de ligerien » Jeu 3 Jan 2013 14:03
C'est de l'histoire, de l'évolution urbaine, de la géographie physique, des tracés autoroutiers et enfin des équilibres et intérêts politiques...
Un peu d'histoire pour commencer, la Loire a été créée en 1793 par partage de l'ancien département de Rhône et Loire... ce qui explique la petite taille actuelle de ces 2 départements... Le chef-lieu fut Feurs pendant 2 ans, Feurs qui a une longue histoire puisqu'elle était déjà une cité gallo-romaine. Montbrison fut ensuite le chef-lieu pendant 60 ans. Ces 2 villes avaient une position centrale dans le département.
Saint-Etienne était déjà la ville la plus peuplée du département à la Révolution, le charbon et la révolution industrielle ne feront que renforcer cet état de fait : 25 000 hab en 1793, 56 000 en 1851, 94 000 en 1856, croissance ininterrompue jusqu'aux années 60 (du XXème siècle) pour dépasser les 223 000 habitants, x9 par rapport à la Révolution. Un peu plus de 170 000 actuellement, et comme pour toutes les grandes villes, une croissance des communes de la périphérie immédiate.
En comparaison, le maximum de Montbrison est actuel à 15 000 habitants, le triple de la Révolution. Le maximum de Feurs est aux alentours de 8000 habitants, là aussi le triple par rapport à la Révolution. Pour compléter le panorama, Roanne : 8 000 hab à la Révolution, un maximum à 55 000 dans les années 70, plus que 35 000 désormais.
On voit donc au fil du temps un déplacement net du centre de gravité du département vers le Sud, mais aussi un écartèlement puisque le Nord s'est plus développé que le centre.
Ensuite, la géographie locale est marquée par 3 massifs : à l'Ouest les Monts du Forez, se prolongeant au Sud d'Ambert, quasiment jusqu'au Puy en Velay, à l'Est, les Monts du Lyonnais et enfin le Pilat au Sud de St Etienne ; marquée aussi par des vallées : vallée de l'Allier remontant de l'Allier, vers le Puy de Dôme et l'Ouest de la Haute-Loire, le brivadois effectivement, et vallée de la Loire remontant de la Saône et Loire, par la Loire puis l'Est de la Haute-Loire. On notera également l'importance de la vallée du Gier pour le développement sur l'axe Lyon- St Etienne.
Pour compléter la compréhension de la situation de la Haute-Loire, 2 mots d'évolution démographique sur le Puy en Velay : 11 000 à la Révolution, un maximum à 26 000 dans les années 70, un plus de 18 000 désormais. Si on compare à l'évolution de St Etienne, et même de Montbrison et Roanne, on voit bien l'évolution des pôles d'attraction. On peut même ajouter l'évolution des communes du Sud stéphanois : Firminy 2 000 hab à la Révolution, 10 fois plus aujourd'hui, soit désormais plus que Le Puy en valeur absolue. On pourrait faire de même sur toute la vallée de l'Ondaine, ou encore au Nord Haute-Loire, par exemple : Monistrol : 4 000 hab à la révolution, le double désormais.
Tu places Le Puy dans la sphère d'influence stéphanoise, c'est à moitié vrai, on dira que c'est la sphère d'influence secondaire. Il y a tout de même un peu plus d'une heure de route, c'est plus que Lyon-St Etienne et c'est une nationale peu évidente subissant fortement les aléas climatiques l'hiver. Autant il y une forte transhumance quotidienne de travailleurs sur l'axe Lyon-St Etienne, ou dans la plaine du Forez, ce n'est pas aussi vrai entre Le Puy et St Etienne. En tout cas, ça ne va pas aussi loin.
Puisqu'il s'est passé une évolution similaire du côté de Clermont-Ferrand, on a une Haute-Loire, au départ centrée sur Le Puy en Velay, désormais plus ou moins privée de ses 2 parties Nord tournées vers les 2 grandes villes plus au Nord.
Au delà des départements, même les limites régionales ne sont pas cohérentes. Brioude en Auvergne c'est normal, Yssingeaux, pas du tout. De cette ville, il faut une grosse demi-heure pour aller à St Etienne, une grosse heure pour aller à Lyon, et 2 heures pour aller à Clermont-Ferrand, en passant par St Etienne ! Pas de besoin de faire un dessin pour voir où les étudiants vont à la fac... Mais les élus du coin donnent leur avis départemental sur Le Puy et régional sur Clermont-Ferrand.
Sans sortir de la région Rhône Alpes, on peut encore citer l'Ain écartelé d'Est en Ouest entre Lyon et Genève, un Nord Isère qui regarde vers Lyon, ou pour une petite partie vers Valence. On a encore, un découpage Drôme-Ardèche désormais pas des plus judicieux comme on ne traverse plus le Rhône en barque ou la nage, mais sur de nombreux ponts. On a des villes très liées de part et d'autres du fleuve, comme Tain/Tournon. Et pourquoi le canton de Bourg-Argental, celui du président du conseil général de la Loire Bernard Bonne, qui doit subir un triple pontage ces jours-ci, n'est-il pas en Ardèche ? Il lui faut franchir un col à 1200 m (La République) pour se rendre dans la préfecture... c'est plus simple d'aller au Zoo de Peaugres (pour ceux qui connaissent...)
Mais le redécoupage par rapport aux réalités actuelles est un sujet complexe, ça nous permettra de reparler de Roanne...
L'inconvénient d'une vision à partir de pôles métropolitains, c'est que ça donne des zones laissées pour compte. Si on considère les "capitales" régionales Lyon, Clermont-Ferrand, St Etienne, Grenoble, ou encore Valence. On se retrouve avec des zones à plus d'heure de ces villes, par exemple Roanne, donc, Le Puy, aussi, avec une zone d'attraction propre réduite à la portion congrue. Que faire de ces zones ? Comment faire qu'elles ne soient pas laissées de côté quand on trace une autoroute ou une ligne de TGV ? Avoir un maire qui s'appelle Laurent Wauquiez, et encore... Pas facile.
Si on en vient aux équilibres politiques, équilibres instables... On a parlé du "grand Roanne" qui fâche du monde, mais récemment il y a aussi eu du remue-ménages à Andrézieux et La Fouillouse qui ont quitté l'intercommunalité de St Galmier pour St Etienne Métropole. Pas question de logique partisane puisque 2 communes de droite rejoignent une métropole tenue par la gauche. Sans vouloir me fâcher avec les autres communes du "Pays de St Galmier", c'est de la logique tout court, par exemple le Sud de La Fouillouse à accessible, à pied (!), depuis le terminus Nord du tramway de St Etienne (CHU Hôpital Nord à St Priest En Jarez).
Une preuve parmi d'autres de la puissance d'attraction de ces métropoles.
Je suis perplexe sur le regroupement du reste du Rhône avec la Loire. St Etienne se fiche déjà sans doute du roannais, alors le beaujolais... Dans une telle configuration, je vois plutôt St Etienne vouloir monter sa métropole comme Lyon, ou s'y atteler plus ou moins... Les 2 tiers de la Loire de rallieraient à St Etienne, facilement jusqu'à Montbrison ou encore Feurs. Un nouveau département entre Roanne et Villefranche sur Saône, peu évident... la partie rhodanienne voudra sans doute rester proche de Lyon.
On pourrait alors prolonger le découpage à la Saône et Loire, le maconnais avec le Nord du Rhône. On s'attaque donc à une 3ème région, la Bourgogne. Mais on aura encore une zone pas évidente à unifier entre Roanne, Vichy, Moulins et Gueugnon.
On brocarde à volonté le mille-feuille administratif, mais je suis de plus en plus convaincu qu'il s'agit d'un mal nécessaire. Les structures se fédérant autour de leurs besoins : réseau d'eau, ordures ménagères, écoles, collèges, lycées, routes, facs, autoroutes, desserte ferroviaire, etc... Travailler à le simplifier est louable et nécessaire, prétendre arriver à des solutions simplistes, c'est de l'escroquerie.
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ligerien le Jeu 3 Jan 2013 15:04, édité 1 fois.