de alamo » Lun 11 Mai 2020 11:19
L'inculture historique progresse depuis des décennies et est encouragée, souvenons-nous que Sarkozy avait décidé de supprimer l'histoire des cours de terminale (vision utilitariste de l'école, censée se contenter de fournir de la main d'oeuvre à l'économie, après tout un patron a-t-il besoin d'un salarié qui pense ? )
Le premier film de Bertrand Blier s'appelle "Hitler, connais pas" et c'est un documentaire basé sur des entretiens avec quelques jeunes gens d'horizons divers, dont le manque de culture et de connaissance étaient criants. Le film date de 1963 (moins de vingt ans après la fin de la guerre); il fut retiré de la liste du Festival de Cannes et frappé d'interdiction aux moins de 18 ans.
La réécriture de l'histoire concernant la deuxième guerre mondiale a été permanente, pas toujours dans le même sens d'ailleurs. Au "tous résistants" de l'historiographie gaulliste a succédé le "tous collabos" poussé par l'idéologie anglophile, puis européiste et atlantiste, de courants politiques qui, il faut bien le dire, n'avaient pas forcément été du bon côté sous l'occupation (le MRP, allié de la SFIO dans les gouvernements de la 4ème République", avait été surnommé " Mouvement à Ramasser les Pétainistes")
La guerre froide a été une période de propagande et de révisionnisme inouïe. Il faut reconnaître aux Américains un vrai talent pour utiliser le cinéma, art grand public s'il en est, pour réécrire leur histoire (la vraie étant à la fois courte et peu glorieuse, pays fondé sur le seul génocide "réussi", disons abouti, de l'histoire de l'humanité) et celle du monde.
Nous avons tous vu le film "Le jour le plus long" et tant d'autres, qui ont contribué à présenter le Débarquement de Normandie comme le point crucial de la défaite du nazisme. C’était du spectacle, comme les westerns…
Alors que le débarquement et les bombardements qui l'ont précédé ont fait bien plus de morts dans la population civile qu'il n'y en avait eu dans ces régions pendant cinq années d'occupation allemande, et que la motivation principale des Etats-Unis n'était pas forcément d'abattre le nazisme mais d'éviter que la France ne se libère elle-même (ou pire, selon le fantasme, que l'Armée Rouge arrive jusqu'aux côtes atlantiques). L'objectif était l'instauration en France d'un protectorat américain avec un toutou comme prête-nom (Giraud); De Gaulle les a devancés en se faisant adouber par la population, au grand dam de Roosevelt, Churchill et Eisenhower.
Les historiens, eux, font heureusement leur travail, et on sait aujourd’hui qu'Américains et Britanniques s'étaient rapprochés de dignitaires et généraux allemands avant la fin de la guerre, ou que l’anticommunisme viscéral voire obsessionnel de Churchill l’a poussé à moult complaisances envers Mussolini et Franco. Et à déclarer (en 1932) à un proche d’Hitler (Hanfstaengl) : « Dites à votre chef de ma part que si l’antisémitisme peut constituer un bon point de départ, c’est une position qui ne tient pas sur la durée »…
Quant à De Gaulle, les archives déclassifiées de la CIA le placent au deuxième rang des chefs d'Etat contre qui les services US ont monté des projets d'assassinat (loin, très loin, derrière Fidel Castro quand même)
L’Armée américaine a perdu 180.000 hommes sur le sol européen (9.500 lors du Débarquement), à comparer aux 3,3 millions de l’armée allemande (plus des deux tiers sur le front de l'Est), et aux 11 millions de l’Armée soviétique. Et encore dans les troupes américaines y avait-il aussi beaucoup d’Anglais, de Canadiens, de Polonais, Français, etc et même des Australiens.
Les Etats-Unis ont surtout mené la guerre contre le Japon après Pearl Harbour.
Le total des pertes dans les troupes américaines pendant le conflit est du même niveau que celles de l’Italie, et très inférieur au bilan de la Guerre de Sécession, où les armes étaient pourtant plus rustiques. Même si Trump a expliqué le grand rôle de l’aviation même dans la guerre d’indépendance américaine…
Maintenant le matraquage révisionniste, ça marche : à une même question (quel est le pays qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne nazie), 57% des gens sondés en France en 1947 répondaient l’URSS (c’était tout frais et la population avait connu la guerre), contre 20% en 2015 (et 54% les USA) après un demi-siècle de guerre froide plus ou moins officielle…
Et en 2020 ?
Le révisionnisme historique (le négationnisme pourrait-on dire) a connu un regain ces dernières années, entre le texte atterrant voté par le Parlement Européen et les délires de dirigeants polonais ou ukrainiens.
Mme Darrieussecq, comme D. Trump, semble en tout cas avoir fait sienne la phrase du « regretté Chancelier Adolf Hitler » (comme disait Desproges) : « Les masses se laissent plus facilement abuser par un gros mensonge que par un petit ».
Maintenant, zèle propagandiste ou simple inculture crasse (on a le droit de dire connerie, sur le forum ?), on ne sait pas…
Mme Darrieussecq a retiré son « tweet « et s’est excusée piteusement (mais quand nos politiques arrêteront-ils de balancer leurs conneries sur Twitter comme des ados pas futés ?). A-t-elle craint de tomber sous le coup de la loi macroniste sur les « fake news » ?
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alamo le Mar 12 Mai 2020 06:57, édité 1 fois.