Comme on pouvait s'y attendre, les manifestations contre la politique d'austérité on attiré du monde ce week-end, avec l'habituel écart entre l'estimation de la police et celle des organisateurs.
La nouvelle du jour, c'est
la démission surprise de la présidente de la communauté de Madrid, la très conservatrice (enfin, sauf sur
l'affaire Olvido Hormigos) Esperanza Aguirre. Elle était en poste depuis novembre 2003, soit presque neuf ans. L'ancienne ministre de l'Education et de la Culture de José Maria Aznar a justifié sa décision par le désir de se consacrer à sa famille, après presque 30 ans d'activité politique (elle a obtenu son premier mandat électoral, celui de conseillère municipale à Madrid, en 1983).
Mais certains,
comme El Pais, ne sont pas convaincus par les explications d'Aguirre, et se demandent si elle n'a pas subi des pressions, car ses adversaires ne se trouvent pas uniquement qu'à gauche. Elle avait un temps été suspectée d'avoir fait espionner certains de ses rivaux au PP madrilène (qui étaient des proches de son prédécesseur à la région Alberto Ruiz Gallardon), et ses relations avec Mariano Rajoy n'ont pas toujours été faciles (
euphémisme). Elle était sa principale (pour ne pas dire unique) rivale pour le leadership au sein du PP, et n'a jamais hésité à placer des gens à elle dans l'appareil du parti, au niveau local comme au niveau national, pour assouvir ses ambitions.
Peu de temps avant sa démission, Esperanza Aguirre avait réussi à convaincre le milliardaire américain Sheldon Adelson, qui a fait fortune dans l'hôtellerie et les casinos, d'investir entre 17 et 20 milliards d'€ minimum dans le projet EuroVegas, censé créer 250 000 emplois d'ici 2025 dans la région de Madrid, qui a été préférée à Barcelone. Le milliardaire, en échange de ses investissements, souhaitait entre autres la levée de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, la réduction voire l'exemption de taxe foncière et de cotisations sociales, une réglementation plus "souple" sur l'emploi de travailleurs étrangers et la taxation des transferts de fonds, des restrictions à l'activité syndicale et la non application des conventions collectives. Tout ça au nom de la liberté d'entreprendre bien sûr. Autant d'exigences (la liste complète
ici) qui n'ont pas plu à certains Madrilènes, Barcelonais et Espagnols, qui jugent ce projet antisocial, et à la limite de la légalité. De plus, ils y voient un moyen facile de blanchir de l'argent sale pour toutes les mafias et tous les délinquants fiscaux du monde,
comme le sous-entend une éditorialiste d'El Pais. Sans parler du développement de la prostitution...
Entre le désir d'une retraite bien méritée, les rivalités et inimitiés au sein du PP, et les retombées incertaines du projet EuroVegas, difficile de connaître la vérité sur la retraite d'Esperanza Aguirre...