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Elections de 1981

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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 15 Mai 2011 23:05

Sur les radios pirates ou les radios libres, un certain nombre ont commencé d'émettre dès le jour même de l'élection de François Mitterrand, en attendant la loi qui allait les autoriser.
Notons tout de même que l'espérance d'une information différente et d'une occupation du spectre radio un peu moins portée sur des canaux commerciaux assez banals s'est très vite heurtée à des réalités économiques assez basiques qui ont fait disparaître l'essentiel des radios de caractère associatif, au profit exclusif de nouveaux opérateurs strictement commerciaux.
Et la bande FM est finalement colonisée, de manière générale, par le même type de radio...
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Re: Elections de 1981

Messagede HORATIO » Lun 16 Mai 2011 04:45

vudeloin a écrit: Sur les radios pirates ou les radios libres, un certain nombre ont commencé d'émettre dès le jour même de l'élection de François Mitterrand, en attendant la loi qui allait les autoriser

A l’époque, il y avait une immense aspiration à plus de liberté d’expression. Ce sentiment n’était pas lié à des étiquettes politiques.
Beaucoup de radio libres ont été créées après 1981, certaines d’entre-elles n’ont pas été une réussite, c’était un grand changement tout de même.

Même chose pour la CB, les gens étaient déçus des 22 canaux (seulement) autorisés après 1981, mais c’était beaucoup mieux que 0 avant.

vudeloin a écrit: Quant à l'indépendance vis à vis du pouvoir, elle n'était qu'une vue de l'esprit, puisque les dirigeants de société étaient nommés en Conseil des Ministres;

Le système d’Etat était tellement tentaculaire et puissant qu’il était possible de priver une personne de toute expression publique.
A la télévision, avant 1981, on ne voyait que VGE ; complètement déphasé de la réalité du terrain, d’ailleurs régulièrement, il s’invitait à diner chez un français choisi au hasard, c’était grotesque.
N’avait-il pas été scotché dans le débat de l’entre deux tours par François Mitterrand sur une question du genre le « prix de la baguette ? ».

Pour la mise en place des nouvelles chaines de TV, cela a été plus long :
En juin 1982, François Mitterrand annonce lors d'une conférence de presse : « Une quatrième chaîne de télévision sera incessamment mise en œuvre. Elle se tournera davantage vers des retransmissions et aussi des problèmes de culture. Cette chaîne ne sera financée ni par la redevance, ni par la publicité », Canal + va ainsi être installée sur une ancienne bande TV VHF de TF1.
Pour la première chaîne de télévision privée gratuite « la cinq », il faudra attendre novembre 1985 pour que sa création soit annoncée.
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Re: Elections de 1981

Messagede Zimmer » Lun 16 Mai 2011 07:10

HORATIO a écrit:A la télévision, avant 1981, on ne voyait que VGE


Oui. Et tout le monde se souvient aussi que les chefs des partis d'opposition étaient emprisonnés. Tu fais décidément toujours dans la mesure, toi.

Pour le reste, il serait bien de se recentrer sur le sujet qui concerne les élections.
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Lun 16 Mai 2011 10:40

Je pense surtout que la tutelle de l'Etat sur la télévision et la radio publiques n'ont jamais vraiment cessé depuis, disons, 1948 ou peu s'en faut...
Avec des contradictions et des espaces de liberté qui n'étaient certainement pas le Journal télévisé présenté par Léon Zitrone ou Jacques Sallebert ( pour prendre deux exemples pas tout à fait au hasard ), mais qui pouvaient être, par exemple, le magazine d'information " Cinq colonnes à la une ", ou encore une bonne partie de la production audiovisuelle de l'époque, dont les chefs d'oeuvre commencent à emplir les DVDthèques...
Que voulez vous, une télé qui se met à adapter les grands classiques de la littérature ou à interroger les grands moments de l'Histoire du pays finit toujours par créer les conditions de la curiosité intellectuelle !
Ceci dit, la télé nouvelle version Mitterrand, faut il le rappeler, ce fut d'abord Canal Plus ( propriété de l'un de ses bons amis, André Rousselet ) et ensuite la première version de la Cinq, lancée par un groupe italien bien connu, celui de Berlusconi...
Un Berlu dont on rappellera qu'à l'époque, il avait eu l'oreille de Mitterrand parce qu'il était bien en cour du côté du premier ministre socialiste italien du moment, Bettino Craxi...
Notons aussi que la télé gaullo pompidolienne avait inventé le débat politique contradictoire ( autre chose que la soupe des pseudos émissions politiques d'aujourd'hui des fois ), qui s'appelait notamment " A armes égales ", émission qui nous avait valu le fameux " messieurs les censeurs bonsoir " de Maurice Clavel, et un match Chirac Marchais au début des années 70 de première bourre... C'était autre chose que l'Heure de Vérité et encore autre chose que les émissions inaudibles d'Arlette Chabot...
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Re: Elections de 1981

Messagede Sommar » Mar 24 Mai 2011 15:10

J'ajouterais bien quelques infos sur 1981.
Détail : cet écart de 1 170 voix observé sur les quatre départements vient de l'avance de Mitterrand en Haute Marne et dans l'Aube, tandis que les deux autres départements donnent une courte majorité au sortant.


Petite erreur sans, doute...François Mitterrand dépasse les 55 % dans les Ardennes, département votant à gauche aux élections nationales. Il frôle les 52 % en Haute-Marne l'un des territoire le plus pauvre de France et est en avance d'une courte tête sur l'Aube. Giscard ne garde qu'une mince majorité dans le département du champagne, la Marne.

Ensuite, on trouve la Lorraine, où le score du candidat de gauche est porté par la seule Meurthe et Moselle, qui donne 643 618 voix (50,7 %) pour Mitterrand et 626 136 voix pour Giscard.


Je me suis même demandé s'il il n'y avait pas d'erreur la première fois que j'ai vu le résultat, mais le compte y est...Mitterrand dépasse les 54 % sur le 54, tandis que Giscard garde de très minces majorités sur les 3 autres départements dans les 51-52 % et parfois très étriquées (50,17%) dans les Vosges. L'addition fait une faible avance de Giscard contrebalancée par la Meurthe-et-Moselle

La région Provence Alpes Côte d'Azur suit, en donnant 1 074 130 voix (51,6 %) pour François Mitterrand contre 1 006 691 suffrages (48,4 %) pour Valéry Giscard d'Estaing.


Par rapport à 1974, c'est la région où la gauche voit ses résultats électoraux d'effriter depuis les années 1970. La gauche dépassait les 52 % en 1974. Cette chute est liée aux 54,37 % de la droite dans les Alpes Maritimes, mais surtout le Var le seul département à placer Giscard en tête (51,64%) alors que Mitterrand s'était imposé de justesse 7 ans plus tôt. Il est à noter que la gauche stagne partout ailleurs, à l'exception des Hautes-Alpes qui ont placé Mitterrand en tête à 51,22 %.

Viennent ensuite la Bourgogne ( Mitterrand 490 310 voix, 54 % ; Giscard 417 856 voix, 46 %)


La zone d'implantation de François Mitterrand...

Mis à part la région PACA, la gauche progresse partout mais de manière inégale. Elle est moyenne, voire faible en Corse, dans le grand est, l'Île de France, le centre et le sud-ouest. Elle est plus marquée dans le charentais.

Paradoxalement, c'est dans les 3 régions de l'ouest ayant placé Giscard en tête où la gauche à le plus progressé depuis 1974 préfigurant déjà la recomposition géopolitique du grand ouest jusqu'à aujourd'hui.

Pour l'Île-de-France, c'est dans Paris que la droite recule le plus en passant de 56,92 à 53,56 % (Le Maire de Paris de l'époque étant à la tête du peloton au premier tour). La progression de la gauche est ensuite marqué sur les départements de la grande couronne dans les 3 points, quand elle est très limitée dans le petite couronne. Le cas le plus probant étant les Hauts-de-Seine plaçant Mitterand en tête, territoire où le parti communiste est encore influent.


Autre remarque, je constate que les suffrages exprimés fournis par vudeloin diffèrent légèrement voire beaucoup de ceux donnés par le CDSP me laissant penser que ces ressources ne sont pas si fiables...

Question à part: vudeloin, avez-vous les résultats de 1981 et 1988 par département si vous avez ceux des régions? J'aimerais tant avoir aussi ceux de Paris intramuros par arrondissements et des communes de la petite couronne.
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Mar 24 Mai 2011 16:22

On a effectivement des trucs de ce genre, disponibles, Sommar...
Le perte d'une clé USB ( f... ! ) porteuse de données récupérées à partir d'un magnifique scanner de documents assez rares mais néanmoins disponibles à peu de distance de mon bureau ont retardé l'indication de précisions plus précises...
( comme le scanner est un peu capricieux et plutôt en rideau et que quelques obligations de boulot m'ont éloigné de mes recherches historiques, en plus...)
Mais bon, vous ( nous ) saurez ( saurons ) tout...
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Mar 24 Mai 2011 20:39

Pour réparer une des erreurs ( dont j'ai compris la réalité à la relecture d'un document disponible ), quelques points sur la région Champagne Ardennes, où François Mitterrand est arrivé en tête.
Le candidat PS a été en tête dans trois départements sur quatre, avec une logique claire et un ordre finalement habituel ( regardez encore aujourd'hui ) : Ardennes, Haute Marne, Aube, Marne.
L'erreur provient des Ardennes où les résultats par circonscription sont les suivants
1ere (Mézières Rethel) Mitterrand 30 886 voix, Giscard 25 325
2e ( Charleville,Givet ) Mitterrand 33 903 voix, Giscard 23 319
3e ( Sedan, Vouziers ) Mitterrand 28 067 voix, Giscard 24 623
TOTAL ARDENNES : Mitterrand 92 856 voix (55,9 %), Giscard 73 267 voix (44,1 %)
Ce qui donne pour la région Champagne Ardennes
Mitterrand 378 075 voix (51,5 % ), Giscard d'Estaing 355 737 voix (48,5 %)
Ce qui accroît de huit dixièmes de point le score de Tonton François...

PS Les éléments relatifs au département des Ardennes placent évidemment ce département parmi les 28 départements votant entre 55 et 60 % en faveur de Mitterrand... Ce qui fait, au bout du compte, que 65 des 96 départements métropolitains ont voté en faveur du candidat de la gauche au second tour de l'élection de 1981..
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Sam 28 Mai 2011 10:32

Pour ne pas céder à la facilité, un petit article sur le vote d'une des régions étant restées fidèles à Giscard d'Estaing, en l'occurrence la Bretagne.

Ne serait ce que pour voir l'évolution des choses.

1965 : la région vote massivement pour le général de Gaulle au premier comme au second tour.
Les Côtes du Nord se distinguent toutefois dans cet ensemble en étant les plus chiches de leur soutien au père de la Cinquième République.

Le général l'emporte d'un peu moins de 9 000 voix sur le secteur de Saint Brieuc, de près de 12 000 suffrages sur celui de Dinan, d'un peu plus de 6 500 voix sur le pays de Lamballe, mais l'écart s'avère plus faible dans le pays de Lannion ( 3 500 sufrages ) et surtout, le pays de Guingamp, avec 54,1 % des votes, choisit déjà la gauche.

Le Finistère est moins instable et aucune des 8 circonscriptions finistériennes ne place la gauche en tête.
Bien au contraire, la 3e circonscription ( celle de Landerneau ) et la 5e ( Lesneven et l'autre partie du Léon ) donnent au général des majorités écrasantes : 83,6 et 77 % !
Le score le plus élevé de François Mitterrand ?
Le siège de Quimperlé où il arrive à 47 % au second tour.

L'Ille et Vilaine est très nettement gaulliste : dans les quatre circonscriptions de Saint Malo, Fougères, Redon et Vitré, le président sortant obtient dès le premier tour la majorité absolue des votes.

Sur les sièges de Vitré, Redon et Fougères, le candidat centriste Lecanuet est même second devant François Mitterrand.

Le second tour confirme le premier avec un score gaulliste atteignant 82,9 % sur le pays de Vitré ( fief des Méhaignerie ), tandis que les deux sièges rennais n'accordent qu'un peu plus de 61 % des votes au général.

Enfin le Morbihan donne également un gros score au général en le plaçant en majorité absolue sur les secteurs de Vannes, Pontivy, Ploermel et Auray ( surprenant non ? ) tandis qu'il est «  mis en ballottage «  sur les sièges de Hennebont et du pays de Lorient.
On retrouve là des signes de répartition politique plutôt habituels dans ce département !

Sur Vannes et Ploermel, le score de Lecanuet est d'ailleurs supérieur à celui du candidat de la gauche.

Le second tour confirme la présence gaulliste : score supérieur à 67 % dans les quatre circonscriptions précitées et résultats plus serrés sur les deux autres sièges.
Ainsi sur la circonscription d'Hennebont ( marquée à l'époque par la lutte des salariés des forges ), le général arrive en tête avec 22 868 voix contre 22 144 voix pour François Mitterrand.

Bilan des courses de 1965 : De Gaulle vainqueur dans quatre départements et 24 des 25 circonscriptions, Mitterrand dans une seule.

1974 : Mitterrand passe en tête dans le département des Côtes d'Armor, avec 153 455 voix contre 152 089 voix pour Giscard d'Estaing, emportant la majorité absolue dans trois circonscriptions sur 5 et dans les villes de Saint Brieuc, Guingamp, Lannion ou encore Plérin.

Le Finistère bouge également : Giscard est en tête avec 262 320 voix ( 58,4 %) mais Mitterrand arrive avec 186 833 voix (41,6 %) en parvenant à l'emporter dans des villes comme Concarneau, Morlaix, Quimperlé ou le Relecq Kerhuon.

L'Ille et Vilaine choisit également Giscard d'Estaing : 220 934 voix et plus de 61 % des suffrages contre 136 705 suffrages pour Mitterrand.

Aucune des grandes villes villenoises ne vote pour le candidat de la gauche mais je vous laisse apprécier le fait que Rennes donne 42 520 voix à VGE et 40 651 à Mitterrand.

Ce qui signifie qu'en dehors de la capitale régionale, le candidat de droite fait 178 414 voix et le candidat de la gauche 96 054, c'est à dire un rapport 65/35...

Quant au Morbihan, il donne 187 531 voix à VGE et 114 070 voix pour «  Tonton «  François.
Moins de 38 % pour le candidat de gauche pourtant arrivé en tête à Lanester et Hennebont, les deux fiefs du PCF dans le Morbihan alors.
Lorient, ville PS, donne alors un millier de voix d'avance au candidat de la droite.

Sur la région, Giscard d'Estaing fait donc 822 874 voix quand le candidat de la gauche atteint 591 063 voix, soit un score de 58,2 % contre 41,8 %

1981: la poussée de la gauche a été forte aux municipales de 1977 et les résultats des présidentielles s'en ressentent immédiatement.

Comme nous l'avons vu dans un message précédent, Giscard d'Estaing va faire 831 034 voix au second tour contre 796 769 voix pour François Mitterrand.

Seules les Côtes d'Armor donnent la majorité au candidat de la gauche mais l'évolution est considérable.
En sept ans, le Président sortant a gagné moins de 9 000 voix et son challenger plus de 200 000 !

Les résultats sont d'ailleurs identiques ou presque dans les quatre départements : dans le 22, l'écart ( mille voix environ en 1974 ) s'accroît avec Mitterrand gagnant 40 000 voix quand Giscard progresse d'un millier de suffrages...
Toutes les villes importantes du département, sauf Dinan, votent pour le candidat de gauche.

Dans le Finistère, VGE perd près de 4 000 voix sur 1974 et Mitterrand progresse de plus de 60 000, terminant avec un 49,06 % inespéré.
Il est en tête sur Brest ou Quimper, réduisant les points forts de VGE à Guipavas, Saint Pol de Léon, Plougastel Daoulas ou Douarnenez et son paradoxe ( maire communiste et ville de droite aux présidentielles ).

Si VGE gagne environ 6 500 voix en Ille et Vilaine, département où son ami Méhaignerie n'est pas sans influence, le candidat de la gauche en capitalise 55 000 de plus et passe de 38,2 à 45,8 %.

Rennes, à plus de 56 %, et plus étonnamment Redon, alors frappée par une crise de l'emploi tout à fait majeure, votent en faveur du candidat de gauche.

Enfin, dans le Morbihan, VGE progresse de 2 500 voix sur 1974 quand le candidat de gauche fait 48 000 voix de plus.
Et l'écart de 73 500 voix en 1974 fond à 28 000 en 1981.
Hennebont, Lanester, Lorient et même Pontivy préfèrent le candidat de la gauche.

Si l'on prend en compte les circonscriptions législatives, alors qu'en 1978, la Bretagne a élu 20 députés du centre et de droite pour 5 de gauche, en 1981, 14 de ces circonscriptions placent le candidat de la gauche en tête.

Il s'agit, sans surprise, des cinq sièges des Côtes d'Armor, de Quimper, de Brest Centre, de Morlaix, de Chateaulin, de Quimperlé, des deux sièges de Rennes Nord et Sud, du siège de Lorient et de celui d'Hennebont.

A la surprise générale, comme dirait l'autre, les législatives de juin 1981 vont confirmer la tendance : ces 14 sièges seront remportés par le PS, qui ajoutera en plus celui de Douarnenez Pont Croix à son tableau de chasse.

1988 bouclera la boucle : les quatre départements bretons voteront pour Mitterrand contre Chirac, le score s'étageant entre 53 % dans le Morbihan ( en gros, un point seulement en dessous de la moyenne nationale ) et 59,6 % dans les Côtes d'Armor.

Qu'il est loin le temps du gaullisme alors !
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Lun 30 Mai 2011 13:17

Bon, faudra que vous soyez un peu patients mais je vais tâcher de faire un article plus complet donnant une forme d'évolution entre 1974, 1978 et 1981 dans les différents arrondissements parisiens...
Un peu de patience donc :)
Et essayons d'éviter le parisiano centrisme, d'autant que j'avais, dans un premier temps, Sommar, l'intention de revenir sur le cas de la région Champagne Ardennes qui a une particularité : elle a voté Tonton le 10 mai 1981 mais a plutôt voté à droite aux législatives qui ont suivi...;)
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Mar 31 Mai 2011 18:43

Un détour donc par la sympathique et verdoyante région de Champagne Ardennes, qui a donné à François Mitterrand, le 10 mai 1981, la majorité des suffrages en lui accordant, ainsi que nous l’avons rectifié suite à quelques fines observations de lecteurs ( merci Sommar ! ), un peu plus de 51,5 % des votes, soit, grosso modo, son score national en métropole.

La région compte quatre départements, alors tous gérés par la droite : Ardennes ( même si je crois qu’à l’issue des cantonales de 1979, la gauche et la droite sont quasiment à égalité en nombre de sièges au conseil général à Charleville Mézières ), Aube, Marne et Haute Marne.

Avant guerre, comme nous avons eu l’occasion de le pointer, la région fut plutôt radicale socialiste, les élections de 1936 consacrant la suprématie du parti radical sur toutes les forces politiques de gauche comme de droite.
12 radicaux socialistes ( dont les trois élus de la Haute Marne, par exemple ) et 5 élus divers gauche dont un député PCF dans les Ardennes et deux SFIO font pendant à un seul député de droite.

Avec l’avènement du gaullisme, le personnel politique champardennais s’ancre largement à droite.

En 1958, la région compte trois députés issus du MRP, trois députés du groupe des indépendants et paysans et, surtout, six députés de la nouvelle UNR, le parti gaulliste dont l’inspirateur, faut il le préciser, est résident régulier en Haute Marne, du côté de Colombey, aux confins de ce département et de l’Aube voisine.

Plus près de nous, en 1973, la gauche a commencé de reprendre une certaine influence.

Le premier tour des législatives donne en effet la gauche majoritaire dans le département des Ardennes.

Le PCF obtient en effet 31 022 voix (23,3 % des suffrages), le PS, allié aux divers gauche 32 622 voix (24,5 % des voix) et l’extrême gauche 3 839 voix (2,9 % des voix).

A droite, les candidats gaullistes obtiennent 41 256 voix (31 % des votes), les autres candidats de droite 10 402 voix (7,8 %) et les candidats « réformateurs « ou centristes le solde, soit 14 089 voix (10,5 %).

Au second tour, la droite garde deux sièges sur Mézières et Sedan Vouziers et le PS confirme le siège de Charleville et de la vallée de la Meuse.

En voix, cependant, la gauche est devant avec 69 666 suffrages contre 66 865 voix pour les trois candidats de droite.

Dans l’Aube, on compte trois députés UDR sortants dont Robert Galley, ministre des Transports à l’époque et Paul Granet.

Le premier tour de 1973 conduit au vote de 131 110 Aubois et Auboises.

Le PCF réalise 25 133 voix (19,2 %) et place son candidat au second tour sur la circonscription de Troyes, Nogent sur Seine, Romilly sur Seine.
Le PS, qualifié dans les deux autres circonscriptions, obtient 32 159 voix (24,5 %) tandis que les divers candidats de gauche et d’extrême gauche réalisent 3 783 voix (2,9 %), plaçant donc la gauche auboise avec une influence de 46,6 % au total.

Les candidats UDR font 49 907 voix (38,1 %), laissant tout de même 9 154 voix (7 %) aux candidats du Mouvement Réformateur et 9 116 voix (7 % également ) à un candidat de centre droit, Pierre Micaux, dont nous reparlerons.

Au second tour, André Gravelle l’emporte dans la première circonscription, à la surprise générale, le candidat UDR Briot ayant manifestement souffert d’un mauvais report des suffrages de Pierre Micaux.

La Marne, pour sa part, compte trois députés UDR sortants et un député centriste ( Bernard Stasi sur Epernay ) qui va être investi par l’UDR en 1973.

222 028 électeurs s’expriment le 4 mars 1973 au premier tour et, pour la 4e circonscription, celle d’Epernay, réélisent dès le premier tour Bernard Stasi.

Pour autant, le PCF obtient 55 022 voix (24,8 %) et place trois candidats au second tour et le quatrième en seconde position de l’élection.

Le PS, pour sa part, réalise 40 773 voix (18,4 %), ce qui constitue une bonne performance.

Les autres forces de gauche et d’extrême gauche capitalisent 4 516 voix (2 %) ce qui met la gauche, dans son ensemble, à 45,2 % des suffrages.

Les candidats UDR et soutenus par l’UDR ( Bernard Stasi ) sont en tête dans les quatre circonscriptions et cumulent 94 418 suffrages, soit 42,5 % des voix.

On a donc une droite gouvernementale dominante mais une gauche disposant, à peu de choses près, de la même influence.

Sauf que les quatre sièges reviennent à la majorité d’alors.

Enfin, en Haute Marne, la droite UDR conserve les deux sièges.

Au premier tour, les Haut Marnais sont 97 322 à voter pour l’un des candidats en présence.

Le PCF obtient 19 584 voix (20,1 %) et place Marius Cartier, devenu maire de Saint Dizier en 1971, au second tour de la seconde circonscription.

Le PS et les radicaux de gauche du MRG réalisent 14 819 voix (15,2 %) et le candidat MRG est qualifié pour la triangulaire du siège de Chaumont Langres.

Les autres forces de gauche obtiennent 5 599 voix (5,7 %), ce qui permet à la gauche de passer la barre des 40 % sur le département.

19 667 voix (20,2 %) vont aux candidats centristes, l’un d’entre eux se qualifiant pour le second tour sur la 1ere circonscription.

Les deux candidats UDR, bien que placés en tête, recueillent donc 38 653 voix (39,7 %), score qui manifeste d’un recul relatif puisque la gauche, dans sa diversité, s’avère un peu plus influente…

Mais les deux élus de droite sont reconduits.

Les municipales de 1977 manifestent une forte poussée à gauche, puisque des villes comme Charleville, Sedan, Vouziers élisent des municipalités socialistes, tandis que Reims, Epernay ou Châlons sur Marne élisent un maire communiste, que Saint Dizier confirme son ancrage à gauche et que le PCF reste influent sur Romilly sur Seine.

Les législatives de 1978, avec leurs deux sortants PS pour dix sortants de droite, traduisent une nouvelle évolution.

Dans les Ardennes, le nombre de bulletins validés dans les urnes est de 157 420 suffrages exprimés.

A gauche, le PCF obtient 39 945 suffrages (25,4 % des voix).
Progression en voix et en pourcentage pour le Parti communiste, avec deux candidats qualifiés au second tour sur les circonscriptions de Mézières Rethel et de Charleville Revin et la vallée de la Meuse.

Le PS, pour sa part, réalise 41 192 voix (26,2 % des voix).
Le Parti de François Mitterrand est donc en tête de la gauche mais seul son candidat de la 3e circonscription, celle de Sedan et Vouziers, est qualifié au second tour.

Le candidat PS est en effet devancé de 720 voix par le candidat communiste dans la première circonscription et, plus nettement, de 2 208 suffrages dans la seconde.

Les autres forces de gauche et d’extrême gauche réalisent en 1978 5 566 voix (3,5 %) ce qui donne clairement l’avantage à la gauche sur l’ensemble du département avec 55,1 % des voix.

Le RPR, qui a perdu le pouvoir, cumule tout de même 47 107 voix (29,9 %) en présentant, entre autres candidats, Hilaire Flandre, futur sénateur, et Jacques Sourdille, alors secrétaire d’Etat et qui sera lui aussi sénateur plus tard.

Un Jacques Sourdille qui est alors le président du Conseil régional de Champagne Ardennes.

Et qui sera le seul élu de droite au second tour.

Alain Léger, le candidat PCF, l’emporte dans la première avec 998 voix d’avance sur Hilaire Flandre, malgré un report assez médiocre des votes socialistes et René Visse, conseiller général de Monthermé, l’emporte de plus de 5 000 voix dans la seconde circonscription sur le candidat RPR Repeczky, délégué national de l’AOP, le mouvement organisé par les gaullistes en direction du monde du travail et de la classe ouvrière en particulier.

Sur ce siège, le candidat PS devancé par René Visse s’appelle Jean Paul Bachy.

Nous le retrouverons encore dans la vie politique locale.

Seul Jacques Sourdille est donc élu à droite, sur Sedan, avec 607 voix d avance sur le candidat socialiste Jean François Dromby.

Dans l’Aube, 150 493 électeurs ont déposé dans l’urne un bulletin valable.

Le PCF réalise 29 015 voix (19,3 %), soit un gain de voix permettant de maintenir le pourcentage de 1973 et une configuration proche, puisque le candidat PCF de la 3e est de nouveau qualifié pour le second tour.

Le PS cumule 36 603 voix (24,3 %), score très proche de celui de 1973.

Enfin, les divers candidats de gauche et d’extrême gauche rassemblent 5 154 voix (3,4 %), ce qui met la gauche auboise à 47 % au premier tour de 1978.

Une performance qui ne va cependant pas lui empêcher de voir la droite emporter les trois sièges au second tour.

Dans la première circonscription, Pierre Micaux devance Yann Gaillard, futur sénateur et alors candidat radical valoisien, de 458 voix au premier tour et bat le sortant socialiste André Gravelle au second par 22 836 voix (51,2 %) contre 21 744 voix (48,6 %).

Dans la seconde, Robert Galley, alors Ministre de la Coopération, est réélu au premier tour avec 27 249 voix (52,7 %) sur 51 769 exprimés.

Enfin, dans la troisième, Paul Granet arrive en tête du premier tour avec 18 136 voix (32,8 %) et l’emporte au second tour contre le communiste Georges Didier avec 29 878 voix contre 26 175, soit 3 703 voix d’avance.

De fait, si la droite a perdu l’un des sièges ardennais, elle a repris le siège PS aubois.

Dans la Marne, malgré les municipales, la droite emporte les quatre sièges de député.

274 022 bulletins ont été validés dans les urnes marnaises.

Le PCF, avec 66 382 voix (24,2 %) met ses candidats en tête de la gauche, comme en 1973.
Il a notamment investi ses trois maires ( Claude Lamblin à Reims, Jean Reyssier à Châlons et Jacques Perrein sur Epernay ) mais aucun de ces candidats ne parviendra à l’emporter au second tour.

Le PS, en seconde position à gauche, fait 52 028 voix (19 %), et réduit l’écart sur le PCF d’un peu plus d’un point.

Les autres forces de gauche et d’extrême gauche cumulent 7 729 voix (2,8 %), ce qui met la gauche marnaise à 46 %.

La droite garde donc la main sur le département, avec Jean Louis Schneiter, courtier en champagne, élu au second tour avec 54,1 % des voix face au maire communiste de Reims Claude Lamblin.
Au premier tour, Schneiter a devancé Jacques Kosciusko Morizet, ambassadeur de France et grand père de Nathalie Kosciusko Morizet, actuelle Ministre.

Dans la seconde circonscription, Jean Falala, qui deviendra maire de Reims en 1983, est réélu, notamment en devançant au premier tour Jean Marie Beaupuy, que nous allons retrouver bien des années plus tard, du côté du Modem.
Jean Falala l’emporte largement avec 56,1 % des voix et plus de 8 000 voix d’avance.

Jean Bernard, alors maire de Vitry le François ( il sera sénateur plus tard ), est élu avec 54,7 % des voix sur le siège de Châlons et Vitry qui intègre notamment les cantons de l’Argonne.

Enfin, Bernard Stasi, contraint au second tour par présence d’autres candidats de droite, est réélu avec 59 % des voix.

En Haute Marne, 115 099 électeurs ont déposé un bulletin dans l’urne.

Le PCF obtient 23 525 voix (20,4 %), influence très proche de celle de 1973 avec les mêmes effets, à savoir que Marius Cartier, maire de Saint Dizier, est au second tour.

Le PS progresse, avec 23 810 voix (20,7 %) et son candidat est qualifié au second tour sur le siège de Chaumont Langres.

Il progresse d’autant plus que le MRG avait un candidat sur le même siège et que les divers candidats de gauche et d’extrême gauche réalisent finalement 7 129 suffrages (6,2 %) ce qui place la gauche haut marnaise à 47,3 % des suffrages au premier tour.

A droite, la concurrence RPR UDF se traduit par l’échec du sortant RPR Favre sur le siège de Chaumont.
Il est en effet battu de 3 458 voix par le candidat giscardien Charles Fèvre, maire d’Arc en Barrois qui est élu au second tour face au socialiste Jean Carrier avec 34 541 voix contre 29 150, soit une avance de 5 391 suffrages.

Dans la seconde circonscription ( Saint Dizier, Joinville, Wassy ), Jacques Delong, le « filleul « du général de Gaulle est arrivé en tête au premier tour avec 21 160 voix.

Le total de la gauche ( LO, PCF, PS ) est de 27 703 voix contre 26 103 suffrages pour la droite RPR UDF et gaullistes divers.

Mais le second tour permet la réélection de Jacques Delong, face au communiste Marius Cartier, avec 29 252 suffrages contre 25 963 voix.

Ou comment la longue histoire des reports de voix et de la dynamique électorale peut encore trouver illustration.

Résultat : la gauche a poussé entre 1973 et 1978, gagnant plus de quatre points dans les Ardennes, de quatre et huit dixièmes de point dans l’Aube et la Marne, de plus de six points en Haute Marne, mais elle n’a emporté aucune position élective de plus au bilan régional.
Seule nuance : alors que le PS tend à s’affirmer à gauche, il perd ses deux députés et c’est le PCF qui se retrouve avec deux élus ardennais, là où il n’en avait pas.

Quant à la droite, un peu moins RPR et un peu plus UDF, elle garde encore 10 des 12 sièges de la région.

Et arriva 1981, que nous allons raconter dans un autre message…
vudeloin
 
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