de cevenol30 » Lun 25 Juin 2018 14:43
Certes, il s'agissait d'un retour ou d'une réannexion après une annexion allemande. Mais ce n'est pas parce que la population a accueilli les poilus joyeusement qu'il ne s'agit pas d'une annexion au sens neutre du terme: un territoire qui n'était pas dans un Etat se met à en faire partie et à se voir appliquer son ordre juridique. Et, cas assez unique, ce ne fut pas en appliquant purement, simplement et immédiatement la loi française "de la France de l'intérieur" mais en validant le droit local.
Les lois de part et d'autre avaient en effet changé entre 1871 et 1919: séparation de l'Eglise et de l'Etat en France, création d'une sécurité sociale en Allemagne... le gouvernement français d'alors a accordé aux Alsaciens et Mosellans d'éviter des changements non désirés tout en redevenant français (ce qui était bien le principal). Le retour n'était certes pas forcé (même si seuls les Sarrois ont eu à se prononcer bien plus tard, deux référendums en 1935 et dans les années 50 les refaisant allemands) mais il s'est fait en prenant les populations dans le sens du poil, quitte à faire quelques entorses à des principes que la majorité "bleu horizon" ne partageait pas forcément (notamment en évitant de répéter en Alsace-Moselle les conflits apparus autour de l'application de la loi de 1905 abolissant le concordat, loi que la majorité d'alors ne portait probablement pas aux nues).
Personne depuis ne s'est attaqué à l'existence même d'un droit local spécifique et peut-être que ce n'est pas pour demain, quoique l'existence d'un échelon régional ou d'une préfecture de région plus large pourrait favoriser une dilution même si ce serait avant tout à l'Etat d'en décider. En tous cas, le droit local est loin de n'être défendu que par les autonomistes (qui veulent d'ailleurs l'étendre plutôt que de le garder tel quel), PS et LR locaux (ou leurs ancêtres politiques) étant notamment pour beaucoup dans son maintien.
Par la suite, il y a eu plutôt des revendications locales d'autonomie et de maintien de la culture locale (et de la langue régionale alsacienne).
La proposition d'Unser Land a ceci de nouveau, si je comprends bien, qu'il y aurait des transferts de compétences habituellement dévolues à l'Etat central ainsi qu'un contrôle alsacien-mosellan sur l'évolution du droit local et non plus une loi (plus ou moins) distincte de celle de la "France de l'intérieur" mais validée par le Parlement français.