Le Parlement chypriote a rejeté mardi un plan de sauvetage, très impopulaire, conclu samedi avec l'Eurogroupe et censé éviter une faillite de l'île, par 36 voix contre, 19 abstentions et aucune pour.
"Le projet a été rejeté", a affirmé le président du Parlement Yiannakis Omirou. Le vote contre le plan qui prévoit une taxe exceptionnelle et sans précédent sur les dépôts bancaires a été accueilli par une explosion de joie par des milliers de manifestants réunis devant l'Assemblée.
Dans le plan initial, la taxe s'applique à tous les titulaires d'un compte en banque à Chypre: 6,75 % pour les dépôts de moins de 100.000 euros (soit jusqu'à 6750 euros payables sans délai) et 9,9 % au-delà . Plusieurs variantes sont discutées à Nicosie: un plancher d'imposition fixé à 20.000 euros, une exemption des dépôts inférieurs à 100.000, l'instauration d'une «supertranche » au-delà d'un demi-million, tout devant être rigoureusement dosé pour ne pas toucher au total de 5,8 milliards. Les dépôts inférieurs à 100.000 euros représentent 30 des 67 milliards de liquidités déposés dans les banques chypriotes, d'après le ministre des Finances Michalis Sarris.
À l'échelon européen, la taxation des dépôts bancaires vient contredire l'esprit, sinon la lettre, de l'engagement pris en 2008 et 2010 de garantir dans l'UE tous les dépôts sans exception jusqu'à 100.000 euros.
Le Parlement de Chypre, réuni en session extraordinaire, a adopté vendredi soir une loi sur la restructuration du système bancaire, dans le cadre du plan de sauvetage que Nicosie doit conclure avant lundi. Les députés ont ensuite levé la séance, remettant à plus tard l'examen de cinq autres textes liés à ce plan, dont le plus controversé doit établir une taxe exceptionnelle, qui pourrait s'élever à 15% selon la télévision publique, sur les dépôts bancaires à partir de 100.000 euros.
Dès l'ouverture de la session, les députés ont approuvé un texte créant un fonds de solidarité et un autre limitant les mouvements de capitaux pour éviter une trop forte pression sur les banques à leur réouverture, prévue mardi.
Après pas moins d'une douzaine d'heures de négociations, l'accord conclu prévoit de liquider la Laïki, ce qui provoquera des milliers de suppressions d'emplois. Elle sera divisée en deux parts : l'une assainie ("good bank") et l'autre conçue comme une structure de défaisance ("bad bank") qui contiendra les actifs les plus dangereux. Les dépôts en deçà de 100.000 euros ne seront pas taxés. Ceux de la Laïki seront transférés vers la première banque du pays, la Bank of Cyprus. En revanche, les dépôts des deux banques allant au-delà de 100.000 euros seront gelés et serviront à régler les dettes de Laïki, et à recapitaliser la Bank of Cyprus, via une conversion des dépôts en participations. Les créanciers des deux banques seront donc lourdement touchés. Les pertes qu'ils subiront demeurent non chiffrées mais pourraient aller jusqu'à 40%.
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