Jean-Philippe a écrit:Pour quelques mois, guère plus d'après les spécialistes, le Royaume-Uni sera gouverné par une coalition entre conservateurs et libéraux démocrates. Je ne sais pas si la réforme du mode de scrutin est au programme de cette coalition, mais si c'est le cas, Clegg serait bien inspiré de vite la faire voter, sans quoi un nouveau scrutin anticipé (dès octobre pourquoi pas) pourrait lui faire perdre son moyen de pression que constitue l'absence de majorité absolue pour les Tories.
La popularité du parti travailliste britannique est en hausse et fait jeu égal avec celle des Conservateurs au pouvoir, pour la première fois depuis trois ans, selon un sondage publié aujourd'hui, alors que le Labour doit dévoiler samedi son nouveau leader.
Le Labour et les Conservateurs obtiennent chacun 39% des intentions de vote, alors que les Libéraux-démocrates, alliés aux Tories dans un gouvernement de coalition, sont à la traîne avec 13%, selon un sondage effectué par YouGov pour le Sun.
Les Tories passent sous la barre des 40% pour la première fois depuis juin, alors que l'opinion commence à s'inquiéter de l'ampleur des vastes coupes budgétaires prévues par le gouvernement.
C'est la première fois que le Labour se hisse au niveau des Conservateurs depuis 2007, quand le parti alors au pouvoir avait connu une courte lune de miel dans l'opinion avec l'arrivée de Gordon Brown, succédant au poste de Premier ministre à Tony Blair.
Ce sondage intervient avant l'annonce samedi du résultat de l'élection du nouveau leader du Labour, pour laquelle les deux frères Miliband David et Ed sont donnés au coude à coude.
Quelques minutes avant que les résultats de l'élection à la tête du Labour ne soient connus, David Miliband affichait un grand sourire. Faisant imaginer aux commentateurs politiques qui s'étaient déplacés en masse à Manchester, ce samedi 25 septembre, pour connaître l'issue de quatre mois et demi de campagne, qu'à 45 ans il s'apprêtait à être le vainqueur. Et à remplacer Gordon Brown à la tête d'un Parti travailliste qui a dû céder le pouvoir au conservateur David Cameron en mai. Finalement, c'est Ed, son cadet de cinq ans, qui l'a emporté.
Les autres candidats – Ed Balls, ancien ministre de l'éducation de M. Brown, Andy Burnham, en charge de la santé pour le même gouvernement, et Diane Abbott, une simple députée connue pour se situer à la gauche du parti et avoir été la première femme noire à entrer à Westminster – savaient que la bataille se joueraient entre les deux Miliband.
SOUTIEN MASSIF DES SYNDICATS
Mais jusqu'à peu, David semblait sûr de l'emporter. Plus âgé, plus expérimenté, favori des bookmakers, l'ancien ministre des affaires étrangères de M. Brown se préparait depuis longtemps déjà à la fonction. Il avait choisi en 2007, lorsque Tony Blair a cédé la place à M. Brown au 10 Downing Street, de ne pas contester l'autorité de ce dernier. En 2009, malgré plusieurs tentatives de putshs internes contre le leader du Labour alors très impopulaire, M. Miliband était resté loyal, attendant son heure.
Il s'en est fallu de peu. Et le soutien des élus tout comme des militants – le leader du Labour est élu par trois collèges pesant chacun pour un tiers des voix : les membres du parti, les députés de Westminster et de Strasbourg et les syndicats – n'a pas suffi. Ed a fait la différence grâce au support massif des syndicats. In fine, l'écart entre les deux frères s'est avéré extrêmement serré : Junior a obtenu 50,65 % des voix, son aîné 49,35 %.
"NOUS AVONS PERDU LE CONTACT"
Le nouveau leader du Parti travailliste a fait une campagne plus à gauche que son aîné, qui lui a valu le surnom de "Ed le rouge". Il a banni de son vocabulaire le New Labour, souvent jugé trop à droite par les électeurs travaillistes, promis à ses troupes un recentrage à gauche, au cœur de l'électorat du Labour. "Nous avons perdu les élections [de mai]. Parce que nous avons perdu la confiance. Parce que nous avons perdu le contact" avec notre base, a-t-il rappelé samedi, après sa victoire.
David, lui, comme Tony Blair avant, voulait rassembler au-delà des frontières traditionnelles du parti et séduire ces classes moyennes dont le vote, pense-t-il, est indispensable pour être élu premier ministre. D'ailleurs, dans les sondages effectués auprès de tous les Britanniques, de droite comme de gauche, il était, là aussi, le favori. Il faut dire aussi que Ed, moins connu du grand public que David, avait l'air plus nouveau. Et moins lié à ces treize années de pouvoir du New Labour dont les Britanniques ne voulaient plus entendre parler.
Elu à la Chambre des communes en 2005, quatre ans après son aîné, Junior ne participe pas, en 2003, au vote pour l'intervention britannique en Irak, aujourd'hui très impopulaire. Et il n'entre au cabinet de M. Brown qu'en 2008, comme ministre de l'environnement, où il retrouve David, alors ministre des affaires étrangères, qui a rejoint le cabinet de M. Blair trois ans plus tôt.
Pourtant, comme David et malgré son air juvénile, Ed vit de très près ces treize ans de gouvernements travaillistes. En 1994, il met ses compétences au service de M. Brown, qu'il ne quittera plus. La même année, son frère choisit le camp de M. Blair, qui
prendra la tête du parti un an plus tard et entrera au 10 Downing Street en 1997, où il restera dix ans. "Le récent positionnement de Ed à gauche est sans doute une posture de campagne, juge Tony Travers, politologue à la London School of Economics. Maintenant qu'il est aux manettes, il va sans doute revenir au centre." D'ailleurs, c'est Ed qui avait rédigé le programme électoral de M. Brown pour les dernières législatives.
Jusqu'à peu, les deux Miliband avaient sauvegardé leur relation alors même que les blairistes et les brownistes se livraient une guerre sans merci qui a déchiré le parti. Il n'est pas certain toutefois que la relation entre les deux frères ait survécu à la campagne pour la tête du Labour qui les a opposés ces dernières semaines. Samedi, lorsque la victoire d'Ed a été annoncée, David a été le premier à le prendre dans ses bras et à l'applaudir. Mais quelques instants plus tard, quand Ed lui a dit son amour et son respect, David a eu du mal à contenir ses larmes.
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