Les palmarès des collectivités locales en terme de gestion

[Jean-Philippe]

Le Point a publié le palmarès des villes les mieux (et les moins bien) gérées de France :

Les chiffres intègrent les comptes de la commune et ceux de son agglomération, mais sont rapportés par habitant. Le palmarès est établi selon la moyenne de six critères : la dette, la solvabilité (capacité à rembourser la dette), les dépenses d'équipement (investissements), les charges de personnel, la rigidité structurelle (marges de manoeuvre financières une fois toutes les charges payées) et les impôts locaux.

Impossible évidemment de dire qu'un camp politique gère mieux qu'un autre, d'autant plus que beaucoup de situations critiques sont des héritages (à Saint-Étienne et Nice notamment).

Dans les villes les moins endettées (par habitant), on retrouve Villemomble, Neuilly-sur-Marne et Puteaux (avec moins de 20 euros) contre plus de 11 000 à Levallois-Perret.

Parmi les départements, sur une note de 10, on va de 8,6 pour l'Indre à 2,4 pour le Tarn.
Pour les régions, la Martinique et l'Aquitaine sont en tête avec 8 et 7,6 contre 3,8 et 3,4 pour l'IDF et le NPdC.

Les départements moins urbanisés s'en sortent souvent mieux, de même que ceux qui sont plus dynamiques démographiquement parlant, mais il y a des contre exemples (Haute-Marne et Bouches du Rhône s'en tirent bien).

[Jean-Philippe]

La communauté d'agglomération Plaine Commune (CAPC), la plus grosse intercommunalité d'Ile-de-France, court le risque d'un endettement « insoutenable » si elle n'enraye pas la croissance de ses dépenses. C'est ce que révèle un rapport de la chambre régionale des comptes, que Le Monde s'est procuré, remis en octobre et qui doit être débattu par les élus communautaires, mardi 26 novembre.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/11/26/en-ile-de-france-plaine-commune-risque-un-endettement-insoutenable_3520745_823448.html

Dans une enquête d'Envoyé spécial la semaine dernière, le même genre de gabegie était dénoncé.

Que ce soit le nombre élevé de vice présidents (27 pour l'agglo de Perpignan ou de Laval, 43 à Aix-en-Provence, 45 à Rouen et 51 (+ 2 présidents délégués) à Mulhouse : dans une agglomération, une vice-présidence accordée à tous les maires permet en effet de contenter tout le monde (du moins les élus)), de doublons (dans les communes et les communautés de communes) et la rareté des transferts de personnels et donc des économies d'échelle, à cause en partie de pratiques clientélistes, tout cela contribue au niveau élevé des impôts locaux dans de nombreuses collectivités et par répercussions, le haut niveau du FN qui peut à loisir développer un discours poujadiste anti élites qui passe d'autant mieux que ces pratiques sont visibles partout.

Parmi les grandes réformes que pourrait lancer le gouvernement, celle-ci pourrait être mise en tête de pile, au risque de mécontenter un peu plus les élus locaux qui y verraient une tutelle, marquant, selon l'argumentaire qui serait le leur, un retour en arrière dans la libre administration des collectivités locales.
Quelques pistes : un contrôle accru des cours régionales des comptes (avec une plus grande publicité donnée à la publication de ses rapports) et une législation obligeant les élus à une gestion plus sobre des deniers publics, notamment pour les frais de fonctionnement.

[Oskial]

Dans une enquête d'Envoyé spécial la semaine dernière, le même genre de gabegie était dénoncé.

Je en suis pas sûr que l'on puisse mettre sur le même plan l'endettement d'un établissement public de coopération intercommunale et le nombre de ses vice-présidents et appeler cela "gabegie" (d'autant que Plaine Commune n'a "que" 19 vice-Présidents pour 9 communes rassemblées). Le choix des indicateurs est évidemment essentiel et rend souvent l'électeur quelque peu schizophrène : d'un côté, je me délecte des bons ou mauvais points accordés à tel ou tel édile sur son endettement et, de l'autre côté, j'aspire à vivre dans un territoire le plus "équipé" possible.

Car l'endettement n'est pas la traduction d'une gabegie mais d'un très fort niveau d'investissement : les collectivités qui n'investissent pas, qui ne construisent pas, qui ne refont pas leur voirie, qui ne rénovent pas leur éclairage public etc. n'auront jamais un niveau d'endettement important. Le vrai indicateur, c'est la part d'investissements qu'elle est capable de financer avec ses propres ressources (dotations de l'Etat et fiscalité locale pour l'essentiel) : c'est ce que l'on appelle l'autofinancement. S'il est élevé, c'est incontestablement un signe de bonne santé financière mais toujours pas un signe de bonne gestion. En effet, plus la collectivité a des ressources propres élevées, plus l'autofinancement sera élevé : ainsi, la ville de Puteaux, grâce à la Défense, a des ressources très élevées, un autofinancement très élevé, un endettement très très faible mais une gestion contestée par la Cour des Comptes...

[Jean-Philippe]

Je suis d'accord avec toi, ma formulation a été un peu maladroite. Mais il est assez rare qu'il n'y ait pas dans une agglomération l'un des effets pervers de l'intercommunalité, même si certains ont plus ou moins d'effets sur les comptes publics : de nombreux vice-présidents pèsent souvent moins qu'un équipement surdimensionné ou des recrutements de complaisance nombreux.