La vie politique en Allemagne

[Eco92]

Sahra Wagenknecht, co-présidente du groupe Die Linke, a lancé le mouvement Aufstehen (« Se lever ») aujourd'hui. S'il ne s'agit aujourd'hui que d'un club et pas d'une scission (on peut y adhérer quel que soit le parti et le mouvement n'entend pas à ce jour présenter de candidats en concurrence avec Die Linke), il veut faire pression pour injecter du social dans tous les partis. A terme, on verra car le mouvement se revendiquant de Podemos et de la FI il ne serait pas surprenant de le retrouver dans un groupe avec eux au Parlement européen. On y retrouve aussi Antje Vollmer, ancienne vice-présidente verte du Bundestag.

Le programme est axé sur la création d'une retraite où tous cotiseraient (et pas que les salariés), une politique européenne autonome, une critique de l'accueil des réfugiés par Merkel - jugé trop massif et inadapté, allant contre les intérêts du travailleur allemand - et le fait d'accepter de "se tenir prêt" à sortir de la zone euro en cas de refus de bouger les traités.

J'y apprends que Katja Kipping, coprésidente de Die Linke, s'est, elle, rapprochée de Diem25 et de Varoufakis.

https://www.mediapart.fr/journal/international/040818/l-allemande-sahra-wagenknecht-lance-un-nouveau-mouvement-inspire-des-insoumis

[Républicain67]

Et si l'AfD changeait brusquement de ligne politique? La question des retraites a profondément divisé le parti d'extrême droite lors de son congrès d'Augsbourg fin juin. L'AfD avait jusqu'à présent défendu une ligne économique plutôt néolibérale. L'aile radicale nationaliste (surtout représentée parmi les fédérations d'Allemagne de l'Est) souhaite que le parti prenne désormais une orientation sociale, combinant "social et identité". C'est notamment la position de Björn Höcke, dirigeant controversé de la fédération de Thuringe qui a présenté un projet de réforme du système de retraite. Dans ce système tous cotiseraient à une caisse unique, y compris les fonctionnaires et les indépendants. Les salariés ayant travaillés longtemps verraient leurs petites retraites fortement augmenté. Évidemment nationalisme oblige, cela ne concernerait que les travailleurs allemands. Jörg Meuthen, dirigeant du parti et de l'aile national-libérale, a lui défendu un modèle basé sur des caisses privées. Derrière ce débat sur les retraites, thème très sensible en Allemagne où la natalité est très faible, ce cache en réalité une lutte d'influence dans le parti entre les partisans d'une ligne national-sociale (l'aile droite radicale du parti) et les tenants du libéralisme économique (plutôt en Allemagne de l'Ouest). La motion de Höcke sur l'organisation d'un congrès extraordinaire sur la politique sociale en 2019 a été adopté par les délégués du congrès et vu comme une défaite pour Meuthen et l'aile national-libérale. L'arrivée en 2017 dans l'équipe dirigeante de l'ancien mineur social-démocrate de la Ruhr Guido Reil, partisan d'une ligne plus sociale, a aussi beaucoup fait parlé d'elle.

L'objectif de Björn Höcke et de l'aile droite de l'AfD est qu'un repositionnement social du parti (défense de la justice sociale et lutte contre les politiques néolibérales) permette de prendre des voix au SPD et surtout à Die Linke. Les deux partis, surtout die Linke ont en tout perdu près d'un million de voix au profit de l'AfD aux élections législatives de 2017, essentiellement à l'Est. Ce n'est pas un hasard que le lancement du mouvement populiste de gauche de Sahra Wagenknecht soit concomitant avec les débats interne au sein de l'AfD. L'aile national-conservatrice souhaite en combinant social et identitaire faire de l'AfD un vrai "Volkspartei" et surtout devenir le premier parti d'Allemagne de l'Est. Elle a notamment en vue les élections régionales de septembre 2019 en Saxe où l'AfD pourrait faire un très haut score, mais aussi en Thuringe et en Brandebourg.

https://www.tagesschau.de/inland/afd-487.html
https://www.mdr.de/nachrichten/politik/meinung/unter-der-lupe-kolumne-machtkampf-afd-rente-streit-hoecke-meuthen100.html
https://www.mdr.de/nachrichten/politik/regional/afd-will-staerkste-partei-im-osten-werden-100.html
http://www.lvz.de/Region/Mitteldeutschland/AfD-will-2019-in-Sachsen-staerkste-Kraft-werden

[metre3]

Cela fait-il naitre un risque d'éclatement à moyen terme de l'AfD, éventuellement lors ou après son passage dans des exécutifs régionaux ou locaux ?

[cevenol30]

On retombe quelque peu sur le fait que les intérêts économiques des Allemands de l'Est et de l'Ouest sont différents... L'attention portée au social devant logiquement croître avec la proportion de population connaissant des problèmes sociaux.
Les retraites sont un sujet brûlant partout (je pense au Nicaragua ou à la Russie) mais le déséquilibre démographique allemand rend la situation encore plus difficile.
Par ailleurs, phénomène politique classique, les plus à droite économiquement ne sont pas les plus à droite tout court, il peut être important de penser en 2 dimensions, socio-économique et sociétale.

La courte histoire de l'AfD est déjà ponctuée de revirements de ligne, pour autant il n'y a pas eu de scission électoralement significative (à part quelques personnalités). Dans un Etat fédéral comme l'Allemagne, peuvent d'autant plus facilement coexister des sensibilités différentes dans un même parti selon les Länder (p.ex. chez les Grünen où certains Länder sont à dominante "realo" et d'autres non).
L'aile la moins extrême de l'AfD a peut-être aussi le désavantage d'être concurrencée de plus en plus par le FDP et la CSU...

[Républicain67]

On retombe quelque peu sur le fait que les intérêts économiques des Allemands de l'Est et de l'Ouest sont différents... L'attention portée au social devant logiquement croître avec la proportion de population connaissant des problèmes sociaux.
Les retraites sont un sujet brûlant partout (je pense au Nicaragua ou à la Russie) mais le déséquilibre démographique allemand rend la situation encore plus difficile.
Par ailleurs, phénomène politique classique, les plus à droite économiquement ne sont pas les plus à droite tout court, il peut être important de penser en 2 dimensions, socio-économique et sociétale.

La courte histoire de l'AfD est déjà ponctuée de revirements de ligne, pour autant il n'y a pas eu de scission électoralement significative (à part quelques personnalités). Dans un Etat fédéral comme l'Allemagne, peuvent d'autant plus facilement coexister des sensibilités différentes dans un même parti selon les Länder (p.ex. chez les Grünen où certains Länder sont à dominante "realo" et d'autres non).
L'aile la moins extrême de l'AfD a peut-être aussi le désavantage d'être concurrencée de plus en plus par le FDP et la CSU...

On remarque que la ligne radicale de l'AfD est surtout portée par les fédérations d'Allemagne de l'Est. La ligne social-identitaire de Björn Höcke peut être très porteuse à l'Est, où la situation socio-économique est la plus difficile et les idées conservatrices assez ancrées. Après des études démontrent que partout en Allemagne, une partie importante des classes populaires penchent de plus en plus vers l'AfD, aussi bien dans des régions de droite comme la Bavière ou le Bade-Württemberg ou de gauche comme la Ruhr. Les scores de l'AfD à l'Est (et en Saxe en particuliers) sont incomparables à ceux de l'Ouest, mais on remarque que plusieures zones de forces sont apparu à l'Ouest: la Basse-Bavière, la Ruhr, certaines parties du Bade-Württemberg, comme Pforzheim et environs.

[Républicain67]

Je souhaite ici déconscruire plusieurs mythes à propos du vote AfD, notamment relayé par les médias. Non l'Est de la Bavière et la Ruhr ne sont pas les principales places fortes de la droite populiste en Allemagne. Rien de plus faux! Le vote AfD reste avant tout un phénomène de l'ancienne Allemagne de l'Est. Le véritable bastion de l'AfD c'est la Saxe, suivi de la Thuringe et du Sud du Brandenbourg, voire le sud de la Saxe-Anhalt. La partie nord de l'ex-RDA reste plus rétive au vote AfD: Mecklembourg, Poméranie, Saxe-Anhalt, ainsi que les grandes villes (Leipzig, Magdebourg, Halle, Rostock, Erfurt), exceptions faite de Chemnitz, Dresde ou Zwickau où il existe un fort vote d'extrême droite urbain. Et même une ville comme Leipzig (18,3% de vote AfD) vote largement plus pour l'extrême droite que les villes ouest-allemandes de la même taille.

Je me suis appuyé pour cette étude sur les scores de l'AfD aux dernières élections législatives (septembre 2017). J'ai pris uniquement les "zweitstimmen", plus représentatives, vu que les "erstimmen" restent assez fortement liées aux personnalités des candidats locaux (les notables locaux). Je prend ici comme cadre de référence les kreise et villes, c'est-à-dire un découpage plus fin que les grandes circonscriptions fédérales, qui parfois sont composé de parties de kreise ou de ville. On arrive ainsi à cerner le vote pour l'AfD. Je n'ai pris que les kreise et villes où le vote AfD est supérieur à 15% des suffrages exprimés. Ce vote est avant tout porté par les électeurs de l'Est de l'Allemagne (bastion saxon du parti). Les kreise avec un vote AfD supérieur à 30% des suffrages exprimés se trouvent tous dans l'Est de la Saxe. Quasiment tous les arrondissements saxons (hors grandes villes) ont un vote AfD qui représente plus des quart des exprimés. Et même Dresde et Chemnitz sont entre 20 et 25%. Même les quartiers orientaux de Berlin (bastions de la Linke) ont un vote AfD assez elevé (AfD deuxième à Marzahn-Hellersdorf avec 21%, impensable à Paris!). L'arrondissement d'Allemagne de l'Est où l'AfD est la plus forte (Sächsische Schweiz-Osterzgebirge, Saxe, 35,5% des voix) a quinze points de plus de vote AfD que l'arrondissement le plus AfD de l'Ouest (Regen, en Basse-Bavière, 20,6%).

Les scores de l'AfD en Allemagne de l'Ouest sont bien plus bas. Les meilleurs scores sont en Basse-Bavière avec des pointes à 20%. Les zones fortement touchées par l'arrivée massive de migrants en 2015 (proximité de la frontière autrichienne) et régions très conservatrices. Une ville comme Pforzheim (Bade-Württemberg) se distingue également avec un vote AfD à 19%. C'est une ville que je connais bien, vu que c'est la ville d'origine de ma mère (Allemande). Un cas particulier. Une ville très multiculturelle. Les Russlanddeutsche forment un quart de la population de la ville, hors c'est une des catégories allemandes à le plus appuyé l'AfD. Ce qui donne des scores massifs pour l'AfD dans les quartiers où ce groupe est très présent, comme Haidach. De plus cette partie de la Forêt Noire est marquée par la présence de groupes protestants très conservateurs, de tendance piétistes, portés sur un vote à droite. Le mythe du fort vote AfD dans la Ruhr est battu en brêche par les chiffres. Seule Gelsenkirchen, avec 17%, a un vote important pour la droite populiste. Finalement, à part dans les villes d'Allemagne de l'Ouest et certaines parties de la Bavière, le vote AfD est faiblement correlé avec la présence des étrangers, comme le démontre une étude de la FAZ. Les arrondissements où le vote AfD est le plus forts (en Saxe et environs) ont un nombres très faible d'étrangers, souvent les plus faibles du pays.

http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/wirtschaft-in-zahlen/deutschlandkarte-auslaenderanteil-vs-afd-waehler-infografik-15740830.html

[Républicain67]

Abréviations:

BW Baden-Württemberg
BY Bayern
BB Brandenburg
HE Hessen
MV Mecklenburg-Vorpommern
NI Niedersachsen
NW Nordrhein-Westfalen
RP Rheinland-Pfalz
SN Sachsen
ST Sachsen-Anhalt
TH Thüringen


Vote AfD + de 30% des suffrages exprimés

Sächsische Schweiz-Osterzgebirge (SN): 35,46%
Görlitz (SN): 32,89%
Meißen (SN): 32,88%
Bautzen (SN): 32,45%
Mittelsachsen (SN): 30,36%

25-30%

Erzgebirgskreis (SN): 28,90%
Spree-Neiße (BB): 28,88%
Gera (TH): 28,52%
Altenburger Land (TH): 27,46%
Saalfeld-Rudolstadt (TH): 26,98%
Leipzig (Landkreis) (SN): 26,87%
Nordsachsen (SN): 26,85%
Saale-Orla-Kreis (TH): 26,52%
Vogtlandkreis (SN): 26,42%
Zwickau (SN): 25,98%
Oberspreewald-Lausitz (BB): 25,88%
Sonneberg (TH): 25,57%
Greiz (TH): 25,56%
Hildburghausen (TH): 25,22%
Ilm-Kreis (TH): 25,05%

20-25%

Kyffhäuserkreis (TH): 24,99%
Burgenlandkreis (ST): 24,33%
Chemnitz (SN): 24,31%
Cottbus (BB): 24,26%
Sömmerda (TH): 24,25%
Elbe-Elster (BB): 24,20%
Saalekreis (ST): 24,00%
Mansfeld-Südharz (ST): 23,89%
Weimarer Land (TH): 23,71%
Saale-Holzland-Kreis (TH): 23,48%
Unstrut-Hainich-Kreis (TH): 23,22%
Gotha (TH): 23,22%
Vorpommern-Greiswald (MV): 22,72%
Wartburgkreis (TH): 22,54%
Dresden (SN): 22,52%
Anhalt-Bitterfeld (ST): 22,40%
Oder-Spree (BB): 22,14%
Frankfurt (Oder) (BB): 21,91%
Schmalkalden-Meiningen (TH): 21,62%
Dahme-Spreewald (BB): 21,41%
Nordhausen (TH): 21,12%
Märkisch-Oderland (BB): 20,83%
Uckermark (BB): 20,79%
Regen (BY): 20,68%
Barnim (BB): 20,59%
Vorpommern-Rügen (MV): 20,45%
Salzlandkreis (ST): 20,41%
Freyung-Grafenau (BY): 20,09%
Dessau-Roßlau (ST): 20,06%

15-20%

Teltow-Fläming (BB): 19,96%
Wittenberg (ST): 19,94%
Suhl (TH): 19,86%
Mecklenburgische Seenplatte (MV): 19,58%
Oberhavel (BB): 19,34%
Pforzheim (BW): 19,31%
Eisenach (TH): 19,03%
Jerichower Land (ST): 18,98%
Börde (ST): 18,77%
Erfurt (TH): 18,53%
Ostprignitz-Ruppin (BB): 18,48%
Deggendorf (BY): 18,38%
Prignitz (BB): 18,34%
Leipzig Stadt (SN): 18,30%
Dingolfing-Landau (BY): 18,30%
Eichsfeld (TH): 18,18%
Rostock (Landkreis) (MV): 18,16%
Cham (BY): 18,01%
Havelland (BB): 18,00%
Ludwigslust-Parchim (MV): 17,71%
Stendal (ST): 17,68%
Brandenburg an der Havel (BB): 17,26%
Straubing (BY): 17,23%
Passau (Landkreis) (BY): 17,21%
Straubing-Bogen (BY): 17,13%
Halle (Saale) (ST): 17,11%
Gelsenkrichen (NW): 17,04%
Nordwestmecklenburg (MV): 16,97%
Schwandorf (BY): 16,81%
Dillingen an der Donau (BY): 16,62%
Frankenthal (Pfalz) (RP): 16,51%
Harz (ST): 16,46%
Salzgitter (NI): 16,44%
Heilbronn Stadt (BW): 16,38%
Ludwigshafen am Rhein (RP): 16,33%
Germersheim (RP): 16,32%
Fulda (HE): 16,16%
Pirmasens (RP): 16,13%
Weimar (TH): 16,06%
Günzburg (BY): 15,97%
Heilbronn (Landkreis): 15,73ù
Magdeburg (ST): 15,72%
Schweinfurt Stadt (BY): 15,65%
Schwerin (MV): 15,61%
Altmarkkreis Salzwedel (ST): 15,55%
Bamberg (Landkreis) (BY): 15,49%
Mühldorf am Inn (BY): 15,46%
Potsdam-Mittelmark (BB): 15,37%
Unterallgäu (BY): 15,34%
Ingolstadt (BY): 15,31%
Memmingen (BY): 15,29%
Rottal-Inn (BY): 15,28%
Calw (BW): 15,21%
Pfaffenhofen an der Ilm (BY): 15,17%
Landshut (Landkreis) (BY): 15,10%
Neuburg-Schrobenhausen (BY): 15,07%

[ploumploum]

Suite à l'affaire de Chemnitz (meurtre d'un allemand supposément commis par des étrangers) et aux incidents qui ont suivi (manifestations de l'AfD, contre-manifestations de l'extrême-gauche et surtout les "chasses aux étrangers"), la coalition fédérale a encore vécu un psychodrame : en cause, les déclarations du patron des Renseignements intérieurs qui doutait de l’existence des "chasses aux étrangers", faute de preuves suffisantes.
Après des jours de polémiques et des menaces du SPD, la chancelière a finalement opté pour une solution merkelienne : la sanction-promotion. Hans-Georg Maassen a été démis de son poste...pour être nommé secrétaire d'Etat auprès de Seehofer, qui l'a soutenu durant ces deux dernières semaines.

Encore une fois, le SPD se fait avoir.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2 ... _3214.html

https://www.lemonde.fr/europe/article/2 ... _3214.html

Au niveau de l’opinion publique, AfD a encore marqué des points. Dans le dernier Infratest Dimap, il franchit pour la première fois la barre des 18 %...
http://www.wahlrecht.de/umfragen/dimap.htm
https://twitter.com/EuropeElects/status ... 0509768709

P-S : ... et pendant ce temps-là, la CDU-CSU atteint un nouveau plus bas sondagier en n'étant créditée que de 27,5 % dans le dernier INSA. Comme chez Infratest, l'écart avec AfD (là aussi en seconde position) n'est plus que de 10 pts.
https://twitter.com/EuropeElects/status ... 7490682880
http://www.wahlrecht.de/umfragen/insa.htm

[Républicain67]

Pour clore ce sujet sur la carte du vote pour l'AfD, voici un résumé des résultats de l'AfD aux élections législatives de 2017, circonscription par circonscription. http://biaj.de/images/btw_2017_wahlkreise_vorl_afd.pdf

Si toutes les circonscriptions où l'AfD a dépassé la barre des 20% des suffrages exprimés se situent en Allemagne de l'Est (parmi les quinze où elle fait plus de 25%, onze sont en Saxe, véritable bastion du parti), l'AfD a comme même fait des scores honorables dans certains territoires des länder de l'Ouest, quoi qu'à des niveaux plus faibles. Si l'AfD a fait 12,6% des voix au niveau national, elle a fait 10,7% des voix en Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest, contre 21,9% à l'Est et à Berlin-Est. La meilleure circonscription de l'Ouest pour l'AfD est celle de Deggendorf, en Basse-Bavière (19,2% des zweistimmen), même si elle n'arrive qu'au 37ème rang des circonscriptions pour l'AfD.

A l'Ouest, l'AfD a ses zones de force en Bavière, surtout dans le district de Basse-Bavière (proximité de l'Autriche, lieu important d’accueil et de transit des migrants en 2015, région très conservatrice), dans certaines parties de la Ruhr (forts taux de chômage et de pauvreté, reconversion industrielle) et du Bade-Wurtemberg (comme à Pforzheim et environs, ville multiculturelle en crise économique, forte présence de Russes allemands, une communauté fortement acquise à l'AfD, protestantisme conservateur) ainsi que quelques zones dispersées. La droite populiste dépasse ainsi la barre des 15% des suffrages exprimés dans seize circonscriptions des länder de l'Ouest avec des scores allant de 15 à 19,2%. A titre de comparaison les seize meilleures circonscriptions pour l'AfD à l'Est vont de Burgenland-Saalekreis (Saxe-Anhalt, 24,6%) à Sächsische Schweiz-Osterzgebirge (35,5%). Voici les quinze meilleurs scores de l'AfD en Allemagne de l'Ouest:

- Deggendorf (BY): 19,2%, 37ème rang au niveau national
- Straubing (BY): 18,4%, 41e
- Schwandorf (BY): 17,4%, 46e
- Gelsenkirchen (NW): 17,0%, 47e
- Rottal-Inn (BY): 16,5%, 53e
- Heilbronn (BW): 16,4%, 54e
- Pforzheim (BW): 16,3%, 55e
- Passau (BY): 16,1%, 57e
- Fulda (HE): 15,8%, 59e
- Ludwigshafen/Frankenthal (RP): 15,5%, 61e
- Duisburg II (NW): 15,4%, 62e
- Mainz-Kinzig-Wetterau II-Schotten (HE): 15,4%, 63e
- Ingolstadt (BY): 15,1%, 64e
- Neu-Ulm (BY): 15,1%, 65e
- Calw (BW): 15,0%, 66e
- Essen II (NW): 15,0%, 67e

Toutes les autres circonscriptions d'Allemagne de l'Ouest ont un vote pour l'AfD inférieur à 15% des suffrages exprimés.

BW: Bade-Wurtemberg
BY: Bavière
HE: Hesse
NW: Rhénanie-du-Nord-Westphalie
RP: Rhénanie-Palatinat

[ploumploum]

Suite à l'affaire de Chemnitz (meurtre d'un allemand supposément commis par des étrangers) et aux incidents qui ont suivi (manifestations de l'AfD, contre-manifestations de l'extrême-gauche et surtout les "chasses aux étrangers"), la coalition fédérale a encore vécu un psychodrame : en cause, les déclarations du patron des Renseignements intérieurs qui doutait de l’existence des "chasses aux étrangers", faute de preuves suffisantes.
Après des jours de polémiques et des menaces du SPD, la chancelière a finalement opté pour une solution merkelienne : la sanction-promotion. Hans-Georg Maassen a été démis de son poste...pour être nommé secrétaire d'Etat auprès de Seehofer, qui l'a soutenu durant ces deux dernières semaines.

Encore une fois, le SPD se fait avoir.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2 ... _3214.html

Finalement, le SPD obtient un peu plus sur le cas Maassen : au prix d'un énième rafistolage qui ne résout en rien les énormes difficultés de Merkel pour avoir une coalition stable et cohérente, l'ex-patron des Renseignements Intérieurs n'est finalement pas promu comme secrétaire d’État mais comme simple conseiller spécial. La différence entre les deux est visible sur la feuille de paye (dans le 1er cas il aurait gagné 3000 euros supplémentaires...)
https://twitter.com/ThomasWieder/status ... 5003395072

Au niveau de l’opinion publique, AfD a encore marqué des points. Dans le dernier Infratest Dimap, il franchit pour la première fois la barre des 18 %...
http://www.wahlrecht.de/umfragen/dimap.htm
https://twitter.com/EuropeElects/status ... 0509768709

P-S : ... et pendant ce temps-là, la CDU-CSU atteint un nouveau plus bas sondagier en n'étant créditée que de 27,5 % dans le dernier INSA. Comme chez Infratest, l'écart avec AfD (là aussi en seconde position) n'est plus que de 10 pts.
https://twitter.com/EuropeElects/status ... 7490682880
http://www.wahlrecht.de/umfragen/insa.htm

Concernant les sondages :
- dans sa livraison hebdomadaire (les lundis), INSA donne également AfD à 18 % et la CDU-CSU descend à 27 %. Dans la mesure où la CSU pèse entre 5-6 %, AfD ne serait plus loin d'être sondagièrement le 1er parti d'Allemagne...
http://www.wahlrecht.de/umfragen/insa.htm
https://www.insa-consulere.de/meinungstrend/

- on parle désormais des secondes places régulières d'AfD devant les Sociaux-démocrates, mais il y a un autre phénomène peu relaté pour l'instant (Azertyuiop en a parlé dans le fil des sondages européens pour le scrutin de mai 2019) : la montée des Verts depuis un an. A tel point que dans certaines enquêtes, ils talonnent des sociaux-démocrates en perdition : Voir le SPD en quatrième position n'est plus impossible.

Moyennes des 8 derniers sondages :
You Gov (30/08), GMS (11/09) , FGW (14/09), Allensbach (18/09), Infratest (20/09), Emnid (22/09), Forsa (22/09) et Insa (24/09)

CDU-CSU : 28,69 % (-1,37 pt par rapport à début août// -4,24 pts par rapport au scrutin de 2017)
SPD : 17,56 % (-0,44 pt // -2,95 pts)
AfD : 16,25 % (+0,44 pt // +3,61 pts)
Die Grunen : 14,38 % (+1,25 pt // +5,44 pts)
Die Linke : 9,94 % (= // +0,70 pt)
FDP : 8,81 % (+0,12 pt // -1,94 pt)

En moyenne, la coalition CDU/CSU-SPD est à 46,25 % et n'est plus majoritaire puisque le total AfD-Verts-Die Linke-FDP est à 49,38 %.
Sur les 8 instituts cités, seuls deux donnent encore la GroKo majoritaire
http://www.wahlrecht.de/umfragen/index.htm