Herimene a écrit:Roland Dumas n'a pas à s'en vanter. Maintenant, je pense qu'il a pris la bonne décision, d'autant qu'à l'époque la possibilité de non-validation des comptes de campagne n'était pas une pratique connue du grand public et aurait probablement beaucoup choqué à droite. L'impartialité de Roland Dumas, ancien ministre socialiste, aurait été remise en cause. Et puis cela aurait complètement bouleversé le résultat de l'élection, en disqualifiant 2 des principaux candidats. Même si les candidats concernés avaient largement dépassé le seuil de frais de campagne, invalider leurs comptes aurait en pratique conduit à une annulation de l'élection et à une négation du choix des électeurs.
"Annulation" par démission de Chirac et non par décision du Conseil Constitutionnel qui ne peut annuler les résultats du scrutin après la proclamation.
Res Publica a écrit:Roland Dumas a ete, voire est encore, un excellent avocat plaidant avec beaucoup de brio et ayant defendu des causes nobles ainsi que des causes lucratives.
Concernant la decision controversee du Conseil constitutionnel, il faut raison garder car elle a ete adoptee par cinq voix contre quatre ce qui signifie que les quatres autres votants la validation des comptes de Sa Courtoise suffisance peuvent en revendiquer autant la paternite, Roland le flamboyant ayant imprime sa patte sur la redaction. Etait-ce une patte de velours ou une patte croche, l'Histoire le dira vraisemblablement en un temps donne, celui du veritable passage a la posterite.
Sacre Roland, ton livre de memoires est un plat de resistances qui se digere remarquablement bien. Chapeau l'artiste.
"L'excellent avocat" qui a quelques tâches sombres dans son CV :
- contraint de quitter le Conseil Constitutionnel (acquitté en appel mais condamné en première instance dans l'affaire Elf)
- condamné pour complicité d'abus de confiance dans le cadre de la succession du sculpteur Alberto Giacometti)
- "la belle initiative" Dumas-Vergès pour défendre Laurent Gbagbo
@ Res Publica, je vous invite à (re)lire comment "l'excellent avocat" a permis de faire valider les comptes de Chirac et Balladur
En lien, l'entretien accordé au Parisien par Jacques Robert, témoin privilégié de ce qu'il qualifie de "belle entourloupe"
Nous étions tous très ennuyés. Roland Dumas, président du Conseil, a alors pris la parole. « Nous ne sommes pas là pour flanquer la pagaille, a-t-il dit. Les Français ne comprendraient pas qu'on annule l'élection pour une affaire de dépassement de crédits. Il faut trouver une solution. » Il s'est tourné vers les rapporteurs (issus du Conseil d'Etat et de la Cour des Comptes) . « Des postes ont peut-être été majorés? Si vous baissiez cette somme, ce serait pas mal… » La séance a été suspendue. Les trois rapporteurs se sont retirés pour travailler. Au bout de cinq ou six heures, quand ils sont revenus, le montant avait été réduit, mais les comptes étaient encore largement dépassés. Roland Dumas leur a demandé de faire un effort supplémentaire. Les rapporteurs se sont retirés à nouveau. Ils ont fini par présenter des comptes exacts… à 1 franc près. Sans doute pour montrer qu'ils n'appréciaient pas d'être pris pour des imbéciles.
[...]
Nous nous sommes dispersés sans un mot, avec le sentiment que la raison d'Etat l'avait emporté sur le droit.
Dumas, homme de droit, a ici défendu l'indéfendable.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/j ... 747309.php