Tirnam a écrit:Les partis d'opposition se sont visiblement mis d'accord sur une position commune : éviter des élections en octobre. Ils veulent être sûrs que Johnson demandera bien l'extension.
Donc l'opposition votera contre, ou s'abstiendra, sur la motion qui sera présentée lundi soir par le gouvernement sur de nouvelles élections. L'opposition ne présentera pas non plus de motion de censure.
Je trouve cela assez peu démocratique, il y a clairement une opposition entre le Parlement et le gouvernement, le moyen le plus simple c'est de laisser le peuple décider et trancher. D'autant plus que des élections avant le 19 octobre (date à laquelle la loi anti no-deal produira ses effets) sont possibles.
Au lieu de ça on a visiblement une opposition qui a peur des élections et donc qui préfère forcer la main au Premier ministre pour qu'il applique une politique qui n'est pas la sienne.
Je ne sais pas ce que peut faire Johnson, se saborder à travers un vote de confiance qu'il s'arrangerait de perdre pour provoquer des élections ? Dans un scénario d'élections suite à un vote de confiance négatif celles-ci ne pourraient pas avoir lieu avant le 29 octobre, au plus tôt. Et qui sait si on n'aurait pas la situation totalement ubuesque d'une "majorité" qui voterait contre la confiance et d'une opposition qui voterait pour.
J'ai vraiment des difficultés avec le scénario consistant à blâmer le parlement plutôt que Johnson pour la situation actuelle.
Quand ce dernier est arrivé au 10 Downing Street (le 24 juillet), c'est lui qui a décidé de ne pas opter pour une dissolution, ni pour un éventuel nouveau référendum. L'objectif affiché était très clair : obtenir un meilleur deal que Theresa May, et, faute d'accord jugé meilleur, quitter l'UE sans accord le 31 octobre, quoi qu'il arrive.
Lorsqu'il arrive au pouvoir, Boris Johnson sait déjà que sa majorité tient à un fil (1 siège), et que l'assemblée est sans majorité claire (depuis 2 ans) concernant le Brexit. C'est lui qui décide à ce moment là de ne pas dissoudre, et il opte pour une stratégie hasardeuse : tout comme il était persuadé d'obtenir un meilleur deal par magie, il était persuadé que sa majorité le suivrait comme un seul homme, surtout si il utilisait contre son parti et ses députés la menace et les pressions. Pour ce faire, il décide donc de suspendre le parlement, afin d'empêcher ce dernier de pouvoir s'exprimer dans les temps sur la politique du gouvernement.
Et c'est parce que toutes ces savantes stratégies échouent les unes après les autres (pas de nouvel accord négocié, perte de la majorité, dont certains membres semblent peu goûter les menaces du nouveau chef, parlement qui rue dans les brancards devant la tentative de le bâillonner) qu'on se retrouve aujourd'hui dans cette situation. Le calendrier très tardif de tout ça (par rapport à la date limite du 31 octobre) est là aussi la conséquence de choix faits par le premier ministre britannique.
Dire que toute cette situation serait uniquement la faute du parlement me parait un peu hasardeux.
Mais là où moi je ne suis plus le raisonnement britannico-britannique c'est qu'on essaye de nous vendre de futures éventuelles législatives anticipées comme un nouveau vote sur le Brexit ? Pardon ? J'ai du rater une étape dans ce raisonnement. Pour moi, des législatives ça sert à ce que le corps électoral choisisse des députés qui défendront une politique générale, laquelle soutiendra (ou pas) un gouvernement. Les électeurs Britanniques devraient donc se prononcer sur un agenda politique dont le Brexit n'est qu'un élément parmi des centaines d'autres. C'est pas parce qu'on a déjà mal préparé en amont le référendum du Brexit qu'il faut aussi saborder par avance les futures législatives éventuelles. On ne pourra pas lire le résultat de ces législatives comme si c'était un nouveau référendum sur le Brexit. Et le faire serait une grave erreur politique.
J'en reviens à mon point principal : tout cela concerne les Britanniques et uniquement les Britanniques. Pour le Brexit et l'UE je ne vois pas ce que tout cela change. Il y a un deal négocié depuis 3 ans. Ils en veulent ou ils n'en veulent c'est à eux de voir. La date c'est le 31 octobre. Dans l'intervalle, les Britanniques font ce qu'ils veulent de leur gouvernement, de leur parlement, de leurs débats. Si Boris Johnson veut proposer un nouveau référendum, qu'il le dise, et qu'il le fasse. Il a jusqu'au 31 octobre. Si il n'en veut pas qu'il le dise aussi. Et si il veut un autre deal, qu'il propose son deal à lui, et l'UE pourra se prononcer. Eux aussi ont jusqu'au 31 octobre.
Mais si le but de tout ça est d'obtenir un nouveau délai, je réponds à quoi bon ? Se payer 3 nouvelles années de pantalonnades politiques britanniques ? Personnellement je ne vois guère l'intérêt...
Par contre, concernant le dossier irlandais, il y a bien quelques autres scénarios possibles :
1) réunification irlandaise
2) retour de tensions entre Dublin, Belfast et Londres, avec possiblement retour d'actions violentes
Ne connaissant pas la situation irlandaise, je ne sais pas si ces scénarios sont simplement des vues de l'esprit ou des possibilités réelles.