Jean-Philippe a écrit:Il se dit de plus en plus que Kennedy rallierait Trump vendredi. Ce dernier ayant clairement fait comprendre que la victoire de Harris serait la chose qu'il fallait à ses yeux le plus éviter, j'ai tendance à croire à la forte probabilité de la réalisation de cette hypothèse, lointaine il y a encore peu.
Trump fait déjà l'éloge de Kennedy.
https://www.politico.com/news/2024/08/22/trump-project-2025-attacks-walz-00175800Depuis le début de la convention démocrate, Trump continue à taper sans ménager ses coups sur le tandem Harris-Walz, minimisant par exemple la qualité d'entraîneur de ce dernier et affirmant qu'il était un très mauvais gouverneur (informant les sondages sur le sujet).
Ce qui semble ne plus faire trop de doute c'est que RFK Jr devrait jeter l'éponge : suite à sa pantalonnade sur sa fausse adresse new-yorkaise il est désormais très susceptible de voir sa candidature rejetée par beaucoup d'états. Autre gros soucis : ses financements se tarissent à vitesse grand V. Le candidat est entré dans le cercle infernal : mauvais sondages, baisses des financements, mauvais sondages, baisses des financements... L'élément qui joue aussi c'est que jusqu'à peu, beaucoup des investisseurs de la campagne RFK Jr étaient des donateurs plutôt républicains qui pensaient qu'il piquerait plus de voix à Biden qu'à Trump (j'étais déjà pas convaincu par cette lecture). Depuis que les démocrates ont changé de candidat en optant pour Harris, cette lecture est de moins en moins crédible : RFK Jr semble plus piquer de voix à Trump qu'à Harris.
Etant données les positions très anti vaccins et anti sciences du candidat cela me paraissait pourtant assez prévisible ?
Ce qui est par contre assez pathétique c'est qu'il est de notoriété publique que RFK Jr a contacté assez ouvertement les campagnes des 2 principaux candidats pour essayer de se vendre au plus offrant. Du côté de Harris, il aurait reçu une fin de non recevoir (RFK Jr est perçu comme un mouton noir au sein du clan Kennedy et ses positions me semblent incompatibles avec le programme des démocrates sur une trop grande variété de sujets), du côté de Trump l'oreille aurait été plus attentive.
On verra bien ce qu'il en est demain. Si RFK Jr jette l'éponge ce sera une preuve de plus (pour ceux qui en doutaient encore) qu'il n'y a pas vraiment de place pour une candidature réellement indépendante de premier plan dans le système politique US. La candidature Ross Perot reste un cas unique dans l'histoire politique US contemporaine.
https://www.washingtonpost.com/politics ... net-trump/https://www.cbsnews.com/news/rfk-jr-att ... urces-say/RFK Jr rallierait Trump en échange d'une promesse de ce dernier de le nommer dans une éventuelle nouvelle administration républicaine. Quant à penser que cet éventuel ralliement pourrait donner un avantage électoral substantiel à Trump dans la perspective du scrutin présidentiel, je suis encore moins convaincu. Déjà parce que je reste persuadé que le poids réel de RFK Jr dans les sondages est et a toujours été très surestimé, ensuite parce que pour un Trump qui se prétend toujours officiellement comme le candidat hostile au marais washingtonien ça fait très barbotage dans les manigances politiciennes je trouve. A mon avis, le candidat qui pourrait le plus récolter d'un éventuel abandon de RFK Jr ce serait sans doute la candidat libertarien ? De quoi lui assurer un petit 2% le jour J ?
Avant de faire un retour sur la convention démocrate, mieux vaut tard que jamais, petit retour (forcément assez personnel) sur la convention républicaine. Si j'ai tant tardé c'est parce que pendant cette convention j'étais en vacances dans la Mecque des libéraux US : la toujours très belle ville de San Francisco :). J'ai suivi la convention républicaine avec modération (j'ai beau être accroc à la politique US, je suis pas maso au point de m'infliger l'intégralité d'une convention politique, quel que soit le parti :) ).
C'était assez étonnant : la première journée de la convention, le programme et le ton des discours ont été très fortement impactés par la tentative d'assassinat contre Trump. Tout cela avait un petit goût de célébration messianique du Héros sauvé par la providence divine. Les républicains ont tenté une première journée avec un discours nettement moins négatif que les standards républicains désormais habituels. Cela paraissait très forcé et très peu naturel. Du coup le naturel est revenu très vite sur les jours 2,3 et 4 : haro sur les démocrates et l'Amérique sataniste. De ce que j'ai vu, beaucoup trop d'orateurs différents. C'était très peu lisible et intéressant à écouter : tout le monde a eu le droit à son temps de parole, mais c'était trop cacophonique et chaque orateur disposait de trop peu de temps de parole pour développer réellement un discours cohérent et marquant. La presse US a énormément glosé sur le fait que Melania Trump, la femme du candidat, ait ostensiblement refusé de s'exprimer lors de la convention, cassant là la tradition.
https://economictimes.indiatimes.com/ne ... s?from=mdrQuant au discours final de Trump (l'un des rares que j'ai écoutés en entier) c'était horrible. Sans parler du fond, la forme était un supplice : il a livré le discours de clôture le plus long de l'histoire des conventions politiques US. Près de 2 heures non stop (c'est le second discours le plus long de l'histoire politique US : seul Bill Clinton lors d'un de ses discours de l'état de l'Union avait fait plus long), avec ses soucis de grammaire et de cohérence habituels c'était un supplice pour mes oreilles de francophone. Sur le fond rien de neuf sous le soleil : l'Amérique d'aujourd'hui est l'enfer sur Terre, et seule son élection en novembre (qui selon Trump ne ferait que consacrer son élection de 2020 qui lui aurait été volée) peut changer la donne par sa simple existence.
Quant à la convention démocrate, elle aussi a été très remaniée dans la dernière ligne droite, en cause un changement de candidat assez tardif :). Harris a du apporter sa patte à une convention qui était au départ taillée pour Biden. Ce dernier s'est vu offrir une large intervention sur la première journée afin de passer le témoin à sa VP. Pour le moment ce qui me marque c'est que les démocrates font défiler nettement moins d'orateurs que les républicains, on a du coup le droit à des discours nettement plus structurés. L'autre élément assez classique c'est que les élus démocrates sont souvent de meilleurs orateurs que les élus républicains. J'espère que mon propos ne paraîtra pas trop polémique ou biaisé politiquement : c'est du essentiellement aux cercles dans lesquels recrutent les 2 grands partis politiques US. Du côté démocrates, les élus ont souvent des profils d'avocats, de professeurs ou de travailleurs communautaires. Bref, des profils à l'aise à l'oral et souvent habitués à parler devant des publics nombreux et pas forcément acquis au départ. Là où du côté républicains on recrute beaucoup plus parmi des chefs d'entreprise ou des militaires. Des profils moins habitués à l'art oratoire (et qui lorsqu'ils s'expriment devant des auditoires le font devant des parterres déjà contraints par leurs liens hiérarchiques avec la personne qui s'exprime).
Ceci dit, même si je trouve les discours plus plaisant à écouter côté démocrates (sur la forme en tout cas), je suis toujours pas maso au point de m'infliger la totalité des discours en question :).
J'ai fait pour le moment 3 exceptions : les discours des Obama et celui du VP Walz. Clairement le charisme et le talent oratoire des Obama n'est plus à démontrer : les républicains peuvent s'estimer heureux que monsieur soit interdit de se représenter par la constitution et que madame n'ait aucune envie de se lancer dans l'aventure. Je pense que la candidature d'un de ces deux là garantirait une victoire large du ticket démocrate, peu importe le candidat républicain. Mais les deux ont largement rempli leur part du contrat : faire des discours alliant aussi bien le service après vente de la candidate démocrate que les attaques contre le candidat républicain, le tout en électrisant les sympathisants démocrates.
Quant au discours de Walz, il a joué à fond la carte homme du terroir.
Deux éléments plus originaux à souligner :
1) le roll call où les délégations de chaque état votent pour le candidat officiel du parti. D'habitude c'est long, forcé et franchement très fastidieux. C'est la première fois que je vois un roll call sympa à regarder : chaque état s'est vu gratifier d'une musique personnalisée, chaque délégation avait son guest star originaire de l'état (que ce soit un people, un politicien ou un membre de la société civile très connu), et les orateurs donnaient l'impression de beaucoup s'amuser.
2) à l'issue de ce roll call, la convention à Chicago a ouvert une liaison live avec la candidate et son VP potentiel qui tenaient au même moment un autre meeting à Milwaukee au Wisconsin, dans le lieu même où s'était tenue la convention républicaine un mois plus tôt. Les démocrates ont donc démontré qu'ils arrivaient à remplir deux arenas pleines à craquer simultanément pendant leur convention. Démonstration de force et troll du camp adverse qui ont fait leur petit effet.
Ce soir c'est au tour de la candidate de clôturer le bal par son discours final. Pour le moment les démocrates peuvent se réjouir grâce à 2 éléments : les audiences de la convention démocrate sont assez nettement supérieures à celles de la convention républicaine (il faudra voir si ce sera aussi le cas avec le discours de la candidate ?) et pour l'heure les manifestations pro palestiniennes sont restées très feutrées et pacifiques. Les démocrates étaient terrifiés à l'idée que la convention Chicago 2024 ressemble à la convention Chicago 1968 (où les manifestations anti guerre du Vietnam avaient largement dégénéré dans les rues).
https://www.newsweek.com/dnc-tv-ratings ... nc-1942197https://tvline.com/ratings/dnc-conventi ... 235321171/