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Elections législatives de 1986

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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Sam 23 Fév 2013 07:40

On revient sur le continent, on se penche sur le Languedoc-Roussillon. On commence par l'Aude. En 1981, la gauche, qui avait gagné tous les sièges en 1973 et 1978, avait remporté les trois sièges en jeu dès le premier tour. Le département conserve le même nombre de députés. Les trois sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Joseph Vidal (PS, conseiller général de Montréal de 1970 à 2008), Régis Barailla (PS, conseiller général [1973-2011] et maire [1971-2008] de Durban-Corbières, suppléant de Pierre Guidoni, qui avait été nommé ambassadeur en Espagne en 1983), Jacques Cambolive (PS, maire de Bram de 1971 à 2003, conseiller général de Fanjeaux de 1970 à 2001)

Les trois sortants se représentent. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 214 375 inscrits, dont 180 037 ont voté, et dont 171 635 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 629 voix, 0,36%, aucun siège
PCF : 23 209 voix, 13,52%, aucun siège
PS : 70 763 voix, 41,22%, 2 sièges
Verts : 3 689 voix, 2,14%, aucun siège
RPR-UDF : 57 267 voix, 33,36%, 1 siège
FN : 15 280 voix, 8,90%, aucun siège
POE : 798 voix, 0,46%, aucun siège

Avec 54,7% des voix, la gauche de gouvernement, sans les écologistes, est nettement majoritaire dans l'Aude, mais en net recul par rapport à 1981, où elle rassemblait... 72,5% des voix ! Le recul du PS, majoritaire à lui tout seul en 1981 (50,50% des exprimés, 52,45% avec les DVG), et du PCF (20,15%) a moins profité aux candidats du RPR et de l'UDF (26,83% en 1981) qu'au FN, qui reste cependant en-dessous de sa moyenne nationale et ne gagne aucun siège, contrairement à la majorité des départements languedociens. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Régis Barailla, Jacques Cambolive.
RPR-UDF : Jean-Pierre Cassabel (RPR, maire de Castelnaudary, conseiller général de Castelnaudary-Sud, député de 1968 à 1973, battu par Jacques Cambolive en 1978 et 1981).

Le décès de Jean-Pierre Cassabel en octobre 1987 allait permettre au n°2 de la liste RPR-UDF, Gérard Larrat (UDF-PR, adjoint au maire de Carcassonne) de devenir député. Après avoir été sévèrement battu en juin 1988 par Joseph Vidal, Gérard Larrat devait prendre sa revanche sur ce dernier en mars 1993. Au même moment, Régis Barailla et Jacques Cambolive étaient eux aussi balayés par la vague bleue. En 1981, les candidats du PS dans l'Aude avaient gagné tous les sièges dès le premier tour : 50,19% pour Joseph Vidal, 50,12% pour Pierre Guidoni, 51,30% pour Jacques Cambolive. Une performance qu'ils n'ont jamais rééditée. En 1993, les candidats RPR-UDF gagnaient tous les sièges dans l'Aude, avec une majorité claire : 51,35% pour l'UDF-PR Gérard Larrat, 52,62% pour le RPR Alain Madalle, 51,59% pour le RPR Daniel Arata. Une performance qu'ils n'ont plus rééditée non plus...
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Jeu 28 Fév 2013 22:30

On remonte plus au nord, vers le Gard. En 1981, la gauche avait gagné tous les sièges, comme en 1973 et en 1978. Avec le passage à la proportionnelle, la représentation du département passe de 4 à 5 sièges. Les quatre sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Emile Jourdan (PCF, maire de Nîmes de 1965 à 1983), Georges Benedetti (PS, conseiller général [1976-1994] et maire [1977-1989] de Bagnols-sur-Cèze), Adrienne Horvath (PCF, maire de Saint-Martin-de-Valgalgues, récemment décédée), Alain Journet (PS, conseiller général [1973-2004] et maire [1977-2001] du Vigan, président du conseil général du Gard de 1994 à 2001, sénateur de 1998 à 2008).

Emile Jourdan, qui avait été battu aux municipales de 1983 par le PDG et fondateur de Cacharel, Jean Bousquet (UDF-PR), ne se représente pas et laisse la tête de liste PCF à l'ancien député (de 1978 à 1981) Bernard Deschamps. Georges Benedetti choisit de se faire élire au Sénat, et c'est Georgina Dufoix, secrétaire d'Etat à la Famille dans le gouvernement Mauroy, ministre des Affaires sociales dans le gouvernement Fabius, ministre délégué à la Famille dans le gouvernement Rocard, dont le père avait été l'adjoint du senateur (1948-1986) et maire (1947-1965) socialiste de Nîmes, Edgar Tailhades, qui prend la tête de liste PS. Ajoutons que la ministre a aussi été conseillère générale de Nîmes V de 1982 à 1985, et est alors conseillère municipale de Nîmes, de 1977 à 1989.

Le 16 mars, 9 listes se disputent les suffrages de 385 730 inscrits, dont 310 137 ont voté, et dont 295 005 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 374 voix, 0,46%, aucun siège
PCF : 51 284 voix, 17,38%, 1 siège
PS : 85 081 voix, 28,84%, 2 sièges
1 liste régionaliste : 2 514 voix, 0,85%, aucun siège
RPR : 36 665 voix, 12,42%, aucun siège
UDF : 72 819 voix, 24,68%, 1 siège
FN : 41 667 voix, 14,12%, 1 siège
FN dissident : 2 797 voix, 0,94%, aucun siège
POE : 804 voix, 0,27%, aucun siège

Avec 46,2% des voix, la gauche de gouvernement a un net avantage sur la droite de gouvernement, qui rassemble 37,1% des voix (contre 31,9% en 1981). Mais le bon score du FN donne la majorité à la droite au sens large. Le net recul de la gauche, qui rassemblait 64,8% en juin 1981, est surtout le fait du PCF, qui était en tête dans Gard en juin 1981, avec 33,27% contre 31,55% pour le PS, qui recule légèrement en 1986. L'effondrement du PCF (presque 16 points perdus !) empêche la réélection d'Adrienne Horvath. Le résultat est tout sauf rassurant pour le PCF du Gard qui, en 1978, avait gagné la totalité des quatre sièges. A Nîmes, le PCF arrive en troisième position avec 15,61%, loin derrière l'UDF (31,32%) et le PS (27,52%), et avec moins de deux points d'avance sur le FN (13,85%). Les législatives suivantes semblent confirmer le déclin du parti, avant une brève éclaircie à la fin des 1990 (récupération de la mairie de Nîmes en 1995 et des circonscriptions de Nîmes et d'Alès Nord en 1997, qui sont perdues respectivement en 2001 et 2002).

Malgré les difficultés du PCF, la situation n'est pas tout à fait rose (sans jeu de mots) pour la droite de gouvernement. Beaucoup de pronostics donnaient deux sièges à la liste UDF, et donc voyaient l'élection de l'ancien député MRP puis CDP (de 1958 à 1973) Jean Poudevigne (UDF-CDS), conseiller général d'Aramon (de 1964 à 2001) et maire de Domazan (de 1959 à 1989). Le RPR local, dont les chances de gagner un siège seul étaient faibles, a malgré tout choisi de faire liste à part, et a même réussi a enrôler en deuxième position une dissidente de l'UDF, Francine Gomez (UDF-PR), PDG de Waterman de 1972 à 1986 qui, contrairement au PDG de Cacharel, n'a jamais eu beaucoup de chance avec le suffrage universel... Ces divisions profitent, malgré la présence d'une liste dissidente, au FN, dont la tête de liste est un ancien élu du département voisin de la Lozère, Charles de Chambrun, éphémère secrétaire d'Etat au Commerce extérieur dans le gouvernement Pompidou, qui comptait plusieurs parlementaires dans sa famille, à droite mais aussi à gauche, et qui était membre du MRAP jusqu'à son ralliement au FN... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Bernard Deschamps.
PS : Georgina Dufoix, Alain Journet.
UDF : Jean Bousquet.
FN : Charles de Chambrun (député UNR puis UDR de Lozère de 1962 à 1973, avant d'être battu par Jacques Blanc, maire de Montrodat de 1954 à 1985).

Trois des élus gardois de 1986 quittèrent l'Assemblée dès 1988 pour ne plus y revenir. Georgina Dufoix fut battue par Jean Bousquet dans la circonscription de Nîmes, avant que l'affaire du sang contaminé ne mette définitivement un terme à son activité politique. Bernard Deschamps et Charles de Chambrun furent battus dès le premier tour dans la circonscription de la Petite Camargue. Le second rebondit dès 1989 en devenant maire de Saint-Gilles, sur une liste comptant des dissidents du RPR et de l'UDF, mais sa gestion est si contestée qu'il perd son poste dès 1992 lors d'une élection partielle. Deux ans plus tard, il rallie Jacques Blanc, et s'éloigne du FN. Mauvaise pioche : aux législatives de 1997 dans la circonscription de Nîmes, sous l'étiquette DVD, il ne rassemble que 358 voix, soit 0,77% des suffrages. Cet échec met fin à son activité politique, et il s'installe en Tunisie où il meurt en 2010. Pendant ce temps, Alain Journet était balayé par la vague bleue de 1993 (le RPR Alain Danilet, qui l'a battu de 108 voix, est décédé récemment), et Jean Bousquet se retirait de la vie politique après sa défaite en quadrangulaire aux municipales de 1995...
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Jeu 28 Fév 2013 23:17

Après le Gard, descendons plus au sud, vers l'Hérault. En 1981, la gauche a gagné la totalité des cinq sièges, dont un dès le premier tour. La représentation du département passe de 5 à 7 sièges. Les cinq sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Georges Frêche (PS, qu'on ne présente plus), Gilbert Sénès (PS, député de 1967 à 1968 puis de 1973 à 1986, conseiller général [1964-1982] et maire de Gignac), Jean Lacombe (PS, conseiller municipal de Sète), Paul Balmigère (PCF, député de 1962 à 1968 et de 1973 à 1986, conseiller général de Frontignan [1945-1951] puis d'Agde [1970-1982], et maire de Béziers de 1977 à 1983), Raoul Bayou (PS, réélu au premier tour avec 51,06% des voix, conseiller général de Saint-Chinian de 1945 à 1995, maire de Cessenon de 1947 à sa mort en 1995).

Gilbert Sénès, Paul Balmigère (battu aux municipales de 1983 par Georges Fontès) et Raoul Bayou ne se représentent pas. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 502 238 inscrits, dont 397 983 ont voté, et dont 381 258 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 2 446 voix, 0,64%, aucun siège
PCF : 48 972 voix, 12,84%, 1 siège
PS : 129 491 voix, 33,96%, 3 sièges
RPR : 82 161 voix, 21,54%, 1 siège
UDF : 48 865 voix, 12,81%, 1 siège
UDF dissident : 10 032 voix, 2,63%, aucun siège
FN : 59 291 voix, 15,55%, 1 siège

Avec 46,8% des suffrages, la gauche de gouvernement a l'avantage sur la droite de gouvernement, qui en réunit 37%. Mais avec les voix du FN, la droite est majoritaire dans l'Hérault, alors que cinq plus tôt, la gauche réunissait 61,6% des voix. Le net recul du PS (40,09% en 1981) et du PCF (21,49%) a surtout profité au FN, plusieurs points au-dessus de sa moyenne nationale de 9,65%, et qui n'avait pas de candidats dans le département en juin 1981. Malgré la perte d'un siège, le PS résiste mieux que le prévoyaient les pronostics. Par exemple, le dossier du Nouvel Observateur sur les 448 députés élus d'avance ne donnait au PS que deux sièges... De leur côté, les candidats du RPR et de l'UDF progressent peu en pourcentage par rapport à 1981 (35,6%). La primaire entre RPR et UDF a tourné à l'avantage du premier. En plus d'être dépassée par le FN, qui confirme la percée des élections précédentes (municipales de 1983 et européennes de 1984 entre autres), l'UDF a été affaiblie par la présence d'une liste dissidente menée par Jean-Jacques Pons (UDF-CDS), conseiller général de Montpellier VI, conseiller municipal de Montpellier, et proche du maire de Sète, Yves Marchand (UDF-CDS), rival du n°1 de la liste UDF officielle, Willy Dimeglio (UDF-PR, député de 1986 à 1997), conseiller général de Montpellier IV et conseiller municipal de Montpellier. Ce n'est peut-être pas un hasard si à Sète, la liste UDF arrive en cinquième position (PS : 25,21%, RPR : 22,45%, PCF : 20,67%, FN : 17,64%, UDF : 12,07%, UDF dissident : 1,37%). La liste officielle fait un meilleur score à Montpellier, où la liste du maire Georges Frêche est largement en tête (PS : 38,19%, RPR : 19,05%, FN : 18,18%, UDF : 14,63%, PCF : 5,90%, UDF dissident : 3,39%). En revanche, à Béziers, où la liste du maire Georges Fontès est arrivée en tête, le score est beaucoup moins bon (RPR : 30,90%, PS : 26,74%, FN : 15,99%, PCF : 14,83%, UDF : 8,65%, UDF dissident : 2,18%). Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Jacques Roux (candidat habituel du parti dans le département, professeur honoraire de médecine à Montpellier).
PS : Georges Frêche, Jean Lacombe, Alain Barrau (député de 1986 à 1993 puis de 1997 à 2002, maire de Béziers de 1989 à 1995).
RPR : Georges Fontès (ancien socialiste passé dans les années 1970 au RPR et franc-maçon notoire, maire de Béziers de 1983 à 1989, conseiller général de Béziers I depuis 1982, actuel doyen du conseil général).
UDF : Willy Dimeglio.
FN : Jean-Claude Martinez (qui a été exclu du FN en 2008 pour avoir constitué une liste dissidente aux européennes de 2009, mais aussi pour son opposition à la succession familiale chez les Le Pen).

La nomination de Georges Fontès comme secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants allait permettre au n°2 de la liste RPR, René Couveinhes (conseiller général de Montpellier III de 1973 à 1992, maire de La Grande-Motte de 1974 à 1993), ancien député UDR de 1968 à 1973 avant d'être battu par Georges Frêche, de revenir à l'Assemblée pour une dizaine d'années. En 1997, dans la 3e circonscription (Lunel), il fait les frais de la dissidence de Jean-Pierre Grand (maire de Castelnau-le-Lez et député de 2002 à 2012), et est battu dès le premier tour, laissant face à face au second tour la candidate du PS, Christine Lazerges, et le celui du FN. La première l'emporte. René Couveinhes se retire de la vie politique, et meurt en 2004.

Pour l'anecdote, signalons la présence sur la liste PS d'Hélène Mandroux-Colas, actuelle maire de Montpellier, en n°7 ; celle sur la liste RPR de Bernard Serrou, député de 1993 à 1997, alors conseiller municipal de Montpellier et conseiller général de Montpellier II (de 1982 à 1988), en n°3 ; celle sur la liste UDF de Marcel Roques (UDF-CDS), député de 1993 à 1997, alors conseiller général de Saint-Gervais-sur-Mare (de 1985 à 1993), maire de Bédarieux de 1977 à 1983, puis de Lamalou-les-Bains depuis 1983, en n°2 ; et celle sur la liste FN d'Alain Jamet, candidat habituel du parti dans le département, conseiller régional, en n°2.
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Zimmer » Ven 1 Mar 2013 01:03

Pullo a écrit:Georges Benedetti choisit de se faire élire au Sénat


Georges Benedetti n'a pas "choisi de se faire élire au Sénat". Il était le suppléant d'Edgar Tailhades lors des élections sénatoriales de septembre 1980, avant de se faire élire député en juin 1981. Ayant cessé d'exercer ce dernier mandat à partir de mars 1986, il a été amené, en tant que sénateur suppléant, à remplacer Edgar Tailhades au Sénat lors du décès de celui-ci au mois de juin de la même année.

Pullo a écrit:Charles de Chambrun (député UNR puis UDR de Lozère de 1962 à 1973


Comme Bertrand S. l'a rappelé très justement ici il y a quelques jours, Charles de Chambrun avait fait partie de la minorité du MRP (c'est sous cette étiquette qu'il avait été élu député pour la première fois en 1962) qui avait soutenu la candidature du général de Gaulle plutôt que celle de Jean Lecanuet à l'occasion de l'élection présidentielle de 1965. Devenu effectivement secrétaire d'Etat au Commerce extérieur au lendemain de ce scrutin, c'est sous la bannière UD-Vème qu'il s'était fait réélire lors des élections législatives de 1967.

Pullo a écrit:Le net recul du PS (40,09% en 1981) et du PCF (21,49%) a surtout profité au FN, plusieurs points au-dessus de sa moyenne nationale de 9,65%, et qui n'avait pas de candidats dans le département en juin 1981.


Il y avait eu des candidats du FN dans les 1ère (Montpellier I, II, Lunel) et 2ème (Montpellier III, Lodève) circonscriptions de l'Hérault en juin 1981, qui avaient obtenu respectivement 2,65 % et 1,16 % des suffrages exprimés au premier tour.
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Ven 1 Mar 2013 06:53

Zimmer a écrit:Il y avait eu des candidats du FN dans les 1ère (Montpellier I, II, Lunel) et 2ème (Montpellier III, Lodève) circonscriptions de l'Hérault en juin 1981, qui avaient obtenu respectivement 2,65 % et 1,16 % des suffrages exprimés au premier tour.

Dans mes sources, ces candidats n'étaient pas présentés comme candidats du FN, juste comme candidats d'extrême droite.
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Ven 1 Mar 2013 08:00

Après l'Hérault, remontons maintenant au nord du Gard, vers la Lozère. En 1981, la droite avait conservé dès le premier tour les deux sièges en jeu. Le département conserve le même nombre de députés. Les deux sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Adrien Durand (UDF-CDS, élu avec 51,98% des suffrages, conseiller général et maire de Châteauneuf-de-Randon, député de 1981 à 1993), Jacques Blanc (UDF-PR, réélu avec 64,41% des suffrages, conseiller général [1970-1988] et maire [1971-2001 et depuis 2008] de La Canourgue, secrétaire d'Etat à l'Agriculture dans le gouvernement Barre, président de la région Languedoc-Roussillon de 1986 à 2004, député de 1973 à 2001, sénateur de 2001 à 2011).

Les sortants se représentent. Le 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 57 409 inscrits, dont 47 377 ont voté, et dont 45 489 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 365 voix, 0,80%, aucun siège
PCF : 1 966 voix, 4,32%, aucun siège
PS : 13 230 voix, 29,08%, aucun siège
RPR-UDF : 27 292 voix, 59,99%, 2 sièges
1 liste DVD : 0 voix, 0%, aucun siège
FN : 2 636 voix, 5,79%, aucun siège

Avec 60% des voix, la droite parlementaire a une majorité écrasante en Lozère, et la gauche de gouvernement rassemble à peine le tiers des exprimés. Comme le prévoyaient tous les pronostics, la liste RPR-UDF remporte les deux sièges, puisqu'elle rassemble deux fois plus de voix que la liste PS. La liste d'union de la droite progresse de deux point par rapport à 1981 (57,90%). Le recul du PS (32,52% en 1981, et qui rate l'obtention d'un siège en 1986 de 415 voix...) et du PCF (6,48%) au surtout profité, comme dans beaucoup d'autres départements, au FN, bien que ce dernier soit nettement en dessous de sa moyenne nationale (9,65%), contrairement à la plupart des départements de la région Languedoc-Roussillon. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
RPR-UDF : Jacques Blanc, Adrien Durand.

En 1988 et en 1993, Adrien Durand doit faire face à une primaire sauvage imposée par Jean-Jacques Delmas (UDF-PRV), conseiller général de Sainte-Enimie de 1970 à 2010 et maire de Mende de 1983 à 2008, décédé en 2010. Il arrive en tête de la droite en 1988 et est réélu de justesse face à Jean-Claude Chazal (député de 1997 à 2002, élu contre Jean-Jacques Delmas avec le soutien d'Adrien Durand...). En 1993, il est nettement devancé par Jean-Jacques Delmas, se retire et laisse ce dernier seul candidat au second tour. Quant à Jacques Blanc, il a surtout fait parler de lui pour ses alliances plus ou moins tacites avec le FN au conseil régional de Languedoc-Roussillon. La perte de la région au profit de Georges Frêche en 2004, puis celle de son mandat de sénateur en 2011 au profit du socialiste frêchiste Alain Bertrand (élu maire de Mende en 2008 avec le soutien de Jean-Jacques Delmas, auquel il rend hommage en donnant son nom au stade de la ville...), ont mis un terme à une carrière parlementaire qui avait brillamment commencé, par une victoire au premier tour, avec 53,06% des exprimés contre 18,60% pour le sortant UDR, Charles de Chambrun, dont on a parlé plus haut et dont la famille avait donné beaucoup de parlementaires à la Lozère...
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Ven 1 Mar 2013 09:04

On termine le tour de la région Languedoc-Roussillon par les Pyrénées-Orientales. En 1981, la gauche avait remporté les deux sièges en jeu. Avec le passage à la proportionnelle, le département double sa représentation, qui passe de 2 à 4 sièges. Les deux sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
André Tourné (PCF, figure historique du parti dans le département, ancien brigadiste, ancien résistant, député de 1946 à 1958, puis de 1962 à 1968 puis de 1973 à 1986, conseiller général de Perpignan-Est [1945-1951] puis de Prades [1955-1979], mort en 2001), Renée Soum (PS, conseillère municipale de Perpignan, élue en 1981 contre le maire Paul Alduy, qui avait rompu quelques années plus tôt avec le PS).

Les sortants se représentent. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 246 408 inscrits, dont 195 109 ont voté, et dont 186 648 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 042 voix, 0,55%, aucun siège
PCF : 29 692 voix, 15,90%, aucun siège
PS : 48 261 voix, 25,85%, 1 siège
PS dissident : 4 914 voix, 2,63%, aucun siège
RPR-UDF : 63 393 voix, 33,96%, 2 sièges
1 liste DVD : 3 729 voix, 1,99%, aucun siège
FN : 35 617 voix, 19,08%, 1 siège

Avec 44,3%, la gauche de gouvernement dépasse la droite de gouvernement, qui réunit sur ses listes 36% des voix, soit autant qu'en 1981 (35,7%). Mais cette dernière est majoritaire dans le Roussillon si on ajoute le FN, qui profite du recul de la gauche qui, cinq ans plus tôt, était largement majoritaire avec 62,25% des suffrages. Le PS (33,94% en 1981) garde le siège de Renée Soum, le PCF (28,31%) perd celui d'André Tourné. La réélection de Renée Soum est plus facile que ce qu'auraient pu faire croire les tensions déclenchées par sa désignation comme tête de liste. Les militants de la fédération PS des Pyrénées-Orientales avaient choisi Henri Sicre (alors conseiller général et maire de Cérét) comme tête de liste, mais la direction nationale a imposé Renée Soum, d'où la création d'une liste dissidente sous le nom de Parti socialiste catalan, menée par Claude Gendre, dont la concurrence n'est pas assez forte pour empêcher la réélection de Renée Soum. Quant aux communistes, la défaite d'André Tourné est d'autant plus humiliante que leur liste (sur laquelle figure en n°2 Jean Vila, maire de Cabestany et député de 1997 à 2002) est derrière celle du FN, conduite par un ancien membre de l'OAS qui auparavant, avait été dans la Résistance, puis combattu en Indochine et en Algérie, Pierre Sergent (décédé en 1992), et dont le n°3, Mourad Kaouah, est un ancien député d'Algérie. Le FN réussit même à arriver en deuxième position à Perpignan, devant les listes de gauche (RPR-UDF : 35,84%, FN : 25,09%, PS : 23,52%, PCF : 10,58%)... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Renée Soum.
RPR-UDF : Claude Barate (RPR, conseiller général de Perpignan VII, adjoint au maire de Perpignan, battu en 1997 par Jean Vila), Jacques Farran (UDF-PR, conseiller général de Perpignan II, député jusqu'en 1993).
FN : Pierre Sergent.

La très contestée Renée Soum allait être la victime à retardement d'une primaire sauvage aux législatives de 1988, dans la 3e circonscription (Prades). François Beffara, conseiller général et maire PS de Millas, fait dissidence, et recueille 16,45% des suffrages contre 20,80% pour Renée Soum, 36,40% pour Jacques Farran, 12,73% pour le candidat du PCF et celui du FN, 1,37% pour le candidat DVD. Au second tour, malgré la hausse de la participation, Renée Soum est battue par Jacques Farran (48,49% contre 51,51%). Il faudra attendre 2002 pour voir une femme à nouveau élue députée dans le Roussillon, avec Arlette Franco (UMP, maire de Canet-en-Roussillon, décédée en 2010) dans la 2e circonscription (La-Côte-Radieuse). En 2007, l'adversaire au second tour de cette dernière n'était autre que Renée Soum...
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede stephed » Ven 1 Mar 2013 09:36

Pullo a écrit:
La très contestée Renée Soum allait être la victime à retardement d'une primaire sauvage aux législatives de 1988, dans la 3e circonscription (Prades). François Beffara, conseiller général et maire PS de Millas, fait dissidence, et recueille 16,45% des suffrages contre 20,80% pour Renée Soum, 36,40% pour Jacques Farran, 12,73% pour le candidat du PCF et celui du FN, 1,37% pour le candidat DVD. Au second tour, malgré la hausse de la participation, Renée Soum est battue par Jacques Farran (48,49% contre 51,51%). Il faudra attendre 2002 pour voir une femme à nouveau élue députée dans le Roussillon, avec Arlette Franco (UMP, maire de Canet-en-Roussillon, décédée en 2010) dans la 2e circonscription (La-Côte-Radieuse). En 2007, l'adversaire au second tour de cette dernière n'était autre que Renée Soum...


Francois Beffara qui allait céder ses mandats en 1994 et 1995 à christian Bourquin, futur sénateur et président de la région languedoc-Rousillon, qui est à l'époque...son gendre et dont la fille Damienne Beffara reprendra le flambeau en 2001.

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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Ven 1 Mar 2013 12:44

Du Languedoc-Roussillon, on passe au Limousin, et on commence par la Corrèze. En 1981, la gauche avait gagné dans le département d'élection de Jacques Chirac (qui avait conservé son siège de justesse au premier tour face à François Hollande) deux des trois sièges. Le département garde le même nombre de sièges pour les législatives de 1986.Les trois sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean Combasteil (PCF, maire de Tulle de 1977 à 1995 et, avec Jacques Raimbault dans le Cher et Paul Chomat dans la Loire, l'un des rares nouveaux députés communistes en 1981), Jean-Claude Cassaing (PS, conseiller général de Brive-la-Gaillarde-Sud-Ouest, conseiller municipal de Brive-la-Gaillarde), Jacques Chirac (RPR, qu'on ne présente plus).

Les sortants se représentent. Le 16 mars, 5 listes se disputent les suffrages de 185 165 inscrits, dont 159 655 ont voté, et dont 153 155 ont exprimé leur vote. les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 696 voix, 1,10%, aucun siège
PCF : 29 321 voix, 19,14%, aucun siège
PS : 40 818 voix, 26,65%, 1 siège
RPR-UDF : 76 121 voix, 49,70%, 2 sièges
FN : 5 199 voix, 3,39%, aucun siège

Avec 49,7%, la droite parlementaire dépasse nettement la gauche de gouvernement (45,8%), et est majoritaire avec plus de 53% si on ajoute le FN, nettement en dessous de sa moyenne nationale (9,65%), comme dans le reste du Limousin. Cinq ans plus tôt, la gauche était nettement majoritaire en Corrèze avec près de 56%, et le PS et le PCF faisaient jeu égal (28,93% pour l'un, 27,06% pour l'autre). En 1986, la gauche recule tant au profit de la liste RPR-UDF (45,5% en 1981) que du FN (0,2% en 1981 !), mais c'est le PCF (dont la liste est menée par Jean Combasteil) qui souffre le plus et perd son siège dans le département alors que le PS ne perd que deux points par rapport à 1981 et conserve le sien. La liste Chirac arrive en tête à Tulle, avec 45,63%, devant le PCF (28,75%) et le PS (21,84%). Elle est majoritaire à Brive-la-Gaillarde avec 50,39%, devant le PS (31,03%) et le PCF (12,02%). Bien que largement en tête dans le département, la liste RPR-UDF n'atteint pas les deux objectifs fixés par Jacques Chirac : dépasser les 50% des suffrages et gagner les trois sièges. Le premier a été manqué à 0,3 points près, le second était plus compliqué à atteindre. Il fallait au minimum, pour tout rafler dans les départements élisant deux députés, rassembler deux fois plus de voix que la liste arrivée en seconde position. Dans ceux qui en élisaient trois, il aurait fallu trois fois plus de voix que la liste arrivée en deuxième place... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Jean-Claude Cassaing.
RPR-UDF : Jacques Chirac, Jean Charbonnel (RPR, conseiller général de Brive-la-Gaillarde-Centre, maire de Brive-la-Gaillarde de 1966 à 1995, plusieurs fois ministre, qui a eu des relations compliquées avec Chirac, et qui a refait parler de lui dernièrement à propos de l'affaire Boulin).

La nomination de Jacques Chirac comme Premier ministre allait permettre au n°3 de la liste RPR-UDF, l'ancien député de 1978 à 1981 dans la circonscription de Tulle, Jean-Pierre Bechter (RPR), de revenir à l'Assemblée. Comme Jacques Chirac, cet ancien sous-préfét, qui avait été adjoint au maire de Salon-de-Provence, avait un mandat électif dans la capitale (où il était adjoint au maire du XIIe arrondissement) et un autre en Corrèze (où il était conseiller général de Saint-Privat). Toujours sur la liste RPR-UDF, en n°4, se trouvait Annie Lhéritier (RPR), qui allait être la conseillère de Jacques Chirac à l'Elysée. Sur la liste du PS, on trouve en n°2 François Hollande (alors conseiller municipal d'Ussel), et en n°4 Bernadette Bourzaï qui, dans les années 2000, fut maire d'Egletons, haut lieu de la Chiraquie. Sur la liste PCF, on trouve en n°2 l'ex député Jacques Chaminade, qui avait été élu en 1978 grâce à la division de la droite provoquée par la dissidence de Jean Charbonnel (lequel fut battu au premier tour), avant d'être battu en 1981 au profit de Jean-Claude Cassaing, et en n°3 Christian Audouin, conseiller général de Bugeat et candidat habituel du parti dans la circonscription d'Ussel dans les années 1970, 1980 et 1990.

Depuis, François Hollande a eu la carrière politique qu'on connaît, et dans le même temps, celle de Jean Charbonnel s'achevait piteusement. Au début des années 1990, après une énième brouille avec Jacques Chirac, il ralliait la majorité présidentielle, dont la défaite est devenue certaine bien avant les législatives de mars 1993. Il fut éliminé dès le premier tour, au profit du candidat du PS, Philippe Nauche, et de celui du RPR, Bernard Murat. Le second l'emporte et prend en 1995 la mairie de Brive à Jean Charbonnel, avant d'être battu aux législatives de 1997 par le premier. Il devient sénateur en 1998, mais perd en 2008 sa mairie au profit de son tombeur de 1997, qui avait été battu aux législatives de 2002 avant de revenir à l'Assemblée en 2007. Des proches de Jean Charbonnel font partie de l'actuelle majorité municipale...
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Re: Elections législatives de 1986

Messagede Pullo » Lun 4 Mar 2013 09:49

Toujours dans le Limousin, on remonte au nord, dans la Creuse. En 1981, la gauche avait gagné les deux sièges en jeu. Le département garde le même nombre de sièges. Les deux sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
André Lejeune (PS, maire de Guéret), Nelly Commergnat (PS, maire de Bonnat, conseillère générale, suppléante d'André Chandernagor, président du conseil général de la Creuse de 1973 à 1983, maire de Mortroux de 1953 à 1983, ministre délégué aux Affaires européennes dans le gouvernement Mauroy, puis président de la Cour des comptes de 1983 à 1990).

Seul André Lejeune se représente. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 112 629 inscrits, dont 87 601 ont voté, et dont 83 381 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 663 voix, 0,79%, aucun siège
PCF : 10 830 voix, 12,98%, aucun siège
PS : 30 709 voix, 36,82%, 1 siège
RPR-UDF : 37 035 voix, 44,41%, 1 siège
1 liste DVD : 0 voix, 0%, aucun siège
FN : 3 304 voix, 3,96%, aucun siège
POE : 840 voix, 1,00%, aucun siège

Avec 49,8%, la gauche de gouvernement dominait nettement la droite de gouvernement (44,4%). Comme le prévoyaient les pronostics, le PS et la liste RPR-UDF se partagent les deux sièges. Au sein de la gauche, l'écart entre PS et PCF, déjà important en 1981 (42,94% pour le premier, 18,10% pour le second), se creuse. A droite, le FN nettement en dessous de sa moyenne nationale, comme dans le reste de la région. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : André Lejeune.
RPR-UDF : Jacques Chartron (RPR, ancien préfet).

Jacques Chartron ne devait pas rester longtemps au Palais Bourbon. En 1988, il fut battu par le socialiste Gaston Rimareix (maire de Mainsat) qui, comme son voisin et camarade André Lejeune fut battu en 1993. Le nouvel élu dans la circonscription d'Aubusson, Jean Auclair, alors RPR dissident, est resté près de 20 ans à l'Assemblée, avant d'en être chassé en juin 2012 par Michel Vergnier. Ce dernier, qui avait succédé à André Lejeune à la mairie de Guéret et était député depuis 1997, est ainsi devenu l'unique député du département...
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