Estagel66 a écrit:Le message précédant résume bien la situation actuelle et l'avenir proche.
Puigdemont a demandé à négocier l'indépendance sans fixer la date à laquelle elle sera effective.
Rajoy a donné des dates précises à partir desquelles il agira.
Puigdemont est un catalan: il sait où il veut aller et par la ruse, il y arrivera mais se sera contraint et forcé.
Rajoy est un castillan: un vrai hidalgo, sur de lui et obstiné.
C'est l'expression d'un ami castillan proche du PSOE qui m'a fait cette réflexion.
L'article de Libération me semble en effet bien fait.
Côté catalan, l'indépendance est pour le moment suspendue à des négociations hypothétiques avec Madrid sur ses modalités (ce qui peut sembler logique pour faire les choses calmement et en bon ordre).
La réponse à la question officielle de Madrid peut d'ailleurs être "non" puisque la déclaration est suspendue donc non encore censée être effective. Auquel cas "tout va bien"... à l'exception du second ultimatum quelques jours plus tard (le premier finissant le 16 et le second le 19 octobre, si j'ai bien compris) sur le "retour à la légalité" qui impliquerait pour le parlement catalan d'annuler les résultats du 1er octobre. Clairement, ce ne sera(it??) pas le cas: imagine-t-on sérieusement même une partie des élus indépendantistes effectuer un tel revirement après avoir de fait accepté le résultat du référendum et signé une déclaration d'indépendance, même à effet différé? (quoique... un retournement de veste de quelques élus centristes indépandistes est invraisemblable mais pas impossible -?)
Et la déclaration d'indépendance peut être "dé-suspendue" avant que Madrid suspende l'autonomie, notamment si cette décision se voit "trop" venir, ne serait-ce que par absence de toute négociation d'ici le 15 ou le 18 minuit.
Puigdemont est pris entre deux feux, avec la CUP qui le presse de proclamer la République tout de suite et de l'autre côté Rajoy et (plus embêtant car il est sûr de les garder...) les espagnolistes de Catalogne.
http://www.lalibre.be/dernieres-depeche ... 1d2695cca4Il a commenté la déclaration de Rajoy: "tu demandes le dialogue et ils dégainent l'article 155..."
http://www.publico.es/politica/puigdemo ... ndido.htmlLa CUP
http://www.publico.es/politica/cup-pide ... alana.html et la grande association catalaniste ANC
http://www.publico.es/politica/anc-pide ... rajoy.html demandent la proclamation de l'indépendance
L'ERC prévient notamment qu'en cas de refus maintenu de médiation, ils agiront "en conséquene, à la catalane, civiquement et pacifiquement" mais sans "pas en arrière". Je ne pense pas que les autres indépendistes diffèrent beaucoup de cela, enfin on verra.
http://www.publico.es/politica/rajoy-ci ... -paso.htmlLe PSOE tend une petite main à Puigdemont en parlant de venir à la commission territoriale (des Cortès?) en vue de la révision constitutionnelle.
Par ailleurs, son leader P. Sanchez affirme que "personne ne souhaite l'application de l'article 155 à part Rivera (leader de Ciudadanos)", l'article explique assez bien sa position espagnoliste modérée
http://www.publico.es/politica/sanchez- ... ivera.htmlEncore plus sur la ligne de crête, Unidos Podemos tient à ce que la Catalogne continue à faire partie du "projet collectif espagnol", reproche à Rajoy de faire partie d'un courant politique dominant qui "n'a jamais reconnu" que l'Espagne est plurinationale, lui demande "d'arrêter de briser l'Espagne" et de se mettre "en tête de la négociation et non derrière la police et la loi". Face à un problème "politique" (à rebours du point de vue espagnoliste dur qui voit des comploteurs sécessionnistes), il conviendrait pour eux de "réviser la Constitution" pour "l'adapter à une société qui a changé" depuis 1978.
http://www.publico.es/politica/iglesias ... spana.htmlConcernant Rajoy, j'ai au contraire entendu un espagnoliste sur un media français dire que c'est un Galicien et qu'un proverbe dit qu'on ne sait pas, quand on croise un Galicien dans un escalier, s'il monte ou s'il descend... pique illustrant au passage le raidissement dans ce camp, dont Rajoy apparaît comme un modéré (en partie du fait de ses fonctions: d'autres peuvent avoir beau jeu de dire "y'a qu'à ", notamment C's et les petits mouvements d'extrême-droite) (et qui n'est pas sans rappeler un stéréotype sur notre propre Nord-Ouest normand!).
Bref, on n'est pas bien certain de sa façon exacte de réagir. Garder une part d'imprévisibilité peut être un élément tactique, que ce soit fait exprès ou non...
La fête nationale espagnole, fixée au 12 octobre en commémoration de la découverte de l'Amérique (et du début donc de la fondation d'un empire colonial dont il ne reste... rien), était évidemment entachée par la question catalane. Puigdemont était absent au défilé militaire à Madrid, des manifestations unionistes ont eu lieu dont deux (avec une petite d'extrême-droite) à Barcelone et des incidents autour de la manifestation principale.
http://www.francetvinfo.fr/monde/espagn ... 16149.htmlA propos de l'extrême-droite espagnoliste, on voit à ce sujet qu'elle ravive le fantôme pas encore mort du franquisme (les statues de Franco ont été interdites seulement par le dernier gouvernement PSOE en date et il arrive encore des
révélations sur ce qui s'est passé pendant cette période): les catalanistes le voient facilement (à cette époque, ni autonomie ni possibilité de parler catalan en public et même parler français pouvait passer pour suspect de prime abord - pour une oreille castillanophone, le catalan et le français se ressemblent beaucoup!), les mouvements comme le récent VOX ou les plus anciens (DN, phalangistes) reprennent du poil de la bête avec la crise (appelant même à l'interdiction de tous les partis "voulant rompre l'unité de l'Espagne"
http://www.publico.es/politica/vox-part ... zados.html , ce qui est assez osé connaissant le poids localement pas négligeable des autonomistes ou même indépendantistes catalans ou basques), la gauche voit ces derniers d'un fort mauvais oeil.
Sur le spectre politique espagnol, on voit fortement monter C's dans les sondages (vers 19%, un peu au-dessus de Podemos qui se maintient correctement) et il se pourrait que l'extrême-droite constituée (hors aile dure du PP, dont l'existence explique largement la marginalité du reste) y trouve l'occasion de sortir de la confidentialité, ce qui n'est pas gagné tant qu'elle est trop radicale.
Les scénarios/scenarii possibles:
http://www.francetvinfo.fr/monde/espagn ... 14171.htmlL'armée pourrait intervenir relativement indirectement, en prenant en charge la garde de sites stratégiques, le logement ou la logistique de façon à soulager la police et la Guardia Civil, ce qui est en partie déjà le cas:
https://politica.elpais.com/politica/20 ... 64978.htmlLa ministre Cospedal est cependant "presque complètement sûre" que l'armée n'aura pas à intervenir en Catalogne (directement du moins)
http://www.publico.es/politica/cospedal ... lunya.html