Je suis surpris que personne n'ait encore évoqué les
élections présidentielles et législatives anticipées en cours en Turquie.
Recep Tayyip Erdogan a voulu précipiter ces élections pour s'affranchir de la dégradation de la situation économique, qui est de plus en plus nette, et pour s'arroger au plus vite les pouvoirs extrêmement étendus que la nouvelle constitution donnera au futur président.
Or l'opposition s'est unie dans une coalition très disparate, voyant ici sa dernière chance de sauver la démocratie en Turquie.
Les élections législatives, qui se jouent aujourd'hui en un seul tour, sont très serrées et incertaines : l'AKP (parti d'Erdogan) est crédité de 40 à ... 60 % des voix selon les sondages et pourrait perdre la majorité absolue à l'assemblée si le parti kurde parvenait à passer la barre des 10 % des voix nécessaires pour avoir des députés. Sinon les voix kurdes non représentées avantageront l'AKP...
Pour les présidentielles Erdogan pourrait être contraint à un second tour, ce qui constituerait déjà un exploit de l'opposition vu le contexte : état d'urgence, purges dans les médias, l'enseignement, l'armée, la justice etc..., censure d'internet et autres "entorses" à la vie démocratique.
Rien n'est perdu pour Erdogan, qui pourrait encore, peut-être, gagner ces élections "à la régulière" du fait de l'exacerbation des clivages politiques qu'il a provoquée - il suit en cela son grand modèle Vladimir Poutine, mais il n'est pas le seul (cf les clivages de plus en plus vifs qu'on retrouve dans le Royaume-Uni suite au référendum "Brexit", ou encore les cas de la Pologne, de la Hongrie, des États-Unis trumpiens...).
Mais c'est incertain, aussi l'opposition craint une fraude électorale massive et se mobilise pour surveiller le processus électoral.
Dans ces élections se jouent aussi - entre autres - l'avenir de la Syrie, de l'Union européenne, de l'OTAN, des relations avec la Russie, des crises kurde et arméno-azerbaïdjanaise, des réfugiés qui cherchent à rejoindre l'Europe etc... Tous ces sujets internationaux brûlants sont confrontés à des interférences cruciales avec la Turquie.
Vivement que la Turquie puisse rejoindre l'Union Européenne et qu'elles renforcent le caractère démocratique de leurs institutions !