de Corondar » Lun 14 Jan 2019 23:50
Rendons à César ce qui est à César : parmi les candidats officiellement déclarés, le premier chronologiquement est Donald Trump, qui a fait acte de candidature quasiment le jour de son investiture. Il a depuis amassé pas loin de 100 millions de dollars pour sa campagne, avec beaucoup de petits donateurs mais pas que (avec une enquête en cours sur de possibles pots de vins et détournements de fonds avec le comité d'organisation de son investiture justement...). On a déjà son slogan (lui aussi déposé depuis un moment) : Keep America great again (à priori l'Amérique est redevenue grande dès le 20 janvier 2017...). Et les instances du GOP ont fusionné avec celles de son comité de campagne (mouvement pas unique : d'autres anciens présidents en quête d'un second mandat l'avaient fait aussi). L'antenne républicaine de Caroline du Sud envisage sérieusement de supprimer ses primaires pour 2020 afin de se rallier d'ores et déjà au président-candidat (à moins que ce ne soit un candidat-président ?).
Tout cela fait soulever quelques sourcils républicains, mais personne ne bronche : Trump a réussi son OPA sur le GOP.
Peut-être qu'un républicain pas trop vieux prendra date pour l'avenir en se présentant contre le Donald lors des primaires, histoire de préempter un éventuel créneau anti-Trump lorsque l'heure d'inventaire sera venu ? Mais de là à représenter une menace pour le républicain qui pourrait réellement abattre quelqu'un en pleine rue face caméra sans perdre une voix auprès de sa base (dixit l'intéressé lui même), surement pas. En tout cas, si Dieu lui prête vie, il ne fait aucun doute que Trump sera le candidat du GOP en 2020 pour viser le fameux Four more years.
Côté démocrates, tout cela est beaucoup plus incertain et devrait ressembler assez au tableau des primaires républicaines de 2016 ; pléthore de candidats. Chronologiquement, de ce côté là de l'échiquier, le premier à s'être lancé c'est John Delaney, représentant du Maryland qui a lancé sa candidature en juillet 2017. Depuis il arpente ardemment l'Iowa et le New Hampshire, espérant créer la surprise en refaisant le coup de Carter en 1976. Hélas pour lui, les temps ont changé et je ne crois pas qu'un tel scénario puisse se reproduire de nos jours, mais qui sait...
Si Warren n'a pas encore officiellement lancé sa campagne, son comité exploratoire laisse peu de doutes sur le fait qu'elle va tenter l'aventure. Parmi les autres candidats officiels on a donc désormais Tulsi Gabbard (une ex vétéran issue de l"aile gauche et élue d'Hawaï : sa candidature peut mordre sur l'espace de Sanders) et Julian Castro (ancien maire de San Antonio et ancien de l'administration Obama, il fut sérieusement envisagé par Clinton comme VP potentiel en 2016 comme caution latino...).
Les sondages (qui ne veulent rien dire aussi tôt : pour l'heure c'est à celui qui est le plus connu...) indiquent que les 2 favoris pour la course démocrates seraient Joe Biden (ex VP d'Obama, un type très sympathique et centriste, qui en campagne s'est toujours révélé assez catastrophique :) ) avec environ 1/3 des voix et Bernie Sanders (sénateur du Vermont, ultra libéral) avec environ 20% (ce qui est très bas par rapport aux plus de 40% qu'il a engrangés lors des primaires de 2016). Suivent derrière plein d'outsiders, parmi lesquels Beto O Rourke semble avoir tiré son épingle du jeu avec les midterms (les sondages le créditent désormais de la 3e place, autour des 10%, avec une grosse marge de progression vu qu'il est peu connu du grand public). Mais on peut aussi citer Cory Booker (sénateur du New Jersey), Kamala Harris (sénatrice de Californie), Kirsten Gillibrand (sénatrice de New York), Sherrod Brown (sénateur de l'Ohio), Amy Klobuchar (sénatrice du Minnesota), et j'en oublie surement quelques uns (mais ce sont sans doute là les principaux).
Rappelons que le gagnant est assez souvent un type (ou une femme ?) à peine sur les radars 2 ans avant, et que les scrutins des primaires présidentielles de 2008 (Clinton ne pouvait perdre la nomination démocrate) et 2016 (Trump n'avait aucune chance) ont appris l'humilité quant aux pronostiques politiques... Je suis incapable de savoir qui sortira du chapeau démocrate.
Je me bornerai à constater que les deux "favoris" démocrates sont très âgés (face à un Trump également très âgé c'est peut-être pas si important ?), très mâle blanc (est ce que ça donnera envie à la base démocrate ?), et que les outsiders ont des profils fort différents. L'élément le plus important des primaires démocrates sera sans doute la ligne : recentrage ou à gauche toute ? Les évolutions des dernières années plaident plutôt pour un basculement à gauche. Au moins sur la protection sociale, l'environnement (face à Trump en même temps, il ne faut pas faire grand chose pour passer pour un écolo pur et dure :) ) et le salaire minimum. La hausse des impôts pour les plus riches semble aussi un élément incontournable. Là où c'est nettement plus sujet à débat c'est sur le protectionnisme économique et le contrôle des banques et des lobbies. Sur les questions de société je pense par contre que c'est désormais de l'histoire ancienne : le parti démocrate est désormais pro-choice, en faveur des droits des minorités de toute sorte (l'évolution sur les questions LGBT est à cet égard édifiante) , et en faveur d'un durcissement des législations sur les armes à feu.
Pour le fun, on a déjà un premier sondage par état concernant la générale, et oui, hélas...Je vous le mets quand même, même si ça a encore moins de valeur que ceux sur la primaire démocrate. Cela concerne la Caroline du Nord (un swing state désormais). Biden aurait 5 points d'avance sur Trump et Sanders en aurait 3. Warren et Harris seraient à égalité avec le président sortant, O Rourke serait battu d'un petit point.