alamo a écrit:Juste pour la culture générale, la fameuse "règle des cinq ans" brandie par la cheffe de file des Verts Parisiens date de 1938.
Epoque où le Conseil municipal de Paris était dominé par l'extrême droite, issue des élections de 1935, et présidé par Gaston Le Provost de Launay, Croix de Feu, proche des Camelots du Roi et des autres ligues d'extrême droite avac lesquelles il avait défilé en 1936. Obsédé par la lutte contre les "judéo-maçonniques", xénophobe, antisémite, ancien dirigeant de la Ligue Patriote antidreyfusarde, il sera décoré de la Francisque par Vichy.
Un héritage à préserver...
On a les références et les filiations que l'on mérite, étonnant quand même dans le cas présent pour des gens si prompts habituellement à adopter la "cancel culture" comme on dit aujourd'hui.
Bon c'est plus probablement de l'inculture crasse, du même niveau que le discours sur les immigrés italiens de Manon Aubry...
SALVAT a écrit:Merci Alamo d'avoir enrichi mes connaissances sur les "compagnons de route"... ou de manifestation ...d'un futur Président de la V° République.. et d'avoir détaillé les motivations et slogans, d'alors, proférés par ce futur élu par la Gauche Unie ...!
Bertrand SALVAT
Je suis perplexe : à partir du moment où une idée quelconque serait défendue à une époque quelconque par un mouvement quelconque, alors cette idée devient automatiquement la propriété de ce mouvement quelconque pour toute éternité ? Et reprendre cette idée ferait donc forcément de la personne qui le reprend à son compte un membre partageant toutes les valeurs et pensées du mouvement en question ?
Ce n'est pas parce qu'une idée est reprise (partiellement ou en totalité, voire même créée) par un parti particulier, que cette idée devient marquée de manière indélébile du sceau du parti en question.
Pour résumer, dans la panoplie programmatique d'un parti d'inspiration fasciste il y a tout un tas d'éléments programmatiques et philosophiques d'essence fasciste, et d'autres pas du tout. Je ne conçois pas pour autant que toute idée revendiquée par un parti fasciste devienne fasciste. Et par extension, je ne conçois pas que toute personne qui serait favorable à une idée d'inspiration non fasciste mais utilisée par des fascistes deviendrait à son tour fasciste...
Cette remarque de ma part étant faite, venons en à l'idée qui nous occupe ici.
Ce n'est pas la première fois que j'entends évoquer l'idée de laisser passer un délai de temps entre la mort d'un individu et la promotion de la mémoire de cet individu en donnant son nom à un lieu publique. Je ne saurais dire ni où ni quand je l'ai déjà entendue, et, plus important, je ne saurais tracer avec précision l'origine et, surtout, l'implantation exacte de cette idée : Paris est-elle le seul endroit en France à avoir ce genre de règles ? Si j'en crois cet
article, cela semble peu probable...
En soit, indépendamment du cas qui nous occupe, c'est une idée dont je perçois tout à fait l'intérêt historique pour la mémoire d'une personnalité historique. Mais même dans le cas d'une personnalité anonyme au moment de son décès et qui aurait été victime d'une barbarie sans nom suite à un événement dramatique, je comprendrais aussi l'intérêt que pourrait avoir une telle règle.
J'espère ne choquer personne, et j'insiste sur le point capital que l'exemple hypothétique que je vais développer ne concerne en rien le cas de Samuel Paty.
Il arrive parfois, lors d'événements tragiques, surtout lorsque ces événements tragiques résonnent d'une ampleur médiatique énorme au sein d'une population gagnée par une émotion fort légitime, que certains faits ou éléments qui paraissent établis sont en fait très déformés et mal interprétés. Et il arrive parfois que la réalité de l'opinion à un instant T soit démentie plusieurs mois ou années après la retombée des passions, et que certains éléments qui semblaient acquis à cet instant T ne le soient plus du tout plus tard. Bref, cette règle des 5 ans (ou 10, ou 15...) pourrait servir à justement se prémunir d'éventuelles passions immédiates et irréfléchies (encore une fois, j'insiste : je ne dis pas que ce soit le cas de Samuel Paty). J'ai du mal à voir dans cette idée de délai une idée fascisante. Et j'ai du mal à voir comment quelqu'un qui pourrait défendre cette idée pourrait être accusé de dérive (ou "d'héritage", ou "d'inspiration") fascisante au nom de cette seule idée, sous prétexte que cette idée aurait été défendue il y a plus de 80 ans par une personne aux penchants fascistes avérés par ailleurs.