps y compris dans ses sujets mémoriels complexe : il a ainsi fermé de force une usine polluante d'un territoire autochtone, "décision la plus difficile de sa carrière" selon lui, afin de respecter ses engagements, et s'est engagé fortement dans la question de la reconnaissance de la responsabilité de la province face sévices subis par des enfants dans un orphelinat pour enfants noirs. Pour l'anecdote sur une caricature de l'article je lui trouve un côté François Fillon plus jeune (pas en photo).

Trois personnes ont déjà évoqué leur intérêt pour le poste : Geoff MacLellan, ministre du Commerce et député de Glace Bay, et Zach Churchill, ministre de l’Éducation et député de Yarmouth. Tous deux ont été élus lors d'une partielle en 2010 et siègent dans le gouvernement depuis le premier mandat.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1725298/course-parti-liberal-nouvelle-ecosse-premier-ministre-demission-mcneil
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1725197/stephen-mcneil-demission-bilan-premier-ministre-nouvelle-ecosse

Nouveau-Brunswick :
Le gouvernement n'a pas encore déclenché d'élection générale mais le Parti progressiste conservateur dirigé par le premier ministre Blaine Higgs a tenu cinq cérémonies d’investiture samedi. Il s'agit de ténor du parti, élus sans opposition : Blaine Higgs lui même dans la circonscription de Quispamsis, le ministre de la Santé Hugh Flemming dans la circonscription de Rothesay, le député Gary Crossman dans la circonscription de Hampton, le ministre de l'Éducation Dominic Cardy dans la circonscription de Fredericton-Ouest-Hanwell et la ministre du Développement économique et des Petites Entreprises Mary Wilson dans Oromocto-Lincoln-Fredericton.

Ces désignations indiquent pour le moins des élections prochaines. Higgs a cependant refusé de dire si le déclenchement aurait lieu avant les élections partielles prévues en octobre dans trois circonscriptions vacantes (Baie-de-Shediac-Dieppe, Sainte-Croix et Sussex-Fundy-St. Martins). Cela paraîtrait toutefois logique, difficile de justifier le coût financier de ces partielles pour avoir une générale un mois après.

[Eco92]

Nouveau-Brunswick :
Le gouvernement n'a pas encore déclenché d'élection générale mais le Parti progressiste conservateur dirigé par le premier ministre Blaine Higgs a tenu cinq cérémonies d’investiture samedi. Il s'agit de ténor du parti, élus sans opposition : Blaine Higgs lui même dans la circonscription de Quispamsis, le ministre de la Santé Hugh Flemming dans la circonscription de Rothesay, le député Gary Crossman dans la circonscription de Hampton, le ministre de l'Éducation Dominic Cardy dans la circonscription de Fredericton-Ouest-Hanwell et la ministre du Développement économique et des Petites Entreprises Mary Wilson dans Oromocto-Lincoln-Fredericton.

Ces désignations indiquent pour le moins des élections prochaines. Higgs a cependant refusé de dire si le déclenchement aurait lieu avant les élections partielles prévues en octobre dans trois circonscriptions vacantes (Baie-de-Shediac-Dieppe, Sainte-Croix et Sussex-Fundy-St. Martins). Cela paraîtrait toutefois logique, difficile de justifier le coût financier de ces partielles pour avoir une générale un mois après.

Depuis Blaine Higgs a tenté de proposer une coalition avec tous les partis d'opposition, demandant leur soutien jusqu'en 2022, un engagement donc à ne pas faire tomber le gouvernement pour cause de pandémie. Chose qui semblait un peu surprenante et sorti du chapeau, de fait un accord n'a pas été possible. Pour les analystes, la proposition de Higgs était surtout un moyen de se montrer en homme responsable prêt à faire passer la province avant la politique (ce qui est exactement l'angle d'attaque du premier ministre) quand l'opposition veut surtout tenir des élections en Pandémie.
Higgs a donc annoncé des élections le 14 septembre, les trois oppositions indiquant que pour leurs parts elles s'opposent à des élections dans le mois qui vient, elles ne feront pas de motions de défiances et accusent le gouvernement de petite politique... En tous les cas une dissolution (gouvernementale donc, enfin par le lieutenant gouverneur mais à la demande du gouvernement) va avoir lieu. La campagne durera 28 jours, la plus courte durée légale.
Le gros enjeu est de savoir si un parti aura une majorité ou non.
Pour rappel il y a deux ans, aucun parti n'est sorti avec la majorité, le parti vert avait accepté de soutenir les libéraux sortant mais il manquait toujours un siège. De leur côté les conservateurs avaient pu prendre le pouvoir avec le soutien de "l'Alliance des gens", parti anti-bilinguisme. En cours de mandats quelques départs d'élus on fait tomber même cette maigre majorité (toujours sous condition), notamment la démission du vice-premier ministre et seul député francophone conservateur Robert Gauvin.
Parmi les questions donc :
- Le nouveau chef libéral Kevin Vickers, héros de la fusillade d'octobre 2014 à Ottawa, anglophone mais bilingue plus à l'aise que Higgs en français, réussira-t-il à redonner le pouvoir à son parti ?
- De son côté Higgs réussira-t-il à se maintenir ?
- Pour les verts et l'alliance les enjeux sont autres : ils ont trois sièges chacun, il s'agit dans leurs cas de rester indispensables à une coalition, les verts étant plus frontalement dans cette démarche.
- Quid de Robert Gauvin ? S'il est acquis qu'il se représentera dans une autre circonscription (acadienne a priori) il reste à savoir si ce sera en tant que libéral ou indépendant, les libéraux ont indiqué être très ouverts à sa candidature.
En tous les cas la réponse sera rapide, j'imagine qu'on aura bientôt des projections.
https://www.acadienouvelle.com/actualites/2020/08/17/les-neo-brunswickois-convies-aux-urnes-le-14-septembre/

Au niveau du gouvernement fédéral, Bill Morneau, ministre des Finances, a annoncé sa démission. Embourbé dans l'affaire UNIS, sa tête était demandée par tous les partis d'opposition. Il a également annoncé son départ de son siège de député de Toronto-Centre. Le Bloc québecois demande toutefois encore le déport de Justin Trudeau du poste, au profit de la vice-PM (Chrystia Freeland, ministre des affaires intergouvernementales et ex ministre des affaires étrangères), tant que la clarté n'aura pas été faite sur l'affaire. Les conservateurs réclament plus directement sa démission.
Morneau n'a jamais été un proche de Trudeau et certains désaccords étaient connus (Morneau défendait une certaine austérité quand Trudeau préfère relancer par l'investissement) ce qui a sans doute joué dans ce rôle de fusible, il reste qu'il ne part pas sans aucune piste : il vise désormais le poste de secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et le premier-ministre a fait savoir qu'il soutenait Morneau en ce sens.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1727315/ministre-bill-morneau-demission-finances-trudeau-federal-ottawa-unis-we

[Eco92]

Canada
Suite à la nomination de Chrystia Freeland, Dominic Leblanc est devenu ministre des affaires intergouvernementales, poste qu'il a déjà occupé de juillet 2018 à novembre 2019, où il avait laissé sa place à Freeland pour cause de cancer. Il avait laissé le rôle à Mme Freeland mais sa rémission ayant été annoncée depuis il reprend cette place. Leblanc est un poids lourd des libéraux, déjà ministre sous Chrétien et Martin, ex-candidat à la direction, etc.

Face à une opposition réclamant sa démission mais n'étant pas pressée d'aller en élection, Trudeau a annoncé un discours du trône en septembre. Cela coupe le pied du Bloc qui annonçait une motion de censure puisque le discours du trône agit comme tel. Cela pousse les partis à se positionner. A priori ni le Bloc (même s'il pourrait gagner quelques sièges), ni le NPD (qui n'a plus beaucoup d'argent et a besoin de reconstruire une dynamique) n'ont très envie d'aller en élection, pas même les conservateurs. La motion de censure du Bloc était d'abord un moyen de se présenter en opposants farouches, tout en expliquant qu'ils ne la déposeraient que si Trudeau ne se déportait pas du poste de PM durant l'enquête, une manière de dire que ce serait à cause de lui qu'il y aurait des élections, etc. Les conservateurs réclament la tête de Trudeau. Mais tous imaginent aussi que le NPD sauverait les libéraux (en effet, il faudrait que les trois grands partis d'oppositions votent ensemble pour faire tomber le gouvernement), ici Trudeau reprend donc la main en forçant le jeu de dupe à cesser et les autres partis à faire un choix.

Il reste cependant des inconnues :
1/En lançant un discours du trône Trudeau gèle les travaux parlementaires, dont la commission travaillant sur le scandale UNIS, qui le touche directement, une manœuvre qui peut-être diversement appréciée. Le NPD et les conservateurs avaient jusqu'ici dit vouloir attendre le rapport pour juger sur pièce, là la chose est repoussée ;
2/ Freeland vient d'être nommée, il semblerait logique à certains d'attendre un budget pour abattre le gouvernement. Il reste que le NPD tente de profiter de la fragilité des libéraux pour négocier des aides d'urgences. Sing a clairement donné sa condition pour cette fois : un investissement de 12 milliards de dollars dans les services de garde, dont 2 milliards immédiatement pour que les parents – en particulier les mères – puissent retourner au travail. De son côté le Bloc n'exclut pas de voter contre mais est prêt à soutenir un plan qui contiendrait une bonification de l'aide accordée aux aînés, une nouvelle tranche de compensations financières pour les producteurs laitiers régis par le système de gestion de l'offre, des ajustements à la Prestation canadienne d'urgence afin de favoriser le retour au travail et, enfin, que l'argent qui devait revenir au Québec dans le cadre du programme de Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, que devait gérer UNIS avant le scandale, lui soit remise "sans condition".
3/ Quid des trois élus verts et des deux indépendants (l'ex-ministre libérale Jody Wilson-Raybould, réélue sur son nom, et Marwan Tabbara, élu libéral devenu indépendant suite à de lourdes accusations policières) ? En tant que tel ils sont peu majeurs, mais pourraient le devenir si par exemple le NPD s'abstient ;
4/ Ce qui rese l'inconnue majeure dans tout ça reste le Parti conservateur du Canada. Le premier parti d'opposition connaîtra son nouveau chef ce soir, qui pourrait ne pas être élu aux communes. A priori cela se jouera entre le député et ex-ministre Erin O’Toole et Peter MacKay, ex-ministre et ancien président du Parti progressiste-conservateur au moment de sa fusion avec l’Alliance canadienne en 2003. Avec la fin de la division des deux blocs conservateurs, ce fut leur retour au pouvoir. Le second est le plus largement apprécié de la population mais peut-être vu comme trop centristes pour les conservateurs, qui avaient aussi deux candidats issus de l'aile sociétalement conservatrice (anti-avortement, euthanasie, droits des LGBT+, etc.) : le député Derek Sloan et l'avocate Leslyn Lewis, qui semble faire une percée dans la dernière ligne droite. Le mode de scrutin du parti, basé sur un vote préférentiel, pourrait favoriser O'Toole, les conservateurs sociétaux rejetant McKay, cependant le mode de scrutin par circonscription (une circonscription vaut 100 points, quel que soit son nombre d'adhérents, et le score final donne les gagnant, ce qui permet la représentation forte de l'Ouest alors que le parti a massivement des adhérents à l'est) avantage McKay... A suivre donc, en tous les cas cela va forcément changer la physionomie du paysage politique !

En tous les cas les partis d'oppositions semblent d'accord sur un point : Trudeau et son gouvernement peuvent réussir à survivre à ce vote de confiance, mais a très peu de chance de se maintenir au printemps.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1727366/remaniement-ottawa-trudeau-freeland-morneau-finances
https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2020-08-22/quatre-candidats-se-font-la-lutte-pour-diriger-le-parti-conservateur.php

Nouveau-Brunswick
Dans les enjeux de l'élection au NB j'évoquais le rôle de Robert Gauvin, ex-vice premier ministre, seul conservateur francophone élu. Après avoir quitté le parti conservateur il a annoncé sa candidature dans Baie-de-Shediac-Dieppe pour le parti libéral, l'ex-premier ministre Brian Gallant ne se représentant pas. Baie-de-Shediac-Dieppe est la circonscription acadienne par excellence, la ville de Dieppe étant la ville la plus francophone hors Québec (en pourcentage de population et pas en nombre de personnes évidemment) au Canada, c'est a priori un siège certain. Elle n'existe depuis deux législatures et certes le candidat était le leader du parti mais Gallant y obtenait tout de même plus de 65 %, on peut parler d'un château-fort. Il quitte donc la circonscription de Shippagan-Lamèque-Miscou, qu'il avait conquis sur un libéral en 2015, et qui est donc plus ambivalente.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1727352/liberaux-elections-generales-robert-gauvin-nouveau-brunswick

[Eco92]

Comme cela avait été prédit par plusieurs analystes c'est Peter McKay qui a d'abord mené la course mais, suite aux report de voix des éliminés représentant les conservateurs sociétaux, c'est Erin O'Tolle qui emporte assez largement la mise, avec 57 % des suffrages. Comme il est déjà député, il pourra de suite prendre le rôle de leader en chambre (un avantage certain).

Le complexe système de point lui en a donné 19 271 contre 14528 à Peter MacKay. Il fallait 16 901 points gagner la course.

Leslyn Lewis a été éliminée au deuxième tour, où elle a tout de même obtenu 10140 points (ce qui est énorme pour une candidate non élue et peu connue en début de campagne), ses électeurs se posant en véritables arbitres. Sans surprise Derek Sloan a été éliminé dès le premier tour.

O'Toole a certes eu les voix de l'est et des "sociétaux" mais il a aussi terminé premier au Québec et a tendu la main aux nationalistes, promettant un parti uni (il devra tout de même trouver son équilibre) alors qu'Andrew Scheer a ciblé les médias et universitaires de gauche dans son discours d'adieux, dont s'est éloigné le candidat victorieux.

Reste maintenant à O'Toole de décider s'il veut abattre au plus vite le gouvernement Trudeau, a priori il est moins menaçant pour le premier ministre qu'un McKay mais ce n'est pas non plus un petit adversaire. Par ailleurs, il est nettement plus à l'aise que Scheer en français et l'a prouvé dans les débats comme dans son discours de victoire.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1728625/parti-conservateur-resultat-erin-toole-peter-mackay-derek-sloan-leslyn-lewis