Elections législatives de 1986

[stephed]

Jack LANG atterrit donc dans le loir et cher en 1986 aprés avoir fait un "tour de france" qui le vit annoncé dans un grand nombre de départements francais (toute ressemblance avec une situation récente est fortuite).

En même temps, le parachutage est une des joies (si l'on peut dire) du mode de scrutin proportionel et, cette année là, aucun parti politique ne s'en ait privé. les exemples sont légion.

[Pullo]

On continue de remonter la Loire et on termine le tour de la région Centre avec le Loiret. En 1981, la gauche a gagné deux des quatre sièges en jeu. Avec le passage à la proportionnelle, le département gagne un siège. Les 4 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean-Pierre Sueur (PS, secrétaire d'Etat aux collectivités territoriales de 1991 à 1993, maire d'Orléans de 1989 à 2001, sénateur depuis 2001, alors conseiller municipal d'Orléans), Jean-Claude Portheault (PS, maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle), Jean-Paul Charié (RPR, éphémère conseiller municipal de Pithiviers en 1989, député de 1981 à sa mort en 2009), Xavier Deniau (RPR, frère de Jean-François, maire d'Escrignelles de 1965 à 2001, député de 1962 à 2002, secrétaire d'Etat aux DOM-TOM en 1972-1973, décédé en 2011).

Tous les sortants se représentent. Le 16 mars, 9 listes se disputent les suffrages de 356 377 inscrits, dont 285 232 ont voté et 270 921 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
3 listes d'extrême gauche : 6 586 voix, 2,43%, aucun siège
PCF : 25 573 voix, 9,43%, aucun siège
PS : 85 098 voix, 31,41%, 2 sièges
RPR-UDF : 124 254 voix, 45,86%, 3 sièges
2 listes DVD : 4 820 voix, 1,77%
FN : 24 590 voix, 9,07%, aucun siège

Avec 48,6% des voix, la droite de gouvernement domine la gauche gouvernementale, qui réunit à peine 40,8% des voix. Mais la droite de gouvernement stagne par rapport à 1981 (49,75%), du fait de la poussée du FN, qui a profité du recul de la gauche en général et du PCF en particulier (14,04% en 1981). Le PS (33,99% en 1981) a beaucoup mieux résisté, ce qui lui a permis de garder ses deux sortants, ce sur quoi les pronostics de l'époque n'étaient pas optimistes. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Jean-Pierre Sueur, Jean-Claude Portheault.
RPR-UDF : Xavier Deniau, Jacques Douffiagues (UDF-PR, conseiller général d'Orléans-Bourgogne de 1979 à 1992, maire d'Orléans de 1980 à 1988, député de 1978 à 1981, année où il est battu par Jean-Pierre Sueur, décédé en octobre 2011), Jean-Paul Charié.

La nomination de Jacques Douffiagues comme ministre délégué aux Transports dans le gouvernement de cohabitation allait permettre à Antoine Carré (UDF-PR, alors conseiller général et maire de Saint-Jean-le-Blanc) d'entrer à l'Assemblée. Ce denier devait y revenir entre 1993 et 2007, avant de laisser son siège à son neveu Olivier, toujours député à l'heure actuelle, et proche de François Fillon. Pour l'anecdote, signalons la présence sur la liste RPR-UDF, en n°7 (soit en suppléant), d'un autre futur parlementaire, Eric Doligé (RPR), conseiller général et maire de Meung-sur-Loire, élu en 1988 (contre Jean-Claude Portheault), député jusqu'en 2001, sénateur depuis 2001, président du conseil général du Loiret depuis 1994.

[Zimmer]

Jacques Douffiagues (UDF-PR, secrétaire d'Etat à la Formation professionnelle sous VGE

Attention à ne pas confondre Jacques Douffiagues et Jacques Legendre.

[ploumploum]

Jacques Douffiagues (UDF-PR, secrétaire d'Etat à la Formation professionnelle sous VGE

Attention à ne pas confondre Jacques Douffiagues et Jacques Legendre.

En effet comme l'écrit implicitement Zimmer, Jacques Legendre a été effectivement secrétaire d’État à la Formation professionnelle sous le 3ème Gvt Barre, mais Jacques Douffiagues n'a été que le directeur de cabinet de Jean-Pierre Soisson, éphémère titulaire de ce Secrétariat d’État sous le 1er Gvt Chirac.(il avait été nommé en janvier 1976)

[Pullo]

Au temps pour moi, messieurs, l'erreur est humaine. Si vous vous sentez plus qualifiés pour alimenter ce fil, faites-le, ce n'est pas interdit...

Maintenant, passons à la région Champagne-Ardenne. On commence par les Ardennes. En 1981, la gauche avait gagné les trois sièges. Le département garde le même nombre de sièges. Les 3 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Roger Mas (PS, conseiller général de Mézières-Est de 1976 à 1982, maire de Charleville-Mézières de 1980 à 1998, décédé en 2009), Gérard Istace (PS, maire de Revin de 1977 à 1994), Gilles Charpentier (PS, conseiller général de Sedan-Est de 1979 à 1985, maire de Sedan de 1977 à 1983).

Tous les sortants se représentent. Le 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 193 391 inscrits, dont 150 489 ont voté, et 143 844 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 3 984 voix, 2,76%, aucun siège
PCF : 20 169 voix, 14,02%, aucun siège
PS : 46 767 voix, 32,51%, 1 siège
RPR-UDF : 60 832 voix, 42,29%, 2 sièges
FN : 12 092 voix, 8,40%

Avec 46,5% des voix, la gauche parlementaire dépasse l'unique liste de la droite parlementaire, mais la poussée du FN donne une courte majorité (50,7%) à la droite, alors que cinq ans plus tôt, la gauche dépassait les 58% (22,91% pour le PCF, 35,79% pour le PS). Si le PS et le PCF avaient fait liste commune, la gauche aurait eu deux sièges au lieu d'un. Mais la dégradation des relations entre les deux partis depuis le tournant de la rigueur de 1983-1984 et le départ des ministres communistes du gouvernement en avaient décidé autrement... Malgré un score nettement supérieur à la moyenne nationale (9,78%), la liste PCF, conduite par l'ancien député René Visse (conseiller général de Monthermé jusqu'en 2004), ne parvient pas à récupérer l'un des deux sièges perdus en 1981. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Roger Mas.
RPR-UDF : Jacques Sourdille (RPR, conseiller général de Grandpré, conseiller municipal de Sedan, président du conseil général des Ardennes de 1982 à 1995, secrétaire d'Etat à la Recherche dans le gouvernement Barre, député battu en 1981 par Gilles Charpentier), Michel Vuibert (UDF-CDS, conseiller général de Novion-Porcien, maire de Faissault).

Jacques Sourdille n'allait pas rester longtemps à l'Assemblée. En 1988, il fut battu par Jean-Paul Bachy (maire de Sedan de 1995 à 2004, et président de la région Champagne-Ardenne depuis 2004). Il devint sénateur l'année suivante et le resta jusqu'à sa mort en 1996. Michel Vuibert, battu en 1988 par Roger Mas, devait redevenir député de 1993 à 1997. Dans le l'intervalle, il était devenu maire (1989-2005) et conseiller général (1992-2004) de Rethel. Quant à Roger Mas, battu en 1993 par Michel Vuibert, il avait quitté le PS en 1994, puis fut réélu l'année suivante maire de Charleville-Mézières contre la liste officielle du PS, avant d'être poussé vers la sortie par l'un de ses adjoints, contre lequel il devait soutenir en 2001... la liste officielle du PS, conduite par Claudine Ledoux (députée de 1997 à 2002), maire depuis 2001.

[Pullo]

Toujours en Champagne, on va dans l'Aube. En 1981, la gauche a gagné l'un des trois sièges. Le département garde le même nombre de sièges. Les 3 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Pierre Micaux (UDF-PR, conseiller général [1970-1994] et maire [1965-1995] de Vendeuvre-sur-Barse, député de 1978 à 2007), Robert Galley (RPR, plusieurs fois ministre, conseiller général des Riceys, maire de Troyes de 1972 à 1995, député entre 1968 et 2002, décédé récemment), Michel Cartelet (PS, maire adjoint de Romilly-sur-Seine, maire de 1989 à 2008).

Tous les sortants se représentent. Le 16 mars, 8 listes se disputent les suffrages de 191 227 inscrits, dont 145 705 ont voté, et donc 138 238 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 071 voix, 0,77%, aucun siège
PCF : 13 209 voix, 9,55%, aucun siège
PS : 41 353 voix, 29,97%, 1 siège
RPR-UDF : 67 400 voix, 48,75%, 2 sièges
2 listes DVD : 865 voix, 0,62%, aucun siège (dont 0 voix et 0% pour l'une)
FN : 13 198 voix, 9,54%, aucun siège
POE : 1 142 voix, 0,82%, aucun siège

Comme le prévoyaient la plupart des pronostics, il y a un statu quo dans la répartition des sièges. Le PCF (dont la liste est conduite par le maire de Romilly-sur-Seine, Georges Didier, dont la tête de liste PS est alors l'adjoint) et le FN font des scores proches de leur moyenne nationale respective. Avec 49,4%, la droite parlementaire stagne par rapport à 1981 (49,04%), du fait de la percée du FN. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Michel Cartelet.
RPR-UDF : Robert Galley, Pierre Micaux

Contrement à Pierre Micaux et feu Robert Galley, Michel Cartelet ne devait rester qu'une petite dizaine d'années à l'Assemblée. En 1993, il fit comme beaucoup de ses camarades les frais de la débâcle du PS au niveau national, et fut éliminé au premier tour au profit du candidat du FN et de celui du RPR, un certain François Baroin...

[stephed]

Et c'est donc depuis 1993 qu'il n'y a que des députés de droite dans l'Aube.

[Pullo]

Exact Stephed. Et pour revenir une dernière fois sur le département de l'Aube, signalons pour l'anecdote que le futur sénateur Philippe Adnot, qui a fait parler de lui pour son non soutien à Nicolas Sarkozy, était le n°3 de la liste RPR-UDF en 1986.

On continue le tour de la Champagne en s'arrêtant sur le département le plus peuplé, la Marne. En 1981, la gauche avait gagné deux des quatre sièges, avant de perdre l'un d'eux en 1982 lors d'une législative partielle. Le département gagne deux sièges avec le passage à la proportionnelle. Les 4 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Georges Colin (PS, conseiller municipal de Reims), Jean Falala (RPR, conseiller général de Reims II de 1961 à 1988, maire de Reims de 1983 à 1999, député jusqu'en 2002, décédé en 2005), Bruno Bourg-Broc (RPR, élu lors d'une législative partielle en janvier 1982, conseiller général de Châlons-sur-Marne II de 1973 à 1988, maire de Châlons-en-Champagne, ex Châlons-sur-Marne, depuis 1995, député titulaire jusqu'en 2007, puis suppléant de Benoist Apparu de 2007 à 2012), Bernard Stasi (UDF-CDS, plusieurs fois ministre, président de la région Champagne-Ardenne de 1981 à 1988, maire d'Epernay de 1970 à 1977 et de 1983 à 2000, député jusqu'en 1993, décédé en 2011).

Tous les sortants se représentent. Le 16 mars, 8 listes se disputent les suffrages de 349 094 inscrits, dont 264 616 ont voté, et dont 253 106 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 833 voix, 0,72%, aucun siège
PCF : 26 982 voix, 10,66%, 1 siège
PS : 72 370 voix, 28,59%, 2 sièges
RPR : 70 931 voix, 28,02%, 2 sièges
UDF : 39 410 voix, 15,57%, 1 siège
1 liste DVD : 16 802 voix, 6,63%, aucun siège
FN : 22 636 voix, 8,94%, aucun siège
POE : 2 142 voix, 0,84%, aucun siège

Avec 50,2% des voix, la droite parlementaire est majoritaire sans l'appoint du FN, mais fait jeu égal avec la gauche parlementaire, pourtant sous les 40%, en sièges. S'il y avait eu une liste unique à droite, elle aurait pu avec 50,2% gagner quatre sièges, aux dépens du PCF, dont la liste est conduite par le conseiller général de Châlons-sur-Marne III et maire de Châlons-sur-Marne (de 1977 à 1995), Jean Reyssier. Ce dernier, dont l'élection à la plus forte moyenne était inattendue (et ce d'autant plus qu'il avait toujours échoué à se faire élire député au scrutin majoritaire) doit son siège à la division de la droite sur trois listes. La liste RPR fait le service minimum en faisant reconduire ses sortants, et le n°3 de la liste, l'ancien député Jean Bernard (conseiller général de Vitry-Ouest et maire de Vitry-le-François), battu en juin 1981, avant d'être le suppléant en janvier 1982 de Bruno Bourg-Broc, ne revient pas à l'Assemblée. La liste UDF n'atteint pas son principal objectif, l'élection du n°2 de la liste, Jean-Louis Schneiter (UDF-CDS), adjoint au maire de Reims, et maire de 1999 à 2008. La liste UDF a fait les frais de la concurrence de la liste DVD conduite par Pierre-Emmanuel Taittinger, fils de Jean et conseiller général de Reims I (de 1985 à 1992), et aussi des tensions provoquées par le soutien de Bernard Stasi à Raymond Barre, et les positions du même Bernard Stasi sur la crise en Nouvelle-Calédonie (il pensait que la responsabilité des troubles ne se trouvait pas uniquement à gauche...). On voit donc à quel point la division de la droite a aidé non seulement le PCF, mais aussi le PS, qui gagne un siège de plus et assure ainsi le parachutage de la députée sortante parisienne Ghislaine Toutain, dont l'élection était prévue, contrairement à celle de Jean Reyssier. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Jean Reyssier.
PS : Georges Colin, Ghislaine Toutain.
RPR : Jean Falala, Bruno Bourg-Broc.
UDF : Bernard Stasi.

Bernard Stasi n'avait pas fini de faire les frais de ses prises de positions. Son soutien à la loi Evin n'est pas pour rien dans sa défaite en 1993 face à Philippe-Armand Martin, dans une région viticole comme la Champagne, sans oublier l'hostilité du FN, qui ne le trouvait pas assez français à son goût (puisqu'il avait des ancêtres espagnols et italiens par ses grands-parents), et surtout, ne lui pardonnait pas d'avoir écrit L'immigration, une chance pour la France. Quant à Jean Reyssier et Ghislaine Toutain, ils n'allaient pas rester très longtemps à l'Assemblée. En juin 1988, ils affrontèrent Bruno Bourg-Broc dans la circonscription de Châlons-sur-Marne. Ghislaine Toutain fut devancée au premier tour par Jean Reyssier, mais ce dernier dut s'incliner au second tour, malgré les bons reports de voix. En revanche, le n°3 de la liste PS en 1986, Jean-Pierre Bouquet (conseiller général de Saint-Rémy-en-Bouzemont depuis 1979, maire de Vitry-le-François de 1989 à 2001 et depuis 2008), fut élu. En 1993, comme Georges Colin et d'autres socialistes, il fit les frais de la chute du PS, et fut battu par Charles de Courson, toujours présent à l'Assemblée. Et c'est depuis 1993 qu'il n'y a plus de député de gauche dans la Marne...

[stephed]

Pour la Marne, c'est aussi le fruit d'un découpage électoral assez bizaroide. Sans etre partisan, il est quand même étrange qu'une ville de la taille de Reims soit sur 4 circonscriptions différentes.

[Jean-Philippe]

Michel Cartelet, député de l'Aube entre 1981 et 1993, était en 1989 président départemental du Parti radical de gauche (source). Quand a t-il rejoint ce parti et a t-il été au PS avant ?