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La vie politique en Grèce

Forum dédié à la vie politique sur le "vieux continent". Réagissez sur les institutions européennes, les élections ou les décisions politiques de nos voisins européens.

Re: La vie politique en Grèce

Messagede ligerien » Sam 11 Juil 2015 06:46

Accord accepté par 251/300. Tsipras a rallié la quasi-totalité de l'opposition hors KKE et Aube Dorée. Pas de défections du côté de l'ANEL.
Du coté de Syriza, 2 contre, 8 abstentions, 7 absents. Parmi les non exprimés, quelques "poids lourds" : Yanis Varoufakis, la présidente du parlement Zoe Kostantopoulou, les 2 ministres Panagiotis Lafazanis et Dimitris Stratoulis.
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede Eco92 » Sam 11 Juil 2015 07:58

ligerien a écrit:Parmi les non exprimés, quelques "poids lourds" : Yanis Varoufakis, la présidente du parlement Zoe Kostantopoulou


N'est-ce pas comme en France ou le président de la séance ne prend pas part aux votes ?

Sur Varoufakis, il a apporté son soutien public au plan et à son successeur sur Twitter et a parlé d'une absence pour raisons de famille. On en pense ce que l'on veut mais en tous cas il na pas cherché à se démarquer.
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede ploumploum » Sam 11 Juil 2015 08:45

alamo a écrit:
ploumploum a écrit:
manudu83 a écrit:Apparemment l'hypothèse avancée c'est que Tsipras pourrait élagir sa coalition au parti To Potami et au Pasok, sur les 149 du bloc Syriza l'aile frondeuse compterait environ 25 députés avec les nouveaux venus il compenserait.

Il passerait ça comme une forme de gouvernement d'union nationale pour sortir de la crise.



La perte du soutien d'ANEL est aussi possible. SI je me souviens bien, le parti souverainiste s'est notamment opposé à l'idée de réduire les exemptions fiscales pour les îles

Pour l'instant, l'attitude de Tsipras ressemble à la capitulation pure et simple et à une trahison de la volonté populaire.
La restructuration de la dette, c'est maintenant qu'il doit l'exiger (discussions promises en 2012) et pas dans 6 mois. Il fera quoi dans 6 mois quand on va lui demander de nouveau des "réformes" ? Il va se coucher une nouvelle fois ?


on va attendre de voir la suite, pour le moment tout le monde joue au poker selon les termes d'usage (je préfère les échecs...) et on a un peu de mal à suivre.
ce qui est certain c'est que si Tsipras trahissait (même si sa tâche n'est pas facile et que la Grèce peut perdre la partie devant la coalition de puissance déchaînée devant lui, comme la Commune de Paris a été écrasée par les Versaillais) à la fois ses promesses et la volonté populaire exprimée lors du référendum, il porterait une responsabilité forte au-delà de ses frontières, en abattant en vol les espoirs suscités par les partis de gauche dans d'autre pays. Il y a des chances que pour une bonne partie de la population, l'esprit de résistance face à la dictature (de moins en moins) molle de l'eurocratie et de la finance ne s'incarne plus que dans l'extrême droite...


C'est ce qui me fait peur : en cas de trahison avérée (pour moi cela en prend le chemin) le dernier recours pour les électeurs grecs est Aube Dorée.
En tout cas, il y a une personne à la Maison-Blanche qui a dû passer quelques coups de fil pour remettre de l'ordre dans la maison...

Et Tsipras qui va passer de zéro à héros pour la "presse" européenne.
Ce sera quoi la une du Point la semaine prochaine ? Après l'avoir insulté de "charlatan", Le Point va t-il glorifier Tsipras ?


Eco92 a écrit:
ligerien a écrit:Parmi les non exprimés, quelques "poids lourds" : Yanis Varoufakis, la présidente du parlement Zoe Kostantopoulou


N'est-ce pas comme en France ou le président de la séance ne prend pas part aux votes ?


Je ne suis pas sûr, mais il me semble que la séance a été présidée par le 1er vice-président de la Vouli.
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede alamo » Sam 11 Juil 2015 09:16

en quittant le Gouvernement, Varoufakis avait bien précisé qu'il soutenait pleinement Tsipras, je ne crois pas qu'il y ait de dissensions entre les deux. il ne semble pas se tromper d'ennemis et la stratégie grecque est en partie d'affaiblir l'Allemagne en utilisant l'obsession européiste de F. Hollande.

http://www.lemonde.fr/international/art ... _3210.html

il a raison, le gouvernement français a chois les Etats-Unis contre A. Merkel. C'est d'ailleurs logique, après tout la construction européenne est bien au départ un projet étatsunien...

on n'épiloguera pas sur la une du Groin, pardon, du Point de F. Pinault, c'est normal qu'un salarié défende les intérêts de son patron; tant qu'il ne se prend pas pour un journaliste...

Même si la presse bien pensante parle avec gourmandise de la "capitulation" de la Grèce, il faut tempérer.
les propositions grecques présentent des différences notables par rapport à ce que les créanciers ont voulu lui imposer :
- maintien du taux de TVA à 7% pour les produits de base,
- exemptions pour les îles les plus pauvres (la situation des différentes îles grecques présente des disparités énormes en fonction de leur potentiel touristique,
- maintien jusqu’en 2019 du système d’aide aux retraites les plus faibles.
- mesures de luttes contre la fraude fiscale et la corruption, qui faisaient parties du programme initial de Syriza, et ne sont donc pas une acceptation de dictats extérieurs
- augmentation de l'impôt sur les Sociétés (28% au lieu de 29%, mais au départ les créanciers s'opposaient au principe même

à côté se cela, effectivement, nombre de demandes des institutions ont été acceptées. pour certaines (taxation de l'église orthodoxe ou réduction des dépenses militaires), Syriza avait juste besoin de les présenter comme imposées par l'extérieur pour les faire avaler, mais n'e est pas mécontent.
pour d'autres, cela va être plus difficiles de les expliquer à une population qui s'est davantage radicalisée que ses députés, et Syriza prend un risque politique réel.

mais en face, Tsipras peut faire valoir ses conditions d'acceptation :
- reprofilage de la dette à partir de 2022, aboutissant à la reporter dans le temps de manière à la rendre viable (la Grèce a besoin de souffler un peu et de redresser son économie, et Tsipras de gagner du temps)
- aide de 53 milliards sur trois ans,
- déblocage d’un plan d’investissement (« plan Juncker »), à relativiser cependant puisque ce plan inclut largement des sommes prévues, mais non versées, par l’UE au titre des fonds structurels.
- engagement contraignant à l’ouverture de négociations sur la dette dès le mois d’octobre. Or, comme le rappelle J. Sapir, "c’était justement l’une des choses qui avaient été refusées par l’Eurogroupe, conduisant à la rupture des négociations et à la décision d’Alexis Tsipras de convoquer un référendum"

Tsipras a indiqué dans un discours que la coalition de forces contre son petit pays ne lui permettrait pas d'appliquer son programme dès aujourd'hui et qu'il fallait gagner un peu d'air permettant de l'appliquer par la suite.

on peut d'ailleurs lire à ce sujet cet article (rien à voir avec le torche-cul évoqué plus haut) de la Tribune :

http://www.latribune.fr/economie/union- ... 91234.html

Le gouvernement grec a bien vu que le pays (aucun pays) n'avait intérêt à quitter l'Euro seul et en situation d'extrême faiblesse.
la sortie de l'Euro n'a de sens qu'à plusieurs et en le faisant exploser. Syriza veut donc gagner le temps qui correspond à son mandat politique, pendant lequel se dérouleront d'autres événements extérieurs : élections en Espagne, en Irlande, (en France), référendum en Angleterre. Beaucoup d'eau peut passer sous les ponts...
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede manudu83 » Sam 11 Juil 2015 09:22

En fait Tsipras n'applique pas son programme car il attend des jours meilleurs... il faut appeler d'urgence les conseillers de communication de l'Elysée, je crois que Tsipras a trouvé l'axe de campagne de Hollande pour 2017, "j'ai pas trahi, j'attend juste le bon moment".
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede Eco92 » Sam 11 Juil 2015 09:50

Sauf que Tsipras semble avoir une réelle victoire : celle de poser la question de la re-négociation de la datte comme centrale et possible.

Actuellement il est en train de réussir son pari, la France prend clairement position sur la restructuration - même Macron vole au secours de Tsipras, si ce n'est pas pathétique... -, après le FMI, Obama... QUlequ'un le disait plus haut, le rapport de force des pro-restructuration est en train de se renverser. Cela va obliger Merkel a passer à 3e plan d'aide devant son Parlement, sujet très chaud, mais qui devra la pousser à prendre une position plus souple...

Et si l'Allemagne ne tord pas, ils deviendront soudain les vilains petits canards...

Sur le traitement médiatique global, je suis toujours critique mais alors là c'est délirant. Le plus bizarre c'est que ce sont des sites comme La Tribune voire même Les Echos (!) qui semblaient donner les infos les moins partisanes ! Médiapart a fait des bons articles montrant aussi certaines déceptions mais affichant les compensations et le pourquoi du comment.

Vu la situation en Grèce je crois que le fait d'avoir marqué une certaine résistance, d'avoir lavé l'honneur, était important. L'urgence est aujourd'hui humanitaire et sanitaire, si Tsipras peut permettre à son peuple de ne plus vivre dans la misère et de construire un peu fans le long terme il y a fort à parier qu'il ne soit pas rejeté dans 3 ans...

Sur l'opposition de gauche aux projets de Tsipras http://www.humanite.fr/lextreme-gauche-et-le-kke-reprochent-tsipras-ses-concessions-579262
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede alamo » Sam 11 Juil 2015 12:08

amusant pastiche de Colombo trouvé sur le site de Paul Jorion :

http://www.pauljorion.com/blog/2015/07/ ... o-boulant/

assez pertinent, non ?
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede alamo » Sam 11 Juil 2015 12:16

pour donner une idée des difficultés politiques internes prévisibles au sein de la coalition gouvernementale, voici un texte de Stathis Kouvélakis, membre du comité central de Syriza, et professeur de théorie politique à King’s College (Londres) :

"" Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».

Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?

Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?

Le sentiment d’absurdité n’est toutefois pas le simple produit de ce renversement inattendu. Il découle en premier lieu du fait que tout survient « comme s’il ne s’était rien passé », comme si le référendum était une sorte d’hallucination collective qui avait soudainement pris fin, nous laissant reprendre librement nos activités antérieures. Néanmoins, comme nous ne sommes pas tous devenus amnésiques, donnons-nous la peine de nous livrer à un bref rappel de ce qui s’est passé durant les derniers jours.

Dimanche dernier donc, le peuple grec a ébranlé l’Europe et le monde. En répondant massivement à l’appel de son gouvernement, et dans des conditions vraiment exceptionnelles (banques fermées, contrôle des capitaux, retraits plafonnés à 60 euros par jour, retraites et allocations partiellement versées), a voté très largement « non » aux propositions humiliantes et exorbitantes des créanciers. Aussi bien l’ampleur du « non » que sa composition qualitative, à savoir la majorité écrasante obtenue parmi les travailleurs, les classes populaires et la jeunesse, donnent à voir la profondeur des transformations qui sont à l’œuvre, ou plutôt qui se sont cristallisées, en un temps très court, dans la société grecque.

Les mobilisations de masse de vendredi dernier, le climat de mobilisation « par en bas » qui a prévalu la semaine dernière, sans même parler de la vague enthousiaste de solidarité internationale, témoignent du potentiel énorme libéré par le choix de la confrontation plutôt que de la retraite.

Mais dès lundi matin, alors même que l’écho des cris de victoire sur les places publiques du pays s’était à peine tu, le théâtre de l’absurde a commencé. Sous l’égide du président de la République, Prokopis Pavlopoulos, qui avait très activement pris parti pour le Oui, le gouvernement a convoqué les dirigeants des partis défaits battus pour élaborer un cadre de négociation faisant de l’euro une ligne rouge indépassable, et déclarant en particulier qu’il n’avait aucun mandat pour quitter l’union monétaire.

Encore embrumée par la joie de dimanche, l’opinion publique a vu les représentants des 62% se soumettre à ceux des 38% et cela immédiatement après une victoire éclatante pour la démocratie et la souveraineté populaire.

Mardi, le gouvernement s’est rendu à Bruxelles pour une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe sans aucune nouvelle « proposition » dans ses bagages et, comme prévu, il s’est trouvé confronté à un nouvel ultimatum, plus brutal encore que le précédent. Le lendemain, Euclid Tsakalotos a inauguré ses fonctions de ministre des Finances – nous ne nous arrêterons pas ici, par souci de brièveté, sur la démission de Yanis Varoufakis, remarquant simplement qu’il s’agissait d’une exigence des créanciers – en envoyant au MES (Mécanisme de stabilité européenne), l’organisation qui gère la plus grande part de la dette grecque, une lettre demandant un nouveau prêt de 50 milliards d’euros, un prêt qui doit s’accompagner bien sûr d’un troisième mémorandum. Il est ainsi prévu que le Parlement commence à voter lundi les lois d’application des engagements stipulés dans le Mémorandum.

La lettre de Tsakalotos précise par la suite que la Grèce s’engage à « honorer en temps et en heure l’intégralité de ses obligations financières à l’égard de tous ses créanciers ». Il est évident que malgré les assurances, après la proclamation du référendum, selon lesquelles les discussions reprendraient de zéro, les « négociations » continuent au point exact où elles avaient été laissées, la partie grecque faisant de plus en plus de concessions à leurs adversaires.

Le même jour, dans l’attente des nouvelles « propositions » grecques, qui, selon la novlangue des « institutions » européennes se devaient d’être « dignes de confiance » et « détaillées », le Premier ministre Alexis Tsipras s’est adressé au Parlement européen et a déclaré : « si mon objectif avait été de mener la Grèce hors de l’euro, je n’aurais pas, immédiatement après la fin du scrutin, fait les déclarations que j’ai faites et interprété le résultat du référendum, non comme un mandat pour rompre avec l’Europe, mais comme un mandat pour renforcer nos efforts de négociation afin de parvenir à un meilleur accord ».

Cette déclaration revient à reconnaître, d’une manière plus ou moins franche, que le résultat du référendum a été interprété avec un but spécifique en tête, à savoir la négociation à tout prix et l’évitement d’une rupture.

Dans le même discours, le Premier ministre résume la philosophie qui a présidé, durant toutes ces dernières, à la ligne suivie la partie grecque et que le référendum n’a guère modifié :

Avec ces propositions, nous nous sommes évidemment fortement engagés à atteindre les objectifs fiscaux requis par les règles, parce que nous reconnaissons, et respectons, le fait que la zone euro a des règles. Mais nous nous réservons le droit de choisir, le droit d’être en mesure, en tant que gouvernement souverain, de décider où nous concentrerons ou augmenterons le fardeau fiscal, dans le but d’atteindre les objectifs fiscaux requis.

Le cadre est donc posé : il s’agit de mesures restrictives visant à obtenir des excédents fiscaux en vue du remboursement de la dette. C’est incontestablement le cadre tel qu’il a été défini par les deux mémorandums qui ont précédé. Le désaccord porte uniquement sur la dite « répartition du fardeau ». Celle proposée par Alexis Tsipras implique une variante de l’austérité (prétendument) « plus juste socialement », qui sera présentée comme une forme de « redistribution » alors même qu’elle prolongera la récession – toute référence aux engagements interdisant l’acceptation de mesures récessionnistes ayant été effacée – et approfondira la paupérisation du plus grand nombre.

Alors que ces propos suaves achevaient de détruire ce qui restait des engagements programmatiques de Syriza, l’état de siège que subit le pays ne cessait de s’aggraver. Dès lundi, la BCE a maintenu la fermeture du robinet des liquidités et diminué encore davantage la valeur des titres bancaires grecs, ce qui conduit immanquablement à l’effondrement des banques du pays.

Pourtant, malgré la gravité de la situation et en dépit du fait que l’instauration du contrôle des capitaux a permis de parcourir une partie du chemin, personne – à l’exception de Costas Lapavitsas et de quelques cadres de la Plateforme de gauche – ne parle des mesures simples et évidentes d’auto-protection nécessaires en de telles circonstances, à commencer par le contrôle public et la nationalisation du système bancaire.

L’explication est évidemment très simple : toute mesure de ce type placerait la Grèce partiellement en dehors de l’Euro, ce à quoi le gouvernement ne consent en aucune manière, malgré les déclarations d’économistes mainstream comme Paul Krugman pour qui « la plus grande partie du coût [d’un Grexit] a été acquittée », la Grèce pouvant désormais en « récolter les bénéfices ».

Une conclusion évidente émerge de tout ce qui précède : par les décisions prises cette semaine, le gouvernement s’est purement et simplement retrouvé dans le piège dans lequel il était pris avant l’annonce du référendum, cette fois dans une position encore moins favorable, soumis à la pression d’un étranglement financier encore plus impitoyable. Il est ainsi parvenu à dilapider en un temps record le précieux capital politique créé par la victoire du 5 juillet. Il se trouve sous l’emprise de ceux qui s’y étaient opposés et qui ont toutes les raisons de se sentir légitimés, malgré leur déculottée électorale.

Reste que le référendum a bien eu lieu. Il ne s’agit pas d’une hallucination dont chacun serait revenu. Au contraire, l’hallucination consiste dans la tentative de rabaisser le référendum, en en faisant un simple moyen de « relâcher la pression », avant de reprendre le chemin qui conduit tout droit à un troisième mémorandum.

Or c’est bien dans cette voie suicidaire que le gouvernement s’est s’engagé. Hier, tard dans la soirée, il a envoyé par courrier électronique à tous les membres du Parlement un texte d’une douzaine de pages, rédigé à la hâte en anglais par des experts envoyés par le gouvernement français, s’appuyant sur la demande de prêt de 50 milliards d’euros faite pas Tsakalotos.

Il s’agit tout simplement d’un nouveau plan d’austérité – en fait un copier-coller du plan Juncker rejeté par les électeurs il y a quelques jours. Ses grandes lignes ne sont que trop familières : excédents primaires, coupes dans les retraites, augmentation de la TVA et autres taxes, et une poignée de mesures visant à lui donner une petite touche de « justice sociale » (par exemple une augmentation de deux points de l’impôt sur les bénéfices des sociétés). Le document a été validé par la plupart des principaux ministres, à l’exception de Panos Kammenos, dirigeant du parti souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), et de Panagiotis Lafazanis, leader de la Plateforme de gauche.

Le Parlement a été réuni pour voter sur ce texte aujourd’hui, suivant les mêmes procédures d’urgence que celle dénoncées avec véhémence par Syriza par le passé. À bien des égards, ce processus peut être considéré comme un « coup parlementaire », puisqu’on soumet au vote du Parlement un texte qui n’est ni une proposition de loi, ni une convention internationale, donnant ainsi carte blanche au gouvernement pour signer n’importe quel accord de prêt, avec le Mémorandum qui l’accompagne. Mais cette validation par le Parlement a été explicitement posée comme condition préalable à toute reprise des négociations par le ministre des Finances allemand Wolfang Schäuble.

Comme on pouvait le prévoir, et tel était bien le but recherché, l’accord proposé a déclenché un tollé au sein de Syriza. Pour l’heure, les réactions les plus virulentes viennent principalement de la Plateforme de gauche et d’autres courants à la gauche de Syriza, comme le KOE, organisation maoïste qui compte quatre députés. Au cours de la réunion du groupe parlementaire de Syriza, qui s’est tenue aujourd’hui, Lafazanis, ministre de l’Energie et chef de file de la Plateforme de gauche, a déclaré que l’accord était « incompatible avec le programme de Syriza » et qu’il « n’offrait pas de perspective positive au pays ». Les ministres de la Plateforme de gauche devraient donc démissionner aujourd’hui.

Thanassis Petrakos, l’un des trois porte-parole du groupe parlementaire de Syriza et figure importante de la Plateforme de gauche a quant à lui déclaré :

Le « non » au référendum est un « non » radical et un « non » de classe. Certains camarades haut placés insistent sur la logique selon laquelle « il n’y a pas d’autre choix ». Nous devrions nous préparer à quitter l’Eurozone et le dire clairement aux gens. La gauche a un avenir lorsqu’elle déploie ses ailes face à l’inconnu, pas lorsqu’elle se soumet au néant. Ceux qui insistent sur le choix de rester dans l’euro coûte que coûte savent que cela conduit au désastre. Nous avons besoin d’une sortie préparée pour ouvrir une nouvelle voie. Les premiers pas sont le contrôle public des banques et de la banque centrale grecque, ainsi que des mesures sévères à l’égard de l’oligarchie.

Varoufakis se serait également opposé à l’accord, tout comme certains membres du groupe des « cinquante trois » (l’aile gauche de la majorité au Parlement), bien que lors d’une réunion qui s’est tenue hier, un fossé important est apparu entre la base et les cadres intermédiaires, très opposés à l’accord, et les députés, plus enclins à le soutenir. Le vote qui aura lieu en fin de soirée sera certainement crucial pour les développements à venir, mais également pour l’avenir de Syriza.

Quelle que soit la tournure que prendront les événements lors des prochaines heures et des prochains jours, une chose est claire : toute tentative pour réduire à néant la volonté populaire d’en finir avec l’austérité et les mémorandums revient à une forme d’hubris, au sens ancien du terme en grec. Quiconque décide de conduire le pays, et la gauche, à la capitulation et au déshonneur, doit donc être prêt à faire face à Némésis.""
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede MiniM » Sam 11 Juil 2015 12:24

Eco92 a écrit:Sur le traitement médiatique global, je suis toujours critique mais alors là c'est délirant. Le plus bizarre c'est que ce sont des sites comme La Tribune voire même Les Echos (!) qui semblaient donner les infos les moins partisanes ! Médiapart a fait des bons articles montrant aussi certaines déceptions mais affichant les compensations et le pourquoi du comment.


Ce n'est pas surprenant. Le but de ces journaux n'est pas de pousser le point du vue du propriétaire du journal sur la population de lecteurs, mais d'informer une certaine élite (investisseurs, tradeurs, personnes investissant en bourse, etc...) de la situation économique afin qu'ils prennent de bonnes décisions pour leurs portefeuilles et leurs finances. Des informations biaisées pourraient mener à une mauvaise analyse et donc des mauvaises décisions financières pour les lecteurs.

En gros, ils sont assez factuels car c'est ça qui aide à comprendre le marché.
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Re: La vie politique en Grèce

Messagede ploumploum » Sam 11 Juil 2015 15:33

@ Alamo : Les "propositions" de Tsipras ne pourront pas permettre au pays de sortir du cycle infernal de l'effondrement économique et social. Dans 6 mois-1 an, Tsipras ou un autre sera contraint de faire encore plus dans l'austérité.

Eco92 a écrit:Sauf que Tsipras semble avoir une réelle victoire : celle de poser la question de la re-négociation de la datte comme centrale et possible.

Vu la situation en Grèce je crois que le fait d'avoir marqué une certaine résistance, d'avoir lavé l'honneur, était important. L'urgence est aujourd'hui humanitaire et sanitaire, si Tsipras peut permettre à son peuple de ne plus vivre dans la misère et de construire un peu fans le long terme il y a fort à parier qu'il ne soit pas rejeté dans 3 ans...


Poser la question d'une restructuration est une petite victoire car les discussions auraient lieu dans quelques mois et pas maintenant. Quant au lavage de l'honneur, si c'est pour le salir 4 jours après une consultation populaire...


Schauble juge les propositions "insuffisantes" pour l'octroi du plan "d'aide"

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/0 ... chuble.php
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