La gestion de la région Ile-de-France par Valérie Pécresse est entachée de soupçons de favoritisme. Mediapart évoque deux affaires. Dans la première, le directeur de la transformation, Ulysse Dorioz, chargé d'encadrer la modernisation de l'administration après le déménagement du siège du conseil régional à Saint-Ouen, est accusé d'avoir avantagé son ancienne entreprise de conseil en management :
Le déménagement du siège régional à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) était dans ce cadre une promesse de campagne de Valérie Pécresse pour réaliser « des économies substantielles » à la fois en termes de loyers – ceux-ci étant nettement moins élevés que dans le VIIe arrondissement de Paris –, mais aussi parce qu’il devait s’accompagner d’une « révolution » dans la façon de travailler des services.
Le nouveau « directeur de la transformation » chargé de piloter l’opération, Ulysse Dorioz, est un jeune consultant en management recruté il y a deux ans. Et il a de grandes ambitions pour la Région puisqu’il souhaite rien de moins que « créer la première administration moderne, ouverte et innovante qui libère le travail au service du Francilien »,
comme il l’indique sur son profil LinkedIn.
Pour opérer cette grande révolution managériale, et créer « la première administration publique libérée de France », la Région a mis les moyens.
C’est le groupe Colombus Consulting qui, au travers de deux marchés, d’un montant total d’un million d’euros, s’est vu confier la mission « d’accompagnement aux changements des collaborateurs ». Or selon les documents que s’est procurés Mediapart, celui qui a suivi cet important marché pour le compte de la Région, Ulysse Dorioz, était, juste avant d’être recruté par la Région pour orchestrer cette transformation, senior consultant chez… Colombus Consulting !
L’actuel « directeur de la transformation » a en effet d’abord été recruté par la Région comme « chargé de mission » en décembre 2016. Dans un mail aux équipes, il est présenté comme ayant « pour mission de s’assurer du suivi des marchés et de toute la logistique jusqu’à [l’]emménagement à Saint-Ouen ». À charge aussi pour lui de mettre en place « un véritable projet d’administration – dématérialisation des procédures, télétravail, management collaboratif ».
SourceL'autre affaire concerne la rénovation des lycées dans le cadre d'un marché de partenariat (nouveau nom du PPP, ou partenariat public-privé) :
Ce vendredi, la commission d’appel d’offres de la Région Île-de-France a voté pour la construction de deux lycées, à Palaiseau et à Pierrefitte-sur-Seine, pour un montant total de 150 millions d’euros. Ce vote s’inscrit dans le cadre du plan d’urgence pour les lycées, de 5,1 milliards d’euros sur dix ans, adopté par la Région en début de mandature.
Jusqu’ici, rien que de très normal, les deux constructions se justifiant par d'importants besoins localement. Sauf que le choix de Vinci Construction pour réaliser ces gros chantiers laisse planer de forts soupçons de favoritisme. Le directeur général adjoint chargé du pôle lycées, Patrick Tondat, qui a suivi du début à la fin ce dossier, étant avant de rejoindre la Région un cadre important de… Vinci Construction.
Élue en décembre 2015, Valérie Pécresse a fait venir à son cabinet un certain Patrick Tondat en tant que « conseiller en charge de l'Immobilier et de l'Aménagement au sein du Cabinet de la Présidente ». Celui qui était jusque-là directeur Grand Paris chez Vinci Construction la rejoint pendant six mois à son cabinet où, comme il l’écrit lui-même sur son profil LinkedIn, il s’occupe alors du « plan d'investissement dans les lycées et autres thématiques liées à l'immobilier et à l'aménagement ».
À ce poste, il supervise donc directement le plan d’urgence pour les lycées, de 5,1 milliards d’euros sur dix ans. Au bout de six mois, Patrick Tondat devient DG adjoint chargé du pôle lycées. Et va donc pouvoir suivre, dans les faits, les attributions de marché. Autre petit détail à ne pas négliger, l’homme est de longue date un fervent défenseur des partenariats public-privé (PPP), dont la Cour des comptes n’a cessé de rappeler qu’ils étaient rarement avantageux pour les finances publiques.
SourceJe rappelle que le dernier président de droite de la région avant Valérie Pécresse, Michel Giraud, avait dû renoncer à se représenter à cause d'une affaire sur le financement des lycées d'Île-de-France, plus précisément les irrégularités dans les appels d'offres, avec en plus une affaire de prise illégale d'intérêts.
https://www.lexpress.fr/actualites/1/po ... tml?actu=1On me dira que l'histoire ne repasse pas les plats. C'est vrai. Mais deux affaires similaires à plus de 20 ans de distance...
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