Elections législatives de 1986

[pierrot]

Pour l'anecdote, signalons la présence de l'actuel ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, alors conseiller général de Mont-de-Marsan-Sud et conseiller municipal de Saint-Pierre-du-Mont, en 3e position sur la liste PS.

Il avait à peine 35 ans à l'époque, il faut dire qu'il est devenu conseiller général en 1979 dès l'âge de 28 ans.

[Pullo]

Toujours en Aquitaine, on s'arrête sur le Lot-et-Garonne. Comme dans beaucoup de départements voisins, la gauche y a gagné tous les sièges, au nombre de trois, en 1981. Le département garde le même nombre d'élus. Les 3 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Christian Laurissergues (PS, conseiller municipal d'Agen), Gérard Gouzes (PS, maire de Marmande), Marcel Garrouste (PS, maire de Penne d'Agenais).

Les trois sortants se représentent. Le 16 mars, 10 listes se disputent les suffrages de 223 724 inscrits, dont 171 546 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 1 413 voix, 0,82%, aucun siège
PCF : 19 578 voix, 11,41%, aucun siège
PS : 57 280 voix, 33,39%, 1 siège
MRG : 3 199 voix, 1,86%, aucun siège
RPR-UDF : 63 626 voix, 37,08%, 2 sièges
UDF dissident : 10 910 voix, 6,35%, aucun siège
2 listes DVD : 255 voix, 0,14%, aucun siège
FN : 15 285 voix, 8,91%, aucun siège

Avec presque 52,5% des voix, la droite, FN inclus, est majoritaire dans le Lot-et-Garonne. Cinq ans plus tôt, la gauche de gouvernement y atteignait les 60,5% (18,94% pour le PCF, 41,59% pour le PS). Le PCF, qui avait perdu de justesse au premier tour la circonscription de Marmande en juin 1981, ne réussit pas à récupérer un siège. Le PS, bien qu'ayant perdu deux sièges sur trois, réalise un score supérieur à sa moyenne nationale (31,22%), malgré la concurrence d'une liste du MRG. De son côté, la liste RPR-UDF a gagné deux sièges malgré la présence d'une liste UDF dissidente conduite par Georges Lapeyronie, maire de Villeneuve-sur-Lot, proche de Raymond Barre et hostile à une cohabitation avec François Mitterrand. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Christian Laurissergues.
RPR-UDF : Paul Chollet (UDF, maire d'Agen de 1989 à 2001), Michel Gonelle (RPR, adjoint au maire d'Agen).

[ploumploum]

PS : Christian Laurissergues.
RPR-UDF : Paul Chollet (UDF, maire d'Agen), Michel Gonelle (RPR, adjoint au maire d'Agen).

Il me semble que Pierre Chollet devient Maire d'Agen en 1989. (il le restera jusqu'en 2001)
Par contre il a été conseiller général du canton d'Agen-centre de 1981 à 1997.

[Pullo]

J'avais oublié de préciser les dates du mandat de Paul Chollet à Agen, Ploumploum. Merci de l'avoir signalé.

On achève le tour de l'Aquitaine avec les Pyrenées Altlantiques. En 1981, la gauche y avait gagné trois sièges sur quatre. Avec le passage à la proportionnelle, le département gagne deux sièges. Les 4 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Georges Labazée (PS, suppléant d'André Labarrère, maire de Pau, ministre des Relations avec le Parlement), Henri Prat (PS, maire de Mirepeix, conseiller général de Nay-Est), Michel Inchauspé (RPR, conseiller général de Saint-Jean-Pied-de-Port, décédé l'an dernier), Jean-Pierre Destrade (PS, conseiller municipal de Biarritz, tombeur de Bernard Marie, le père de MAM, en 1981, avant de tomber sur les affaires...).

Jean-Pierre Destrade et Henri Prat se représentent. Michel Inchauspé, pourtant réélu dès le premier tour en 1981 (62,66%), attend 1988 pour revenir à l'Assemblée Nationale (il y reste jusqu'en 2002, avant d'être remplacé par Jean Lassalle, son ancien suppléant). Le 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 410 522 inscrits, dont 317 956 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 2 059 voix, 0,65%, aucun siège
PCF : 19 679 voix, 6,18%, aucun siège
PS : 118 220 voix, 37,18%, 3 sièges
1 liste régionaliste : 5 386 voix, 1,69%, aucun siège
RPR-UDF : 148 268 voix, 46,63%, 3 sièges
FN : 24 344 voix, 7,65%, aucun siège

Avec le FN, la droite est majoritaire dans les Pyrenées Atlantiques, avec plus de 54% des voix. Cinq ans plus tôt, la gauche parlementaire l'était, avec 51% (8,84% pour le PCF, 42,26% pour le PS). Si le PCF et le PS reculent, c'est moins à cause de la droite parlementaire, qui stagne par rapport à 1981 (47,13%), qu'à cause du FN et de la liste régionaliste (abertzalé de gauche pour être précis). Néanmoins, le PS a atteint son objectif, qui était de garder les trois sièges de ses sortants, ce qui n'était pas évident, car beaucoup à l'époque voyaient la liste RPR-UDF gagner quatre sièges. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : André Labarrère, Jean-Pierre Destrade, Henri Prat.
RPR-UDF : Jean Gougy (RPR, conseiller municipal de Pau), François Bayrou (UDF-CDS, alors conseiller municipal de Pau et conseiller général de Pau-Sud), Michèle Alliot-Marie (RPR, alors professeur de droit à Paris 1).

La nomination de MAM comme secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement devait permettre à Alain Lamassoure (UDF-PR, conseiller référendaire à la Cour des Comptes) d'entrer à l'Assemblée. Et pour l'anecdote, signalons la présence sur la liste PS des futurs députés Martine Lignères-Cassou, maire de Pau depuis 2008, et David Habib, successeur d'André Labarrère à l'Assemblée. Le prédécesseur de David Habib à la mairie de Mourenx, André Cazetien, était la tête de liste du PCF...

[Pullo]

Maintenant, passons à la Bourgogne et commençons par la Côte-d'Or. En 1981, la gauche y avait gagné trois sièges sur quatre (dont deux aux dépens d'anciens ministres de droite). Le département gagne un siège avec le passage à la proportionnelle. Les 4 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean Esmonin (PS, conseiller général de Chenôve, suppléant de Roland Carraz, maire de Chenôve, tombeur du maire RPR de Dijon Robert Poujade en 1981, alors secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique dans le gouvernement Fabius), Hervé Vouillot (PS), François Patriat (PS, conseiller général de Pouilly-en-Auxois, vainqueur en 1981 de l'ex député MRG Pierre Charles et de l'ex ministre RPR Jean-Philippe Lecat, actuel président de la région Bourgogne), Gilbert Mathieu (UDF-PR, maire de Vitteaux).

A l'exception d'Hervé Vouillot, les sortants se représentent. Le 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 310 156 inscrits, dont 229 969 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 5 227 voix, 2,27%, aucun siège
PCF : 12 018 voix, 5,22%, aucun siège
PS : 79 194 voix, 34,43%, 2 sièges
RPR-UDF : 111 812 voix, 48,62%, 3 sièges
FN : 21 718 voix, 9,44% aucun siège

Avec 58%, la droite, FN inclus, est largement majoritaire. Cinq ans plus tôt, la gauche parlementaire y dépassait tout juste les 51% (8,88% pour le PCF, 42,32% pour le PS, le MRG et les DVG). Là encore, le recul de la gauche est moins le résultat de la progression de la droite parlementaire (47,69% en 1981), que de celle du FN, dont la liste, conduite par Pierre Jaboulet-Vercherre, réalise un score proche de la moyenne nationale du parti. Mais comme d'autres départements, le PS limite les dégâts en ne perdant qu'un siège, alors que beaucoup pensaient qu'il n'en gagnerait qu'un. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Roland Carraz, François Patriat.
RPR-UDF : Robert Poujade (président du conseil général de Côte-d'Or de 1982 à 1988), Gilbert Mathieu, Lucien Jacob (RPR, maire d'Echevronne, ancien suppléant de Jean-Philippe Lecat).

[Jean-Philippe]

Il me semble que Pierre Chollet devient Maire d'Agen en 1989. (il le restera jusqu'en 2001)
Par contre il a été conseiller général du canton d'Agen-centre de 1981 à 1997 et il l'est de nouveau depuis 2008.

En 2008, c'est son fils Pierre, adjoint au maire qui est élu dans ce canton alors que le député dont on parle est Paul Chollet.

[Pullo]

Toujours en Bourgogne, allons plus au sud, dans la Nièvre. En 1981, comme en 1973 et 1978, la gauche a gagné les trois sièges en jeu, dont deux dès le premier tour. Le département d'élection de François Mitterrand garde le même nombre de députés. Les 3 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Eugène Teisseire (PS, maire d'Alluy, suppléant de Daniel Benoist, maire de Nevers de 1971 à 1983, secrétaire d'Etat dans le gouvernement Mauroy), Jacques Huyghes des Etages (PS, maire de Cosne-Cours-sur-Loire), Bernard Bardin (PS, maire de Clamecy, ancien suppléant de François Mitterrand).

Seul Bernard Bardin se représente. Jacques Huyghes des Etages attendra 1988 pour revenir à l'Assemblée (et ce sera son dernier mandat). Le 16 mars, 8 listes se disputent les suffrages de 177 378 inscrits, dont 131 955 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 914 voix, 0,69%, aucun siège
PCF : 18 253 voix, 13,83%, aucun siège
PS : 53 845 voix, 40,80%, 2 sièges
Verts : 2 281 voix, 1,72%, aucun siège
RPR-UDF : 47 432 voix, 35,94%, 1 siège
1 liste DVD : 0 voix, 0%, aucun siège
FN : 8 124 voix, 6,15%, aucun siège
POE : 1 106 voix, 0,83%

Avec 54,6% des voix, la gauche de gouvernement reste majoritaire dans la Nièvre, quoique en net recul, surtout pour le PS, par rapport aux 68,3% de 1981 (16,33% pour le PCF, 51,96% pour le PS). Comme beaucoup le prévoyaient, le PS abandonne l'un de ses trois sièges à la liste d'union de la droite, qui progresse nettement par rapport à 1981 (30,70%). Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Pierre Bérégovoy (maire de Nevers depuis 1983, ministre des Finances depuis 1984), Bernard Bardin.
RPR-UDF : Hervé de Charette (UDF-PR, conseiller municipal de Nevers depuis 1983).

La nomination d'Hervé de Charette comme ministre de la Fonction publique allait permettre à Bernard Savy (RPR) d'entrer à l'Assemblée. deux ans plus tard, après le retour au scrutin majoritaire, Hervé de Charette choisit de se faire élire sur les terres de ses ancêtres, dans le Maine-et-Loire, a priori peu favorable à la gauche, ce qui était vrai jusqu'il y a quelques années...

[Zimmer]

François Patriat (PS, conseiller général de Pouilly-en-Auxois, vainqueur en 1981 de l'ex député MRG Pierre Charles et de l'ex ministre RPR Jean-Philippe Lecat, actuel président de la région Bourgogne)

On peut aussi préciser que François Patriat avait été élu en 1981 comme dissident du PS, la direction nationale de ce parti ayant alors donné son soutien au radical de gauche Pierre Charles.

[Pullo]

On passe de la Nièvre à la Saône-et-Loire. En 1981, la gauche y avait gagné la totalité des cinq sièges. Avec le passage à la proportionnelle, le département gagne un siège. Les sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean-Pierre Worms (PS, conseiller municipal de Mâcon), Paul Duraffour (MRG, maire d'Anzy-le-Duc), André Billardon (PS, éphémère président du conseil général de Saône-et-Loire de 1979 à 1982, alors conseiller municipal d'Autun, actuel maire du Creusot), Roger Leborne (PS, suppléant d'André Lotte, conseiller général de Montceau-les-Mines-Nord, décédé en septembre 1984), Maurice Mathus (PS, père de Didier, conseiller municipal de Châlons-sur-Saône, conseiller général de Châlons-sur-Saône-Nord, suppléant de Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation).

A l'exception de Paul Duraffour (déjà octogénaire) et de Roger Leborne, les sortants se réprésentent. Le 16 mars, 8 listes se disputent les suffrages de 394 330 inscrits, dont 283 031 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 5 817 voix, 2,05%, aucun siège
PCF : 24 112 voix, 8,51%, aucun siège
PS : 96 137 voix, 33,96%, 3 sièges
MRG dissident : 6 917 voix, 2,44%, aucun siège
RPR : 80 114 voix, 28,30%, 2 sièges
UDF : 49 978 voix, 17,65%, 1 siège
FN : 19 956 voix, 7,05%, aucun siège

Avec 44,9% des voix, la gauche parlementaire est devancée de peu par la droite parlementaire, qui rassemble 45,9% en Saône-et-Loire. Mais le bon score du FN donne la majorité à la droite. Bien qu'en net recul par rapport à 1981 (45,4% pour les candidats PS-MRG), la liste PS a atteint l'objectif fixé par Pierre Joxe, à savoir trois sièges minimum, alors que beaucoup pensaient qu'il n'en aurait que deux. Et ce malgré une liste MRG dissidente, dont les promoteurs étaient mécontents de l'absence des radicaux de la liste PS, qui était soutenue par le sortant MRG, ce qui explique peut-être le faible score de la liste dissidente. A droite, on voit que la "primaire" entre RPR et UDF a tourné à l'avantage du premier, comme dans beaucoup de départements. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Pierre Joxe, André Billardon, Jean-Pierre Worms.
RPR : Dominique Perben (alors maire de Châlons-sur-Saône), André Jarrot (ancien pilote de moto, alors maire de Montceau-les-Mines, ministre dans le gouvernement Chirac entre 1974 et 1976).
UDF : René Beaumont (UDF-PR, maire de Varennes-Saint-Sauveur, battu aux législatives de 1997 par Arnaud Montebourg, président du conseil général de Saône-et-Loire de 1985 à 2004, sénateur depuis 2004).

En septembre 1986, André Jarrot se fait élire au Sénat, et c'est Roger Couturier (élu en 1985 conseiller général de Mâcon-Sud contre Gérard Worms) qui le remplace. Pour l'anecdote, signalons la présence sur les listes RPR (en n°4) et UDF (en n°2) de deux futurs parlementaires : Jean-Patrick Courtois (maire de Dompierre-les-Ormes, où il succédait à Philippe Malaud, de 1983 à 2001, sénateur depuis 1995, maire de Mâcon depuis 2001), et Gérard Voisin (UDF-PR, maire de Charnay-lès-Mâcon, député de 1993 à 2012). Les deux hommes ont des relations assez tendues, comme le montre cette déclaration de Gérard Voisin en juin dernier. Jean-Patrick Courtois avait soutenu aux législatives une candidate DVD...

[Pullo]

On termine le tour de Bourgogne avec l'Yonne. En 1981, la gauche avait gagné deux des trois sièges. Le département garde le même nombre de députés. Les 3 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean-Pierre Soisson (UDF-PR, maire d'Auxerre, plusieurs fois ministre sous Giscard et Mitterrand, président de la région Bourgogne de 1998 à 2004), Léo Grézard (PS, conseiller général d'Avallon), Roger Lassale (PS, conseiller général et maire de Pont-sur-Yonne).

Seul Jean-Pierre Soisson se représente. Léo Grézard devait devenir en 1988 le suppléant d'Henri Nallet, qui a remplacé Michel Rocard au ministère de l'Agriculture. Jean Lassale fut tête de liste aux régionales de 1986. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 220 948 inscrits, dont 164 792 expriment leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 858 voix, 1,12%, aucun siège
PCF : 16 933 voix, 10,27%, aucun siège
PS : 49 254 voix, 29,88%, 1 siège
RPR-UDF : 79 011 voix, 47,94%, 2 sièges
2 listes DVD : 662 voix, 0,40% (dont 0 voix et 0% pour l'une d'elles), aucun siège
FN : 17 074 voix, 10,36%, aucun siège

Avec plus de 48% des voix, la droite parlementaire devance nettement la gauche parlementaire, qui dépasse péniblement les 40%, alors qu'elle était majoritaire en 1981 avec 50,3% (16,60% pour le PCF, 33,68 pour le PS). Mais comme dans beaucoup de départements, le recul de la gauche est moins le résultat de la poussée de la droite parlementaire, qui stagne dans l'Yonne (en 1981, ses candidats rassemblaient 48,6% des voix), que de celle du FN, qui est au-dessus de sa moyenne nationale. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Henri Nallet (qui plus tard, allait devenir maire de Tonnerre).
RPR-UDF : Jean-Pierre Soisson, Philippe Auberger (RPR, maire de Joigny jusqu'en 2008).