Fabien a écrit:Et les républicains "modérés" dans tout cela? Ils ont incontestablement perdu du terrain, n'ont aucun espoir de propulser un des leurs comme candidat à la maison blanche, mais ils n'ont pas totalement disparu, si je ne m'abuse?
Je dirais que cela dépend déjà de ce que vous considérez comme un républicain "modéré" ?
A mon sens, et selon une définition assez personnelle je l'avoue, je considère comme "modéré" tout élu républicain (passé, présent ou futur) qui dénonce les dérives anti démocratiques de Trump et du parti, relatives notamment au mensonge sur la fraude électorale de 2020 (et de 2016 aussi d'ailleurs), ayant conduit à l'assaut contre le Capitole du 06/01.
Mais je vais plus loin : pour moi, seuls les élus républicains affirmant que cela disqualifie Trump pour être de nouveau leur porte-drapeau présidentiel en 2024 méritent aussi ce qualificatif de "modéré". Du coup, selon ma définition personnelle, ça laisse vraiment pas grand monde (et pour certains ils n'exercent plus aucune fonction élective à l'heure actuelle) : Adam Kinziger et Liz Cheney, Mitt Romney, probablement Lisa Murkowski et Susan Collins, Chris Christie, peut-être quelques gouverneurs (anciens et actuels) RINO du nord-est, et c'est sans doute à peu près tout pour les figures nationales ? J'imagine qu'il doit bien y avoir quelques élus locaux ici ou là qui remplissent cette définition ?
Parce qu'à côté de ça, même pour beaucoup d'élus représentant l'aile centriste du GOP, ces derniers déclarent très officiellement qu'ils soutiendront Trump en cas de nouvelle candidature en 2024, même si ce dernier devait être multi condamné d'ici là pour tout un tas de crimes divers et variés. C'est par exemple le cas de Nikki Hayley, ou même de Peter Meijer, et dans le cas de ce dernier c'est tout de même assez effarant. Il a été représentant républicain du 3e district du Michigan de 2021 à 2023, et a fait parti des 10 représentants républicains de la Chambre à avoir voté le second impeachment de Trump relatif à son rôle dans l'assaut du Capitole. Derrière, Meijer a perdu la nomination républicaine pour les midterms de 2022, en étant battu par un candidat trumpiste envoyé par le Donald pour torpiller la candidature de l'apostat (lequel a été battu lors de la générale par le candidat démocrate, faisant perdre un siège au GOP dans la manoeuvre). Or, Meijer se lance pour obtenir l'investiture républicaine sur le siège sénatorial du Michigan de l'année prochaine, et il vient de déclarer qu'en cas de duel Biden-Trump, il voterait pour le gars qu'il considère coupable d'avoir initié un assaut mortel contre le Capitole.
https://www.ourmidland.com/opinion/voic ... 472639.phpLe cas de Meijer est assez symptomatique d'une réalité assez terrible : énormément d'élus centristes ont intégré qu'il est quasiment impossible désormais au sein du parti républicain de contester le chef, quel que soit ce chef et ses éventuelles casseroles. Et que, dans ce contexte (que ce soit par conviction ou par intérêt de carrière électoral), il vaut mieux un apprenti dictateur républicain que d'appeler à voter pour un démocrate. Bon, dans le cas de Meijer, à mon avis il s'illusionne complètement : il est sur le même créneau que Pence, pas assez pro Trump pour les MAGA, et pas assez anti Trump pour les opposants internes au Donald. Et je lui prédis le même destin pour les primaires sénatoriales à venir, un naufrage.
Sur les primaires présidentielles républicaines du GOP, il y a officiellement 2 candidats qui sont sur une ligne anti Trump et ne voteront pas pour lui si il devait récupérer l'investiture : Chris Christie et Asa Hutchinson. Si jamais les 2 devaient aller jusqu'aux premiers scrutins de l'Iowa et du New Hampshire (c'est pas certain pour Hutchinson, et même pour Christie c'est pas garanti), leurs scores permettraient d'indiquer le pourcentage de sympathisants républicains anti Trump (à mon avis ça ne pèsera pas grand chose en Iowa, peut-être un poil plus au New Hampshire, et encore ?).
Les véritables républicains anti Trump ont soit déserté le parti, soit ils rongent leurs freins en espérant un retour hypothétique (et à mon avis très illusoire) du GOP de Reagan. Mais même lorsque Donald Trump disparaitra (comme tout le monde, et pour citer le grand Charles, il ne manquera pas de mourir un jour ou l'autre), je ne vois pas le GOP revenir sur la pente un peu fascisante qui est désormais la sienne : le culte du chef et son infaillibilité est désormais trop ancré dans la culture du parti je pense (il suffit de voir le cas DeSantis en Floride), et les réflexes anti démocratiques représentent désormais une part consubstantielle de la stratégie électorale du parti républicain.
Eco92 a écrit:Mais il me semble que le conflit israelo-palestinien pourrait ternir l'image de Biden notamment chez les jeunes et les populations racisées, électorat important pour lui. IL y a eu là une ligne de fracture au sein du parti démocrate, de là à avoir un impact en politique intérieure je ne sais pas ? Cela se vérifie rarement non ? (tant qu'il n'y a pas de soldats US) La chose sure c'est que sur des référendums locaux ou autre, l'impact semble en effet nul.
En effet, le conflit israélo-palestinien représente une ligne de fracture idéologique réelle au sein de la coalition démocrate. Quant à savoir exactement les conséquences électoralistes que pourraient avoir éventuellement cette question là sur les élections de novembre 2024, c'est à la fois tôt et complexe. Précisons déjà que le seul swing state où le poids de l'électorat musulman (qui vote démocrate et dans lequel Biden pourrait peut-être perdre des plumes sur le sujet ?) est suffisamment important pour peser dans le résultat, c'est le Michigan. Ensuite, en effet, il est très rare que les questions internationales jouent un rôle majeur dans les élections présidentielles, sauf lorsque les
boys sont mobilisés sur une zone de conflit. Et, en effet, la probabilité pour que Biden fasse intervenir directement l'armée américaine, que ce soit en Ukraine ou en Palestine, est proche du néant absolu je pense ?