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La vie politique américaine

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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Mer 10 Jan 2024 01:52

Il semblerait que le Speaker républicain Johnson aurait peut-être un deal avec Schumer (leader de la majorité démocrate au Sénat) sur le budget : ce serait grosso modo à peu près le même deal que celui que l'ancien Speaker McCarthy avait avec le président Biden et qui avait conduit à sa chute. Pas de grosses réductions des dépenses (à part sur le budget de l'IRS, les services fiscaux de l'état US, histoire que les gros donateurs du GOP soient moins contrôlés :) ). Les dépenses militaires sont augmentées, et les dépenses sociales sont maintenues à leur niveau actuel.
Comme toujours, les élus du Freedom Caucus (l'aile droite du GOP) sont furieux, et menacent de mettre de nouveau le feu au Capitole. Iront-ils jusqu'à destituer Johnson ? Pas sur, en tout cas, si ils remettent de nouveau une pièce dans la machine, ils n'obtiendront jamais un Speaker plus à droite que Johnson.
https://thehill.com/homenews/house/4394 ... -shutdown/
https://www.foxnews.com/politics/conser ... t-shutdown
Ce qui reste effarant, c'est qu'on en est toujours au même point près d'un an après la bascule de la Chambre aux mains des républicains, avec un budget qui risque de passer avec nettement plus de voix démocrates que de voix républicaines, et l'aile droite du GOP qui menace de ruer dans les brancards puisqu'elle n'obtient pas ce qu'elle veut. On verra bien si les républicains se lancent à nouveau dans un cirque sur le poste de Speaker en pleine année de présidentielle ? Réponse dans les semaines à venir...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Ven 12 Jan 2024 01:58

Il se confirme que le Freedom Caucus n'est pas content à l'idée qu'un budget puisse être voté, du coup le Freedom Caucus fait la seule chose qu'il sait faire : empêcher la Chambre de fonctionner.
Une douzaine de membres de l'aile droite du GOP ont voté avec les démocrates pour empêcher l'examen de 3 textes législatifs (n'ayant rien à voir avec le budget). Par 216 voix contre 203, ces textes ne seront donc même pas débattus.
https://thehill.com/homenews/house/4400 ... ding-deal/
Le Speaker Johnson va donc devoir réfléchir sur la suite concernant le budget : il peut suspendre les règles actuelles et proposer le budget directement, mais dans ce cas il lui faudrait le faire voter avec 2/3 des voix plutôt que par la majorité simple. Y aurait-il suffisamment d'élus républicains prêts à voter avec les démocrates pour ça ? L'autre option étant toujours de trouver 217 ou 218 voix républicaines pour un budget, mais je pense que cette option là relève plus de la science fiction ?
Et en cas de vote du budget, est-ce que le Freedom Caucus ira jusqu'à faire subir le même sort que McCarthy à Johnson ?
Je donne ma langue au chat, en attendant, il ne reste que 8 jours avant que la moitié du gouvernement fédéral ne soit en shutdown...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Dim 28 Jan 2024 01:47

Sinon, alors que les élections de novembre se rapprochent à grands pas (avec des primaires présidentielles au suspens pour le moins très limité pour le moment), le chaos du parti républicains poursuit bon an mal an son petit bonhomme de chemin.
1) au niveau de la Chambre et du Sénat, c'est toujours assez consternant.
A la Chambre, le nouveau Speaker républicain a fait voter une énième prolongation des budgets précédents (et oui, depuis que la Chambre a basculé ce sont toujours les budgets démocrates votés lors de la mandature précédente qui sont en place) jusque début mars, avec comme toujours plus de voix démocrates que de voix républicaines. Je ne comprends toujours pas à quoi il sert de reporter comme ça l'inévitable, mais bon, au moins ça repousse le shutdown. Cela ne fait pas avancer d'un pouce la quadrature du cercle d'un budget républicain, et ne satisfait ni l'aile MAGA ni l'aile modérée. Et les démocrates restent maître du jeu.
https://www.nerdwallet.com/article/fina ... -extension
La nouvelle date butoir c'est le 01er mars désormais. Est-ce que les élus MAGA vont finir par faire tomber Johnson ? Les démocrates vont-ils finir par débaucher quelques élus républicains pour faire voter un budget de compromis ? La suite au prochain numéro.
Quant au Sénat, je dois avouer que c'est là aussi assez exceptionnel. Depuis plusieurs semaines, plusieurs sénateurs républicains tentent de trouver un accord avec le caucus démocrate sur les aides militaires internationales (pour l'Ukraine, Israël et Taiwan essentiellement) ainsi que sur la situation à la frontière mexicaine (en gros plus de moyens et de fermeté juridique envers les clandestins). Il semble qu'un accord soit bien dans les tuyaux, mais que Trump et les sénateurs les plus à droite du GOP souhaiteraient faire capoter le tout pour des raisons uniquement électoralistes. En effet Trump serait furieux que Biden puisse signer une loi de compromis là dessus qui viendrait enrayer sa belle rhétorique de campagne sur les démocrates laxistes. Pour Trump et ces sénateurs seule une loi ratifiée par un président et un Sénat républicains trouveraient grâce à leurs yeux, et dans l'intervalle ils préféreraient pas de lois du tout. Et le caucus républicain au Sénat se divise ostensiblement publiquement sur tout ça. On sent que pour une fois McConnell semble ne plus très bien tenir ses troupes. On devrait savoir la semaine prochaine si les démocrates réussiront à réunir les 60 voix nécessaires sur cette éventuelle loi...
https://www.mediaite.com/news/mcconnell ... cowardice/
https://edition.cnn.com/2024/01/25/poli ... index.html
Précisons que ce n'est pas la première fois que Trump a une franchise électoraliste désarmante de ce genre : il a récemment appelé de ses vœux une récession de l'économie américaine afin de l'aider à battre Biden (j'avoue que personnellement voir un candidat à la présidence reconnaitre publiquement qu'il espère voire des dizaines de millions de personnes perdre leurs emplois et leurs maisons afin d'en retirer un bénéfice politicien c'est un truc qui me dépasse). On notera aussi au passage que Trump s'est encore livré à une analogie historique totalement boiteuse lors de cette déclaration (se donnant le rôle de Hoover à lui plutôt qu'à Biden), déclaration qui a un peu fait commenter sur ses capacités cognitives actuelles.
https://fortune.com/2024/01/09/donald-t ... omy-crash/
https://thehill.com/business/4401101-tr ... inflation/
2) mais même au niveau des partis républicains locaux de certains états c'est très rock and roll
Au Michigan, la nouvelle chef du parti républicain local, la très trumpiste Kristina Karamo, a mis en banqueroute les finances du parti (avec des tas de dépenses somptuaires), et a livré une guerre interne féroce à tous les élus et militants jugés pas assez trumpistes. Résultat le GOP national est intervenu pour essayer de la destituer et de la faire remplacer par un nouveau chef, Pete Hoekstra. Karamo se défend et porte l'affaire devant les tribunaux. On ne sait donc pas qui est le chef du parti républicain local à l'heure actuelle, tout ce qu'on sait c'est qu'il est ruiné et très fracturé. J'ai du mal à voir comment cette situation locale extrêmement chaotique pourrait ne pas impacter très négativement les résultats électoraux des républicains dans cet état lors des élections de novembre ?
https://www.nbcnews.com/politics/2024-e ... rcna135662
Même topo en Arizona, où les trumpistes, Kari Lake (égérie trumpiste battue au poste de gouverneur en 2022, et nouvelle candidate pour la sénatoriale de novembre) en tête, tentent de mettre le parti local en coupe réglée en expurgeant tous les élus et militants accusés d'être trop centristes (la ligne de l'ancien sénateur McCain). Le chef du parti républicain local DeWit vient d'être débarqué, Lake ayant eu son scalp.
https://edition.cnn.com/2024/01/24/poli ... index.html
Là aussi, cela fait près de 6 ans que ça dure pour le GOP d'Arizona, et j'ai la faiblesse de penser que ça a aussi joué son petit rôle dans le gain par les démocrates des 2 sièges de sénateurs et du poste de gouverneur de l'état sur la période. Et là non plus cela ne devrait pas follement aider les républicains dans la perspective des scrutins de novembre ?
Enfin, même en Floride c'est pas terrible ces derniers temps. Déjà, le chef du parti local a été contraint à la démission sur fond de scandale sexuel (il était soupçonné d'avoir violé sa maîtresse dans le cadre d'une relation de trouple avec son épouse).
https://www.nytimes.com/2024/01/08/us/c ... lican.html
Ensuite, les couteaux semblent tirés entre les trumpistes et les desantistes dans les assemblées locales suite aux tensions engendrées par les primaires présidentielles.
https://www.politico.com/news/2024/01/2 ... e-00137239
https://www.axios.com/local/tampa-bay/2 ... on-florida
Avec là aussi des conséquences électorales déjà visibles : outre le gain par les démocrates de la mairie de Jacksonville déjà mentionné sur le forum il y a quelques mois, lors d'une élection spéciale pour un district dans les assemblées locales, les démocrates ont réussi à faire basculer une circonscription que les républicains avaient gagné avec près de 10 points d'avance lors des midterms de 2022.
https://thehill.com/homenews/campaign/4 ... -election/
Cette situation aura peut-être moins d'impact dans cet état sur les élections de novembre, mais c'est à surveiller néanmoins...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Mer 31 Jan 2024 00:07

J'ai à plusieurs reprises rapporté dans les pages de ce forum une citation connue d'un célèbre acteur hollywoodien du début du XXe siècle, Will Rogers, et qui était démocrate : "Je ne suis membre d'aucun parti politique organisé puisque je suis démocrate". Cette saillie drolatique correspondait tout à fait au fait que le parti démocrate était souvent connu à l'époque pour ses pratiques un peu opaques et sa propension à se saborder en interne parfois. Et je trouvais qu'au long du XXe siècle, ce trait d'esprit continuait par moments à s'appliquer au parti de l'âne.
Je dois avouer que depuis quelques années maintenant, je trouve que cette saillie serait beaucoup plus juste si elle s'appliquait au parti républicain. Déjà, au niveau des partis politiques républicains locaux ça continue à être assez régulièrement un joyeux bordel où les couteaux sont tirés, et c'est cette fois c'est au tour du Nevada d'entrer dans la ronde des partis républicains locaux dysfonctionnels.
Déjà, les républicains se sont offerts un fiasco de premier ordre sur les primaires à venir dans cet état : l'état du Nevada organisera des primaires le 06 février (l'état ayant voté la fin des caucus). Mais comme le Nevada pratique le vote par courrier postal, les républicains ont rué dans les brancards, et maintiennent un caucus le 08 février. Nikki Haley est la seule candidate en lice sur les primaires, Trump est le seul candidat en lice sur les caucus (ces derniers seront les seuls à élire des délégués pour la convention). Haley gagnera donc les primaires, Trump les caucus.
https://www.nytimes.com/live/2024/01/24 ... its-a-mess
En plus de ce fiasco organisationnel, se tenait hier la convention du GOP local, justement pour organiser les caucus à venir. Le tout a tourné à l'empoignade, où les noms d'oiseaux ont fusé de tout côté. Laissant présager des caucus un peu chaotiques.
https://www.politico.com/news/2024/01/2 ... s-00138493
Les 3 seuls éléments qui ont émergé de cette convention des officiels locaux du GOP : les divisions internes sont fortes sur tout un tas de sujets, les théories complotistes ont le vent en poupe de ce côté là de l'échiquier, et la seule ligne de consensus semble qu'il faille être très agressif lors des futures campagnes pour les élections de novembre.

Mais il y a encore plus grave que tous ces soucis multiples dans les partis républicains locaux de plusieurs états, il y a la situation au sein des caucus républicains du Congrès à Washington DC, où là aussi le cirque continue joyeusement.
Le Speaker Johnson a dans les tuyaux une loi bipartisane visant à réduire les impôts de 78 milliards. Plan bipartisan car les républicains obtiennent des baisses d'impôts et les démocrates obtiennent une prolongation des crédits d'impôts pour les familles ayant plusieurs enfants. Et comme toujours ça coince du côté du groupe "majoritaire" à la Chambre : les élus républicains les plus centristes issus des districts new-yorkais veulent supprimer un élément fiscal qui pénalise leur état (depuis la réforme budgétaire de Trump de 2017), les faucons fiscaux refusent de prolonger le crédit d'impôt familial, et les élus MAGA n'en veulent pas parce que les démocrates et Joe Biden sont d'accord. Bref, comme c'est parti, si le Speaker veut vraiment faire voter ce texte, il va surement devoir affronter une fronde interne l'obligeant à passer par une ratification des 2/3 (si la quasi totalité du caucus démocrate vote pour il lui faudrait encore trouver environ 80 votes républicains).
https://www.politico.com/news/2024/01/2 ... r-00138490
Réponse dans quelques jours...

Mais même au Sénat, le caucus républicain se met à sombrer dans le n'importe quoi. Alors qu'il semble clair qu'il existe bien une majorité bipartisane non filibustable de 60 votes au Sénat pour le vote d'une loi bipartisane sur les financements pour la frontière mexicaine et pour des aides militaires internationales, les éléments trumpistes du caucus freinent des 4 fers, Trump lui même mettant la pression pour empêcher cette loi d'aboutir. Trump l'a déjà mauvaise que Biden ait réussi à faire voter un plan de financement des infrastructures, si en plus il signe une loi apportant des financements massifs pour lutter contre l'immigration clandestine à la frontière mexicaine, il risque de devenir apoplexique (en plus de perdre un argument de campagne ?). Du coup, McConnell essaye désormais de proposer 2 lois différentes : une pour la lutte contre l'immigration clandestine, et une pour les aides militaires internationales. Les démocrates sont OK, les républicains c'est nettement plus difficile de savoir ce qu'ils veulent.
https://thehill.com/homenews/senate/442 ... nfighting/
Et là où on a vraiment touché le fond, c'est que le sénateur républicain de l'Oklahoma Langford qui est en charge des négociations bipartisanes sur cette loi de financement contre l'immigration clandestine affronte désormais une fronde interne au sein du parti républicain de l'Oklahoma : certains élus locaux veulent le censurer pour son action bipartisane, d'autres élus locaux veulent censurer les élus locaux en faveur de la censure du sénateur. Rien qu'en l'écrivant je pense fortement à la maison des foux dans l'album Astérix et les 12 travaux...
https://eu.usatoday.com/story/news/poli ... 393812007/
https://www.mediaite.com/politics/oklah ... p-opposes/
Autre truc incroyable : la Chambre des représentants envisage de peut-être impeacher le secrétaire à la sécurité intérieure Mayorkas pour son inaction supposée dans la lutte contre l'immigration clandestine à la frontière mexicaine. Celui-ci répond qu'il attend désespérément les fonds que les élus républicains refusent de lui voter pour faire plaisir à Trump.
https://www.yahoo.com/news/johnson-says ... 50999.html
https://thehill.com/homenews/house/4431 ... -in-house/
Bref, l'hypocrisie et les jeux politiciens des républicains dans tout ça atteignent désormais des sommets. Et Biden et les démocrates ont beau jeu de dénoncer le tout auprès du public américain, en disant que si la loi bipartisane en préparation était votée au Sénat, alors Biden pourrait "fermer" la frontière avec le Mexique et lutter efficacement contre l'immigration clandestine.
https://eu.usatoday.com/story/news/poli ... 379331007/
Bref, j'ai de plus en plus de mal à considérer le parti républicain comme un parti de gouvernement...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Eco92 » Mer 31 Jan 2024 07:38

Corondar a écrit:Déjà, les républicains se sont offerts un fiasco de premier ordre sur les primaires à venir dans cet état : l'état du Nevada organisera des primaires le 06 février (l'état ayant voté la fin des caucus). Mais comme le Nevada pratique le vote par courrier postal, les républicains ont rué dans les brancards, et maintiennent un caucus le 08 février. Nikki Haley est la seule candidate en lice sur les primaires, Trump est le seul candidat en lice sur les caucus (ces derniers seront les seuls à élire des délégués pour la convention). Haley gagnera donc les primaires, Trump les caucus.

Je ne comprends pas bien cette subtilité, entre primaire et caucus.
Les primaires ont été votées par l'état et sont donc le cadre légal mais le parti local peut s'en affranchir et maintenir un caucus interne, mais pour ce qui est des délégués officiel pourquoi sont ils dans le caucus ? Car le parti s'autorégule (ça me semblerait logique) ? Mais dans ce cas pourquoi Haley n'a pas candidaté au caucus ? Espoir d'un renversement judiciaire ?
A vrai dire je veux bien que soit réexpliqué la nuance caucus/Primaire si cela est possible. Merci ! Il faut dire que dans ma tête un caucus est juste un groupe parlementaire, pas un mode d'élection.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Mer 31 Jan 2024 16:49

Eco92 a écrit:
Corondar a écrit:Déjà, les républicains se sont offerts un fiasco de premier ordre sur les primaires à venir dans cet état : l'état du Nevada organisera des primaires le 06 février (l'état ayant voté la fin des caucus). Mais comme le Nevada pratique le vote par courrier postal, les républicains ont rué dans les brancards, et maintiennent un caucus le 08 février. Nikki Haley est la seule candidate en lice sur les primaires, Trump est le seul candidat en lice sur les caucus (ces derniers seront les seuls à élire des délégués pour la convention). Haley gagnera donc les primaires, Trump les caucus.

Je ne comprends pas bien cette subtilité, entre primaire et caucus.
Les primaires ont été votées par l'état et sont donc le cadre légal mais le parti local peut s'en affranchir et maintenir un caucus interne, mais pour ce qui est des délégués officiel pourquoi sont ils dans le caucus ? Car le parti s'autorégule (ça me semblerait logique) ? Mais dans ce cas pourquoi Haley n'a pas candidaté au caucus ? Espoir d'un renversement judiciaire ?
A vrai dire je veux bien que soit réexpliqué la nuance caucus/Primaire si cela est possible. Merci ! Il faut dire que dans ma tête un caucus est juste un groupe parlementaire, pas un mode d'élection.


Aux USA, le terme "caucus" peut en effet désigner 2 choses différentes :
1) un rassemblement d'élus d'une même couleur politique dans une assemblée, formant un groupe (dans ce cas, le mot est employé au singulier)
2) une élection particulière organisée par les partis, avec des débats entre militants avant le vote (dans ce cas, le mot est plutôt employé au pluriel)
Pour la différence entre primaires et caucus, sur la définition c'est simple : les primaires sont des élections organisées par les états, sur le même modèle que l'élection générale souvent, visant à permettre aux électeurs de l'état de participer aux primaires d'un des deux partis. Pour les caucus ce sont des scrutins internes aux partis, avec des modes de fonctionnement assez particuliers, mais qui diffèrent d'ailleurs selon les 2 partis.
Et il y a parfois des conflits organisationnels entre les états et les partis sur les modalités des scrutins, qui sont parfois réglés devant la justice, parfois à l'amiable.
Dans le cas du Nevada, les assemblées (à majorité démocrate) ont décidé de supprimer les caucus et de les remplacer par des primaires (cela a également été ratifié par référendum auprès des électeurs). Mais le GOP s'est opposé à la manœuvre (pour plusieurs raisons, notamment dans le cadre de la croisade contre le vote par correspondance imposée par certains éléments trumpistes du parti, mais aussi parce que dans le cadre de primaires le parti a nettement moinq de poids que dans des caucus au niveau organisation). La justice a tranché : oui l'état du Nevada a le droit d'organiser des primaires, mais il ne peut pas imposer au GOP la manière dont ce dernier décide d'allouer en interne ses délégués. Résultat : l'état organise des primaires, et le parti des caucus. Haley a sauté sur l'occasion de gagner une victoire facile aux primaires (elle aura droit à des gros titres pendant 24 heures : "Haley remporte les primaires du Nevada"), et Trump a lui sauté sur l'occasion de faire main basse sur les délégués de l'état à bon compte (c'est pas comme si la vingtaine de délégués du Nevada allaient changer quoi que ce soit lors de la convention républicaine de cet été).
De toute façon on a cette année plusieurs contentieux au sein des 2 partis sur le calendrier et les scrutins dans plusieurs états. C'est juste que comme cette année il n'y a pas énormément d'enjeux sur les primaires présidentielles, ça vole un peu sous les radars. Pour 2028 ce sera pas la même histoire en revanche. Et les démocrates ont l'air très motivés à changer profondément le calendrier futur (le but étant de faire monter dans le calendrier la Caroline du Sud, le Nevada et le Michigan, au détriment de l'Iowa et du New Hampshire).
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Re: La vie politique américaine

Messagede Eco92 » Mer 31 Jan 2024 22:50

Merci pour l'explication. C'est vrai que vu d'ici j'ai un peu de mal à comprendre comment un état pourrait imposer à un parti son droit à désigner ses candidats comme il l'entend.
Pour Halley, de la couverture médiatique d'accord mais y en aura-t-il vraiment si ça ne lui donne absolument rien ? Bon ça reste en effet un grand bazar un peu grotesque tout ça, c'est vraiment super d'en avoir de tels décryptages.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Michel29 » Jeu 1 Fév 2024 11:40

Bonjour,

Quelqu'un pourrait-il me dire où je peux trouver l'intégralité (en français...) d'un discours de Trump, lors d'un meeting électoral.

Raison : 99.99 % des échos sur Trump en France sont (très) négatifs (exemples multiples et quotidiens, sur quasiment tous les médias, ça mériterait un livre sur le parti pris journalistique).

Trump et Biden m'indiffèrent, mais l'analyse d'un discours complet me permettrait d'avoir une meilleure vision du personnage : reste-t-il dans la diatribe -ce que montrent souvent les médias -, y a-t-il des propositions intéressantes pour les USA... ou pas...

Merci à nos spécialistes des USA...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Jeu 1 Fév 2024 18:49

Michel29 a écrit:Bonjour,

Quelqu'un pourrait-il me dire où je peux trouver l'intégralité (en français...) d'un discours de Trump, lors d'un meeting électoral.

Raison : 99.99 % des échos sur Trump en France sont (très) négatifs (exemples multiples et quotidiens, sur quasiment tous les médias, ça mériterait un livre sur le parti pris journalistique).

Trump et Biden m'indiffèrent, mais l'analyse d'un discours complet me permettrait d'avoir une meilleure vision du personnage : reste-t-il dans la diatribe -ce que montrent souvent les médias -, y a-t-il des propositions intéressantes pour les USA... ou pas...

Merci à nos spécialistes des USA...


J'avais tenté de me livrer à cet exercice lors de la campagne présidentielle 2020, suite à une demande identique d'un ami. J'avais sélectionné je ne sais plus lequel de ses innombrables rallyes. Après 30 minutes à m'arracher les cheveux sur une traduction, j'avais jeté l'éponge : le style oral de Trump convient très mal à une traduction écrite. Soit le traducteur retranscrit telles quelles les innombrables erreurs de syntaxe et de grammaire, ainsi que ses passages du coq à l'âne (et dans ce cas la traduction paraitra incohérente pour le lecteur), soit le traducteur tente de faire un effort de traduction justement, et d'apporter un minimum de cohérence au style (et dans ce cas la traduction risque fort de travestir la pensée de Trump).
Si vous recherchez un discours plus politique (et moins "meeting devant une foule"), à titre personnel je serais incapable de trouver un seul discours de Trump de ce genre là depuis qu'il a quitté la présidence (et même avant, pendant sa présidence, on en comptait très peu).
La quasi totalité de l'expression orale de Trump des derniers mois consiste à vendre la base de son programme depuis son entrée dans l'arène politique : beaucoup de colère (contre une liste très longue d'ennemis, réels ou supposés), énormément de soif de revanche (pour toute une liste de torts, réels ou supposés), et une dénonciation ferme et sans équivoque d'une certaine Amérique. Et c'est bien ce que veut sa base. Je me permets de répercuter un article très intéressant de Politico réalisé auprès d'un électeur trumpiste, qui éclaire très bien ce point je trouve. Trump a comme programme politique principal le chaos, peu importe ce que cette notion peut recouvrir précisément.
https://www.politico.com/news/magazine/ ... r-00136850
Quant à des propositions concrètes et un programme, là aussi, je suis incapable de vous trouver un seul propos de Trump au cours de 2023 avec quelque chose qui ressemblerait à ça. Mais là non plus ce n'est guère nouveau : déjà en 2020, Trump avait repris à l'identique le programme de 2016 (où là on avait quelques éléments généraux à se mettre sous la dent au moins). Ce qui équivalait à résumer que le seul programme, c'était Trump.
Si Trump a complètement zappé les débats des primaires, ce n'était pas uniquement pour humilier ses adversaires indignes de son niveau, mais aussi pour éviter d'avoir à se prononcer sur un programme et des propositions. A l'issue des derniers mois de primaires républicaines, Trump est le seul candidat du GOP dont j'ignore complètement la position quant à l'avortement. Et je pense que le principal intéressé l'ignore aussi : il sait juste que l'avortement est un argument gagnant auprès de la base (donc il rappelle à cet effet que c'est à lui qu'on doit la SCOTUS la plus à droite depuis 100 ans), et un argument perdant pour la générale (du coup il choisit son auditoire pour rappeler le point précédent). Mais est-ce qu'il voudrait un amendement fédéral sur le sujet ? Est-ce qu'il voudrait laisser le sujet au niveau des états ? Si limitation dans le terme de la grossesse il doit y avoir, à quelle semaine dans le terme il la fixe ? Que pense-t-il des cas de viol ou d'inceste ? J'ai une idée plus ou moins précise des positions de DeSantis et Haley sur ces questions, je n'en ai pas la moindre idée concernant Trump. Sur cette question là, si il devait être réélu, je pense que Trump ferait comme il a souvent fait lors de son mandat présidentiel : il laisserait les républicains du Congrès se débrouiller.
Honnêtement, le seul projet que j'ai entendu Trump détailler un peu lors de discours ou interventions lors de l'année 2023, c'est ce que les milieux de l'ultra-droite américaine appellent le "projet 2025" : un plan qui prévoit le renvoi d'un maximum de fonctionnaires civils des administrations de DC, pour les remplacer par des ardents conservateurs.
https://en.wikipedia.org/wiki/Project_2025
https://www.iris-france.org/wp-content/ ... _note1.pdf
Pour Trump, l'idée est d'avoir une administration centrale qui fasse tout ce que le président demande sans poser de questions (ou de respect de la loi), pour l'ultra droite l'idée étant d'imposer une cure de nationalisme religieux aux institutions (le projet a pour but d'introduire des préceptes religieux chrétiens fondamentalistes dans les rouages de l'état, au mépris du principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat inscrit dans la constitution). Quant à savoir si tout ça aurait la moindre chance d'aboutir sans une réaction forte et violente des contre-pouvoirs US, j'émets de gros doutes.

Quant au parti pris des médias français que vous relevez ici, tout cela ne date pas d'hier : le paysage médiatique et politique français a toujours été dominé par une tendance pro démocrates, depuis déjà plusieurs décennies (c'était déjà très net sous les années Chirac et Sarkozy), pour tout un tas de raisons historiques anciennes, Trump ou pas Trump.
Quant à Trump, je trouve au contraire que le personnage bénéficie d'une immense mansuétude dans sa perception et son traitement, que ce soit par l'opinion publique ou les médias (aux USA, mais aussi en Europe, même si à un degré moindre). Et qu'il est le seul homme politique à bénéficier d'un tel traitement. J'aimerais rappeler 3 éléments factuels le concernant qui ne sont absolument pas soumis à interprétation ni à débat :
1) lors d'un meeting lors de la campagne présidentielle 2016, Trump s'est publiquement moqué d'un journaliste handicapé en imitant son handicap psychomoteur et en faisant le sujet de railleries (le "crime" du journaliste en question ayant été de contredire Trump lorsque celui-ci avait faussement déclaré que des milliers d'Américains musulmans auraient célébré dans les rues du New-Jersey les attentats du 11/09)
https://www.nbcnews.com/politics/2016-e ... ds-n627736
2) lors de cette même campagne présidentielle, dans un enregistrement célèbre, Trump reconnaissait qu'il considérait comme des objets de désirs sexuels acceptant tous ses désirs personnels (consistant je cite à "les attraper par la chatte") toutes les femmes belles qu'il croisait, et que ces dernières étaient forcément consentantes puisqu'il est, je cite, "riche et célèbre". Soit ce propos était le signe d'un prédateur sexuel assumant son comportement, soit celle d'un homme considérant ce genre de propos comme triviaux et marrants
3) depuis Trump a officiellement été reconnu coupable d'agression sexuelle par 2 juries new-yorkais différents dans le cadre d'une procédure civile ayant largement démontré que ses propos rapportés au point numéro 2 correspondaient bien à des pratiques de prédateur sexuel.
N'importe quel homme politique (français ou US) qui serait concerné par l'un de ces 3 points précédents verrait très certainement sa carrière se terminer là, et le bruit médiatique serait incessant pour rappeler les points en question (d'autres hommes politiques sont tombés sur la période récente pour des éléments de ce genre, voire parfois moins étayés que dans le cas de Trump). Trump non. Parce que Trump est sui generis (la colère et la vengeance qu'il défend auprès des membres de sa base leur paraissent tellement sincères et vraies qu'ils lui pardonnent absolument tout), et que son image et sa marque défient (et ce depuis déjà quelques décennies, bien avant son entrée en politique) la rationalité et la raison.
A mon sens (et je peux tout à fait me tromper), tenter d'analyse Trump et le trumpisme à travers un prisme programmatique serait sans doute passer à côté du principal du sujet ?
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Re: La vie politique américaine

Messagede Michel29 » Ven 2 Fév 2024 09:39

Un grand merci pour cette analyse qui m'éclaire beaucoup sur le personnage (et je vais lire à tête reposée l'article joint , si je traduis bien le titre "il faut tout casser et il est l'homme pour cela".)

En gros, pas de discours cohérent, écrit et validé par une équipe, qui distille un programme ....mais plutôt diatribe et improvisation autour de thèmes récurrents, qui plaisent à son public, en gros qui s'adressent peu au cerveau, peu au coeur, plutôt ailleurs..

Ses multiples frasques, ses propos vulgaires auraient dû le faire disparaître de la scène politique.... mais il a trouvé son public et ses médias... je suis d'accord.

Mes propos sur les journalistes touchent surtout la France..
Exemples multiples :
entendu sur France Inter lors de l'annulation du "contrat du siècle" sur les sous-marins australiens : un coup "à la Trump"... sans nommer l'administration Biden, pourtant à l'origine de la rupture...

même radio : "le milliardaire aux cheveux jaunes" (jamais "le gâteux du Delaware"...)... l'un et l'autre étant inacceptable à mes yeux.

Le Figaro, titre du 1er article sur les résultats des primaires du New Hampshire " Trump bousculé (ou verbe équivalent... de mémoire) dans une ville du nord du New Hampshire".....Dans les éditions suivantes, le verbe a été changé et le terme "ville" a évolué en "village" .... il faut dire que 6 électeurs - dont 0 pour Trump - ça ne fait pas trop ville... (pour être honnête, l'article était lui, explicatif et non-partisan...)

.... petit échantillon....

Mon impression est que la première réaction (naturelle, culturelle) des journalistes français est anti-Trump, et que la réalité s'impose petit à petit et modifie le discours... sans jamais être pro-Trump...

A suivre...
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