Vous avez raison, Boris Johnson va mieux et est sorti d'affaire.
Il a fait un émouvant discours sur la NHS, saluant l'importance du système de santé, remerciant nommément les soignants qui se sont occupé de lui, notamment - avec une certaine honnêteté - à « Jenny de Nouvelle-Zélande et Luis du Portugal ». Beaucoup ont noté que les conservateurs n'étaient pas des grands amis du système public (même si la NHS est longtemps resté une exception) et qu'avec le Brexit Luis aura sans doute eu peu de chance de rentrer aussi aisément dans le système.
On verra ce que cela impliquera pour Johnson, on ne doit pas sortir complètement identique d'une telle expérience (d'autant plus que sa femme accouchera bientôt, bref on doit avoir d'autres perspectives). Je ne parle évidemment pas de remettre en cause le Brexit, mais d'avoir une approche différente du service public et des travailleurs étrangers.
J'en profite pour glisser cet article du Monde qui expose la surmortalité des "BAME" (Britanniques noirs, asiatiques ou issus d’autres minorités) dans les soignants touchés par le Covid-19. Cela reste dans le sujet tout en élargissant. A ce jour les dix médecins décédés appartenaient tous à cette catégorie, comme 14 des 25 autres soignants décédés.
Une proportion incomparable avec leur part de la population, mais la NHS a massivement fait appel aux travailleurs étrangers, notamment du Commonwealth (pour qui le Brexit ne doit rien changer j'imagine ?) mais aussi de l'UE. Je vous glisse la conclusion de l'article :
« Le 10 avril, Chaand Nagpaul, président de la British Medical Association, le principal syndicat de médecins au Royaume-Uni, a réclamé une enquête au gouvernement Johnson. "On a entendu que le virus ne discriminait personne, mais il ne fait pas de doute que les populations et médecins BAME ont davantage tendance à développer des formes sévères. Le gouvernement doit s’emparer du problème et agir." Jeudi, le porte-parole de Downing Street a confirmé qu’une enquête sera menée.
Le gouvernement britannique ira-t-il plus loin, en assouplissant par exemple les lois migratoires restrictives qui doivent s’appliquer à la suite du Brexit ? Ian Donald, professeur à l’Institut de santé publique de l’université de Liverpool, en doute. En remerciant "Jenny et Luis", "Boris Johnson a surtout voulu envoyer un message de soutien au NHS dans son ensemble. Il me semble qu’il n’a pas visé les BAME ou les étrangers en particulier. Durant les première et seconde guerres mondiales, énormément de soldats indiens sont morts pour défendre le Royaume-Uni et pourtant, le pays ne les a pas reconnus après-guerre".
Joint par e-mail, Nuno Duarte, un spécialiste du cœur d’origine portugaise, exerçant à Bristol, s’estime "très fier de travailler pour le NHS". Les paroles de M. Johnson lui ont fait plaisir, mais il ne croit pas qu’après la crise "l’opinion générale va changer. (…) Je croise plein de gens sincèrement reconnaissants pour notre travail, mais j’entends aussi régulièrement des commentaires du genre : pourquoi un Anglais ne pourrait-il pas faire ce que vous faites ? ".»
https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/15/coronavirus-etrangers-et-minorites-ethniques-en-premiere-ligne-dans-les-hopitaux-britanniques_6036693_3210.html