Républicain67 a écrit:Il est en effet possible de contourner la barre des 5% au niveau fédéral en faisant élire au moins trois députés dans des circonscriptions. Un parti ayant réussi cette modalité tout en échouant au niveau du seuil électoral obtiendra un nombre de députés proportionnel à son résultat en terme de "deuxièmes voix". Sauf erreur de ma part, ces élus ne constituent pas un groupe parlementaire (
Fraktion), mais une "Gruppe", disposant de moins de droits.
Cette "Grundmandatsklausel" a été mise trois fois en œuvre: lors des élections fédérales de 1953 (pour le Zentrum et la Deutsche Partei), de 1957 (pour la Deutsche Partei) et en 1994 pour le PDS. Dans les deux premiers cas, cela avait rendu possible grâce à des accords électoraux entre la CDU et les petits partis centristes ou de droite conservatrice. La DP disposait en outre d'une forte implantation en Allemagne du Nord, notamment en Basse-Saxe.
https://de.wikipedia.org/wiki/Grundmandatsklausel Plus près de nous, cela a aussi été le cas aux élections de 1994. Cette fois-ci sans accord électoral. Le PDS (ancêtre de Die Linke) était essentiellement implanté en ex-RDA( successeur direct du SED, le PC est-allemand). Il avait gagné quatre circonscriptions dans la partie orientale de Berlin. Il a ainsi pu obtenir un groupe de 30 députés au
Bundestag, avec un résultat national de 4,4% des voix (19,8% à l'Est et 1% à l'Ouest).
https://en.wikipedia.org/wiki/1994_German_federal_election L'article en français (très sommaire) ne parle pas du cas particulier du PDS à cette élection.
Je sais qu'il n'est pas bien vu de se citer soi-même, mais je n'avais pas particulièrement envie d'ouvrir un nouveau sujet, alors que mon message est lié à la règle de la "Grundmandatsklausel".
En prévision des élections législatives fédérales de ce dimanche, je voulais dresser une liste des circonscriptions à suivre. Je n'ai pas malheureusement pas le temps de me lancer dans ce travail ambitieux. Ma mère étant allemande et ayant de la famille outre-Rhin (plus ayant fait une partie de mes études en Allemagne), je connais plutôt bien la politique allemande. Néanmoins, il me semble difficile de dresser tout seul la liste de l'ensemble des circos à enjeu jusqu'à dimanche.
Cette année, le vote par circonscription sera très important pour un parti, en l’occurrence Die Linke. Il est actuellement donné à environ 6-7% des voix dans les sondages. On se rapproche dangereusement de la barre des 5%. Les circonscriptions deviennent dans ce cas (comme en 1994 pour son prédécesseur le PDS) très importante. La gauche radicale dispose pour l'instant de cinq circonscriptions: quatre à Berlin-Est (Lichtenberg, Marzahn-Hellersdorf, Pankow, Treptow-Köpenick) et une à Leipzig, en Saxe (Leipzig II). Certaines sont désormais des quartiers plutôt mixtes, voire branchés et alternatifs (une partie de Pankow, le sud de Leipzig, Pankow étant autrefois le lieu de résidence des anciens cadres dirigeants du SED, le PC de l'ex-RDA), alors que d'autres sont très populaires, tel que l'arrondissement de Marzahn-Hellersdorf, à Berlin (une immense cité HLM, entourée de quelques anciens villages, plus résidentiels).
Si jamais, le parti obtenait moins de 5% des voix dimanche, il espère conserver un groupe de députés au Bundestags, grâce à la règle de la
Grundmandatsklausel. Cela permettrait à Die Linke de disposer au minimum d'une
Gruppe (une sorte de groupe parlementaire de deuxième zone, avec beaucoup moins de droit), plutôt qu'une
Fraktion (groupe parlementaire de plein exercice). Il faudrait qu'il conserve alors au moins ces trois bastions le plus sûr de Berlin-Est: Lichtenberg (Gesine Lötsch), Marzahn-Hellersdorf (Petra Pau) et Treptow-Köpenick (Gregor Gysi). Les sièges de Pankow (Stefan Liebich, qui ne se représente pas) et Leipzig II (Sören Pellmann) sont moins solides. Si Die Linke ne devait garder que deux sièges, ces députés siègeraient comme en 2002 parmi les non-inscrits.
Die Linke pourrait être menacé par les Verts à Pankow, et par la CDU ou les Verts à Leipzig II (contrairement à Leipzig I, l'AfD y est moins forte). Gregor Gysi, qui se représente à 73 ans, reste très populaire à Treptow-Köpenick, mais la CDU a investi dans la circonscription une personnalité, la championne olympique de patinage Claudia Pechstein. Un autre siège berlinois présente beaucoup plus de difficulté pour Die Linke, celui de Petra Pau (vice-présidente du Bundestag) à Marzahn-Hellersdorf (un siège détenu par le PDS, puis Die Linke depuis 1990). Dans cet arrondissement populaire, marqué par la présence de nombreuses
Plattenbauten (les HLM construits à l'époque de la RDA dans les années 1970-1980) et de nombreux problèmes sociaux, la situation politique et sociale ressemble plus à celle de l'Allemagne de l'Est qu'à celle de Berlin. A l'instar des arrondissements orientaux de Berlin, la population d'origine immigrée reste faible. Les ouvriers et retraités sont nombreux, avec des revenus plutôt faibles. L'AfD est le deuxième parti de l'arrondissement, depuis sa percée lors des élections berlinoises de 2016 (scores assez similaires aux élections fédérales de 2017). Si Petra Pau est très implantée dans la circonscription, il existe une certaine lassitude pour Die Linke dans l'arrondissement (le parti cogère la ville de Berlin avec le SPD et les
Grünen), alors que les problèmes sociaux restent nombreux. La CDU veut prendre la circonscription à Die Linke. Elle a pour cela investi un candidat connu, Mario Czaja (ancien ministre régional), bien implanté dans la partie sud de l'arrondissement, plus résidentielle que les cités HLM de Marzahn et Hellersdorf. L'AfD est également menaçante pour la gauche radicale, surtout dans les quartiers de logements sociaux. Petra Pau reste néanmoins la grande favorite. Le siège de Lichtenberg (Gesine Lötsch) reste le plus solide pour Die Linke.
Pour les germanistes d'entre vous, voici un intéressant article sur la question.
https://www.spiegel.de/politik/deutschland/linke-gregor-gysi-gesine-loetzsch-und-petra-pau-sind-die-lebensversicherung-ihrer-partei-a-b793a45d-e690-41e0-9dbc-2df53de8c99f