Référendum constitutionnel de décembre 2016 en Italie

[alamo]

Je viens d'entendre que c'est à Beppe Grillo qu'il serait demandé de former un gouvernement

Le Fou de guerre de Dino Risi va devenir un film culte...

[spinto]

Je ne vais pas reprendre le détail des résultats puisque Herimene a fait un balayage complet.

A vrai dire, je ne suis pas tellement surpris dans résultats dans le Mezzogiorno, tant il y a une rupture économique, politique et, dans une moindre mesure, sociétale désormais entre ces régions et le reste du pays. Au-delà, le sud reste une zone de profonde faiblesse pour le PD ; Herimene évoque les Pouilles comme une terre très ancrée à gauche, ce qui me semble être une surinterprétation des résultats aux régionales (qui tenaient beaucoup à la personnalité de N. Vendola - pour autant élu de justesse à chaque fois -, puis, en 2014, à l'effondrement global de la droite). Si l'on regarde plus largement les résultats aux élections générales, seule la petite région du Basilicate peut être classée comme plutôt à gauche, mais elle pèse bien peu.
Paradoxalement, les Italiens du sud rejettent massivement cette révision constitutionnelle qui auraient abouti à une recentralisation de certaines compétences régionales, alors même que de plus en plus en collectivités locales du sud sont placées sous l'autorité d'un commissaire préfectoral (notamment pour lutter contre l'infiltration de la mafia).

En réalité, il me semble que la vraie déception pour M. Renzi est le résultat obtenu dans les fiefs historiques de la gauche italienne : Emilie-Romagne, Toscane, Ombrie. Le fait que le "oui" ne fasse que 52,5 % en Toscane, terre d'élection de l'ex-président du Conseil, et 50,4, % en Emile-Romagne, deux régions où le PD avait dépassé les 56 % aux européennes de 2014, est un nouvel avertissement pour le parti, après des élections municipales et régionales plutôt décevantes depuis le début de l'ère Renzi.
Rien toutefois qui ne remette en cause à ce stade l'hégémonie du PD sur ces terres, tant son avance y est grande.

Je m'attendais également à un "oui" plus fort en Lombardie, certes historiquement de droite, du fait du soutien quasi unanime des milieux économiques pour celui-ci. Je note toutefois que le "oui" est majoritaire à Milan (51,1 %), signe que c'est bien le PD (du moins le PD de M. Renzi) qui est aujourd'hui considéré comme le parti le plus favorable à ces derniers.

[spinto]

Je viens d'entendre que c'est à Beppe Grillo qu'il serait demandé de former un gouvernement

Le Fou de guerre de Dino Risi va devenir un film culte...

Cela me semble très surprenant... N'oublions pas que le PD conserve sa majorité absolue à la chambre des députés.

Sauf à considérer que Beppe Grillo est le plus à même pour mener un gouvernement technique reconnu - même a minima - par les forces politiques représentées au Parlement, cette info me semble douteuse !

[ploumploum]

65,5 % de participation, le Non fait 59,11 % soit 38,25 % des inscrits. Résultat net et sans bavure

Ne pas négliger je pense ce rejet du texte par une Italie très attachée à son système fédéral. Renzi avait un projet très centralisateur et globalement en Italie (y compris dans le Latium) ce genre d'idéologie est vraiment minoritaire et contraire à l'avis majoritaire.

Hors l'Italie n'est pas une république fédérale, c'est un Etat unitaire fortement décentralisé voire régionalisé mais pas un état fédéral. La question qu'on peut se poser légitimement est: l'Italie est-elle réformable constitutionnellement ? J'en doute fortement car il y a déjà eu des tentatives aussi avortées de réforme de la constitution comme en 2005 avec le projet de Berlusconi qui prévoyait en outre la transformation du Sénat où les sénateurs auraient été désigné par les conseils régionaux, la fin du parlementarisme imparfait entre le Sénat et la Chambre des Députés, l'augmentation des pouvoirs exécutifs du chef du gouvernement. En 2005, la gauche avait appelé à voter non, la droite oui et le résultat fut la victoire du NON à 61.3%. D'autres référendums sur les règles électorales ont aussi été rejetés par les citoyens italiens. C'est drôle pour des citoyens qui critiquent leur système politique et leurs politiciens surtout le parlementarisme imparfait mais qui votent non à chacune des consultations constitutionnelles.

Je vois plusieurs facteurs ayant pu jouer sur le résultat :
- la peur du déclassement de certaines régions (évoquée par Herimene)
- morosité économique, morale, sociale : chômage, dette élevée, faible croissance, crise des migrants et contre-coup des séismes
- la vaste réforme en elle-même. Charcuter, réduire le Sénat, modifier un peu l'élection présidentielle, augmenter les pouvoirs du Conseil, c'était peut-être une trop grosse pilule à avaler.
- un processus qui traine en longueur. Presque 3 ans ! (la première version a été présentée en avril 2014). Cela laisse le temps à l'opposition ou aux oppositions de se préparer.
- sans oublier bien sûr le fait que Renzi ait évidemment transformé ce vote en une motion de confiance.



Pour revenir à la réforme, je pense qu'il y avait plus simple pour mettre fin au bicaméralisme :
- introduction d'un 49-3 (version de 1958)
- introduction d'une motion de censure constructive (l'avantage, c'est que cela aurait permis l'introduction d'une meilleure proportionnelle)
- élection du Sénat par les élus locaux (comme en France, d'ailleurs ce projet a temps été remis sur la table durant la navette parlementaire) et et éventuellement une réduction du nombre de parlementaires d'environ 5 % (pour avoir 300 sénateurs et 600 députés)

[pop03]

65,5 % de participation, le Non fait 59,11 % soit 38,25 % des inscrits. Résultat net et sans bavure

On est loin du Non à 52.68% de la moyenne des sondages de novembre. On est à 6,43 pts de différence.