La vie politique en Allemagne

[Républicain67]

Sahra Wagenknecht refuse de démissionner de son mandat de députée fédérale. Elle demande par contre la démission de la direction de Die Linke. Une position aussi défendue par Klaus Ernst, l'ancien dirigeant du parti.

https://www.tagesschau.de/inland/linke-streit-wagenknecht-mandat-100.html

[ploumploum]

Et pendant ce temps là, le parti d'extrême-droite AfD continue de progresser sur fond d'impopularité de la coalition gouvernementale et d'une CDU encore marquée par les années Merkel.

En quelques semaines, le parti est passé de 15 % en moyenne (en mars) à 19 voir 20 % (!) aujourd'hui et se retrouve au coude-à-coude avec le SPD

https://www.francetvinfo.fr/monde/europ ... 65296.html

https://www.la-croix.com/Monde/Allemagn ... 1201271969

Et le débat de l'interdiction du parti revient du coup :

https://fr.euronews.com/2023/06/14/apre ... -allemagne

[Républicain67]

Je m'étonne que personne ne parle ici de la grave crise que traverse actuellement Die Linke: menace d'implosion, démission des deux co-présidents du groupe au Bundestag...

[Eco92]

N'hésitez pas à nous en parler ! Je n'ai pas du tout suivi cette histoire, mais ça risque d'être complexe pour les européennes.

[Républicain67]

Je vais essayer de résumer. Sahra Wagenknecht, par son positionnement pacifiste anti-OTAN dans le cadre de guerre en Ukraine (certains diraient "pro-russe", volonté de négocier avec Poutine, anti sanctions anti-russes), sa critique de l'immigration massive et du "wokisme", est devenue très populaire outre-Rhin, notamment en ancienne Allemagne de l'Est. Elle est notamment très appréciée par les sympathisants de l'AfD. Sa ligne de retour à la "gauche à l'ancienne" (centrée sur le social) est très mal vue par beaucoup de militants et la direction actuelle. Surtout qu'elle envisage de créer un nouveau parti et a annoncé ne pas vouloir se représenter pour Die Linke en 2025. En gros, elle et ses soutiens veulent reprendre les électeurs de l'AfD, plutôt que ceux des Grünen.

En juin dernier, la direction a exigé de Sahra Wagenknecht qu'elle rende son mandat de députée fédérale, ce qu'elle a refusé. La nomination unilatérale par la direction de Carola Rackete en juillet (activiste écolo et sauveteuse des migrants en Méditerrannée) est en outre très mal passée chez le clan Wagenknecht (le député et co-fondateur de la WASG Klaus Ernst, les députés Andrej Hunko, Sevim Dagdelen, Christian Leye...).

Depuis (début août), les deux co-présidents au Bundestag Amira Mohamed Ali (proche de Wagenknecht) ont décidé de ne pas se représenter en septembre. La scission semble désormais proche. Gregor Gysi et le député Sören Pellmann veulent toujours rapprocher les deux lignes.

D'après les sondages, un parti de Sahra Wagenknecht pourrait marginaliser Die Linke et reprendre des voix à l'AfD.

[Eco92]

Intéressant, le retour dans la vie publique de Carola Reckete m'avait échappé. Je note qu'elle dit qu'elle ne s'occupera pas de questions migratoires mais d'environnement.

https://www.la-croix.com/Monde/Allemagn ... 1201279246

Pour Wagenknecht elle n'est pas que "pacifiste", elle est en effet anti-OTAN et clairement prorusse, de la même manière qu'elle était anti vaccins et pas uniquement anti-pass, elle a aussi un discours contre l'immigration ferme, sur les questions LGBT+ elle est clairement dans l'aile réactionnaire (ce n'est pourtant pas le coeur du combat de Die Linke actuellement)... ceci pour dire qu'il ne s'agit pas juste de défendre plus de social que de sociétal (les question d'immigration, de santé publique, d'affaires étrangère ce n'est pas du sociétal) et que quoiqu'on en dise Wagenknecht est en effet sur une ligne de plus en plus droitière, même si pas économiquement (droite et gauche ne se définissent pas que par l'économie).

A ce titre il me semble logique qu'elle mène une liste, réussira-t-elle à assécher l'AfD ? J'en doute un peu, comme Roussel - personnalité "de gauche" préféré de la droite dans les sondages - n'arrivent pas spécialement à vider les rangs de la droite (et il est nettement moins à droite que Wagenknecht). Par contre être élue assurément si elle tente le parlement européen, vu le mode de scrutin allemand, et possiblement plusieurs sièges.
J'avoue que je pensais déjà qu'elle n'était plus à Die Linke, vu les demandes du parti il semble que le choix de rupture soit clair.

Au passage, pour ceux qui l'ignoreraient, c'est la conjointe d'Oskar Lafontaine, ancien coprésident de Die Linke et figure du parti, ministre-président de Sarre durant 13 ans et brièvement ministre fédéral ds finances.

[Républicain67]

D'après plusieurs sondages et une enquête électorale de Wahlkreisprognose.de, un parti de Sahra Wagenknecht affaiblirait un peu l'AfD, mais surtout Die Linke. L'électorat potentiel reste très masculin et est-allemand. Au plan géographique, il pourrait faire une percée en ex-RDA et notamment en milieu urbain (Chemnitz, Rostock, Halle, Magdebourg, Iéna...), soit les bastions traditionnels de Die Linke.

[ploumploum]

Je m'étonne que personne ne parle ici de la grave crise que traverse actuellement Die Linke: menace d'implosion, démission des deux co-présidents du groupe au Bundestag...

Je vais essayer de résumer. Sahra Wagenknecht, par son positionnement pacifiste anti-OTAN dans le cadre de guerre en Ukraine (certains diraient "pro-russe", volonté de négocier avec Poutine, anti sanctions anti-russes), sa critique de l'immigration massive et du "wokisme", est devenue très populaire outre-Rhin, notamment en ancienne Allemagne de l'Est. Elle est notamment très appréciée par les sympathisants de l'AfD. Sa ligne de retour à la "gauche à l'ancienne" (centrée sur le social) est très mal vue par beaucoup de militants et la direction actuelle. Surtout qu'elle envisage de créer un nouveau parti et a annoncé ne pas vouloir se représenter pour Die Linke en 2025. En gros, elle et ses soutiens veulent reprendre les électeurs de l'AfD, plutôt que ceux des Grünen.

En juin dernier, la direction a exigé de Sahra Wagenknecht qu'elle rende son mandat de députée fédérale, ce qu'elle a refusé. La nomination unilatérale par la direction de Carola Rackete en juillet (activiste écolo et sauveteuse des migrants en Méditerrannée) est en outre très mal passée chez le clan Wagenknecht (le député et co-fondateur de la WASG Klaus Ernst, les députés Andrej Hunko, Sevim Dagdelen, Christian Leye...).

Depuis (début août), les deux co-présidents au Bundestag Amira Mohamed Ali (proche de Wagenknecht) ont décidé de ne pas se représenter en septembre. La scission semble désormais proche. Gregor Gysi et le député Sören Pellmann veulent toujours rapprocher les deux lignes.

D'après les sondages, un parti de Sahra Wagenknecht pourrait marginaliser Die Linke et reprendre des voix à l'AfD.

Merci Républicain67 pour ces informations qui confirment que Die Linke sombre aussi dans le ridicule (comme LFI ici) avec le combat entre deux lignes : "gauche wokiste" et Gauche "sociale", "historique" ou "authentique". A voir si cette dernière réussira à se maintenir, que ce soit en interne ou via un autre mouvement.


Parce que pendant ce temps là, le parti d'extrême-droite continue de grimper, de gagner des élus locaux...et on en vient même à ce que F.Merz, le président de la CDU envisage des alliances avec AfD au niveau local !
Il a certes rétropédalé mais la fissure dans les digues est là et personne n'en parle en France

https://www.20minutes.fr/monde/allemagn ... ps-commune

https://www.letemps.ch/monde/europe/le- ... eme-droite

[Anarkour]

Les divisions entre les militants ex ailes gauche du SDP et des Grünen (le WASG), et ceux du SED (ex parti communiste de l'Est) ne se sont jamais vraiment arrêtées depuis la création du parti.
Ceux à l'Est portent un discours moins progressiste sur l'écologie, les droits LGBT ou l'immigration, tout en étant plus centriste sur les questions économiques et plus volontaire pour s'allier avec le SDP au niveau des lander.
A l'ouest, les militants ne voulaient pas retrouvé trop vite leurs anciens collègues des autres partis.
L'implantation du parti étant majoritairement à l'Est, ce courant dominait, jusqu'à a la fin des années 10, puis la volonté de progresser à l'Ouest à conduit à récupérer les anciens électeurs de la gauche des Grünen qui se recentre fortement depuis 10-15 ans.
L'alliance de ces deux cultures politiques différentes bat de l'aile depuis une demi-douzaine d'années, en ce moment nous assistons à son champ du cygne.
Le Covid a accéléré les choses, une partie de ceux tombés dans les discours anti-vax ont également sombré dans un complotisme qui les amène à grand pas vers l'extrême droite...

[Républicain67]

Pour les non germanophones, voici un bon résumé (en français) de la crise actuelle de Die Linke. https://lvsl.fr/les-divisions-de-die-linke-signes-dune-gauche-allemande-a-la-derive/