Elections législatives de 1986

[Pullo]

On poursuit le tour de la grande couronne avec l'Essonne. Le nombre de sièges dans le 91, avec l'établissement de la proportionnelle, passe de 4 à 10. Les 4 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Michel Berson (PS, maire de Crosne, futur président du conseil général du 91), Jacques Guyard (PS, maire d'Evry), Claude Germon (PS, maire de Massy), Yves Tavernier (PS).

Les sortants socialistes se sont tous représentés. Le 16 mars, 11 listes se disputent les voix de 616 902 inscrits, dont 462 700 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
3 listes d'extrême gauche : 7366 voix, 1,59%, aucun siège
PCF : 49 070 voix, 10,60%, 1 siège
PS : 151 988 voix, 32,84%, 4 sièges
Verts : 10 606 voix, 2,29%, aucun siège
RPR : 95 203 voix, 20,57%, 2 sièges
UDF : 80 585 voix, 17,41%, 2 sièges
2 listes DVD : 24 122 voix, 5,20% (dont 4,96% pour la liste du Parti Libéral, conduite par Serge Dassault...), aucun siège
FN : 43 760 voix, 9,45%, 1 siège

Malgré les fortes sommes investies dans la propagande électorale, Serge Dassault, contrairement à son père, n'allait jamais devenir député. Seule consolation : sa liste arrive en seconde position à Corbeil-Essonnes, où il était conseiller municipal depuis 1983, derrière la liste PCF et devant la liste PS. Le PCF retrouve l'un des trois sièges perdus en 1981 dans le département, sans empêcher le PS de garder ses sortants. Contrairement à ce qui passe dans la plupart des départements franciliens, le RPR et l'UDF sont presque au même niveau, probablement à cause de la liste Dassault, qui a dû prendre des voix au RPR. Quant au FN, il réalise un score inférieur à sa moyenne nationale, contrairement aux autres départements franciliens. La droite de gouvernement et la gauche de gouvernement faisaient jeu égal, autour de 42-43%, mais le score du FN donnait la majorité à la droite. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Roger Combrisson (député battu en 1981, maire de Corbeil-Essonnes).
PS : Claude Germon, Jacques Guyard, Yves Tavernier, Michel Berson.
RPR : Jean de Préaumont (parachuté depuis Paris, où il était député), Xavier Dugoin (connu pour sa gestion controversée du conseil général du 91).
UDF : Michel Pelchat (UDF-PR, conseiller général de Gif-sur-Yvette), Pierre-André Wiltzer (UDF, futur ministre dans le gouvernement Raffarin).
FN : Michel de Rostolan (CNIP rallié au FN).

[Pullo]

On finit le tour de la grande couronne et de l'Ile-de-France avec le Val-d'Oise. Comme les autres départements franciliens à l'exception de Paris et du 92, le 95 voit son nombre de députés augmenter et passer de 5 à 9. Les 5 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Alain Richard (PS), Jean-Pierre Le Coadic (PS, maire de Taverny de 1977 à 1983, décédé l'an passé), Robert Montdargent (PCF, l'avant-dernier maire communiste d'Argenteuil), Marie-France Lecuir (PS, ex-conseillère générale de Pontoise, maire de Domont de 1989 à 1995), Michel Coffineau (PS, maire de Bouffémont).

Le 16 mars, 11 listes se disputent les voix de 554 413 inscrits, dont 403 755 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 6 210 voix, 1,52%, aucun siège
PCF : 47 707 voix, 11,81%, 1 siège
PS : 126 414 voix, 31,30%, 3 sièges
1 liste DVG : 2 155 voix, 0,53%, aucun siège
1 liste écologiste : 11 412 voix, 2,82%, aucun siège
RPR : 79 978 voix, 19,80%, 2 sièges
UDF : 68 026 voix, 16,84%, 2 sièges
1 liste DVD : 7 008 voix, 1,73%, aucun siège
FN : 50 530 voix, 12,51%, 1 siège

Comme dans l'Essonne, le RPR et l'UDF font presque jeu égal. Le PCF conserve son siège, le PS trois de ses quatre sortants. Le FN fait dans le département son meilleur score francilien après le 93. La gauche de gouvernement, avec plus de 43%, dépassait nettement la droite de gouvernement (plus de 38%), mais comme dans le 91, le score du FN donnait la majorité à la droite. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Robert Montdargent.
PS : Michel Coffineau, Alain Richard, Marie-France Lecuir.
RPR : Hélène Missoffe (parachutée depuis Paris, où elle était députée), Jean-Pierre Delalande (député battu en 1981, qui fut maire adjoint d'Herblay).
UDF : Jean-Philippe Lachenaud (UDF, député battu en 1981, maire de Pontoise), Francis Delattre (UDF-PR, maire de Franconville, qui a fait parler de lui lors des dernières régionales).
FN : Yvon Briant (CNIP rallié au FN, avant de s'en éloigner dès l'été 1986...).

[Zimmer]

Jean-Philippe Lachenaud (UDF, député battu en 1981, maire de Pontoise)

Jean-Philippe Lachenaud avait, certes, été candidat aux élections législatives de 1981 dans la 1ère circonscription du Val-d'Oise (Pontoise, L'Isle-Adam) mais il n'était pas, à l'époque, député sortant. Il avait affronté Alain Richard, élu en 1978 face à Michel Poniatowski dont il prenait la suite. C'est en 1986 qu'il a fait son entrée à l'Assemblée nationale pour la première fois.

[vudeloin]

On notera juste que Robert Montdargent cessa d'être maire d'Argenteuil en laissant les comptes locaux en mauvais état, Alain Richard fut Ministre de la Défense de Lionel Jospin, Jean Pierre Delalande laissa son nom à un dispositif de financement de la Sécurité Sociale en lieu et place des cotisations sociales, Jean Philippe Lachenaud, vite battu en qualité de député, devint un temps Sénateur, etc, etc...

[Zimmer]

Jean Philippe Lachenaud, vite battu en qualité de député, devint un temps Sénateur

Heu non, il n'a pas été battu... Réélu dans la nouvelle 1ère circonscription du Val-d'Oise en juin 1988, il a démissionné de son mandat de député en avril 1992 pour pouvoir cumuler ceux de président du conseil général du Val-d'Oise et de vice-président du conseil régional d'Ile-de-France (il avait abandonné son mandat de maire de Pontoise en 1989). Il a effectivement été élu sénateur du Val-d'Oise en septembre 1995 tandis que Philippe Houillon lui a succédé comme député en mars 1993.

[Pullo]

Intéressons-nous maintenant à l'Alsace. On commence par le Bas-Rhin. Avec le passage à la proportionnelle, le département voit sa représentation passer de 8 à 9 sièges. Les 8 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Emile Koehl (UDF-CDS, conseiller général de Strasbourg IX), Jean Oehler (PS, premier élu de gauche au scrutin majoritaire dans le 67 depuis... 1936), André Durr (RPR, maire d'Illkrich-Graffenstaden), Germain Gengenwin (UDF-CDS, l'un des particpants de l'unique triangulaire des législatives de 1981), Jean-Marie Caro (UDF-CDS), Adrien Zeller (UDF-CDS, maire de Saverne, futur président de la région Alsace), François Grussenmeyer (RPR, maire de Reichshoffen), Germain Sprauer (RPR, maire de Kilstett).

A l'exception de Germain Sprauer, tous les sortants se sont représentés. Le 16 mars, 14 listes se disputent les suffrages de 607 410 inscrits, dont 437 643 ont exprimés leur vote. Les résultats sont les suivants :
3 listes d'extrême gauche : 15 522 voix, 3,54%, aucun siège
PCF : 7 004 voix, 1,60%, aucun siège
PS : 81 339 voix, 18,58%, 2 sièges
1 liste DVG : 26 173 voix, 5,98%, aucun siège
Verts : 16 001 voix, 3,65%, aucun siège
1 liste régionaliste : 0 voix, 0%, aucun siège
RPR : 86 352 voix, 19,73%, 2 sièges
UDF : 120 708 voix, 27,58%, 4 sièges
2 listes DVD : 26 150 voix, 5,97% (dont 4,78% pour une liste RPR dissidente), aucun siège
FN : 57 125 voix, 13,05%, 1 siège
POE : 1 269 voix, 0,28%, aucun siège

Contrairement à ce qu'on a vu dans la plupart des départements franciliens, l'UDF domine nettement le RPR, qui perd un siège. Le bon score de la première empêche le retour à l'Assemblée d'André Bord, 3e de la liste RPR. L'époque où la mouvance gaulliste raflait tous les sièges comme en 1968 (d'ailleurs, les députés RPR sortants et André Bord faisaient partie des heureux élus cette année-là) est révolue. La droite parlementaire est majoritaire dans le département (plus de 53%), mais en net retrait par rapport à 1981 (62,82% au premier tour), à cause de la percée du FN. Le PS, bien qu'en baisse par rapport à 1981 (30%), réussit à gagner un siège de plus, malgré la concurrence de la liste DVG (PS dissidente, pour être exact) du maire de Schiltigheim, Alfred Muller, proche de Rocard, et dont ce n'allait pas être la dernière querelle avec le PS local... Quant au PCF, il rassemble deux fois moins de voix que toute l'extrême gauche réunie, et l'une d'elle, avec 2,2%, réussit à le dépasser ! Cinq ans plus tôt, avec seulement 3%, le PCF rassemblait six fois plus de voix que l'extrême gauche... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Jean Oehler, Catherine Trautmann (future maire de Strasbourg et ministre de la Culture).
RPR : André Durr, François Grussenmeyer.
UDF : Adrien Zeller, Emile Koehl, Jean-Marie Caro, Germain Gengenwin.
FN : Robert Spieler (futur créateur du parti régionaliste Alsace d'abord, après son départ du FN).

La nomination comme secrétaire d'Etat chargé de la Sécurité sociale d'Adrien Zeller allait permettre à Marc Reymann (UDF-CDS), adjoint au maire de Strasbourg, d'entrer à l'Assemblée.

[Zimmer]

Germain Gengenwin (UDF-CDS, l'un des particpants de l'unique triangulaire des législatives de 1981)

L'unique triangulaire... en métropole car il y en avait eu aussi une dans la 1ère circonscription de la Nouvelle-Calédonie où Roch Pidjot (Union Calédonienne) avait été réélu.

[Pullo]

En effet Zimmer, j'avais oublié la triangulaire calédonienne...

Restons en Alsace, mais allons plus au sud, dans le Haut-Rhin. Le nombre de députés passe de 5 à 7. Les 5 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean-Paul Fuchs (UDF-CDS, maire adjoint de Colmar), Charles Haby (RPR, maire de Guebwiller, et ancien Malgré-nous), Pierre Weisenhorn (RPR, maire d'Illfurth), Jean Grimont (PS, suppléant de Jean-Marie Bockel, ministre du Commerce du gouvernement Fabius depuis février), Antoine Gissinger (RPR).

Le sortant UDF s'est représenté. Pierre Weisenhorn et Antoine Gissinger en ont fait de même sur la liste RPR (l'un en première place, l'autre à la dernière...). Bockel et son suppléant se sont mis en tête de la liste PS. Le 16 mars, 12 listes se disputent les suffrages de 430 042 inscrits, dont 312 534 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 931 voix, 0,29%, aucun siège
PCF : 6 142 voix, 1,96%, aucun siège
PS : 92 549 voix, 29,61%, 2 sièges
MRG : 938 voix, 0,30%, aucun siège
Verts : 11 584 voix, 3,70%, aucun siège
RPR : 73 241 voix, 23,43%, 2 sièges
UDF : 70 665 voix, 22,61%, 2 sièges
3 listes DVD : 9 844 voix, 3,14%, aucun siège
FN : 45 205 voix, 14,46%, 1 siège
POE : 1 435 voix, 0,45%, aucun siège

Comme dans le Bas-Rhin, le RPR perd l'un de ses trois sièges, mais moins à cause de l'UDF, qu'elle dépasse légèrement, que du PS. Celui-ci n'est pas loin de son niveau de 1981 (31,88% au premier tour) et gagne un siège de plus. La droite parlementaire est largement en tête dans le département, mais comme dans le 67, elle est net recul par rapport à 1981 (58,70%), là encore à cause de la poussée du FN. Comme dans le département voisin, le temps où la famille gaulliste raflait tous les sièges est loin... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Jean-Marie Bockel, Jean Grimont.
RPR : Pierre Weisenhorn, Jean Ueberschlag (maire de Saint-Louis, député jusqu'en juin 2012).
UDF : Jean-Paul Fuchs, Joseph Klifa (UDF-PSD, maire de Mulhouse de 1983 à 1989).
FN : Gérard Freulet (qui devait suivre Bruno Mégret dans la scission de 1998).

Pour l'anecdote, signalons qu'Antoine Waechter, l'un des dirigeants historiques des Verts, était deuxième de la liste du parti écologiste. Et sur la liste du RPR, on signalera la présence en quatrième et cinquième position des futurs députés Gilbert Meyer (futur maire de Colmar, alors conseiller général de Neuf-Brisach) et de Jean-Luc Reitzer, maire d'Altkirch et toujours député à l'heure actuelle.

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Après l'Alsace, on suit l'ordre alphabétique avec l'Auvergne. On commence par l'Allier. Le département a le même nombre de sièges qu'en 1981, c'est-à-dire quatre. Les 4 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean-Paul Desgranges (PS, maire d'Yzeure), Albert Chaubard (PS, conseiller régional), André Lajoinie (PCF, président du groupe parlementaire à l'Assemblée, futur candidat à la présidentielle), Jean-Michel Belorgey (PS, l'un des promoteurs du RMI).

Les deux derniers députés cités prirent la tête de liste de leur parti. Le 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 267 388 inscrits, dont 199 417 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 866 voix, 0,93%, aucun siège
PCF : 44 312 voix, 22,22%, 1 siège
PS : 52 885 voix, 26,51%, 1 siège
MRG : 8 406 voix, 4,21%, aucun siège
RPR-UDF : 78 824 voix, 39,52%, 2 sièges
FN : 13 124 voix, 6,58%

Avec un peu moins de 53% des voix, la gauche parlementaire est majoritaire dans l'Allier. Même sans la liste MRG conduite par Gérard Charasse (cousin de Michel, et maire du Vernet), et avec une liste d'union PS-PCF, elle n'aurait pas eu plus de sièges. Comme en 1981 (où ses candidats avaient réuni 35,80% au premier tour, contre 28,26% au PCF), le PS est premier à gauche dans l'Allier. Le FN est en dessous de sa moyenne nationale, mais réalise un bon score à Vichy (11,28%, selon Le Monde du 18 mars 1986). Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : André Lajoinie.
PS : Jean-Michel Belorgey.
RPR-UDF : Hector Rolland (RPR, député battu en 1981, maire de Moulins, enfant de l'AP et militant anti-avortement), Jacques Lacarin (UDF-PR, maire de Vichy).

[Pullo]

Toujours en Auvergne, on passe au Cantal. Le département, comme en 1981, a deux sièges à pourvoir. Les 2 députés sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Fimin Bédoussac (PS, maire d'Omps, suppléant de René Souchon, maire d'Aurillac, ministre délégue à l'Agriculture, actuel président de la région Auvergne), Pierre Raynal (RPR, président du conseil général du Cantal, successeur de Pompidou à l'Assemblée).

Les sortants se sont représentés. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 125 505 inscrits, dont 98 846 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 642 voix, 0,64%, aucun siège
PCF : 4 697 voix, 4,75%, aucun siège
PS : 34 996 voix, 35,40%, 1 siège
RPR-UDF : 55 370 voix, 56,05%, 1 siège
1 liste DVD : 0 voix, 0%, aucun siège
FN : 3 066 voix, 3,10%, aucun siège
POE : 75 voix, 0,07%, aucun siège

A l'époque, beaucoup doutaient que le PS garde son siège. En effet, si la liste PS avait fait 25% et la liste RPR-UDF au minimum entre 56 et 60%, cette dernière raflait les deux sièges. Le bon score de la liste PS a empêché ce cas de figure de se produire. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : René Souchon.
RPR-UDF : Pierre Raynal.