La vie politique au Royaume-Uni

[ChristianC.]

Quelqu'un peut-il m'éclairer sur un point?
Hier soir, une motion gouvernementale visant à organiser des élections anticipées n'a pas obtenu la majorité qualifiée des deux tiers requise devant la Chambre des Communes qui, même suspendue pour cinq semaines, demeure donc en fonction.
Or j'avais jusque-là toujours cru que le droit de dissolution était une prérogative souveraine du Premier Ministre britannique, et que celui-ci était donc maître d'organiser quand il le voulait des élections anticipées; ce qu'a encore fait, sauf erreur de ma part, Theresa May en 2017.
La "constitution" britannique a-t-elle changé sur ce point depuis 2017; ou se trouve-ton dans un cas de figure particulier? Pourquoi?
Merci.

[Eco92]

Il semble simplement que non, le premier ministre n'est pas maître. Juste généralement soit le gouvernement est minoritaire ou affaibli et les oppositions veulent retourner aux élections de toute manière, soit il est majoritaire et ça vote ce que veut le premier ministre. Le cas d'un gouvernement minoritaire et affaiblis que les oppositions ne veulent pas dissoudre est un peu une absurdité, liée à une situation très particulière.

En 2017 Theresa May est bien passé par un vote le 19 avril, soit le lendemain de son annonce de dissolution, mais techniquement la Chambre aurait pu refuser. Ils ne l'ont pas fait puisque sa majorité pensait sortir grandement renforcée des élections (qui la privèrent de majorité).

On voit ici le détail du vote, qui était massif puisque le Labour et les Libdem avaient aussi voté pour, j'y apprend qu'un large soutien est d'ailleurs nécessaire car il faut la majorité des deux-tiers : https://www.bbc.com/news/uk-politics-39643804

[Alambic]

Quelqu'un peut-il m'éclairer sur un point?
Hier soir, une motion gouvernementale visant à organiser des élections anticipées n'a pas obtenu la majorité qualifiée des deux tiers requise devant la Chambre des Communes qui, même suspendue pour cinq semaines, demeure donc en fonction.
Or j'avais jusque-là toujours cru que le droit de dissolution était une prérogative souveraine du Premier Ministre britannique, et que celui-ci était donc maître d'organiser quand il le voulait des élections anticipées; ce qu'a encore fait, sauf erreur de ma part, Theresa May en 2017.
La "constitution" britannique a-t-elle changé sur ce point depuis 2017; ou se trouve-ton dans un cas de figure particulier? Pourquoi?
Merci.

Vous décrivez la situation qui prévalait jusqu’en 2011 quand le Fixed Term Parliament Act (https://en.m.wikipedia.org/wiki/Fixed-t ... s_Act_2011) a été voté. Il change le système de la motion de censure ainsi que celui relatif à la convocation d’elections anticipées (qui cesse d’être une prerogative du Premier Ministre). C’était une reforme demandée par les LibDems et convenue avec les Tories dans le cadre du contrat de coalition. Globalement, c’était une mesure demandée auparavant par les partis de gauche au nom de l’équilibre des pouvoirs (pour que le droit de dissolution ne puisse pas être utilisé par convenance personnelle par le PM). C’est la réforme du quinquennat des britanniques en quelque sorte...

[ChristianC.]

Merci pour ces informations. Cela m'avait totalement échappé.

[Etienne92]

Ça bouge sur le front irlandais
http://www.lefigaro.fr/international/brexit-l-optimisme-revient-par-l-eire-20190913
Trop peu, trop tard ? Il va falloir un sacré sprint final pour que cela aboutisse dans les temps mais le pragmatisme anglais peut encore nous surprendre. En tous cas on peut s'attendre à ce que la république d'Irlande appuie de tout son poids toute tentative de ce genre.

[Nico]

Sam Gyimah, ancien Ministre sous Theresa May, député à la Chambre des Communes pour la circonscription East Surrey depuis 2010, annonce rejoindre Les LibDems.

Il faisait partie des 21 députés "rebelles" exclus du Parti Conservateur le 3 septembre.

Il y a désormais 18 députés LibDems à la Chambre des Communes, soit 6 de plus comparé à l'élection générale de 2017 (Victoire de Jane Dodds à l'élection partielle le 1er août 2019 sur la circonscription de Brecon and Radnorshire, départ de Stephen Lloyd, arrivée de Chuka Umunna, Luciana Berger, Angela Smith, Sarah Wollaston, Phillip Lee et Sam Gyimah).

https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
https://www.theguardian.com/politics/20 ... SApp_Other

[Etienne92]

Trop peu, trop tard ? Il va falloir un sacré sprint final pour que cela aboutisse dans les temps mais le pragmatisme anglais peut encore nous surprendre.

Une façon élégante de tenir le délai serait de considérer que maintenant qu'une solution raisonnable est sur la table, le backstop ne fait plus peur, donc l'accord de Theresa May peut être voté.
Ainsi le Royaume Uni resterait dans l'union douanière juste le temps nécessaire pour finaliser la solution irlandaise - basée donc sur un statut spécial pour l'Irlande du Nord limité à certains produits dont les produits agricoles et les animaux, avec contrôles en mer d'Irlande.
Ca ferait de sacrées couleuvres à avaler rapidement pour pas mal de monde, donc les chances restent très minces. Mais si c'est ça ou le no deal (ou, pour imiter Boris Johnson, ça ou être mort au fond d'un fossé), certains n'en sont pas à un reniement près.

[Etienne92]

Trop peu, trop tard ? Il va falloir un sacré sprint final pour que cela aboutisse dans les temps mais le pragmatisme anglais peut encore nous surprendre.

J'ai manifestement été trop optimiste, l'article ci-dessous indique que l'UE n'accepte pas une solution limitée aux produits agricoles et aux animaux.
https://www.independent.co.uk/news/uk/politics/brexit-eu-boris-johnson-deal-plan-deadline-ultimatum-latest-a9111066.html
Je reste cependant convaincu que malgré toute la réthorique actuelle, l'UE n'ira pas au No Deal contre la volonté de l'Irlande.

[PhB]

Trop peu, trop tard ? Il va falloir un sacré sprint final pour que cela aboutisse dans les temps mais le pragmatisme anglais peut encore nous surprendre.

J'ai manifestement été trop optimiste, l'article ci-dessous indique que l'UE n'accepte pas une solution limitée aux produits agricoles et aux animaux.
https://www.independent.co.uk/news/uk/politics/brexit-eu-boris-johnson-deal-plan-deadline-ultimatum-latest-a9111066.html
Je reste cependant convaincu que malgré toute la réthorique actuelle, l'UE n'ira pas au No Deal contre la volonté de l'Irlande.

Tout à fait d'accord, sachant que l'Irlande ne laissera pas reconstituer une frontière sur l'île contre la volonté des Irlandais du Nord (qui ont très majoritairement voté contre le Brexit) comme du Sud. Dans cette optique, le "no deal" - qui laisse la porte ouverte à un accord ultérieur - peut être un pis-aller moins inacceptable qu'un mauvais accord recréant officiellement la frontière par traité international.

[Tirnam]

La position irlandaise est d'ailleurs que l'absence de backstop équivaut à un no-deal.

Mais oui, l'UE ne va pas rejeter une extension si le Royaume-Uni le demande, surtout qu'une élection va (normalement) avoir lieu en novembre ou décembre, une élection a toujours été évoquée comme étant un motif d'acceptation d'extension.

Après il y a toujours la question de ce que va faire Johnson. Il continue de répéter que le RU sortira le 31 octobre, toute la campagne d'information du gouvernement sur le Brexit donne le 31 octobre comme date du Brexit, ... selon cet article (https://www.buzzfeed.com/alexwickham/bo ... deal-or-go) en cas d'absence d'accord Boris Johnson n'appliquera pas la loi votée par le Parlement et il s'attend à ce que la Cour Suprême tranche, le gouvernement plaidant que le Parlement ne peut pas forcer l'exécutif à prendre une décision qui relève de son domaine.

Cour Suprême qui doit rendre en début de semaine son jugement sur la décision controversée de Johnson de suspendre le Parlement.