La vie politique espagnole

[vudeloin]

La dissolution du Parlement de la Generalitat va sans doute faire du bruit Plaça Sant Jaume...
Mais, pour le coup, compte tenu des rapports de forces politiques en présence pour l'heure, je ne suis pas certain qu'Artur Mas fasse forcément le bon choix de cette manière.
Nous allons donc avoir une élection régionale anticipée d'une importance particulière (la Catalogne est la seconde région espagnole pour la richesse produite après la communauté de Madrid), illustrant la puissance des forces centrifuges qui, associées au démantèlement des Etats découlant du mode actuel de construction européenne, minent peu à peu un pays comme l'Espagne, dont l'unité est, de toute manière, fragile de par sa diversité culturelle, linguistique et les profondes différences économiques et sociales d'une Communauté régionale l'autre.
Pour la Catalogne, ensemble de quatre provinces (Barcelona, Girona, Tarragona et Lleida), nous avons d'ailleurs un condensé assez intéressant des inégalités sociales et économiques ibériques, la province de Lleida étant, dans cet ensemble, sans doute la moins développée des quatre, même s'il s'agit aussi de celle marquée le plus profondément par le catalanisme.
Un "catalanisme" dont l'expression politique est double (c'est là une vieille affaire liée à l'histoire de la Région et notamment à son développement industriel précoce au regard du reste de l'Espagne), traduit à la fois dans l'alliance de centre droit Convergencia I Unio (CiU, regroupant la Convergencia Democratica de Catalunya et l'Unio de Catalunya) et dans le parti de centre gauche qu'est l'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), le parti historique de Lluis Companys, président de la Generalitat en 1936, et, plus près de nous, de Josep (Pep) Tarradellas, premier président de la Generalitat après la mort de Franco.
Quant aux autres forces politiques, il s'agit du PSC - PSOE, branche locale du Parti socialiste ouvrier espagnol, du PP (dont on peut penser qu'il souffrira quelque peu dans le nouveau scrutin) et de l'EUiA (Esquerra Unida i Alternativa, version locale de la coalition de gauche ibérique IU, avec quelques différences, la moindre n'étant pas que le parti qui a constitué la base de l'alliance n'est pas le PCE mais le PSUC, ou Partit Socialist Unificat de Catalunya, constitué dans les années 30 par réunion locale du PCE et du PSOE).
Je ne sais pas si l'UPyD pourra peser dans le scrutin catalan, guère plus d'ailleurs que le PCC, qui regroupe quelques militants communistes quelque peu nostalgiques d'une autre époque...

[ploumploum]

Sauf si je me trompe, mais cette législature est donc la plus courte de l'histoire régionale . Le dernier scrutin (28 novembre 2010) avait donné ceci :

Total sièges 135.(majorité absolue : 68)
Participation de 60 %

CiU :1.202.830 voix(38,43%) et 62 sièges
PSC :575.233 voix (18,38%) et 28 sièges
PPC: 387.066 voix (12,37%) et 18 sièges
ICV-EUiA :230.824 voix (7,37%) et 10 sièges
ERC: 219.173 votos (7%) et 10 sièges
Solidaritat (SI): 102.921 voix (3,29%) et 4 sièges
Ciutadans :(C's) 106.154 voix(3,29%) et 3 sièges
Autres : 432 246 voix (9,8 %)



Un sondage publié le 16 septembre (avant l'annonce donc) donnait ceci :
38 % pour CiU : 58-62 sièges
16 % pour le PSC : 22-25 sièges
13,5 pour le PPC : 20
10% pour ERC : 15
9 % pour ICV-EUiA : 11
4% pour Ciutadans(C's) : 3-4 sièges
Plataforma per Catalunya (Plateforme pour la Catalogne, extrême-droite) : 3-4 % et 3 sièges

[vudeloin]

On rappellera que le mode de scrutin en vigueur en Espagne, pour l'élection des députés régionaux, est fondé, comme pour les Cortes, sur une proportionnelle provinciale à la plus forte moyenne.
Quand les effectifs de députés sont plus réduits dans une province, du fait de la population, la représentation peut donc s'avérer moins fidèle à l'influence des partis en présence que dans une province fort peuplée, comme c'est le cas de la province de Barcelone, évidemment la plus importante de la Generalitat puisqu'elle regroupe les trois quarts de la population de la région.
C'est aussi la moins "catalaniste" des provinces, l'immigration étrangère et les ressortissants des autres provinces d'Espagne étant nettement plus nombreux dans la province comtale que dans les trois autres.

[ploumploum]

On rappellera que le mode de scrutin en vigueur en Espagne, pour l'élection des députés régionaux, est fondé, comme pour les Cortes, sur une proportionnelle provinciale à la plus forte moyenne.
Quand les effectifs de députés sont plus réduits dans une province, du fait de la population, la représentation peut donc s'avérer moins fidèle à l'influence des partis en présence que dans une province fort peuplée, comme c'est le cas de la province de Barcelone, évidemment la plus importante de la Generalitat puisqu'elle regroupe les trois quarts de la population de la région.
C'est aussi la moins "catalaniste" des provinces, l'immigration étrangère et les ressortissants des autres provinces d'Espagne étant nettement plus nombreux dans la province comtale que dans les trois autres.

Il me semble qu'il y a un seuil de 3 % à atteindre pour obtenir un siège.
Répartition des sièges par province : Barcelona (85 ), Tarragona (18 ), Girona (17 ), Lleida (Lérida) (15 ).

[vudeloin]

Tout à fait, ploumploum, la barre des 3 % existe.
Et le problème avec le parti d'extrême droite de la Plataforma, c'est qu'il peut arriver à dépasser cette barre sur la seule province de Barcelone...

[ploumploum]

Artur Mas (El Presidente de la Generalitat ) a parlé d'autodétermination en annonçant la dissolution.

Le leader du PSOE, Rubalcaba, avait mis sur la table (la semaine dernière si je me souviens bien), l'idée d'un fédéralisme espagnol.


Pour en revenir à l'Espagne et à la crise, une manifestation s'est déroulée ce 25 septembre autour du Congrès. : 64 blessés et 35 interpellations
http://ccaa.elpais.com/ccaa/2012/09/26/madrid/1348642682_939719.html

Si le Gvt a salué les forces de l'ordre, les socialistes et IU ont , eux, critiqué la répression policière.
De nouvelles manifestations sont prévues.

[vudeloin]

Lors du dernier scrutin du 16 décembre 2010, les résultats des élections régionales avaient été les suivants pour la Generalitat.

Provincia de Barcelona

Inscrits 4 003 751 (dans 5 697 bureaux de vote)
Votants 2 357 263 (58,88 %)
Exprimés 2 342 406
Dont candidatures 2 274 165 ( l'Espagne valide le vote blanc)

CiU 862 010 voix, 36,80 %, 35 élus
PSC – PSOE 449 549 voix, 19,19 %, 18 élus
PP 301 440 voix, 12,87 %, 12 élus
Iniciativa per Catalunya – Els Verds – EuiA 193 545 voix, 8,26 %, 8 élus
ERC 148 973 voix, 6,36 %, 6 élus
Ciudadanos – Partido de la Ciudadania 89 990 voix, 3,84 %, 3 élus
Solidaritat Catalana per la Independancia 72 693 voix, 3,10 %, 3 élus

Ces deux derniers mouvements, bien que pouvant être l'un et l'autre classés au centre centre gauche, ont une différence claire.
Le parti de la citoyenneté refuse le séparatisme catalan tandis que SI (Solidarité) est clairement indépendantiste.

Provincia de Girona

Inscrits 494 421 (820 bureaux de vote)
Votants 295 326 (59,49 %)
Exprimés 292 536
Dont candidatures 284 097

CiU 131 932 voix, 45,10 %, 9 élus
PSC – PSOE 41 742 voix, 14,27 %, 3 élus
ERC 26 879 voix, 9,19 %, 2 élus
PP 25 248 voix, 8,48 %, 1 élu
ICV – EuiA 14 109 voix, 4,82 %, 1 élu
SI 13 889 voix, 4,75 %, 1 élu

Provincia de Lleida

Inscrits 312 605 (560 bureaux de vote)
Votants 187 159 (59,87 %)
Exprimés 185 494
Dont candidatures 178 929

CiU 87 052 voix, 46,93 %, 9 élus
PSC – PSOE 27 461 voix, 14,80 %, 3 élus
PP 18 960 voix, 10,22 %, 2 élus
ERC 16 966 voix, 9,15 %, 1 élu
ICV – EuiA 7 423 voix, 4 %, pas d'élu

Provincia de Tarragona

Inscrits 550 911 (955 bureaux de vote)
Votants 312 882 (56,79 %)
Exprimés 309 840
Dont candidatures 301 454

CiU 121 836 voix, 39,32 %, 9 élus
PSC – PSOE 56 481 voix, 18,23 %, 4 élus
PP 41 418 voix, 13,37 %, 3 élus
ERC 26 355 voix, 8,51 %, 1 élu
ICV – EuiA 15 747 voix, 5,08 %, 1 élu.

Voilà...

[ploumploum]

Étant donné que vudeloin a détaillé par province les résultats du dernier scrutin régional, je précise que le sondage (que je évoquais dans un précédent message ) donnait une estimation de la répartition des sièges par province pour les trois grands partis :

Province de Barcelona :
CiU : 33-34
PSC : 15
PP : 13

Tarragona :
CiU : 8-9
PSC : 3-4
PP : 3

Gerona :
CiU : 9-10
PSC : 2-3
PP : 2

Lleida :
CiU : 8-9
PSC : 2-3
PP : 2

Ainsi la CiU "perd" un à deux élus sur Barcelona, 0-1 sur Lleida et Tarragona et "gagne" 0-1 siège sur Gerona.
Le PSC "perd" 3 sur Barcelona, 0-1 sur Gerona, 0-1 sur Tarragona et 0-1 sur Lleida
Le PP "gagne un élu" sur Barcelona et sur Gerona

[vudeloin]

Pour donner un éclairage sur la région, je vous donne ici le résultat, en sièges, des récentes élections comarcales de 2011, élections désignant les membres d'une Assemblée gérant quelques affaires sur un territoire donné, dont la taille se situe entre le canton et l'arrondissement pour la France.

Les comarques de la province de Barcelone sont ainsi de taille et de population variable, allant de moins de 40 000 habitants dans la Bergueda (autour de Berga) à plus de deux millions dans le Barcelonès.

Leurs membres sont élus à raison des résultats des uns et des autres (partis politiques, associations d'électeurs et de citoyens reconnus) aux élections municipales.
Ce sont, d'une certaine manière, des élus du même profil que nos conseillers communautaires dans nos EPCI.

Pour la province de Barcelone, CiU est arrivée en tête avec 126 élus, devant le PSC - PSOE 111 élus, l'ERC 43 élus, le PP 38 élus, ICV - EU iA 31 élus, tandis qu'on relevait également 8 élus pour Unitat Popular (version locale d'UPyD).

On a également dénombré quatre élus divers mais surtout, fruit de l'implantation du parti dans certaines villes, 6 élus pour le parti d'extrême droite Plataforma per Catalunya.

[vudeloin]

Dans le contexte politique espagnol actuel, on aura noté le très gros succès des manifestations à répétition dans les grandes villes et notamment à Madrid, ce 29 septembre.
Le cortège madrilène, réunissant selon la presse locale toutes les générations (des lycéens aux retraités) contre le enième plan d'austérité du gouvernement Rajoy, a duré jusqu'à onze heures et demie du soir et a connu quelques menus incidents, causant treize blessés dont un représentant des forces de l'ordre.
Les mots d'ordre, de plus en plus "politiques" traduisent clairement les problèmes du PP au pouvoir pour faire accepter les choix qu'il a opérés, au point que certains manifestants opposaient hier les mesures prises par leur gouvernement avec les choix fiscaux du gouvernement Hollande en France (qui a par exemple, pour le moment, renoncé à mettre en oeuvre une hausse de la TVA, préférant viser une imposition plus forte des hauts revenus et des entreprises pour combler les déficits).
Comme cela se déroule dans le contexte préélectoral de trois scrutins régionaux, on imagine la tension ainsi créée.

Par ailleurs, la presse ibérique souligne également que le mécanisme européen de stabilité risque fort de s'avérer insuffisant pour assurer, le cas échéant, le bon fonctionnement des circuits financiers.

Une épine de plus dans la logique interne des plans d'austérité qui sont précisément justifiés par ce souci...