Il fut un moment , dans la campagne électorale de 1981, où certains commencèrent à envisager la possibilité d'un duel Chirac Giscard au second tour, éliminant les deux candidats de gauche et sollicitant de fait le « vote utile « en faveur de l'un ou de l'autre, et singulièrement, du Premier Secrétaire du PS.
En toute objectivité, rien ne devait conduire à ce processus mais il est évident que le score de Jacques Chirac, handicapé par le ralliement de certains caciques du RPR et Ministres du Gouvernement Barre à la candidature du Président sortant, a été suffisamment élevé pour apparaître comme une forme de succès.
Pourtant, même si cela fut peu dit à l'époque, le score de Jacques Chirac ( inférieur à 18 % ), se situait en dessous du score du RPR aux élections législatives de 1978.
Rappel des résultats de ce scrutin législatif qui détient toujours le record de participation de toute la Ve République
Résultats 1er tour 2e tour
PS 6 451 151 22,58% 7 212 916 28,31%
RPR 6 462 462 22,62% 6 651 756 26,11%
UDF 6 128 849 21,45% 5 907 603 23,18%
PCF 5 870 402 20,55% 4 744 868 18,62%
MRG 603 932 2,11% 595 478 2,36%
Majorité présidentielle 684 985 2,39% 305 763 1,20%
Divers 793 274 2,77% 57 418 0,22%
Extrême gauche 953 088 3,33%
Écologistes 621 100 2,14%
Ce qui veut dire, a priori, que Giscard fait 2 millions de voix de plus que les candidats UDF de 78, quand Chirac fait plus d'1,2 millions de voix de moins que les candidats RPR...
Nous nous intéresserons donc, parce qu'il ne s'agit pas des mêmes élections ( c'est bien le truc ) aux départements où Chirac dépasse les 20 %, ce qui lui donnait un poids significatif.
Cela concerne d'abord les Alpes Maritimes (20,30 %), puis l'Aveyron (21,95 %), le Cantal (33,45 %), la Corrèze (41,44 %), la Corse du Sud (27,38 %) et la Haute Corse (27,27 %), la Creuse (28,17 %), la Dordogne (21,65 %), l'Ille et Vilaine (20,20 %).
Pour une bonne part, ces départements ont des caractères d'attachement à la droite conservatrice assez ancien, même si on peut observer les scores du Limousin où Chirac règne sans partage à droite face à une UDF plutôt faiblarde.
Chirac est évidemment en tête en Corrèze, mais aussi en Haute Corse et dans la Creuse.
En Dordogne, outre le soutien indéfectible du maire de Périgueux, Yves Guéna, Jacques Chirac obtient aussi un bon score de par la forme d'euroscepticisme qui existe dans la région.
Chirac réalise ensuite 23,30 % dans le Lot, où il est en tête de la droite ; 20 % dans le Maine et Loire et 21,81 % dans la Manche, signe de deux départements à tradition conservatrice ; 23,70 % en Mayenne et 24,94 % dans l'Orne ( mêmes observations ), 20,77 % dans les Pyrénées Atlantiques et 20,56 % en Haute Savoie.
Tous ces départements sont de tradition conservatrice intégrale ou partielle ( le vote RPR dans les Pyrénées Atlantiques étant concentré dans le Pays Basque plus qu'en Béarn ).
Chirac arrivera en tête à Paris avec près de 27 % des voix (263 096 suffrages), mais arrive le plus souvent 3e de l'élection dans les autres départements de l'Ile de France, obtenant 20,68 % dans les Yvelines et 20,62 % dans les Hauts de Seine.
Enfin, Chirac fait 20,86 % en Vendée, 23,21 % en Haute Vienne ( où VGE n'arrive que 4e ), et fait des scores élevés en Polynésie et dans l'archipel de Wallis et Futuna.
Le score de Jacques Chirac est donc importante dans les départements de sa Région d'élection, mais aussi et surtout dans une bonne partie des départements de forte tradition conservatrice.
Notons pourtant le résultat mitigé du candidat RPR en Alsace ( 15,16 % dans le Bas Rhin, 18,02 % dans le Haut Rhin ) qui signifie clairement que le vote utile a existé à droite, en faveur du candidat sortant.
Rappelons d'ailleurs que, malgré sa défaite sans appel au second tour, Chirac fera un pourcentage de votes plus élevé en 1988, puis en 1995 et en 2002, puisqu'il se situera à chaque fois près des 20 %...
Tandis que le candidat UDF connaîtra une chute de son influence jusqu'à disparaître ou presque en 2002 ( moins de 7 % pour Bayrou et un peu plus de 3 % pour Alain Madelin ).
Nous mènerons évidemment, sur la base des résultats de 78 comparés avec ceux de la présidentielle, une petite étude sur l'évolution du vote RPR...
Et de même par rapport à la performance de Chaban.