Exactement en même temps, à Nantes, la préfète Nicole Klein annonce en conférence de presse que « la phase d’expulsion et de déconstruction [des cabanes] est maintenant terminée », et qu’« une nouvelle phase doit s’ouvrir ». Elle sourit, mais la scène a un air surréaliste alors que des grenades assourdissantes explosent de nouveau dans la forêt de Rohanne et que des personnes sont juchées sur le toit de la Wardine, un des lieux de vie et de fête de la ZAD. Elle propose une réunion « le plus rapidement possible » avec la délégation issue du mouvement anti-aéroport et espère pouvoir « retrouver le collectif » de zadistes qui en fait partie.
Mais l’une de ces trois personnes a failli perdre sa maison lors de l’opération d’expulsion. Construite aux Vraies Rouges, tout près de la plus ancienne cabane de la ZAD, elle a échappé de peu au blindé qui menaçait d’écraser ce lieu de vie collectif. La représentante de l’État a assuré « arrondir les angles » et présenté aux journalistes un formulaire simplifié pour déposer un projet agricole auprès de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). La Chambre d’agriculture a aussitôt protesté contre cette entorse aux procédures habituelles. Elle demande aux zadistes qui souhaitent rester de faire connaître leur nom, leur projet et le numéro de parcelles envisagées d’ici le 23 avril, afin d’entamer un « processus de régularisation ». Ces démarches individuelles, ils les ont jusqu’ici refusées au nom du cadre collectif qu’ils tiennent à conserver, afin de mutualiser leurs moyens, leurs envies et d’éviter le morcellement des terres.
Cette opportunité est « offerte une dernière fois », insiste la préfecture, qui estime que l’État a déjà fait preuve d’une « grande ouverture ». Comble de l’ironie : les personnes venant de se faire expulser de leur lieu de vie – à l’image de la ferme collective des Cent noms – peuvent remplir un dossier d’installation en vue de leur retour sur la zone. Comment ne pas ressentir la sensation d’un immense gâchis après la destruction de leur bergerie, de leur maison collective, et le déplacement de leur troupeau de brebis. L’une d’elle est morte dans le déplacement précipité du troupeau. Mardi, Sarah, leur éleveuse, a donné une conférence de presse, l’animal mort dans ses bras, les larmes aux yeux. Il faudra du temps et de véritables gestes d’apaisement pour que la confiance envers la puissance publique puisse renaître.
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