vudeloin a écrit:Que le politique reprenne le pas sur le strictement économique et surtout le financier, est finalement assez positif.
Si elle est probablement sous tendue par des préoccupations politiciennes intérieures, la décision inattendue de Papandréou n'en ouvre pas moins une vraie réflexion de philosophie politique.
Je suis d'accord sur le fond avec les propos de vudeloin repris au dessus. Je dirai même que le plus catastrophique est que le financier domine aujourd'hui le politique ET le strictement économique. Après tout, les problématiques macro-économiques pures (la production de bien et de services, l'offre et la demande, le marché du travail...) sont totalement déconnectées de l'évolution de la crise.
Le temps financier et médiatique (celui de l'instant) semble s'imposer au temps politique, aux perspectives historiques et aux cycles économiques. Pour autant, l'Histoire ne va pas plus vite. Aux politiques de garder en tête le bon horizon.
Le problème c'est que le referendum de Papandreou, s'il symbolise bien une reprise en main démocratique de la décision par le peuple grec, ne changera rien à cette problématique sur le fond.
Le peuple grec aura l'occasion de dire "Non" et donc de provoquer la sortie du pays de la zone Euro (car les allemands ne paieront pas plus) ce qui est précisément ce que les spéculateurs souhaitent depuis le début ou de dire "Oui" et d'approuver un plan qui tente de se plier aux exigences des marchés financiers. Dans les deux cas, le gagnant est le même.
Ce referendum apparaît presque comme un baroud d'honneur d'un pays qui prend conscience qu'il a perdu, que les efforts demandés seront socialement inacceptables et qu'il ne pourra s'en "sortir" qu'en capitulant, c’est à dire en reprenant une monnaie nationale extrêmement dévaluée (ce qui ne fera qu'appauvrir le peuple grec, soit dit en passant). Le gouvernement grec ne peut ou ne veut pas le dire et demande à son peuple de le faire directement.
Pour que le politique reprenne le pas sur le financier, ce qui lui permettra à nouveau d'
accompagner - soutenir - réguler - diriger - laisser faire l'économique (choisir la mention adaptée selon le courant de pensée économique auquel on se rattache), il faudrait bien autre chose qu'un referendum à Athènes, fût elle le berceau de la démocratie. Il faudrait reprendre la finance mondiale en main, la réformer avant de réformer la dette souveraine de tel ou tel pays. Qui a le pouvoir, la légitimité, les outils et la volonté politique de le faire ? Voilà la bonne question. Elle ne serait alors plus de savoir si ce plan est acceptable ou non, mais s’il est nécessaire ou non.